dimanche 30 septembre 2012

The Luxe, tome 1, d’Anna Godbersen : Rebelles

[Albin Michel, 2008]

Je vais vous parler aujourd’hui d’un titre acquis il y a plus d’un an, et dont j’ai toujours repoussé la lecture, alors qu’il me faisait envie, pour diverses raisons : Rebelles d’Anna Godbersen. Fort heureusement, Myiuki a eu la bonne idée d’organiser une Lecture Commune sur Livraddict autour de ce roman, ce qui m’a permis de le découvrir enfin !

Résumé

A Manhattan, au tournant du XIXe et du XXe siècle, la bonne société est en émoi. Henry Schoonmaker, un célibataire à la réputation de séducteur, cherche à prendre femme pour faire plaisir à son père. Il jette finalement son dévolu sur la vertueuse et bienséante Elizabeth Holland. Pourtant, aucun d’eux ne veut vraiment de ce mariage, tout comme Diana, la jeune sœur d’Elizabeth. Mais une personne en particulier est décidée à faire capoter ce mariage : Penelope Hayes, la meilleure amie d’Elizabeth.

Une intrigue mondaine

Dans un premier temps, j’ai trouvé l’intrigue de ce roman assez lente. De fait, ce tome permet surtout de présenter et développer les divers personnages, ainsi que les liens qui les unissent. Nous allons ainsi de fêtes en essayages de robes, en passant par les visites dominicales que les bonnes familles se rendent visite les unes aux autres. La midinette en nous trouve son compte dans ces évènements, mais cela manque un peu d’action.

Ainsi, la lecture a d’abord été un peu laborieuse, l’intrigue ne décollant véritablement que dans le dernier quart du roman. Mais finalement, ce tome a atteint son but : j’ai appris à connaître cet univers et ses acteurs, jusqu’à me soucier de leur sort et être très curieuse de savoir ce qui va leur advenir par la suite ! Tous les ingrédients sont là : des complots, des affrontements de personnalité, des amours romanesques…

Les personnages

Plusieurs personnages sont développés par Anna Godbersen. Elizabeth, qui est au centre de ce tome, est une jeune fille lisse et ennuyeuse en apparence, mais en laquelle couve la passion et un véritable courage. Mais sa petite sœur, Diana, est plus attachante : impétueuse et extrêmement vivante, elle a du mal à se plier au carcan du monde dans lequel elle évolue. C’est la plus vraie de tous les personnages, celle qui m’a le plus plu.

Il y a aussi Penelope Hayes, celle que l’on adore détester. J’aurais aimé qu’elle soit une méchante un peu plus fine, alors qu’elle se montre ici assez prévisible et grossière. Du côté des personnages antipathiques, il y a aussi Lina, la servante d’Elizabeth qui se supporte plus sa condition de domestique et voue à sa maîtresse une haine sans bornes.
Quant à Henry, je ne sais pas encore quoi penser de lui : d’abord désinvolte et insouciant, le lecteur lui découvre peu à peu des failles et une sensibilité. J’ai hâté de le voir évoluer par la suite.

L’écriture 

Anna Godbersen a une écriture agréable, sans être extrêmement complexe. Elle parvient à restituer le contexte de la fin du XIXe siècle dans l’expression des personnages, les tenues arborées, les loisirs, les bonnes manières déployées… Je me suis trouvée plongée dans l’atmosphère de l’époque, comme si j’avais voyagé dans le temps. Les dialogues mondains sont crédibles et en accord avec les personnalités de chaque personnage. Cette auteure a su créer un univers et lui donner vie. Enfin, j’ai beaucoup apprécié les petites extraits mis en avant au début de chaque chapitre : extrait de journal intime, petit mot, lettre, ou extrait de manuels de bienséance, ils donnent le ton de chaque chapitre de manière assez ludique.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un tome d’introduction pour cette saga, qui comporte quelques longueurs mais nous donne le temps de nous immerger dans le New-York de l’année 1899 et d’apprendre à connaître et à apprécier les personnages. J’ai aimé la fin, et je suis maintenant très curieuse de voir l’évolution de cette histoire. Merci à Myiuki pour m’avoir permis de le sortir de ma Pile A Lire !

Je vous invite maintenant à lire les avis de mes camarades de lecture :
Myiuki22 (organiatrice), GrizeldaSokittyZara21Candyshy, ...

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse 
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Ce roman fait partie du challenge :

 

Challenge ABC 2012 : 21/26

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« Le bal – tous ces rires, ces cris de joie, ces belles robes – semblait l’étoffe d’un rêve absurde et éblouissant qui se serait dissipé avec la venue du matin. Elle avait dansé avec assez de jeunes gens célibataires pour faire le bonheur de sa mère, même si certains d’entre eux étaient de moins bon partis que Percival Coddington, mais plus charmant. Elle avait trouvé le temps d’échanger avec Penelope des appréciations sur les robes de chacune. […] Elles avaient toutes deux trouvé la terrine délicieuse, quoique bien trop excitées pour pouvoir en manger vraiment et l’apprécier, et bien qu’elle aient bu plus de champagne qu’elles n’étaient supposées le faire. Mais comment résister à une coupe de champagne ? »

« Il la fixa intensément dans les yeux, de son regard vif et malin, réprimant un sourire. Puis il se pencha davantage et appuya ses lèvres de carmin contre les siennes. « C’est exactement ça », pensa Diana. C’était exactement ça : la sensation qu’elle recherchait. Elle vous traversait le corps jusqu’aux orteils et les faisait frétiller, juste un peu. Henry éloigna son visage. Il lui fit un clin d’œil, coiffa son chapeau et entra dans le vestibule sans autre forme de procès.
-Mesdames, je me suis apparemment perdu sur le chemin du vestiaire à la porte, l’entendit dire Diana.
Il y avait un rire dans sa voix et elle comprit que, tout en s’adressant à Claire et Elizabeth, il était complice avec elle. Il partageait un secret. »

samedi 29 septembre 2012

La Sélection de Kiera Cass : retrouvez vos rêves de petites filles et rencontrez le prince charmant !


Voici un roman qui me tentait depuis plusieurs mois…en fait, depuis sa sortie en cette année 2012. De manière tout à fait superficielle, j’ai craqué sur cette magnifique couverture avant même d’avoir lu le résumé. Les avis qui ont suivi m’ont confortée dans mon avis de le lire. Aussi, quand je l’ai trouvé d’occasion à un prix intéressant, je me suis jetée dessus et je l’ai commencé presque immédiatement !

Résumé

L’Amérique a connu plusieurs guerres mondiales, elle a été envahie par la Chine, puis par la Russie. Mais elle a fini par se redresser, elle a voulu repartir de zéro, s’est organisée autour d’un système de castes et a pris le nom d’Illéa. America Singer (non, vous ne rêvez pas, l’héroïne a un nom ridicule) est une Cinq, ce qui signifie qu’elle est pauvre. Aussi, quand est annoncée la Sélection, un concours organisé afin de choisir la future épouse du prince, le tout grassement rémunéré, son entourage la pousse à participer. America n’en a pas la moindre envie, puisqu’elle est déjà amoureuse d’Aspen, un Six. Elle s’y résigne tout de même…et rencontre le prince Maxon.

Une jolie romance

Bien que la toile de fond du roman soit celui d’une dystopie, nous avons clairement affaire ici à une romance, avec à la clé un prince charmant, un vrai. En effet, Maxon est tout ce qu’il y a de plus charmant, et le triangle formé par lui, America et Aspen tiendra en haleine toutes les midinettes en puissance que nous sommes. Les romances présentées ici ne sont ni trop niaises, ni trop évidentes, j’ai facilement adhéré. C’est un roman idéal pour rêver au grand amour et au prince charmant !

Une intrigue bien menée

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les pages de ce roman se tournent toutes seules, je me suis très rapidement surprise à ne plus avoir envie de le lâcher, voulant savoir la suite. L’intrigue avance vite, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer, et les éléments présentés sont intéressants : nous pénétrons au cœur d’une vie de château, avec ses bons et ses mauvais côté, les participantes de la Sélection pouvant se montrer tout aussi amicales que perfides. Rendez-vous avec le prince, confidences, coup bas, tout s’enchaîne de manière fluide.

J’ai cependant un regret, c’est que l’univers ne soit pas plus développé, et que la dimension dystopique soit si effacée : seules quelques pistes nous sont livrées, j’espère qu’elles seront creusées dans le prochain tome.

Les personnages

J’ai aimé les personnages créés par Kiera Cass. America est une jeune fille assez attachante. Elle a fort caractère et n’a pas peur de dire ses quatre vérités au prince. En contrepartie, c’est une jeune fille qui a des valeurs, qui se soucie beaucoup des autres, et qui est révoltée par l’injustice. Elle est également un peu perdue sentimentalement parlant, ce qui la rend assez touchante. J’ai hâte de voir la manière dont elle évoluera.

Du côté des messieurs, je vous ai déjà dit tout le bien que je pense du prince Maxon. Peu sûr de lui, un peu maladroit, mais généreux et plein d’humour, il a rapidement su me séduire. Un vrai prince charmant dont nous n’avons vu pour l’instant que les bons côtés. Je dois dire que je le trouve presque trop parfait, je me demande si ça ne cache pas quelque chose… Quant à Aspen, il est plus ambigu. On sent bien qu’il est amoureux d’America, mais il a aussi beaucoup d’amour propre, ce qui le conduit parfois à la repousser. J’ai aimé sa réaction et sa détermination à la fin du roman, là aussi j’ai hâte de voir son évolution.

L’écriture

Kiera Cass mène son récit d’une manière assez vive. Elle parvient bien à restituer les pensées de son personnage, en utilisant le « je », et je me suis surprise à avoir une petite larme au bord des yeux à certains moments. Son écriture est agréable, ni trop relâchée, ni trop recherchée. Elle alterne les dialogues et les descriptions permettant au lecteur de se figurer le palais dans lequel évolue America.

En quelques mots…

J’ai passé un très bon moment en compagnie de ce roman qui se lit tout seul et m’a fait retrouver mes instincts de midinette. Néanmoins, il manque un petit quelque chose, un peu de profondeur en ce qui concerne l’aspect dystopique de l’histoire, pour en faire une lecture inoubliable. En tout cas, c’est une lecture détente très plaisante, et je lirai la suite !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :



Challenge 100 % R : 2e lecture
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« J’étais donc là, à vider les cartons…et il était là aussi. Nos regards se croisaient, il m’impressionnait moins qu’avant. Nous ne nous étions pas vus depuis longtemps. Nous n’étions plus des enfants. Nous avons passé la journée à nous frôler, soi-disant par accident, entre deux cartons. Il m’adressait un regard, un sourire et, pour la première fois, j’avais l’impression d’être en vie. »

« Une chaleur inattendue s’empare soudain de moi. Son premier baiser, c’est à moi qu’il a voulu le donner. Oui, je le reconnais, j’ai encore des sentiments pour Aspen. Je ne peux pas l’oublier en un claquement de doigts. Mais notre couple n’est plus qu’un amer souvenir et plus rien ne m’empêche de réserver à Maxon une place dans mon cœur. A part mes préjugés, peut-être. Des préjugés balayés par la réalité. J’effleure son front de ma main.
-Que faites-vous ?
-J’efface de votre mémoire ce baiser raté. Je suis sûre qu’on peut mieux faire. »

samedi 22 septembre 2012

Vampire academy, de Richelle Mead, tome 1 : Sœurs de sang

[Castelmore, 2010]

Voilà une série que je voulais découvrir depuis longtemps ! La « faute » à Morgana qui a beaucoup aimé toute la série et en a parlé avec beaucoup de passion sur son blog. Grâce à un concours organisé par ma chère Ayma, ce tome a pu rejoindre ma bibliothèque et c’est avec une grande joie que je l’ai commencé… Et hop, hors de ma vue l'horrible couverture avec cette fille qui ressemble à Angeline Jolie (berk) ;)

Résumé

Rose et Lissa viennent d’être rattrapées. Après deux ans de cavales, elles doivent retourner à l’académie, une sorte de lycée pour les vampires. Les vampires moroï, auxquels appartient Lissa, apprennent à maîtriser la magie tandis que les dhampir, auxquels appartient Rose, apprennent à être de bon gardiens pour veiller sur la vie de leurs congénères. Si les deux jeunes filles s’étaient enfuies, c’est parce que quelque chose menaçait Lissa, quelque chose qui ne tardera pas à se manifester de nouveau à leur retour… Rose, prête à tout pour protéger Lissa à laquelle elle est puissamment liée, cherche à identifier leurs ennemis.

Une mythologie intéressante

Voilà donc une autre série bit-lit, encore une me direz-vous. Cependant, bien que j’ai lu beaucoup de livres mettant en scène des vampires, la mythologie de celui-ci m’a bien plu, avec les différents groupes de vampires et les rôles de chacun. Les moroï issus de familles royales luttent pour le pouvoir, tandis que les dhampir sont des protecteurs qui leur sont entièrement dévoués, avec la vie austère que cela implique. J’ai vraiment adhéré à cet univers et j’ai apprécié la place que la magie y occupe.

Entre fantastique et histoires de lycée

Mais bien qu’ils soient des vampires, les dhampir et les moroï présents à l’académie sont avant tout des adolescents, avec tout ce que cela suppose : rumeurs, clans, histoires d’amour plus ou moins heureuses… Il y a les populaires et les exclus. En ce qui concerne les diverses romances présente dans ce premier tome, elles m’ont bien plu, elles sont bien amenées et donnent de petits papillons dans le ventre (ah, Dimitri…).

L’intrigue principale du livre vient se superposer à ces histoires d’adolescents d’une manière intelligente. Il y a une dimension politique avec les luttes d’influence des moroï, et une dimension morale au travers des gardiens et de leurs devoirs. L’ensemble donne une histoire très agréable à suivre et intéressante. J’ai juste trouvé que l’intrigue avançait un peu lentement. Personnellement, j’ai compris assez tôt ce que Rose ne découvre qu’à la toute fin du roman sur Lissa et son lien avec elle. Mais c’est un roman qui a réussi à m’emporter, et j’ai hâte de lire la suite.

Les personnages

Les personnages créés par Richelle Mead sont particulièrement réussis, très attachants. Rose, que nous suivons la plupart du temps, est une jeune fille qui a un fort caractère et qui se montre un brin bagarreuse. Néanmoins, elle force rapidement l’admiration par son sens du devoir et son dévouement envers son amie Lissa. Cette dernière est quant à elle assez complexe. D’une nature douce, elle a parfois des accès de vengeance et de violence incontrôlables qu’elle a du mal à s’expliquer, elle est en lutte avec elle-même et cherche un moyen pour se sentir apaisée. J’espère que dans les prochains tomes, nous la connaîtrons mieux.

Les personnages secondaires sont également réussis. Il y a Dimitri, le gardien expérimenté chargé de la protection de Lissa, qui sert de mentor à Rose. C’est un personnage un peu torturé qui a un sens très aigu du devoir. Il y a aussi Christian, le marginal dont la famille est en disgrâce et qui n’hésite pas à utiliser la magie sur ses camarades. Et n’oublions pas Mia, la peste prête à tout pour figurer parmi l’élite de l’académie, qui n’a sans doute pas encore dit son dernier mot…

L’écriture 

Cette histoire est portée par l’écriture de Richelle Mead qui est simple et efficace, sans être pauvre pour autant. Le niveau de langage est très correct, même si j’ai regretté l’emploi répété du mot « salope » dans les dialogues (oui, je sais, on entend ça dans la vraie vie, mais c’est pas une raison…). En tout cas, c’est un roman qui se lit tout seul.

En quelques mots…

Pour conclure, je dirais que le premier tome de cette saga est très plaisant à lire et amorce une intrigue qui promet d’être très palpitante. Les personnages sont particulièrement attachants et la mythologie déployée autour des vampires est intéressante. Il ne faut pas en attendre de la grande littérature, mais c’est un excellent divertissement et je vous conseille volontiers cette lecture !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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« C’était la seule personne que je connaissais qui prenait son travail de gardien avec autant de sérieux et comprenait les conséquences dramatiques que la moindre décision pourrait avoir. Cela échappait à tous les novices. […] En cet instant, j’eus soudain l’impression qu’il avait raison, qu’il y avait en moi comme un sens instinctif de la vie, de la mort, et de la manière dont le bien et le mal s’imbriquaient dans le monde. Lui aussi en était conscient. Il nous arrivait souvent de nous sentir seuls et de devoir renoncer à nos « amusements ». Nous n’allions pas pouvoir choisir notre vie, mais nous savions que c’était nécessaire. Nous nous comprenions l’un l’autre et comprenions également, au plus profond de nous, que nous avions des vies à protéger. »

mardi 18 septembre 2012

Chroniques des enchanteurs, tome 1, de Kami Garcia et Margaret Stohl : 16 lunes


Cela fait maintenant un petit moment que j’ai envie de découvrir la saga 16 lunes, notamment « à cause » de l’avis très enthousiaste de Vanessa-Alohomora. L’avis plus récent de Floly et l’organisation d’un book club autour de ce titre sur Livraddict m’ont décidée à le lire enfin.

Résumé 

Ethan, âgé de 16 ans, vit dans la petite ville de Gatlin aux Etats-Unis. Une ville petite, étriquée, où tout le monde s’observe et où la majorité de la population vit encore dans le souvenir de la Guerre de Sécession. Une ville qu’Ethan rêve de quitter un jour. Depuis que sa mère est morte, les jours défilent, monotones, entre son père qui ne sort jamais de sa chambre, sa gouvernante qui veille sur lui et les longues journées au lycée. Jusqu’à ce qu’une nouvelle arrive en ville et bouleverse tout. Une fille qu’il a déjà rencontrée en rêve et qui semble capable de déclencher des intempéries. Une fille frappée d’une malédiction.

Une intrigue lente, mais un univers intéressant

Les 200 premières pages ont été assez longues à lire, l’intrigue étant lente à se mettre en place. Autant vous prévenir tout de suite, il n’y a pas énormément d’action dans ce roman, mis à part à la fin. Une grande partie du roman tourne autour de la vie de lycéens d’Ethan et Lena. Mais mon intérêt a été éveillé lorsque l’univers des enchanteurs et leurs pouvoirs ont commencé à être développés, j’ai bien aimé cette mythologie de la Lumière et des Ténèbres. Globalement, les phénomènes magiques qui émaillent le livre sont intéressants. Voilà pourquoi, malgré la lenteur des évènements, ce premier tome m’a intéressée.

Les choses s’accélèrent à la fin du roman, plusieurs évènements importants ont lieu, et l’on sent se dessiner des choses intéressantes pour la suite de l’histoire. De plus, certains mystères restent préservés, notamment sur les pouvoirs dont Ethan semble doté. Il n’en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir le second tome, ce que je ferai sans doute d’ici quelques mois.

L’Amérique profonde

La ville de Gatlin est pratiquement un personnage à elle toute seule. C’est une ville qui vit dans le souvenir de la Guerre de Sécession, dont elle a souffert. J’ai d’ailleurs aimé les références à ce conflit faites tout au long de ce roman, cette dimension historique.

Mis à part cela, comme dans toutes les petites villes, tout le monde se connaît, et tout nouvel arrivant est voué à être à tout jamais un étranger. Au lycée, tout le monde s’observe, chacun a une position sociale bien définie, et personne ne doit pas dévier de son rôle. Cet aspect de « vie dans une petite ville de l’Amérique profonde » est intéressant et bien exploité, bien que légèrement caricatural par moments.

La romance

Concernant la romance présente dans ce roman, elle est plutôt bien faite. Nous n’échappons pas à un traditionnel « coup de foudre » et à quelques petites niaiseries, mais cela ravira la midinette qui est en nous. En tout cas, c’est une romance assez crédible, à la fois pudique et passionnée, et qui n’a rien de simple. Je suis très curieuse de voir comment elle évoluera par la suite.

Les personnages

Le personnage d’Ethan est assez attachant. Cela change d’avoir un héros masculin adolescent dans une saga fantastique. De plus, c’est un garçon qui a des valeurs, la tête sur les épaules. Il est intelligent et déterminé. Enfin, il évolue au cours du roman, apprenant notamment à se détacher du regard d’autrui.

Léna est plus complexe, elle est changeante, instable et ambiguë. Elle est perdue, et ne sait pas vraiment ce qu’elle veut ni pour elle-même, ni pour les autres. Elle reste néanmoins une jeune fille de presque 16 ans, qui rêve d’un petit-ami l’emmenant au bal et lui offrant des bijoux. Mais c’est surtout son côté ténébreux qui m’a plu, et je suis curieuse de la voir se débattre avec cet aspect de sa personnalité dans le deuxième tome.

Enfin, il y a une multitude de personnages secondaires intéressants : Link, l’ami fidèle, Amma la gouvernant bougonne mais aimante, la bibliothécaire Marian, la famille haute en couleur de Léna, ou les trois grands-tantes un brin gâteuses d’Ethan.

L’écriture

Je ne sais pas de quelle manière les deux auteurs, Kami Garcia et Margaret Stohl, se partagent le travail d’écriture, mais le roman est agréable à suivre. Les descriptions sont parlantes, sans être trop longues. Les dialogues sont naturels et empreints d’humour. Il y a un vrai travail avec la langue et les mots, notamment dans le « Livre des lunes » et la poésie qu’écrit Léna.

En quelques mots

En résumé, c’est donc un premier tome plutôt réussi pour cette saga. L’intérêt suscité par l’univers développé et la mythologie des enchanteurs compense la lenteur de l’action. Le tout est plutôt bien écrit, avec des personnages intéressants et en pleine évolution. Je découvrirai avec plaisir le deuxième tome.
Enfin, si vous avez lu 16 lunes, je vous invite à venir en discuter demain soir, entre 18h et 23h sur Livraddict, à l’occasion du Book Club.
  
Note : 3,5/5

Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie du challenge :




Où sont les hommes ? : lecture n°10
Ethan est un prince charmant en devenir, je suis curieuse de voir ce qu’il deviendra dans les prochains tomes…

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« Connaissez-vous l’expression « le ciel m’est tombé sur la tête » ? Elle est vraie. A l’instant où Léna avait fait demi-tour pour venir s’échouer en pyjama mauve sur mon seuil, c’est ce que j’avais ressenti. Je m’étais douté que quelque chose allait arriver ? J’ignorais seulement que j’éprouverais cette émotion-là. Depuis, je n’avais envie que de deux choses : être en sa compagnie et être seul, de façon à m’extirper tout ça de la tête. Les mots me manquaient pour décrire ce que nous étions. […] Alors, pourquoi étais-je obsédé par elle ? Pourquoi étais-je soudain plus heureux dès que je la voyais ? J’avais l’impression d’avoir la réponse, peut-être, mais comment m’en assurer ? […] Les mecs ne parlent pas de ce genre de choses. Les mecs se bornent à subir le fardeau du ciel. »

« Le message était aussi clair que si ma mère avait été avec nous et l’avait prononcé à voix haute.
APPELLE TOI TOI-MEME.
Ces mots s’adressaient forcément à Léna.
Ma mère était présente, sous une forme autre, dans un univers autre. Elle était toujours ma mère, même si elle n’existait plus que par le biais des livres, des serrures, du parfum des beignets de tomate et de l’odeur du vieux papier. Elle vivait. »

samedi 15 septembre 2012

La liste de mes envies, de Grégoire Delacourt : un moment de grâce, entre émotion et lucidité

[JC Lattès, février 2012]

Remontons le temps de quelques mois, presque une année. Souvenez-vous, j’avais alors découvert le premier roman de Grégoire Delacourt intitulé « L’écrivain de la famille ». J’avais aimé cette histoire de famille et le style de l’auteur, mais je lui avais reproché de maltraiter ses personnages féminins, voire, de ne pas aimer les femmes… Aussi, quand j’ai vu que son second roman mettait en scène un personnage féminin (et en plus, une femme qui tient un blog !), et qu’il avait été apprécié par mes copinautes Juliah, Yukarie et Cajou, j’ai été très intriguée…

Résumé 

Jocelyne avait une chance sur des millions d’épouser un Jocelyn, c’est pourtant ce qu’elle a fait. Elle avait une chance sur des millions de gagner à l’Euromillion, c’est pourtant ce qui lui est arrivé. Jo possède maintenant 18 millions d’euros, et toutes ses envies sont à portée de main. Pourtant elle s’interroge, elle hésite à encaisser ce chèque. Car malgré une vie marquée par les drames, malgré les moments difficiles, Jo & Jo ont franchi les obstacles qui se sont présentés à eux et on atteint une forme de bonheur. Un équilibre précaire, dont Jocelyne craint qu’il ne soit mis à mal par l’argent. Alors, elle dresse des listes de ses besoins et de ses envies, pèse le pour et le contre…

Un personnage touché par la grâce

Mettons les choses au point tout de suite : je retire toutes les remarques négatives que j’ai pu faire sur Grégoire Delacourt et sa perception des femmes, ce monsieur nous connaît et il nous comprend bien mieux que la plupart de ses congénères. La raison de ce mea culpa, c’est le personnage de Jocelyne, un personnage incroyable, très émouvant, très juste, et doté d’une lucidité et d’une sagesse admirables. Mais si Jocelyne est admirable, elle n’en est pas moins crédible, et chacune d’entre nous pourra reconnaître une partie d’elle-même dans cette femme. Ce n’est pas une super-héroïne, et elle pourrait être notre voisine de palier. C’est un personnage que j’ai suivi intensément, et qui m’a poussé à tourner les pages pour savoir ce qu’il allait advenir d’elle.

L’argent et le bonheur

Le premier propos de ce roman, c’est l’argent et la traditionnelle question « L’argent fait-il le bonheur ? ». L’auteur nous propose ainsi une réflexion sur nos besoins et nos envies, il se demande s’il l’on peut encore être heureux après les avoir tous assouvis. Il nous montre ainsi que le bonheur réside probablement dans l’abandon de rêves irréalisables et dans l’appréciation de choses simples, lorsque chaque petite amélioration du quotidien constitue une belle surprise. Toute une philosophie à méditer.

La vie, l’amour, la trahison

Mais le roman va beaucoup plus loin que cela, puisqu’au travers de ses réflexions sur l’argent dont elle dispose, Jocelyne fait défiler les grandes étapes de sa vie et en tire le bilan, avec beaucoup de recul et de lucidité. Elle aborde ainsi l’amour, dont elle a une vision à la fois très belle et terriblement lucide. Le temps qui passe trop vite, les nouvelles technologies qui nous aident à communiquer tout en nous isolant les uns des autres. Les enfants qui grandissent et qui s’en vont, les parents qui ont besoin qu’on s’occupe d’eux. La manière dont on ment aux autres et à soi-même en espérant être plus heureux. Elle évoque enfin la trahison et la manière dont elle ternit le souvenir des jolies choses.

Un auteur à suivre

Quant à l’écriture de Grégoire Delacourt, elle est toujours aussi agréable, tantôt rude et tantôt poétique, douce-amère. Il parvient ainsi à rendre très belles les choses dures et lucides qu’il raconte. Il en ressort une vive émotion, c’est un roman très touchant. Il parvient également à distiller une bonne dose d’humour dans ce roman au propos plutôt grave. Il a ce talent incroyable de saisir l’essence de la vie et de la coucher sur le papier. Ainsi, les listes des besoins, des envies et des folies de Jocelyne dressent en quelques lignes un tableau assez saisissant des désirs et des préoccupations d’une femme.

 En quelques mots…

Pour son second roman, c’est donc un coup de maître de la part de Grégoire Delacourt, qui nous présente un personnage très vrai et incroyablement touchant, un morceau de vie et de nombreuses réflexions à méditer. Un roman qui sonne juste. Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce livre et de suivre cet auteur.

Note : 5/5 (Coup de cœur)

Stellabloggeuse.

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Ce roman fait partie du challenge :




Où sont les hommes ? : lecture n°9
Et voilà, un 2e « auteur prince-charmant » trouvé lors de ce challenge. En revanche, rien à signaler parmi les personnages, rien que des hommes ordinaires…

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« Faire soi-même possède quelque chose de très beau ; prendre le temps, c’est important. Oui, je pense que tout va trop vite. On parle trop vite. On réfléchit trop vite, quand on réfléchit ! On envoie des mails, des textos sans se relire, on perd l’élégance de l’orthographe, la politesse, le sens des choses. […] Non, non, je ne suis pas contre le progrès ; j’ai juste peur qu’il isole davantage les gens. »

« Je lui avais beaucoup pardonné parce que l’amour demande beaucoup de pardons. Je m’étais préparée à vieillir à ses côtés sans qu’il ne m’ait jamais dit de mots jolis, une phrase fleurie, vous savez, ces idioties qui font chavirer le cœur des filles et les rendent fidèles pour toujours. »

« Je possédais ce que l'argent ne pouvait pas acheter mais juste détruire. Le bonheur.

Mon bonheur, en tout cas. Le mien. Avec ses défauts. Ses banalités. Ses petitesses. Mais le mien. Immense. Flamboyant. Unique. »

samedi 8 septembre 2012

Rafa, de Rafael Nadal et John Carlin : dans les coulisses d’une vie de champion

[JC Lattès, mai 2012]

Vous savez déjà tous que j’aime lire, en revanche, ce que vous ne savez sans doute pas, c’est que je m’intéresse au tennis depuis une dizaine d’années. Je l’ai même suivi de très près pendant plusieurs années. Aujourd'hui, je manque de temps, mais je continue à suivre et regarder les grands évènements. Et notamment, je ne manque jamais la finale de Roland-Garros, avec ce champion dont j’ai suivi l’éclosion, puis la consécration, un tennisman à peine plus vieux que moi : j’ai nommé Rafael Nadal !

En effet, face au tennis très pur et au talent insolent d’un Federer, j’ai toujours apprécié la combativité de ce jeune homme… sans parler de la manière avec laquelle il porte le pantacourt ou le short… (sans commentaire !). Bref, du coup, quand ma copinaute Juliah qui a lu et apprécié son autobiographie (son billet ici) m’a proposé de me la prêter, je n’ai pas hésité une seconde avant d’accepter ! Merci à elle.

Structure et écriture

Cette autobiographie est écrite à quatre mains. Nous avons alternativement un chapitre dans lequel Rafael Nadal s’exprime directement, utilisant le « je », et un chapitre dans lequel le journaliste John Carlin revient sur les propos et la vie du jeune sportif, avec un œil plus extérieur. Je ne sais pas quelle est la part de Rafael Nadal dans les parties dans lesquelles il s’exprime, s’il a écrit ou si c’est le résultat d’entretiens, mais en tout cas c’est bien écrit, et agréable à lire.

En fil rouge de ce livre, plusieurs matchs très importants dans la carrière du sportif espagnol : son match pour l’Espagne lors de la finale de la Coupe Davis 2004, alors qu’il n’avait que 18 ans ; sa victoire contre Federer à Wimbledon en 2008, la plus importante pour lui ; l’Open d’Australie 2009 ; sa victoire à l’US Open en 2010, qui lui a permis de devenir le plus jeune joueur ayant gagné les quatre tournois du Grand Chelem. Au travers de ces matchs, il revient sur son enfance, la manière dont il s'est construit et sa vie quotidienne.

Le clan Nadal

Une première chose qui saute aux yeux et que l’on soupçonnait déjà, c’est que la famille est très importante pour Rafael Nadal. Malgré la séparation de ses parents, cette famille forme un véritable clan, soudé autour de son champion. Les Nadal sont omniprésents tout au long du livre. De même, le jeune athlète est entouré de la même équipe depuis ses plus jeunes années, ses membres font pratiquement partie de la famille. Cet entourage très stable est très important pour lui.

Les pieds sur terre

Une chose plus surprenante, c’est la manière dont la famille de Rafael Nadal minimise ses succès. On lui refuse tout traitement de faveur et, plus étonnant, aucune fête n’a jamais été organisée par la famille suite aux succès du jeune homme. Pourtant, ils sont assurément très fiers de lui. Mais l’important pour eux, c’est qu’il garde les pieds sur terre et qu’il soit un homme bien. Les habitants de l’île partagent le même état d’esprit, Rafael Nadal n’est que l’un d’entre eux, ils ne le considèrent pas comme une célébrité. Aussi, dès qu’il rentre à Majorque, Rafel Nadal a la possibilité de mener la vie la plus normale possible, et c’est important pour lui.

De Clark Kent à Superman

Le Nadal que l’on apprend à connaître ici est bien loin de celui que l’on voit sur le court, le guerrier. En privé, Rafael Nadal est un grand anxieux, il a peur de beaucoup de choses. Il se sous-estime également, mais c’est ce qui lui permet de travailler dur pour s’améliorer. Pour devenir ce gladiateur des courts de tennis, il passe par un conditionnement mental très important, mis en place depuis l’enfance par son oncle Toni. Une transformation symbolisée dans ce livre par celle de Clark Kent en Superman ! Cela nous montre en tout cas à quel point l’esprit est plus important que le physique pour jouer au tennis. En revenant sur plusieurs matchs de sa carrière, Rafael nous montre que la victoire s’est décidée sur quelques points, et que tout s’est passé dans sa tête. Il n’est pas le talentueux du monde, mais le plus fort mentalement et le plus endurant.

Le quotidien d’un sportif professionnel

Cette autobiographie nous fait également entrer dans le quotidien d’un sportif de haut niveau. Nous découvrons la manière dont il passe sans arrêt d’un point de la planète à un autre, la difficulté d’avoir des repères. Rafael évoque aussi la célébrité, l’impossibilité de découvrir les villes où il joue à cause des foules qui le guettent. Enfin, il y a la peur des blessures, une véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des joueurs. C’est particulièrement vrai dans le cas de Nadal, qui a depuis plusieurs années un sérieux problème de pied qui perturbe tout son physique (en ce moment-même, il est d’ailleurs arrêté depuis plusieurs mois)

En quelques mots

C’est donc une autobiographie très intéressante, pour mieux connaître l’homme en lui-même, comprendre le sport et ses rouages, et simplement pour avoir une vue d’ensemble sur cette carrière hors normes, d’un sportif qui restera dans l’Histoire, quoi qu’il arrive à l’avenir.

 Note : 4/5
Stellabloggeuse 
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Ce roman fait partie du challenge :




Où sont les hommes ? : lecture n°8
En voilà un prince charmant, et en plus, il existe pour de vrai ! Un homme bien, avec des valeurs, le sens de la famille et beaucoup d’humilité. Mais bon, il est pris !

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« Ils savaient tous comment Rafael avait réagi après cette défaite en cinq sets. Sebastian leur avait décrit la scène dans le vestiaire de Wimbledon : Rafael assis sur le sol de la douche durant une demi-heure, l’image même du désespoir, avec l’eau dégoulinant sur sa tête, se mêlant aux larmes qui ruisselaient le long de ses joues. […] L’angoisse de Sebastian fut partagée ce jour-là par tout le proche entourage de Nadal ; tous voyaient la fragilité fondamentale qui se cachait derrière l’armure du guerrier implacable. »

« Quand je peux, je vais au supermarché local pour acheter quelques-unes de ces choses dont j’abuse – du Nutella, ou des chips, ou des olives. Je ne suis pas un modèle en alimentation diététique, et encore moins pour un athlète professionnel. »