jeudi 30 août 2012

Go to hell, tome 1, d’Oxanna Hope : un premier tome explosif

[Editions Nergäl, décembre 2011]

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une lecture un peu particulière, puisqu’il s’agit de ma première lecture au format e-book. En effet, au mois de juin, les Editions Nergäl (toute jeune maison qui vient de souffler sa première bougie et qui propose des titres de littérature de l'imaginaire attrayants) faisaient une promotion sur la version e-pub de « Go to hell » d’Oxanna Hope. Ce titre m’intriguait depuis un petit moment, j’en ai profité pour me lancer ! Je n’ai pas beaucoup tardé pour le lire, puisqu’après mon expérience avec «  Fièvre Noire », j’avais bien envie d’un nouveau titre d’urban fantasy…

Résumé

Cassie, une jeune fille de dix-huit ans, arrive dans la ville paisible de Fairfield. Elle découvre donc un nouveau lycée, dans lequel elle se promet de ne pas faire de vagues. Peine perdue, Cassie est dotée d’un fort caractère qui la pousse à provoquer et à rejeter autrui. Elle se désintéresse des adolescents, préférant les hommes. Le jeune Brian, qui tente de se lier avec elle, en fera les frais. Mais il y a plus préoccupant : Cassie est dotée d’une force surprenante et une étrange lueur au fond des yeux. Damian, l’énigmatique professeur de philosophie, se pose rapidement des questions sur cette jeune fille flamboyante. Qui est-elle, d’où vient-elle ?

Une intrigue pleine de mystère

La première chose que l’on peut dire à propos de ce roman, c’est qu’Oxanna Hope sait ménager le suspense ! L’histoire est d’abord très mystérieuse, le lecteur sent que Cassie est différente des humains qu’elle côtoie, mais sans savoir précisément de quelle manière. Les éléments de réponse nous sont livrés au fur et à mesure, on apprend d’où elle vient, on a un aperçu de son ancienne « vie de famille ». Mais à la fin de ce tome, beaucoup d’éléments nous manquent encore. En ce qui me concerne, cela me donne très envie de lire la suite.

En ce qui concerne le rythme de l’intrigue, il y a peu de répit. Les évènements s’enchaînent rapidement, et on passe avec aisance du quotidien du lycée à des affrontements explosifs. Le lecteur est ainsi encouragé à tourner les pages à toute vitesse. Petit bémol, on "saute" parfois un peu vite d'une chose à l'autre.

Un univers intéressant

Ce roman d’urban fantasy se déroule dans le monde réel, celui dans lequel nous vivons au quotidien. Néanmoins, diverses créatures font irruption dans ce monde : les Solths, démons guerriers dépourvus de bouche et qui semblent en vouloir à Cassie, mais aussi des spectres, qui hantent Damian. Nous ne savons pas encore grand-chose sur les uns et les autres, mais cette mythologie promet d’être intéressante.

Des personnages forts

Les deux personnages principaux du roman, Cassie et Damian, ont chacun de fortes personnalités. Cassie a énormément de caractère, et j’ai d’abord été déstabilisée par cette jeune fille provocante et sans pitié. C’est un personnage qui pourrait être antipathique, et pourtant, dans un sens, j’ai vite trouvé cela assez jouissif de la voir se moquer de l’autorité, avoir réponse à tout et ne pas hésiter à user de ses points. Mais surtout, on perçoit sa fragilité, au fur et à mesure que le roman avance, et elle est finalement assez attachante.

En ce qui concerne Damian, il a deux faces. Il y a le professeur de philosophie séduisant, aimable et sûr de lui. De l’autre côté, il y a ce personnage torturé qui tente de noyer ses souvenirs dans l’alcool. Comme chez Cassie, il y a en lui une violence qu’il n’est pas toujours capable de canaliser. Mais on apprend également rapidement à éprouver de l’empathie pour ce personnage.

Enfin, il y a les personnages secondaires : Seven, le frère de Damian, et les lycéens Brian, Eve et Emy. Quelque chose nous dit que ces trois derniers ne sont pas tout à fait ce qu’ils semblent être, et qu’ils auront un rôle à jouer dans la suite des évènements.

L’écriture 

L’écriture d’Oxanna Hope est simple et efficace, au service de son intrigue à laquelle elle impulse du rythme. Elle plante les décors en quelques phrases, sans trop s’attarder, nous permettant de visualiser les scènes sans nuire à la tension de son histoire. J’ai beaucoup aimé les dialogues, plein de mordant, et la psychologie assez développée qu’elle donne à ses personnages. Elle parvient également à créer des scènes sensuelles agréables (incontournables dans ce type de romans), intenses sans être vulgaire. Son écriture manque peut-être un peu de maturité, mais elle est déjà tout à fait satisfaisante.

En quelques mots…

En résumé, c’est un premier tome encourageant pour cette saga, avec des personnages forts, un rythme vif et des mystères qui donnent envie de connaître la suite. Sachant qu’il s’agit-là du premier roman de l’auteur, c’est un coup d’essai réussi. Si vous aimez l’urban fantasy, je vous conseille volontiers ce titre !
Quant à la lecture sur e-book, c’est une première expérience assez concluante. Le logiciel Adobe digital editions est agréable à manier. Mais la liseuse n’est pas encore à l’ordre du jour, le contact matériel m’a un peu manqué !

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :
  


Challenge ABC 2012 : 20/26

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« Les seules personnes autorisées à pénétrer dans son intimité étaient les hommes. Elle les laissait entrer et les chassait quand elle estimait leur temps révolu. D'une part, parce qu'elle ne voulait pas les exposer à des risques inutiles, et d'autre part, parce qu'elle se lassait très rapidement. Les hommes n'étaient, à ses yeux, que des marchandises. Elle prenait, consommait puis jetait. Les plaisirs étaient fugaces, mais ça lui convenait très bien... Cassie pinça les lèvres et ressentit une irrésistible envie de se défouler sur la tête du premier venu. La jeune fille reprit son allure hautaine parce qu'elle n'avait pas mieux pour se protéger. »

« Totalement indifférente à Eve, Cassie, dont la chevelure rousse étincelait de mille feux sous les lumières aveuglantes des spots, dansait frénétiquement. Elle sentait toute la tension qui emplissait la moindre parcelle de son corps. Les pulsions de la musique électronique la faisaient vibrer. Elle plongea ses mains dans ses cheveux et secoua la tête en tous sens, comme pour se vider l'esprit. Elle oublia tout ce qui se trouvait à proximité, consumant toute son énergie sans faillir. Marquer une pause, aussi courte fût-elle, provoquerait inévitablement le retour de ses sombres pensées, de son mal être. Le visage luisant de sueur, elle continua à se déchaîner. »

samedi 25 août 2012

Le Monde de Narnia, tome 1 : Le neveu du magicien, de C.S. Lewis

[Intégrale, Gallimard Jeunesse, 2005]

De manière générale, j’aime beaucoup les films qui se déroulent dans un univers fantastique. Parmi eux, j’ai aimé les adaptations du « Monde de Narnia », tirées des romans du même nom de C.S. Lewis. Le plus souvent, quand un film est issu d’un livre, j’aime bien lire ce dernier avant de voir les images. Ici, cela n’a pas été le cas, mais les films m’ont tout de même donné envie de découvrir la version écrite, malgré les avis visiblement mitigés de la blogosphère. Il s’agit tout de même d’un classique, et je souhaitais me faire ma propre opinion.

Résumé

Dans ce premier tome, intitulé « Le neveu du magicien » (pour être exact, c’est le premier tome dans mon intégrale de la saga, mais c’est le 6e à avoir été publié), nous faisons la connaissance de deux enfants, Digory et Polly. Ensemble, ils explorent le grenier de la maison de Polly. Au cours de cette exploration, ils atterrissent dans le bureau privé d’Andrew, l’oncle de Digory. Or, il s’avère que ce dernier est un apprenti magicien, et il s’efforce d’envoyer les deux enfants dans un autre monde en leur faisant enfiler des anneaux magiques…avec succès !

Un tome sans grand intérêt

Je dois dire que ce tome m’a laissée assez indifférente. En effet, il ne se passe pas grand-chose durant cette grosse centaine de pages. Il me faut aussi avouer que la manière d’écrire de l’auteur ne m’a pas vraiment plu, il a l’air de s’adresser à de jeunes lecteurs, mais d’une manière quelque peu « abêtissante », avec pas mal de lieux communs. Je ne sais pas comment expliquer cette sensation, mais je n’ai pas vraiment aimé ce style.

La naissance de Narnia

Au final, le seul véritable intérêt de ce roman, c’est d’assister à la naissance du monde de Narnia grâce au chant du lion Aslan. Ce passage est très beau, et durant ces moments descriptifs, j’ai beaucoup plus apprécié la plume de l’auteur. On sent une connotation religieuse dans cette naissance, avec un Créateur, une pomme à aller chercher, des tentations à repousser… Mais l’aube de Narnia reste tout simplement un très joli moment. J'ai aussi aimé la manière dont on peut passer d'un monde à l'autre, elle est bien trouvée.

Des personnages assez fades

Je n’ai pas ressenti de sympathie particulière pour les personnages. Les deux enfants ne sont pas particulièrement admirables, et Digory est même légèrement agaçant. Andrew est l’archétype du magicien raté, tandis que la Sorcière Blanche se montre déjà fort dangereuse, mais pas franchement maligne. Aslan, quant à lui, fait déjà preuve de cette sagesse qui le caractérise dans les films.

En quelques mots

Cette introduction aux chroniques de Narnia n’a donc pas un grand intérêt. Mais comme je n’en attendais pas grand-chose, je n’ai pas été vraiment déçue. J’ai aimé voir naître le monde de Narnia, et j’attends de lire le tome suivant (correspondant au premier film) pour me faire une véritable idée de la qualité de l’histoire et de l’écriture de l’auteur. C.S. Lewis est admis en session de rattrapage !

Note : 2,5/5

Stellabloggeuse
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« Le Lion allait et venait sur cette terre vide en poursuivant un nouveau chant, plus doux et plus rythmé que celui qui avait permis de convoquer le soleil et les étoiles. A mesure qu’il se déplaçait au rythme de cette mélodie délicate et flottante, la vallée se recouvrait d’une herbe verdoyante qui jaillissait sous ses pas comme l’eau vive et s’étendait sur les flancs des coteaux comme une onde. L’herbe grimpait ensuite au pied des montagnes, couvrant ce nouveau monde d’un manteau de douceur de plus en plus étendu. »

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2012 : 19/26


Où sont les hommes ? : lecture n°7
Ni C.S. Lewis ni ses personnages ne me paraissent devoir rejoindre la catégorie des princes charmants...

mardi 21 août 2012

Microphobie, d’Emanuel Dadoun : un roman policier au rythme vif et à l'écriture efficace

[Sarbacane, août 2012]

Me voici aujourd’hui pour vous présenter le dernier né de la collection eXprim’, aux éditions Sarbacane : « Microphobie », d’Emanuel Dadoun, présenté par l’éditeur comme un « polar survitaminé ». Il s’agit du second titre de l’auteur dans la collection après "Lazarus" paru en 2010.

Résumé

A Rennes, le policier Kowalski se trouve face à une drôle d’affaire. Il doit élucider le meurtre d’un homme nommé Kermarec, tué sur le toit d’un immeuble alors qu’il s’apprêtait visiblement lui-même à descendre quelqu’un depuis son perchoir. Son enquête le mène rapidement à deux noms qui semblent détenir les clés du mystère : Enid Plyton, le dirigeant d’un grand groupe pharmaceutique et Duane Carter, un génie des nanotechnologies. Pendant ce temps, un peu partout dans le monde, des gens explosent tels des bombes humaines, après avoir subi ce qui ressemble à une piqûre de moustique…

Une intrigue vive, mais dépourvue de suspense

J’ai apprécié la lecture de ce roman, notamment parce que le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. Il n’y a pas de moment de flottement dans l’histoire, tout va très vite et chaque page apporte son lot d’informations nouvelles. Ainsi, c’est un roman qui a du rythme, grâce à des chapitres très courts et une alternance de points de vue. En effet, nous sommes alternativement dans les pensées de Kowalski, dans un point de vue omniscient, et dans la tête du « méchant » de l’histoire. Le lecteur pénètre également l’univers de l’industrie pharmaceutique et ses problématiques, c’est intéressant.

En revanche, il n’y a pas beaucoup de suspense car, du fait d’une narration omnisciente, le lecteur connaît assez rapidement l’identité de la personne qui est à l’origine du meurtre, bien avant que Kowalski parvienne à dénouer l’affaire. Ainsi, le seul enjeu de la fin du roman est de savoir si Kowalski va parvenir à la bonne conclusion et s’il va parvenir à arrêter le « méchant » dans son œuvre destructrice. J’imagine que les grands amateurs de roman policier peuvent être frustrés par une telle façon de faire, et il est vrai que c’est un peu dommage.

Enfin, il faut avoir à l’esprit que ce roman aura vraisemblablement une suite, et que l’histoire n’est pas terminée au moment où le lecteur referme le roman. Ainsi, ce volume ne se conclut pas par une « vraie fin », la destinée de Kowalski et le devenir de son enquête restent en suspens. Attention à la frustration !

Les personnages

Je n’aurai pas grand-chose à dire sur les personnages, car ils sont assez peu développés. Ainsi, le héros de l’histoire, le flic Kowalski, reste une esquisse pour le lecteur. C’est un solitaire qui a des insomnies et dont le frigo est perpétuellement vide. Il a aimé une femme, mais cela s’est visiblement soldé par un drame. Nous n’en saurons pas plus, et le personnage reste énigmatique, et finalement très conforme à la figure habituelle du policier. J’ai trouvé cela un peu dommage.

Du côté des personnages secondaires, Enid Plyton est la figure typique d’un chef d’entreprise sans état d’âme. Son épouse, la jeune Tania, accepte d’être exhibée comme un trophée en échange d’une vie de rêve. Mais le personnage le plus intéressant, c’est celui du « méchant ». Nous sommes au cœur de ses pensées, et cet homme semble avoir cédé à son côté obscur : il a renoncé à sa vie, à ses rêves, et s’efforce sans relâche de tout contrôler, d’où une certaine fascination pour les mécanismes. Sa seule tentative de rédemption a échoué, et il est maintenant plus déterminé que jamais. Il fait froid dans le dos, et pourtant, on aimerait le comprendre.

L’écriture

J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Emanuel Dadoun, efficace et percutante. Je suis assez admirative de la manière dont, en quelques phrases courtes, il parvient à planter le décor d’une scène. Il nous transporte ainsi en Thaïlande, dans un aéroport australien, au cœur d’une fête foraine, ou sur une île Bretonne. Cette dernière forme le cadre idéal d’une partie clé de l’intrigue, celle qui clôt le roman.

Autre fait notable, l’auteur agrémente régulièrement son récit d’onomatopées au cours de l’intrigue, comme on le ferait dans une bande-dessinée. Ces onomatopées sont réalisées dans une typographie particulière, et participent au dynamisme du roman. C’est une petite touche d’originalité assez sympathique.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai apprécié ce roman, notamment grâce à l’écriture de l’auteur qui m’a beaucoup plu et à ce « méchant » psychologiquement très dérangé. Néanmoins, je reste sur ma faim, car c’est un roman très rapide, qui reste un peu en surface et manque parfois de profondeur, surtout en ce qui concerne le personnage principal. De même, ceux qui recherchent un fort suspense et une véritable énigme risquent d’être déçus. Pour les autres, vous pourrez trouver ce roman dès demain, le 22 août, dans toutes les bonnes librairies ! Je vous invite par ailleurs à lire l'avis de La vie des livres, assez proche du mien, et celui, plus enthousiaste, de La littérature jeunesse de Judith et Sophie
Merci aux éditions Sarbacane et à la collection eXprim’ pour leur confiance.


Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« A un moment de ma vie, quelque chose m’a échappé. Une aliénation, une étrangeté s’est insinuée en moi, pourrissant mes rêves et mes idéaux. Une attitude qui ne me correspondait pas, mal ajustée, en déraillement perpétuel. Pas à la bonne place. Pas la bonne idée. J’ai même cru qu’un judicieux démon s’amusait à me divertir – mais non, il ne s’agissait que de tristesse. »

« J’imagine que tu dois être en train de courir, Kowalski. Nous passons notre temps à courir, tu devrais le savoir. Courir après nos rêves, le temps, courir pour ne pas s’arrêter et contempler notre propre laideur. Peut-être que c’est pour ça que nous courons. La peur est immobile, Kowalski. Immobile. Elle est le miroir de notre laideur. »

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Ce roman fait partie du challenge :

Où sont les hommes ? : lecture n°6
Ce n’est pas dans ce roman que se cache le prince charmant…

samedi 18 août 2012

On ne peut pas lutter contre le système, de J. Heska : un roman apocalyptique qui fait réfléchir

[Editions Seconde Chance, mai 2012]

Aujourd’hui, nous allons sortir des sentiers battus et de mes lectures habituelles ! Je vais vous parler d’un livre que nous pourrions qualifier de thriller économique et écologique, dans lequel il est question d’Organismes Génétiquement Modifiés et d’effondrement du capitalisme mondial : "On ne peut pas lutter contre le système", de J. Heska. Après avoir lu le polar "A la vie à la mort" de Henri Courtade et son fond très social, l’idée d’un thriller sur fond de crise mondiale m’a séduite. L’auteur ayant très gentiment décidé de faire voyager un exemplaire de son roman, j’ai pu le découvrir !

Résumé

Lawrence Newton est rentré dans le rang. Ce fils à Papa avait tenté d’échapper à son destin tout tracé, en épousant une militante écologiste et son engagement auprès de l’ONG Greenforce. Mais il est finalement revenu à la maison, prêt à assumer l’héritage de son père au sein d’un gigantesque consortium international, HONOLA. Pendant ce temps, les écologistes mettent la main sur un rapport évoquant des OGM aux effets écologiques et sanitaires dévastateurs, auxquels la société HONOLA ne serait pas étrangère… Les évènements qui en découlent dépasseront ces individus et ébranleront le monde économique dans son ensemble…

Un roman complexe mais haletant

Ce roman m’a plu, j’ai apprécié son originalité. C’était la première fois que je lisais un roman qui se passe au cœur des grands groupes et de la finance mondiale, c’était intéressant. L’intrigue mêlant des éléments économiques (sur les montages financiers, les filiales, etc.) et scientifiques (sur les OGM), je dois dire que certaines choses m’ont échappées et que parfois, je n’ai pas absolument tout compris… Néanmoins, et il faut le souligner, cela ne m’a pas empêchée d’aimer le roman !

En effet, même sans tout comprendre, cette histoire a réussi à me happer et les pages ont défilé. Je pense que les puristes diront que ce n’est pas un « vrai » thriller au sens classique du terme, mais personnellement, j’ai été sous tension tout au long de ma lecture et j’avais hâte de connaître le fin mot de l’histoire. C’est un roman efficace.

Une réflexion sur les évolutions de la société

Nous ne savons pas exactement quand l’intrigue se déroule, s’il s’agit d’un futur plus ou moins lointain. L’auteur évoque des crises mondiales datant de 2007 et 2013 si je me souviens bien, mais ce sont les seuls éléments. Néanmoins, il évoque des questions qui sont au cœur de l’actualité : les dérives de la finance mondiale, le moratoire actuel de l’Europe sur les OGM qui pourrait ne pas durer… Il nous amène ainsi à réfléchir sur les possibles évolutions de notre société et du monde économique, si l’homme persiste dans certains de ses travers.

La situation qu’il dépeint est apocalyptique, et je dois avouer qu’au début du roman, j’ai ressenti une certaine jouissance à voir le système financier s’écrouler. Cela n’a pas duré longtemps, le temps de réaliser que ce qui se passe dans cette histoire pourrait très bien nous arriver, dans un futur pas si lointain… A partir de là, tout cela m’a fait froid dans le dos. Les grandes entreprises capables de faire pression sur les plus grands Etats, pratiquant l’illégalité sans jamais être inquiétées grâce à de généreux pots de vin. Les africains et les animaux sacrifiés au nom de l’expérimentation des OGM. La manière dont les entreprises jouent avec la vie, tout simplement, et la difficulté de lutter contre ce système. C’est frappant, et cela fait réfléchir.

Les personnages 

Par rapport aux évènements et manipulations en tous genres décrits dans le roman, je dois dire que je n’ai pas trouvé les personnages très marquants. Lawrence est un homme qui a dédié sa vie à son entreprise au détriment de sa vie personnelle et même de sa santé. Pourtant, je n’ai pas vraiment ressenti de compassion pour lui. Clara, la militante écologiste, est une jusqu’au-boutiste capable de prendre tous les risques pour la cause qu’elle défend, mais on ne s’attache pas vraiment à elle. Finalement, le personnage le plus réussi, c’est celui de la « méchante » de l’histoire, Safia Hezraï, prête à tout écraser sur son passage pour servir son ascension au sein du groupe HONOLA, et ce malgré un comportement hystérique un poil caricatural.

L'écriture

 Je n’ai pas grand-chose à vous dire sur l’écriture de l’auteur, elle est plutôt bonne, et surtout efficace, on ne s'éparpille pas. Peut-être qu'elle manque un peu d'émotions. En revanche, l'auteur insère un certain nombre de clins d'oeil, notamment à Harry Potter ou Retour vers le futur, qui prêtent à sourire et apportent une petite touche de légèreté à cette histoire.

Que penser de la fin ?

Un élément sur lequel je m’interroge encore, c’est la fin du roman. A mon sens, cette fin un peu tirée par les cheveux nuit à la crédibilité du reste de l'histoire. Et pourtant, je dois dire qu’une partie de moi avait envie de cette fin-là, parce que je suis une incorrigible midinette optimiste… Du coup, je ne trancherai pas, je vous laisse juger ! (et je serai curieuse d’avoir vos avis sur cette fin, vous qui passez par ici).

En quelques mots

Ce roman est au final un thriller original et efficace, malgré la complexité de certains éléments. J’ai apprécié cette plongée au cœur du capitalisme financier et de ses malversations, ce roman fait réfléchir sur des sujets importants auxquels j’ai aimé être confrontée. Mon principal bémol reste dont les personnages, peu attachants, mais ce n’est pas le plus important dans cette histoire.
Merci à l’auteur pour avoir permis à son roman de faire une halte chez moi !


Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Clara posa ses yeux glacés sur son mari.
-Il n’y a pas de question à se poser. Nous devions être présents. Pour lutter contre l’asservissement des pays les moins développés. C’est une noble cause. A quoi bon élever un enfant dans un monde tel que celui-ci ? Demain, si je devais recommencer, je le ferais sans hésiter.
[…] Le jeune homme serra les poings.
-Et toi, tu crois trop à tes conneries. On ne change pas le monde en hurlant sur des flics lors des manifestations. Quelles actions menées ont abouti à du concret ? Les gens se foutent royalement des déchets nucléaires et de la disparition des ours polaires tant qu’ils peuvent s’acheter des DVD ! On ne peut pas lutter contre le système ! »

« La compagnie n’avait pas été dupe de son petit manège, elle avait compris qu’il mettait en place un circuit d’approvisionnement parallèle de semences saines ramenées de République Démocratique du Congo grâce à un cousin. Elle ferait de lui un exemple pour les autres agriculteurs de la région. Il courut jusqu’au village pour alerter les familles. Trop tard. Les pneus usés dérapèrent sur la terre battue au milieu de la place centrale, alors que les femmes étaient en train de découper un porc sauvage pour le repas du soir. Les mercenaires tirèrent sans sommation. Les rafales fauchèrent les femmes qui s’effondrèrent comme des statues. Des cris se mirent à résonner partout. Samson échappa à une décharge de Kalachnikov lancée par un enfant-soldat en plongeant dans la case de Simone, qui se terrait sous la table. Il la poussa vers la fenêtre et lui ordonna de fuir dans le vaste champ d’herbes sauvages, pour ne revenir qu’une fois la nuit tombée. »

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Ce roman fait partie du challenge :

 Où sont les hommes ? : lecture n°5

Pas le moindre prince charmant à l’horizon dans cette histoire qui est bien loin d’un conte de fées !

mercredi 15 août 2012

Le temps n’est rien, d’Audrey Niffenegger : une histoire d’amour qui défie le temps

[J’ai lu, 2006]

Voici un livre qui a rejoint ma Pile A Lire lors d’une expédition à Gap, en librairie d’occasion. Ce titre me trottait dans la tête depuis le joli billet de Floly qui y était consacré, aussi, j’ai sauté sur l’occasion. Et l’organisation d’une Lecture Commune autour de ce titre par Petit Speculoos sur Livraddict m’a permis de le lire assez rapidement !

Résumé

C’est un roman à deux voix, qui s’étend entre les années 1970 et 2050. Deux personnages, Claire et Henry, s’expriment tour à tour. Ils s’aiment, mais leur histoire est particulière, puisque Henry souffre d’une anomalie génétique qui le contraint à voyager dans le temps contre sa volonté, complètement nu. Ils en souffrent, puisque Claire est contrainte d’attendre Henry lorsqu’il « s’absente ». Mais cela leur offre aussi la chance de se côtoyer à toutes les époques de leur vie. L’enjeu du roman est donc de savoir s’ils pourront relever les défis que leur imposent ces voyages dans le temps ou si ce sera pour eux un fardeau, une souffrance.

Le voyage dans le temps au prisme de l’amour

J’ai apprécié ce roman pour son originalité. En effet, j’ai aimé l’idée d’aborder le voyage dans le temps par le biais d’une histoire d’amour, et non au travers d’une histoire de science-fiction, une histoire futuriste. De plus, c’est une romance que je qualifierais de crédible : tout n’est pas rose pour les amoureux, ils rencontrent des difficultés qu’ils doivent surmonter, apprendre à se connaître, puis à vivre ensemble. Il y a aussi de très jolis moments, notamment certaines scènes de sexe. Le fait d’avoir les deux points de vue nous permet de bien appréhender leur histoire et de se sentir impliqué.

Une narration complexe, mais prenante

Au début de ma lecture, j’ai été un peu perdue à cause des nombreux sauts dans le temps, en avant et en arrière. J’ai mis un peu de temps à comprendre le système, avec la date au début de chaque scène et les âges des deux personnages. Mais malgré son apparent désordre, c’est une narration complexe et bien maîtrisée par Audrey Niffenegger. Le tout est porté par une écriture agréable et fluide.

Ainsi, j’ai finalement pris le rythme et voyagé aisément d’une époque à l’autre, en compagnie des deux protagonistes. J’ai même été de plus en plus prise par l’histoire, je voulais savoir comment tout cela allait finir et j’ai commencé à avoir du mal à lâcher le livre. En effet, il est parfois très intéressant d’assembler peu à peu les pièces du puzzle, de connaître d’abord le futur, puis de voir les personnages agir dans le présent. J’ajouterais que la fin du roman m’a presque fait verser une petite larme ! Il m’a pourtant manqué un petit quelque chose, que j’ai du mal à identifier, pour être totalement emportée par cette histoire.

Les personnages

Je me suis assez facilement attachée au personnage d’Henry, ce bibliothécaire victime de voyages dans le temps intempestifs, mais qui prend pourtant la chose avec une certaine dose d’humour. C’est aussi un personnage qui a des failles et qui se complaît dans certains vices. Mais son amour inconditionnel et absolu pour Claire le garde dans le droit chemin et lui donne la force de se battre pour mener la vie la plus normale possible en dehors de ses voyages temporels.

En revanche, et bien qu’elle soit une femme absolument admirable pour Henry, j’ai eu du mal à m’attacher à Claire. Je l’ai trouvée plus égoïste, plus concentrée sur sa propre part de difficultés que sur les déboires de son compagnon. Peut-être est-ce dû au fait qu'elle soit une artiste ?

J'ai également apprécié l'ensemble des personnages secondaires, avec une petite préférence pour Kimy, une vieille d'âme pleine d'énergie et de force. Et bien qu’elle ne soit pas très présente, j’ai beaucoup aimé le personnage d’Alba, une petite fille fascinante.

En quelques mots

Ce roman m’a donc beaucoup plu, grâce à l’originalité du traitement du voyage dans le temps, sa narration bien menée et son histoire d’amour à la fois belle et intelligente. Il m’a manqué quelque chose pour qu’il s’agisse d’un coup de cœur, notamment au niveau du personnage de Claire. En tout cas, je serais très curieuse de voir le film qui est issu de ce titre (intitulé "Hors du temps"). Merci à Petit Speculoos pour l’organisation !

Je vous invite maintenant à découvrir les avis de mes camarades de lecture : Petit Speculoos(organisatrice), PetitepomAuudreyHabitant of Sto, ...

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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« -Est-ce qu’il t’arrive parfois de rester éveillée à te demander si je ne suis pas une espèce de plaisanterie que te jouerait Dieu ?
-Non. Je reste éveillée à craindre que tu disparaisses et ne reviennes jamais. Je reste éveillée à ruminer les brides d’informations que j’ai glanées sur le futur. Mais j’ai une foi totale dans l’idée que nous sommes destinés à être ensemble. »

« Parfois, je me réjouis quand Henry n’est pas là, mais je me réjouis toujours quand il revient. »

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Ce roman fait partie du challenge :

Où sont les hommes ? : lecture n°4
Henry est un prince charmant insaisissable, mais il est impossible de ne pas s’attacher à lui…