jeudi 28 février 2013

Divergent, tome 2, de Veronica Roth : une suite à la hauteur du premier tome

[Nathan, 2012]

*Attention, il s’agit du second tome d’une saga : risque de spoilers sur le tome précédent*

Le premier tome de la saga « Divergent », qui est aussi le premier roman de Veronica Roth, avait été mon premier coup de cœur de l’année 2012. Je l’avais littéralement dévoré, et j’ai attendu la suite avec impatience. Entre temps, la saga a changé de nom (elle est devenue « Divergente »), et les couvertures ont été relookées dans un style hideux évoquant Hunger Games (une flamme et une fille brune avec une tresse, alors que Tris est blonde). Un simple choix éditorial, certes, qui ne change rien au contenu, mais qui me semble dommageable : pourquoi vouloir faire de « Divergent » une copie de « Hunger Games » alors que c’est une saga très différente et excellente en elle-même ? Pour ma part, je suis assez contrariée d’avoir dans ma bibliothèque deux tomes d’une même saga aux titres et aux visuels différents. C'est pourquoi j'ai exceptionnellement choisi d'illustrer ce billet avec la couverture VO. Voilà, c’est dit. Mais l’important reste le contenu, et c’est ce dont nous allons parler maintenant !

Résumé

La guerre entre les différentes factions a eu des conséquences terribles : les Altruistes sont décimés, les Audacieux divisés, les Sincères et les Fraternels invités à choisir leur camp. Quant à Tris, elle est traumatisée par la mort de ses parents et celle de Will, dont elle est responsable, au point de ne plus pouvoir tenir une arme à la main. Sera-t-elle assez forte pour déjouer les plans des Erudits et découvrir le grand secret qui est à l’origine du conflit ? Parviendra-t-elle à se pardonner et à accepter l’amour de Tobias ?

Une suite à la hauteur du premier tome

Après mon coup de cœur pour le premier tome, j’avais un peu peur d’être déçue. J’ai été vite rassurée : cette suite est tout aussi rythmée et addictive que le tome précédent. Il est également encore plus sombre et violent, les combats se succèdent et occasionnent leur lot de morts. La tension est forte, les personnages élaborent diverses stratégies pour parvenir à leurs fins, et Tris tente de distinguer ses amis de ses ennemis. Ce tome approfondit l’univers au sein de la ville, accordant davantage d’attention aux autres factions. Concernant la romance, tout n’est pas rose pour le couple formé par Tris et Tobias, leur confiance mutuelle est mise à l’épreuve. Mais c’est un couple qui « fonctionne », l’auteure a su créer une alchimie entre eux.

Quelques bémols

Néanmoins, j’ai eu quelques regrets à la lecture de ce tome. Tout d’abord, il n’y a aucun rappel du tome précédent, ni au début, ni au fil des pages, mises à part quelques allusions. Ayant lu le tome précédent un an avant, j’ai parfois eu du mal à replacer certains personnages ou évènements ! Cela donne l’impression que l’auteure a écrit son histoire d’une traite, avant de la couper en trois tomes. Bref, si vous le pouvez, je vous conseille de relire d’abord le premier tome ! Selon bémol, le mystère concernant ce qui se trouve en dehors de la ville reste entier, et la fin est très frustrante puisqu’elle soulève plus de questions qu’elle n’en résout. L’univers reste donc à développer dans le troisième tome.

Les personnages

Le personnage de Tris me plaît toujours autant et porte cette saga sur ses épaules. Elle est pourtant différente, à la fois fragile et têtue, traumatisée, en somme. Mais quels que soit ses choix et même si je n’ai pas toujours été d’accord avec elle, j’ai toujours compris ses raisons et ce qui la guidait. Une fois de plus, Tris n’est pas parfaite mais elle est profondément humaine, c’est ce que j’adore chez elle.

Quant à Quatre, qui se fait désormais appeler plus volontiers Tobias, nous apprenons à mieux le connaître. C’est un personnage on ne peut plus séduisant, solide et fort, rassurant, fin psychologue, drôle à ses heures. Un concentré de prince charmant. Son impuissance face à la détresse de Tris m’a touchée. Pour le reste, nous retrouvons d’anciens personnages, en découvrons de nouveaux, tandis que certains s’avèrent être des traîtres, mais je ne peux pas dire grand-chose à ce sujet sans vous spoiler !

L’écriture 

L’écriture de Veronica Roth est toujours aussi plaisante et efficace. Elle sait doser les dialogues, descriptions, introspections. Elle alterne avec aisance scènes de combats et moments plus intimistes, parvenant à créer une sensualité très convaincante entre Tris et Tobias. Enfin, c’est indéniable, elle sait manier le suspense, à nos dépens !

En quelques mots…

J’ai donc adoré ce second tome, tout aussi prenant et addictif que le premier. Tris et Tobias forment l’un de mes couples littéraires préférés, et j’ai hâte de savoir ce qui va leur arriver. Quelques légers bémols empêchent cette suite d’être un coup de cœur plein et entier, mais j’attends du dernier tome que ces défauts disparaissent. Et surtout, j’ai hâte !

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 9/26


Big challenge 2013 : 5/26


Challenge Bouge ta PAL ! : lecture n°25

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« J’ouvre les yeux pour fixer les débris de la chaise, à peine visibles tout en bas sur le trottoir. Pour la première fois, il me semble que je comprends Al. Je suis fatiguée d’être Tris. J’ai commis des choses horribles. Je ne peux pas les effacer et elles font désormais partie de moi. La plupart du temps, j’ai l’impression de me résumer à ça.
Je me penche en avant en me retenant d’une main au cadre de la fenêtre. Encore quelques centimètres et mon poids me tirerait vers le bas. Je ne pourrais plus l’arrêter. »

« -Ça n’est pas toujours facile d’être avec toi, ris, murmure-t-il en évitant mon regard.
J’ai envie de répondre que je le sais, et que je ne serais jamais sortie de cette dernière semaine sans lui. Mais je me contente de le fixer, en sentant mon cœur battre à mes tempes. Je ne peux pas lui dire que j’ai besoin de lui. Je ne peux pas avoir besoin de lui, point final. Ou plus précisément, on ne peut pas avoir besoin l’un de l’autre, parce qu’on ne peut pas savoir combien de temps on va tenir l’un comme l’autre dans cette guerre. »

« J’ai lu quelque part que le fait de pleurer défie toute explication scientifique. A priori, les larmes ne servent qu’à lubrifier les yeux. Il n’y a pas de raison biologique pour que les émotions commandent une surproduction des larmes.
Moi, je crois que nous pleurons pour exprimer la part animale qui est en nous sans renoncer à notre humanité. Parce que, en moi, il y a une bête qui gronde et qui grogne et qui se bat pour retrouver la liberté, retrouver Tobias et, par-dessus tout, rester en vie. Et quoi que je fasse, je ne peux pas la tuer. Alors je pleure, le visage entre les mains. »

samedi 23 février 2013

Paradise, Simone Elkeles : une romance agréable mais peu intense


Il y a quelques mois, j’ai redécouvert les plaisirs de la romance et des papillons dans le ventre grâce à Simone Elkeles et son « Irrésistible alchimie ». Bien que non exempt de clichés et globalement prévisible, la magie de ce roman avait opéré sur moi, notamment grâce aux deux personnages, attachants et plus complexes qu’ils n’en avaient l’air au premier abord. C’est donc avec joie que j’ai commencé cette autre saga de l’auteure, avec un roman intitulé « Paradise ».

Résumé

Caleb a purgé un an de prison ferme dans un centre de détention pour mineur, pour avoir renversé sa voisine, Maggie, à l’issue d’une soirée trop arrosée. Autrefois, ils étaient amis, aujourd’hui, chacun considère que l’autre est responsable de ses malheurs. Lorsque Caleb sort de prison, il espère retrouver une vie normale dans la petite ville de Paradis, chose que Maggie n’est toujours pas parvenue à faire. Et si, contre tout attente, ils s’aidaient l’un l’autre à surmonter les obstacles qui se dressent devant eux ?

Une petite déception…

La première chose que je peux dire, c’est que ce roman n’a malheureusement pas l’intensité d’un « Irrésistible attraction ». L'idée de base est pourtant la même, avec une alternance de point de vue de deux protagonistes que tout oppose à priori. Mais j’ai trouvé les deux cents premières pages assez plates, superficielle. Néanmoins, la dernière centaine de pages est plus addictive et « rattrape » un peu l’ensemble. En ce qui concerne la romance, j’ai eu du mal à y croire, elle se développe trop vite, sans fondement solide. Le couple ainsi formé est sympathique, mais j’ai eu du mal à comprendre ce qui les lie.

…mais une lecture agréable

Néanmoins, ce roman reste une lecture agréable. Si l’aspect « romance » s’est révélé décevant, il y a plein d’autres choses intéressantes dans cette histoire, à commencer par l’histoire d’amitié entre Maggie et une dame âgée, Madame Reynolds. De même, ce roman traite aussi de la difficulté de reprendre le cours de sa vie après un évènement traumatisant, tel un accident ou un séjour en prison. Sont également évoqués la culpabilité, le poids des secrets, le divorce des parents... Ces aspects-là font que la romance n’est pas toujours au centre du roman, et c’est un bon point.

Les personnages

Commençons par Caleb qui, dès le départ et malgré son passage en prison, apparaît comme un garçon bien, un garçon droit, à tel point qu’on se demande comment il a pu en arriver-là. C’est donc un personnage sympathique et rassurant, mais j’ai eu un peu de mal avec certaines de ses attitudes : la manière dont il se comporte avec son ex petite amie m’a fait un peu tiquer, et j’ai regretté qu’il ne soit pas plus « actif » pour améliorer sa situation.

Quant à Maggie, elle est touchante, mais un peu trop centrée sur elle-même, avec une propension à jouer les victimes. Bien sûr, il faut la comprendre, avec les épreuves qu’elle a traversées. Et surtout, elle évolue dans le bon sens au fil du roman, elle devient plus forte. Enfin, j’ai eu un faible pour le personnage de la vieille dame, Madame Reynolds, drôle et lucide.

L’écriture

L’écriture de Simone Elkeles est toujours aussi agréable, fluide, efficace sans être trop négligée, même si par moments j’aimerais qu’elle soit un tout petit peu plus travaillée. Les dialogues sont nombreux et vivants, les descriptions suffisantes pour se représenter les scènes. L’auteure est douée pour la sensualité, c’est un fait indéniable.

En quelques mots…

Ainsi, ce roman m’a un peu déçue par sa romance trop « rapide » et son manque d’intensité par rapport aux autres titres de l’auteure. Néanmoins, cela reste une lecture-détente fort agréable. Je lirais bien le second volet de la saga, par curiosité, mais je n’en fais pas une priorité pour l’instant. Néanmoins, je sais que ce roman est un coup de cœur pour bon nombre de lectrices, donc peut-être qu’il saura vous toucher, contrairement à moi !

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 8/26

Baby-challenge romance : 7/20


Challenge Bouge ta PAL ! : lecture n°24 


Où sont les hommes ? : lecture n° 29

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« Je suis toujours dans le parc, assis par terre comme un abruti. Le vent fait bruisser les feuilles des arbres. On dirait qu’elles chuchotent. Je lève les yeux vers les branches. Dans quelques mois, ces feuilles tomberont et disparaîtront dans l’humus pour être remplacées au printemps par de nouvelles feuilles et de nouveaux bavardages. Je me fais penser moi-même à une vieille feuille desséchée. J’ai l’impression qu’une partie de ma personne est morte pendant mon absence. J’ai rêvé de revenir à Paradise pour retrouver ma vie d’avant, cette existence où tout était si simple. Mais en vain. »

« -Je suis embauchée ?
-On dirait bien. Je te paie mille cinq cent dollars par mois, ce qui est suffisant pour t’offrir tes cours à l’étranger. Tu peux commencer dès lundi, après le lycée.
Wahou ! Je n’en reviens pas. C’est tellement plus que ce que j’aurais pu gagner en travaillant ailleurs !
-C’est trop, Madame Reynolds. Vous n’êtes pas obligée…
-C’est possible. Mais tu veux aller en Espagne, oui ou non ?
-Bien sûr, mais…
-Pas de mais. Les mais, c’est du bavardage superflu.
Madame Reynolds se lève en s’appuyant sur sa canne. Cela me rappelle un petit détail utile.
-Je boite, vous savez ?
-Moi aussi, me répond-elle. Et la plupart de mes amis aussi. Enfin, ceux qui ne sont pas encore morts. Tant que tu ne te plains pas de ta jambe, je ne me plaindrai pas de la mienne.
Et cette phrase incroyable conclut mon entretien d’embauche. »

samedi 16 février 2013

Vampire academy, tome 2, de Richelle Mead : Morsure de glace

[Castelmore, 2010]

*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Souvenez-vous, j'ai découvert  cette saga de Richelle Mead chez ma chère copinaute d'Encre et de rêves, qui m'a donné très très envie de la découvrir. Sur ses conseils, j'ai lu et beaucoup aimé le premier tome, dont j'ai beaucoup apprécié l'univers et les personnages. C'est donc avec enthousiasme que j'ai ouvert ce second tome !

  Résumé

Maintenant que Rose a sauvé Lissa des griffes de son oncle Viktor, la vie reprend son cours à l’académie…ou presque. En effet, alors que Rose doit passer un examen pour poursuivre ses études, Dimitri et elle arrive sur une scène de carnage : les Strigoï ont massacré une famille moroï, et ils ont visiblement reçu une aide humaine. La peur s’empare donc de l’académie et les élèves sont transférés dans une nouvelle résidence pour les vacances d’hiver. Tandis que la menace Strigoï plane au-dessus de toutes les têtes, Rose a bien du mal à démêler ses sentiments…

Une intrigue qui démarre en douceur…

Mise à part le massacre de la famille Badica par les Strigoï, ce second tome commence en douceur. Les élèves de l’académie sont en vacances et passent leur temps dans des réceptions mondaines (pour les Moroï) ou sur les pistes de ski. Le début du roman sert surtout à faire le point sur l’état d’esprit de Rose. Cette dernière se sent perdue, sentimentalement parlant. Dimitri semble avoir renoncé à elle, et l’amitié de Lissa, qui accorde beaucoup de temps à son petit ami, lui manque. Ainsi, ce tome fait encore une fois la part belle aux relations entre les personnages, à mon plus grand plaisir. Les romances sont plaisantes et crédibles, c’est un point fort de cette saga.

Sous la menace des Strigoï

Malgré cela, la menace des Strigoï plane sur tout le roman, et se fait de plus en plus précise. Les Moroï cherchent des solutions pour leur faire face. L’intrigue devient de plus en plus palpitante au fur et à mesure, jusqu’à un final très prenant et plein d’émotions. Pour tout vous avouer, Richelle Mead a réussi à me faire verser ma petite larme. Ainsi les dernières dizaines de pages sont très fortes, très intenses. Mais une des choses que j’apprécie chez cette auteure, c’est de nous offrir à chaque fois une « vrai fin », de ne pas nous laisser dans un suspense insoutenable. Et celle-ci comble en plus mon petit cœur de midinette…

Les personnages

J’apprécie énormément le personnage de Rose. Elle est une jeune fille un peu perdue, tiraillée entre ses désirs et son devoir, entre son instinct protecteur et son côté « rebelle ». Elle fait des erreurs et de mauvais choix, mais elle se montre de plus en plus mature. En revanche, Lissa est très effacée dans ce tome, et Dimitri est également un peu moins présent. Cela permet à de nouveaux personnages d’émerger : Tasha, la tante de Christian, qui ose briser le tabou de l’usage de la magie chez les moroï, ou Adrian, un moroï spécialiste de l’esprit…et de la provocation ! Enfin, des personnages déjà connus prennent une nouvelle direction comme Mia.

L’écriture

L’écriture de l’auteure me plaît toujours autant, elle est douée pour relater des scènes d’actions, mais aussi des moments d’introspection. Mais surtout elle jongle très bien entre l’humour et les émotions. Je regrette une fois de plus l’usage intempestif du mot « salope » (mais il est vrai qu’en anglais « bitch » est plus facilement utilisé), mais c’est vraiment mon seul reproche.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai été d’abord charmée, puis complètement emportée et retournée par ce deuxième tome. Cette saga est décidément l’une de mes préférées en ce moment, avec les "Chroniques de MacKayla Lane". J’ai hâte de voir Rose évoluer dans un troisième tome, de mieux connaître Adrian, et de découvrir les nouvelles machinations des Strigoï. Bref, je suis accro !

Note : 4,5/5 (On est à la limite du coup de cœur, mais j’ai l’impression que cette saga a encore une marge de progression, donc je garde mes cartouches…)

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Bouge ta PAL ! : lecture n°23 

  

Big Challenge 2013 : 3/10

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"Je fis deux pas à l'intérieur, m'arrêtai dans le carré de lumière que la porte ouverte dessinait sur le sol et laissai mes yeux s'habituer à la pénombre. Des bourrasques s'engouffraient dans la pièce en faisant voler des rideaux autour de moi. Peu à peu, je reconnus les différents meubles d'un salon : un canapé, un téléviseur, un fauteuil à bascule.
Et un corps.
Il s'agissait d'une femme. Elle était allongée sur le dos, au pied de la télé, sa chevelure brune en désordre. Ses yeux étaient grand ouverts sur le plafond et son visage bien trop pâle, même pour une moroï. Pendant quelques secondes, je crus que ses cheveux recouvraient aussi son cou, puis je compris que la traînée sombre sur sa peau était du sang séché. On l'avait égorgée."

"-Il se fait tard, je suis fatiguée, et tes cigarettes commencent à me donner la migraine, grommelai-je.
-C'est de bonne guerre, répliqua-t-il avant de tirer une bouffée. Certaines femmes trouvent ça sexy...
-Je pense que tu fumes pour te donner le temps de répfléchir à ta prochaine réplique.
Il s'étouffa avec sa fumée en éclatant de rire.
-Je suis impatient de te revoir, Rose Hataway ! Tu es si charmante quand tu es fatiguée et contrariée, et si sexy en vêtements de ski avec un coquard, tu dois être dévastatrice quand tu es en pleine forme.
-Si par "dévastatrice tu entends que tu devrais avoir peur pour ta peau, alors oui, tu as raison, rispostai-je en ouvrant la porte. Bonne nuit Adrian."

jeudi 14 février 2013

Kaïna-Marseille, de Catherine Zambon : vers la liberté

[Actes Sud junior, 2007]

Le challenge ABC 2013 me permet, je vous l’ai déjà dit, de faire des découvertes. Voici justement l’un de ces titres que je n’aurais sans doute pas lu sans le challenge, un tout petit livre qui vient de la bibliothèque de mon petit frère (non, il ne lit pas, mais parfois, pour les cours, il était bien obligé !) : « Kaina-Marseille », de Catherine Zambon.

Résumé

Quelque part en Afrique, la jeune Mamata est promise à un homme, dans le cadre d’un mariage arrangé. Mais sa grand-mère, Kaïna, qui est très malade, désire mourir avec l’espoir que sa petite fille puisse être libre. Alors, elle l’encourage à partir, destination Marseille. En lui faisant promettre que, neuf mois plus tard, elle racontera tout à la mer…

Un petit livre très dense…

Cette collection des éditions Actes Sud Junior, intitulée « D’une seule voix », propose des textes court, « d’un seul souffle », qui expriment des émotions. Ici, nous avons en une soixantaine de pages le récit de la préparation, de la réalisation et des premiers mois d’une immigration.

Tout n’est pas raconté, seulement l’essentiel. Les raisons du départ, la fuite d’une vie toute tracée. Les rencontres, avant de prendre le bateau, avec des gens plus ou moins bienveillants. Et puis l’arrivée à Marseille, les désillusions, et finalement, cette liberté gagnée par la force. Au final, Mamata n’a pas une vie de rêve, mais elle est entre ses mains, et on voit bien que l’important est là.

Ainsi, cette soixantaine de pages contient beaucoup de choses. Au-delà du récit d’une immigration, c’est aussi une ode à la liberté, et l’histoire d’une enfant qui devient une femme. Mon seul regret, c’est que les choses paraissent un peu trop « faciles » : Mamata est toujours aidée au bon moment, personne ne remet en doute ses faux papiers… En tout cas, cela n’enlève rien à la force de ce petit texte.

Les personnages

Ce récit est centré sur la narratrice, Mamata. Nous ne savons pas bien quel âge elle a, sans doute moins de 15 ans. Pourtant son enfance se termine déjà, et elle affronte tous les obstacles avec force et détermination. Elle est attachante, on veut qu’elle s’en sorte. Elle rencontre des personnages ambigus, comme celui qui lui fournira ses papiers. Et d’autres âmes cabossées comme elle, comme ce jeune Moha accro à la drogue.

L’écriture

L’écriture est très forte, avec une dimension orale assez marquée : Mamata nous raconte son histoire. Ce texte se prête à être prononcé, il a d’ailleurs été adapté au théâtre. Il y a du rythme, une certaine urgence. L’écriture est tantôt naïve, tantôt poétique. En quelques mots, tout ce qu’il faut pour être emporté, sans reprendre son souffle.

En quelques mots…

Ainsi, c’est une jolie découverte faite grâce au challenge ABC 2013. Un petit texte plein de force sur l’immigration et ses désillusions, sur la liberté, sur la fin de l’enfance. Une langue forte et vivante, qui touche le lecteur. Je vous conseille donc volontiers cette petite lecture.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 7/26


Bouge ta PAL ! : lecture n°22 

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« J’arrive en automne à Marseille. J’ai le cœur en papillon. Je n’ai presque pas dormi. Je n’ai pas parlé. J’ai marché sur le pont du bateau. J’ai vu la nuit. Volé sur l’eau. J’ai été malade, malade. C’est mon cœur qui pousse mon ventre. Ou mon ventre qui pousse la vie. Ou la vie qui pousse le bateau. Il est nul. Il est lent. Une tortue, ce cargo. Peu importe. Je veux Marseille. Je veux Moussa. A Marseille, je vais étudier. Ou faire la coiffure. Tout est possible. Peu importe. »

« La semaine dernière, il m’a emmenée au cinéma à Marseille. J’ai vu le monde à l’envers et j’ai crié. Il a dit que c’est de la « science-friction ». Il se moque de moi. Toujours. Moha est un fils de mes aïeux, envoyé par Kaïna et la Dame blanche, pour m’apprendre la ville de Marseille où je suis aujourd’hui et où je parle la vérité. Je parle la France. Tout à l’heure, Moha va revenir avec une femme des services sociaux. Une femme qui va s’occuper de mon ventre. De mon enfant. »

samedi 9 février 2013

Indiana Teller, tome 2, de Sophie Audouin-Mamikonian : Lune d'été

[Michel Lafon, 2012]

*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Au mois de juin, j’ai découvert Sophie Audouin-Mamikonian avec le premier tome d’ « Indiana Teller » dont j’avais apprécié le personnage principal et la mythologie. Entre temps, j’ai beaucoup aimé « La couleur de l’âme des anges » de cette auteure. C’est donc avec grand plaisir que je me suis lancée dans la lecture de ce second tome des aventures de ce jeune homme pas comme les autres.

Résumé

Indiana doit faire face à de nombreux problèmes : sa mère a été capturée par la meute rivale de Louis Brandkel, tandis que le père de Katerina se fait sauvagement attaqué, vraisemblablement par un loup. Tandis qu’il est entre la vie et la mort, Indiana a fort à faire pour conserver l’amour de Katerina, tenter de retrouver sa mère, et gérer quelques problèmes vampiriques qui lui tombent dessus sans crier gare…

Une intrigue palpitante

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ne s’ennuie pas à la lecture de ce roman, dont l’intrigue est très rythmée. De nombreux rebondissements viennent surprendre le lecteur, tandis que la fin nous laisse, une fois de plus, au milieu d’un terrible suspense… Je suis facilement entrée dans ce roman, et les pages se sont tournées de plus en plus vite. Mon seul bémol touche à la romance développée dans cette saga, décidément un peu trop « culcul » à mon goût, même s’il est assez drôle de voir un jeune homme si follement amoureux qu’il en devient un peu idiot…

Des vampires et des loups

La grande nouveauté de ce tome réside dans l’introduction des vampires, puisqu’ils se voient forcés de collaborer avec Indiana et sa meute pour régler certains problèmes. Et là encore, l’auteure a réussi à construire une mythologie intéressante, en réutilisant certains éléments des mythes à propos des vampires sans tomber dans le cliché. Ainsi, l’univers créé pour cette saga continue à beaucoup me plaire.

Les personnages

Le personnage d’Indiana m’avait beaucoup plu dans le tome précédent, et c’est toujours le cas. J’aime beaucoup son autodérision, et il évolue d’une manière vraiment très intéressante : il a une intelligence remarquable et se montre de plus en plus doué pour déjouer les complots et manipuler ses ennemis, à mon grand plaisir. Les autres personnages restent en revanche assez superficiels, même si Axel reste très sympathique et que les grands-parents d’Indiana se révèlent pleins de surprises. Du côté des nouveaux personnages, la vampire Anabelle est sans doute la plus marquante, avec le terrifiant Seigneur Brandon…

L’écriture

L’écriture de l’auteure, vive et rythmée, sied à l’intrigue du roman. Le style est très direct, puisque Indiana s’exprime à la première personne. Cela donne parfois un langage un peu châtié, mais on reste dans les limites du raisonnable, même si j’ai froncé les sourcils à une ou deux reprises… Cela reste une lecture-détente bien agréable.

En quelques mots…

Ainsi, ce tome propose une intrigue palpitante et fait une place à d’autres créatures surnaturelles, tout aussi intéressantes. La romance développée dans ce roman me semble un peu trop mièvre, mais cela reste un bémol plutôt léger car j’ai très envie de lire le troisième tome lorsqu’il sortira au mois de mars 2013.

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2013 : 6/26


Où sont les hommes ? : lecture n°28

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" Les vampires n'annoncèrent pas leur présence. Surgis de nulle part, soudain, ils atterrirent comme des plumes légères, marquant à peine la terre durcie de leurs empreintes. Axel, raide comme un bout de bois à mes côtés, déglutit lorsque l'impact de leur beauté nous frappa. Je vivais parmi des gens magnifiques depuis que j'étais né. J'avais donc l'habitude de la beauté. Mais ces vampires boxaient dans une autre catégorie. Ils étaient parfaits, chacun à sa façon. Pommettes hautes, lèvres pleines, mentons arrogants, fossettes, fronts hauts, longs cous pour les filles et larges épaules pour les garçons. Tous avaient les cheveux longs, superbes, luisants, à faire saliver tous les vendeurs de shampoing du monde. J'aimais Katerina à la folie, mais lorsque Anabelle s'avança, j'avoue que mon coeur se serra. Elle ondulait comme une liane, comme un serpent, ses muscles semblaient se tendre et se détendre différemment des humains. C'était fluide. Et plein de promesses obscures. "

"Avant que nous ne puissions comprendre ce qu'elle faisait, elle fusa dans le ciel. Et retomba sur le Seigneur avec une telle violence que la déflagration dut s'entendre à des kilomètres à la ronde. L'instant d'après, le combat commença et je saisis pourquoi Anabelle m'avait dit que nous allions mourir si nous nous opposions aux Seigneurs. Il la frappait et parait avec une telle vitesse que leurs mouvements étaient flous. Ils virevoltaient dans les airs, sautant sur les toits de l'université, reprenant pied pour partir de plus belle - leurs corps auraient écrasé les os d'un mammouth. Ils détruisirent la majorité des fenêtres parce que certains de leurs gestes dépassaient la vitesse du son. Plus de mille kilomètres à la seconde. La même vitesse qu'une balle."