jeudi 28 avril 2011

Du Vent dans mes mollets, Raphaële Moussafir : dans la tête d’une petite fille

[Intervista, mai 2006]

Me revoilà avec une découverte du Printemps du Livre de Grenoble, qui est un véritable coup de cœur. Dans « Du vent dans mes mollets », Raphaële Moussafir se met dans la peau de Rachel, une petite fille de 9 ans. Depuis quelques temps, Rachel dort tout habillée, avec son cartable et ses chaussures. Alors, on l’envoie chez la psychiatre, Madame Trebla. Le roman est constitué des entretiens avec la psychiatre, et des pensées de Rachel lors de ces discussions.

L’auteur nous plonge réellement dans la tête de cette petite fille, avec un ton très juste. Le lecteur a bel et bien l’impression que c’est Rachel qui parle, et non un adulte. Le livre est drôle et touchant, il nous fait voir le monde avec des yeux d’enfant (le club Barbie m’a ramenée bien des années en arrière…).

Raphaële Moussafir retranscrit à merveille les interprétations naïves que font les enfants de ce qu’on leur raconte, ce qui donne lieu à des passages très drôles : 
[à propos de l’euthanasie] « Elle m’a expliqué que c’était tout simplement aider les gens malades à mourir pour les soulager. Je me suis dit que si tuer les gens c’était les soulager, j’avais pas intérêt à prendre froid si je voulais pas me faire assassiner par mes parents quand je dors. »

Le roman évoque les petits tracas de l’enfance, les copines qui ne sont pas toujours très sympa, la maîtresse qui a ses préférés, les incompréhensions avec les parents. Il traite avec justesse de thèmes un peu sensibles comme les origines juives, ou la grande différence d’âge entre les parents. Il aborde également des étapes clés dans l’évolution d’un enfant vers l’adolescence :

-L’éveil à la sexualité : « Disons seulement qu’en général je m’arrange pour que Ken surprenne ma Barbie toute nue, et qu’il l’aide à s’habiller vite […] mais qu’au dernier moment, Barbie trébuche et tombe dans le camping-car, alors qu’elle est encore un petit peu nue sous sa robe du soir en brillants précieux, et alors là ils se frottent un petit peu tous les deux presque par hasard en faisant : « Oui c’est bon ». »

-Les premières réflexions politiques :  
« -C’est quoi des ploucs de la droite ?
-Des gens totalement incultes.
-Pourquoi ?
-Parce que, figure-toi, ils ne pensent qu’à gagner des millions au lieu de réfléchir intellectuellement. »

-Les premières expériences de la mort : « Comme le jour où Mamie est morte, j’étais dehors, et il y avait du vent, et quand on m’a dit que Mamie était morte, il a quand même continué à y avoir du vent dans mes mollets. Quand on est triste, les objets ne sont pas tristes, ils font comme si de rien n’était, et ça, ça me rend encore plus triste. »

Voilà, j'ai fait le choix de mettre surtout en avant des citations dans cet article, parce que je pense que c'est sûrement le meilleur moyen pour vous donner envie de le lire...!

Enfin, sachez qu’il existe une version illustrée de cette histoire, avec les dessins de la très talentueuse Mam’zelle Rouge (voir l’article de Batifolire à son sujet), pour ajouter le plaisir des yeux à celui de la lecture.

Je n’en dit pas plus, je suis conquise et vous le serez aussi !

Note : 5/5 (Coup de cœur) 
Stellabloggeuse

samedi 23 avril 2011

La Mort J’adore, saison 1, d’Alexis Brocas : à dévorer !

[Editions Sarbacane, janvier 2009]

Me revoilà avec la saga « La Mort J’adore » ! Avec le tout premier tome cette fois (après tout, pourquoi toujours tout faire dans l’ordre ?).

Dans ce premier tome, nous découvrons Clémence, jeune humaine de 15 ans, souffre-douleur de sa classe de troisième. Tout le monde est méchant avec elle, sauf le beau Ronald, avec qui elle prend le bus du soir. C’est lui qui l’invite à sa toute première soirée, pendant laquelle elle se rend ivre morte…et retrouve sa mémoire de démone !

En effet, Clémence est née en enfer, puis après son apprentissage (pour le moins difficile), a été envoyée sur Terre, pour y naître sous forme humaine. Sa mémoire a été effacée pour que son intégration soit la meilleure possible. A présent qu’elle l’a retrouvée, elle est affublée d’une goule (son esclave personnelle, rôle pour lequel elle a choisi sa pire ennemie, Elodie) et reçoit ses premières missions…

Alexis Brocas débute bien sa saga, en posant les bases des origines de Clémence en enfer,  et en nous racontant ses premières missions sur terre. Le tout d’une manière qui n’a rien de linéaire, afin de nous surprendre, mais aussi de créer le suspense. Tout comme dans le troisième tome, il est assez jouissif de regarder Clémence faire le mal. Il est également agréable de la voir progresser, tant dans ses talents démoniaques qu’au lycée. Je n’aurais pas grand-chose à reprocher à ce roman, à part peut-être une collection de passages un peu « gore », dès que Clémence évoque son acné (avis aux âmes sensibles^^) ! Et ce tome est également le moins drôle des trois (ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas drôle, loin de là).

Je vous conseillerai de le lire, car même s’il s’agit du tome le moins abouti de la saga, il en pose les bases et vous fait entrer en douceur dans son univers, qui ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire auparavant. Et la fin vous réserve une belle surprise !

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse

Chroniques liées :
-La mort j'adore, saison 2
-La mort j'adore, saison 3

lundi 18 avril 2011

Rencontre avec Lucie Land au Printemps du Livre de Grenoble !

[Grenoble, bibliothèque Abbaye-les-bains, le 15/04/2011]


Après Insa Sané le mois dernier, j’ai de nouveau une jolie rencontre à vous raconter ! Il s'agit cette fois de Lucie Land, jeune auteur de la collection eXprim'.

A Grenoble, la semaine dernière, le Printemps du Livre s’est donné pour thème les origines. Lucie Land a donc été conviée pour son premier roman, « Gadji ! » où elle conte le voyage d’une jeune Rrom vers Paris (je vous promets une chronique là-dessus d’ici peu).
Elle a publié il y a peu son second roman, intitulé « Good Morning Mr Paprika », une histoire fantaisiste teintée de science-fiction (à son sujet je vous renvoie vers les chroniques de Culturez-vous et Batifolire)

Ce vendredi 15 avril, une petite foule se presse à la bibliothèque. Tous les âges sont représentés. La rencontre est introduite par un petit spectacle donné par une fanfare, le Montabul Orkestar. Lucie Land décide d’improviser en toute simplicité, et de lire des passages de son roman « Gadji ! » entre deux morceaux de musique. Le ton est donné.

Finalement, la fanfare se retire, et Lucie Land invite le public à approcher leurs chaises pour discuter plus facilement. L’assistance forme un cercle très proche autour d’elle, et la discussion commence. Les réactions fusent, les rires également. Lucie Land a plein de chose intéressantes à raconter, en voici un petit aperçu.

La musique

Dans le sillage de la Fanfare, Lucie Land est d’abord interrogée sur la place de la musique dans sa vie. Pour elle, la musique est au cœur de l’écrit. C’est un soutien, elle s’en accompagne pour écrire. Elle est une musicienne autodidacte, qui joue à l’oreille. Elle aime avoir un instrument  avec elle, qu’elle considère comme « un bon passeport pour l’amitié ». C’est également le ciment de la vie de Rroms, auxquels le roman « Gadji ! » est consacré. Elle nous cite un proverbe Rrom « Ne te demande pas si tu dois vivre ou mourir, il vaut mieux chanter ».

Les voyages

Lucie Land voyage seule, saxophone sur le dos. Elle se balade un peu partout : les trains, les routes, les laveries… Elle a été professeur de français dans des réserves indiennes au Canada. Elle aime rencontrer des gens. Elle prend de petites notes en voyageant, puis elle écrit chez elle.

L’écriture

Lucie Land écrit depuis longtemps, mais elle trouvait que ses écrits n’étaient pas bons, « pas assez pour ennuyer un éditeur occupé ». Elle n’avait pas suffisamment de choses à dire. Aujourd’hui, elle a des choses à raconter. Elle a fait un certain nombre de petits films, et elle a appliqué le même travail de montage à ses livres. Ce qu’elle aime en écrivant, c’est de faire vivre les personnages, mais qu’ils aient aussi progressé sans elle, et lui ont fait de belles surprises.

« Gadji ! »

Une personne du public demande à Lucie Land quelle part elle a mise d’elle dans le personnage de Katarina. Lucie Land répond que cela se résume à de petites touches de peinture, seulement des détails : tout est romancé. En revanche, son expérience de voyageuse l’a aidée à écrire son histoire.
Une personne du public fait remarquer à Lucie Land que la boue revient sans arrêt dans le roman. Selon elle, ce n’était pas voulu, mais serait une référence biblique inconsciente : la boue permet à Katarina de se recréer au cours du livre.

L’adolescence

Dans son second roman « Good morning Mr Paprika », on retrouve un héros adolescent, tout comme dans « Gadji ! ». Lucie Land trouve que c’est un âge intéressant, subtil et révolutionnaire. Un âge où ils ont du mal à parler, mais « vibrent ». Cependant, elle a maintenant en tête des romans plus adultes, engagés, et de la poésie.

Les Rroms

Lucie Land, questionnée par le public, a souhaité nous en apprendre un peu plus sur ce peuple. Elle a beaucoup d’amis Rroms, certains en France, d’autres rencontrés lors de ses voyages. C’est un peuple qui a subi une diaspora. Ils sont originaires d’Inde, et on eu une histoire assez tragique depuis le XIe siècle. Un tyran est venu les chercher pour les asservir, il en a fait massacrer beaucoup. Ils se sont dispersés depuis l’Afghanistan pour fuir cette tyrannie. Les Rroms de Roumanie ont été esclaves des Roumains jusqu’en 1850, et sont encore considérés comme des sous-hommes dans ce pays. Après la chute de Caucescu, les gens s’en sont pris à eux car certains servaient dans sa garde. Ils étaient très attachés à ce pays, et le sont encore.
Lucie Land avoue se sentir parfois plus proche des Rroms que des civilisés, car ils ont le sens de l’honneur, de la famille, de la solidarité.
Leur rapport à l’éducation est strict, à base de mimétisme. Ils ont une culture orale, et la peur du Gadjo, qui a le nez dans ses livres et ne sait rien, n’exerce pas sa mémoire. Cependant, ils sont de moins en moins contre l’école.

Voilà pour le résumé de ce qui s’est dit ce jour-là, qui peut vous laisser entrevoir la personnalité très intéressante de cet auteur. Après, il y a les choses qui ne se racontent pas : les sourires échangés, l’étonnement, la découverte. On a beaucoup échangé ce soir-là, et pas de doute, nous en sommes ressortis plus riches d’idées, de tolérance envers la différence, d’envies d’évasion…et de lecture !


Stellabloggeuse

jeudi 14 avril 2011

Les Murs, Olivia Tapiero : récit d'une obsession de mort

[VLB, mars 2010]

Me revoilà avec un livre sélectionné pour le Festival du Premier roman de Chambéry ! Seulement, une fois n’est pas coutume, je n'ai pas du tout aimé... Et pourtant… Ce livre a remporté le prix du Premier roman québécois (prix Robert Cliche), et on en chante les louanges sur le web.

Aussi, je vous propose d’aller lire une chronique positive, sur ce site : cliquez ici.

Maintenant, si vous le voulez bien, je vais vous donner mon point de vue. D’abord un petit résumé : dans Les MursOlivia Tapiero met en scène une narratrice, dont nous ne savons pas grand-chose. Ni nom, ni âge. Tout ce qu’elle nous offre, ce qui envahit sa vie, c’est son désir de mort. Pour elle, tous les moyens sont bons : suicide, absence de nourriture, scarification… Ce roman nous raconte son passage entre les murs d’un hôpital, suite à une tentative de suicide raté.

Commençons par le positif : Olivia Tapiero est douée pour l’écriture, et sait parfaitement emporter son lecteur dans un tourbillon de pensées. Ce n'est donc pas un mauvais livre, mais un livre que je n'ai pas aimé.

En ce qui concerne l’histoire, le résumé m’avait intéressée. J’apprécie en général les romans durs, avec des personnages cabossés (pour exemple, l’excellent « Je reviens de mourir » d’Antoine Dole, que je vous chroniquerai sous peu c’est promis). Mais ici, je n’ai trouvé qu’un long récit de souffrance, sans réelle clé d’explication ni but. Je n’ai pas vu où l’auteur voulait m’emmener.

Pire, son récit, qui aurait du m’émouvoir, m’indigner, a fini par m’ennuyer… En effet, dans ce livre, très peu d’actions, uniquement des pensées. Qui tournent inlassablement autour du même thème : la mort, la détestation de soi. La narratrice est trop anonyme : on ne sait rien sur elle, les gens qui l’entourent sont désignés par des surnoms (« Cancer », « L’Artiste »). Au final, difficile de s’attacher et de ressentir de l’empathie.

Bref, ce roman, bien que peu épais, m’a causé une grosse indigestion… Mais je me sens très minoritaire sur ce coup-là ! Donc vous pouvez le lire, peut-être que vous apprécierez l’exercice de style et que vous vous laisserez embarquer par ce tourbillon de pensées.

Note : 0,5/5 
Stellabloggeuse

samedi 9 avril 2011

Pretties et Specials, Scott Westerfeld : la saga « Uglies » continue

[Pocket Jeunesse, 2007 et 2008]

Comme je vous l’avais annoncé, j’ai poursuivi la lecture de la saga « Uglies », créée par Scott Westerfeld.
Tout d’abord, pour rafraîchir les mémoires, voici un petit rappel du premier tome : Uglies

*Attention, il s'agit du second tome d'une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*
  
Dans « Pretties », second tome de la saga, Tally est devenue une Prettie, afin de tester sur elle-même les pilules sensées les guérir de leur superficialité. Malheureusement, elle n’a quasiment aucun souvenir de son passé de rebelle. Elle a intégré les Crims, une bande très en vue chez les jeunes pretties. Parmi eux, Peris, son ami d’enfance, Shay, et surtout Zane, leur chef, particulièrement intense. Mais la mémoire, et les désirs de liberté, lui reviennent peu à peu. Avec Zane, ils tenteront de rejoindre les rebelles de la Nouvelle-Fumée.

« Pretties », est un roman d’une qualité un peu moindre que son prédecesseur, « Uglies ». Les réflexions sur l’écologie ou la beauté sont moins nombreuses. L’action est également un peu lente, alors que le lecteur a hâte que Tally quitte la ville. Cependant, on finit par se laisser emporter. L’évasion des Crims de la ville, en montgolfière, est particulièrement spectaculaire. De plus, les sentiments des personnages sont davantage développés. Le monde créé par l’auteur tient toujours la route, et le roman m’a suffisamment plu pour me donner envie de lire le troisième.

Note : 3/5

*Attention, il s'agit du troisième tome d'une saga, présence de spoilers sur les tomes précédents*

Dans « Specials », Tally est devenue ce qu’elle redoutait le plus : une Special, chargée de traquer les rebelles. Elle a retrouvé l’ensemble de sa mémoire et ses sens sont surdéveloppés, mais elle a subi un conditionnement qui a modifié son état d’esprit : Tally éprouve désormais du mépris pour les rebelles, et est persuadée qu’ils n’ont fait que la manipuler. Elle ne leur pardonne pas d’avoir mis la vie de Zane en danger. Avec Shay, elle part sur la piste de la Nouvelle Fumée pour la détruire. Mais en chemin, toutes ses certitudes se mettront une nouvelle fois à vaciller. Tally doit prendre une décision définitive : remplir son rôle de Special et traquer la Nouvelle-Fumée, ou regagner sa liberté.

Ce tome est une réussite : l’action ne manque pas, l’émotion vous prend au détour d’un chapitre. Scott Westerfled nous suspend aux nerfs de Tally, qui sont à fleur de peau. Il délaisse les réflexions sur la beauté, mais nous fait de nouveau réfléchir sur la nature, la guerre, la liberté. Il nous montre que dans un monde qui change de manière inexorable, les individus ont toujours le choix.

Note : 4/5

Scott Westerfeld clôt ici l’histoire de Tally, mais a composé un quatrième tome pour la saga, dans lequel il réalise un saut dans le temps (chronique ici). En attendant, vous avez de la lecture ! Une révolution vous attend !
Stellabloggeuse

lundi 4 avril 2011

Boris Vian et moi, par Lou Delachair : un livre doux-amer et poétique

[Editions Sarbacane, novembre 2007]

« Boris Vian et moi » est le tout premier livre de la collection eXprim’ que j’ai eu entre les mains, et j’ai pour lui une affection toute particulière.

Cette histoire nous est racontée par Elsa, une jeune étudiante en lettres d’une vingtaine d’années. Elle vit à Paris, à quelques pas de l’appartement de Louis, qui est son compagnon depuis le lycée. Leur amour s’étiole lentement, alors, pour tenter une dernière fois de le raviver, Elsa va saisir une opportunité qu’on lui offre : elle va ranger la bibliothèque personnelle de Boris Vian, qu’il a laissée à sa mort. Boris Vian étant l’auteur préféré de Louis, Elsa espère regagner son intérêt et se rapprocher de lui.

Elsa retrace donc les quelques mois passés auprès de cette bibliothèque, tout en rappelant les débuts de son histoire avec Louis. Ce livre est une ode à la littérature, et contient de nombreuses références : Boris Vian bien sûr, mais aussi Louis Aragon, et d’autres. Il nous rappelle qu’une bibliothèque symbolise ce que nous sommes : en rangeant sa bibliothèque, Elsa apprend à connaître Boris Vian, et se sent plus proche de lui que de Louis.

Mais ce que j’ai particulièrement apprécié chez Lou Delachair, c’est son talent pour décrire le lent et inexorable déclin d’une première histoire d’amour. Son récit de l’excès de passion, puis du désamour entre les deux personnages sonne très juste. Elsa et Louis se sont habitués l’un à l’autre jusqu’à ne plus se surprendre. Ils ont été proches jusqu’à s’étouffer. Ils sont passés de l’envie de vivre à l’envie de préserver ce qu’ils avaient.

Je mettrais cependant un bémol sur la fin du livre, assez invraisemblable et un peu décevante…

Cependant, ne vous y trompez pas, il y a plusieurs bonnes raisons pour lire ce livre ! À celles que j’ai déjà données, j’ajouterais l’écriture de l’auteur, qui est douce et poétique. De plus c’est un livre court, qui se lit peut se lire agréablement dans les transports en commun (attention tout de même à ne pas en oublier votre arrêt, ça m’est arrivé). Elsa stimulera votre amour des livres !

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse

vendredi 1 avril 2011

L’embrasure, de Douna Loup : un roman sensoriel et touchant

[Mercure de France, septembre 2010]

Voici un roman qui m’a particulièrement plu par son écriture. Dans « L’Embrasure », Douna Loup nous présente un jeune homme de 25 ans, à la vie extrêmement cadrée. La journée, il travaille à l’usine, répétant les mêmes gestes avec minutie. Le week-end, il part à la chasse avec ses amis. Certains soirs, il se laisse entraîner au bar par ses amis.

Dans cette vie soigneusement balisée, il n’y a pas de place pour l’imprévu, et encore moins pour une femme. Le narrateur aime les femmes, et se fait parfois une place dans leur lit, mais il refuse de s’y attacher, de dépendre d’elles. Il ne veut pas se retrouver un jour dans la situation de son grand-père, désemparé par la mort de sa femme. Sa femme, c’est la forêt, tout aussi libre et indomptable que lui.

Mais sa vie va être bouleversée par trois évènements : il retrouve un homme mort dans la forêt, son usine ferme pour deux semaines de réparations, et une femme s’invite chez lui avec un revolver. Il en découle une série d’évènements, qui lui feront entrevoir que sa vie peut évoluer différemment.

Ce roman évoque le thème de la liberté, de l’amour, de l’abandon, et des peurs enfouies en chacun d’entre nous. Le tout porté par une écriture simple et touchante, extrêmement sensorielle. Avec talent, l’auteur nous fait partager les visions, les odeurs, les sensations éprouvées par le narrateur, notamment lors de ses parties de chasse.

Une histoire et une écriture hors du commun, de la simplicité et de la sincérité, voici les principaux ingrédients de ce roman touchant.

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse