lundi 29 avril 2013

Sur la tête de l’amour, de Boris Lanneau : une histoire d’amour urbaine

[Sarbacane, mars 2013]

Je l’avoue, lorsque j’ai reçu ce roman de Boris Lanneau, ma première pensée a été « encore un roman qui se passe dans une cité, encore du slam ». Et il est vrai que ce type de romans est l’un des piliers de la collection eXprim’. Néanmoins, celui-ci, sorti au début du mois de mars, a bien son identité propre et vaut la peine d’être lu.

Résumé

Aswad est en quelque sorte la star de la cité. A la MJC du quartier, il déchaîne les foules avec ses performances. Dans l’ombre, œuvre Sam. C’est lui qui écrit les textes d’Aswad, sans que personne ne le sache, il deale des rimes. Sam et une énigme dans le quartier, personne ne l’a jamais entendu prononcer une parole, mais il a su imposer le respect. Tous deux ont un point commun : la belle Nora qui fait battre leur cœur. Une élève brillante qui a tout pour réussir, mais handicapée par un problème d’orthographe et de grammaire.

Un conte moderne

Ce roman nous montre un autre visage des cités. En nous plongeant dans la vie de trois jeunes habitants des barres d’immeuble, il dédramatise le quotidien et nous offre une sorte de conte moderne. Car, il arrive des miracles dans ces immeubles, comme ce belge qui chante du Johnny Hallyday sur son balcon, accompagné par ses voisins. On rit aussi, dans ce quartier, avec les deux débrouillards Hein & Neken. Mais surtout, on aime. L’auteur nous offre ainsi une romance qui a de faux airs de Cyrano de Bergerac, revu et corrigé. Une histoire positive…jusqu’à cette fin, qui tombe comme un couperet et m’a laissée un brin perplexe.

Un roman qui joue avec les mots

Les mots sont au cœur de ce roman. Ceux que Nora n’arrive pas à écrire correctement, alors qu’elle est brillante, et qui font naître en elle un sentiment de honte. Ceux qu’Aswad sait déclamer, mais qu’il est incapable d’écrire lui-même. Ceux que Sam sait si bien manier, mais qu’il refuse de dire. Le roman est parsemé de textes poétiques, d’extraits de slam, de jeux de mots.

Les personnages

Les personnages de ce roman sont attachants dans leur ensemble. Aswad, s’il a tendance à tricher et à faire le fier, est un bon garçon, au fond. Sam est touchant, avec ses silences, sa plume aiguisée et sa manière timide d’aimer. Il en est de même pour Nora et ses doutes, ainsi que son frère avec lequel elle partage une jolie complicité, même si ce dernier a parfois la tentation de jouer le « grand frère » protecteur. On aimerait qu’ils s’en sortent, qu’ils soient heureux, voilà pourquoi j’ai eu du mal avec la fin du roman qui nous oblige à les abandonner de manière assez brutale.

L’écriture

Ce roman est écrit dans une belle langue orale, pas tout à fait aussi jolie que celle d’Insa Sané, mais dans la même lignée. Le slam, ce sont des mots du quotidien agencés de telle façon qu’ils forment une poésie. Pas une poésie d’élite, une poésie à la portée de tous. Et c’est bon, d’être ainsi porté par les mots. A tel point que cela peut nous faire apprécier un roman dont, à priori, le sujet ne nous intéressait pas plus que cela.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman que j’ai apprécié, un joli conte moderne dans le décor de la cité, avec des personnages attachants et des mots sensibles et percutants. J’aurais juste aimé que l’on nous emmène un peu plus loin, que la fin ne soit pas si abrupte. Elle nous fait revenir sur terre un peu brutalement, après avoir rêvé d’amour…
Je vous laisse découvrir l'avis de Batifolire et Le Combat oculaire qui ont beaucoup aimé eux aussi.
Merci aux éditions Sarbacane et à la collection eXprim’ pour leur confiance.


Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge « Où sont les hommes ? » : lecture n°41


Challenge « Bouge ta PAL ! » : lecture n°35

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"Nora se plante les pouces sur les tempes, les yeux sous l'abat-jour de ses deux mains. Elle pense au passé, à l'école primaire, quand tout allait bien parce que tu ne te rendais pas compte. Le rouge de la correction, c'est le mercurochrome des mots, disait Madame Brouard, la maîtresse de CE2. Nora parcourt sa copie, tout ce rouge qui coule entre les lignes sous les majuscules majestueuses, les lettres rondes, et elle pense brusquement que quand elle écrit elle écorche les mots, elle les fait saigner, comme un genou sur le goudron, comme une langue coupée aux ciseaux."

"Oh, il regarde Nora, des boucles et des bretelles. Sort les mains de ses manches... pour mieux les fourrer dans ses poches pleines d'encre. Tous deux ne savent plus où se mettre, Sam creuse un puits de pétrole au fond de ses poches et Nora fait jouer à ses dix doigts une valse à pleins tubes entre la hanse de son sac et sa mèche de cheveux - son bras fait tout pour cacher le jaune et le noir de son livre. Sam remarque sa gêne. Quel "nul" a-t-elle bien pu prendre, elle qu'on dit si brillante, si douée, qui réussit tout ce qu'elle approche ?"

samedi 27 avril 2013

Angela, de Julia M Tean, tome 1 : La mort est ma raison d’être (Mortel secret)

[Auxilivres, 2011]

Voici un roman qui a été auto-édité dans un premier temps par son auteure, Julia M Tean, avant d’être remarqué par les éditions Rebelles et publié de nouveau par ces dernières (avec une ma-gni-fi-que couverture évidemment). C’est la toute première version que j’ai eu l’occasion de découvrir, à la faveur d’un troc. L’avis que je vais vous donner ne reflètera donc pas la version publiée par Rebelles, qui a été corrigée et augmentée. Néanmoins, vous aurez de quoi vous faire une petite idée !

Résumé

A 16 ans, Angela est différente des autres. Menue, dotée d’yeux inquiétants, elle voit des présages de mort et sa tendance à s’endormir en cours lui vaut de constants sarcasmes de la part de ses camarades. Elle n’a qu’une seule amie, la pétillante Debbie, et sa vie amoureuse frôle le néant. Jusqu’au jour où Isaac Hayden arrive au lycée et bouleverse tout l’univers de la jeune fille, bien qu’elle se méfie de lui. Peu à peu, Angela va prendre conscience de ce qu’elle est…

Un univers original et une atmosphère très sombre

Ce roman développe l’univers des anges, que j’ai encore peu croisé dans des romans Young Adult, en tout cas pas de cette manière. La mythologie créée par l’auteure est intéressante. Mais ce qui m’a le plus frappé en lisant le roman, c’est l’atmosphère sombre et oppressante qui s’en dégage. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Julia M Tean ne ménage pas son personnage, ni le lecteur ! Attention aux âmes sensibles, le sang coule à flots dans ce roman, peut-être un peu trop, ce n’était pas toujours nécessaire. Mais dans l’ensemble, j’ai aimé l’ambiance du roman. L’intrigue est rythmée, et la fin m’a beaucoup plu.

Une romance un peu « too much »

En ce qui concerne la romance, je dois vous avouer que j’ai de plus en plus de mal avec ces amours passionnels, absolus. L’auteure en fait un peu trop sur la beauté d’Isaac ou sur la manière dont il bouleverse la vie du lycée. Néanmoins, je pense que cela plaira aux amatrices de ce type de romance paranormale, et je sais qu’elles sont nombreuses ! Ajoutons cependant que de nombreux obstacles se dressent entre les tourtereaux, on pressent que les choses ne seront pas si simples… Dernier bémol, beaucoup trop de câlins et bisous dans ce roman : le papa, la meilleure copine, l’ange gardien, tout le monde y passe, et ça se bisouille sur la joue, dans le cou…overdose !

Les personnages

Dans l’ensemble, j’ai bien aimé Angela, c’est une jeune fille consciente de sa différence et qui l’assume plutôt bien, même si elle rêve parfois d’être comme les autres. Elle est courageuse, résistante à la douleur. Elle n’est pas égoïste et tente de faire en sorte que tout le monde s’en sorte. Néanmoins, elle a un côté « je change d’avis » toutes les cinq minutes qui est un peu agaçant à la longue. Je lui pardonne néanmoins, parce qu’il faut l’avouer, on ne saurait pas trop quoi faire non plus à sa place !

Du côté des personnages secondaires, Isaac ne m’a pas fait beaucoup d’effet pour l’instant, j’attends qu’il montre ce qu’il a dans le ventre, son joli minois ne suffit pas. Ceci dit, il est remonté dans mon estime sur la fin ! J’ai beaucoup aimé Debbie, une fille solaire et spontanée. Quant à Raven, elle m’intrigue.

L’écriture 

Je le mentionne car on peut difficilement passer à côté : dans cette première version, il y a un nombre important de fautes de grammaire, et notamment un sérieux problème d’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir. Je suppose (j’espère) que tout ceci a été corrigé dans la nouvelle édition. Quant au style lui-même, il est agréable dans l’ensemble, quelquefois maladroit. Les descriptions sont plutôt réussies, soignées. En revanche, lorsque l’auteur se laisse emporter par l’action, le style a tendance à se relâcher. Pour un premier roman, le style est encourageant, Julia M Tean a du potentiel que l’expérience devrait l’aider à exploiter.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai aimé l’univers et l’ambiance créés par l’auteure, et l’intrigue me semble prometteuse. Des maladresses de style et de grammaire nuisent parfois à l’histoire (mais encore une fois je ne sais pas à quel point elles ont été gommées dans l’édition Rebelles), mais Julia M Tean a du potentiel. Je lirai la suite, car je suis curieuse et que, malgré ce qui a pu me gêner à la lecture, je crois en cette saga.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :
  


Challenge ABC 2013 : 17/26




Challenge Bouge ta PAL ! : lecture n°34

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« Ses grands yeux gris m’ont sondée avec insistance, je suis restée muette devant l’incroyable profondeur de son regard, et pourtant la colère était toujours là, intense, inexplicable. Plus je le regardais, plus un désir ardent brûlait en moi, ses yeux, ses lèvres, son front si pâle couvert de mèches trempées d’or, tout en lui était tentation, mais je haïssais ce désir car tout cela semblait être mensonge et manipulation. Ce n’était qu’un garçon riche et dénué de sentiments qui avait juste envie de jouer avec une pauvre gamine désenchantée. »

« La forêt était secouée par le hululement des chouettes et d’animaux qui poussaient des cris terrifiants. Une cacophonie étrange régnait comme si toutes les créatures de la nuit communiquaient entre elles. Je courais toujours plus vite, mourant de chaud sous mes couches de laine, j’ai du les abandonner pour me sentir à l’aise. Vêtue d’un simple débardeur j’ai foulé la neige à toute allure et me suis faufilée entre les arbres bleutés. Je n’avais pas encore réalisé que la nuit pesait sur la forêt. N’importe qui se serait perdu dans une telle obscurité, pourtant tout était clair, des moindres détails de l’écorce d’un arbre aux traces laissées par un rongeur dans la neige fraîche, tout se dessinait avec autant de netteté qu’en plein jour. J’ai alors remarqué que mes yeux se réduisaient et se fendaient comme ceux d’un rapace nocturne. »

jeudi 25 avril 2013

Les révoltés de la Bounty, de Jules Verne

[Lu au format ebook, libre de droits]

Le challenge ABC 2013 a été pour moi l'occasion de faire connaissance avec le plus célèbre auteur du XIXe siècle, j'ai nommé Jules Verne, le maître du roman d'aventures. Pour commencer, j'ai opté pour une nouvelle, celle des "Révoltés de la Bounty".

Résumé

Le 27 avril 1789, le capitaine Bligh est aux prises avec une mutinerie qui a lieu sur son navire, menée par son second, Christian Fletcher. Plutôt que d'être tués, le capitaine et ceux qui lui sont restés fidèles sont mis sur une chaloupe et livrés à leur destin. Pour les révoltés commence une errance sur les mers, puisqu'ils ne peuvent rentrer au pays après leur révolte, ils sont des criminels.

Un récit court, mais dense

Cette nouvelle (ou mini-roman) comporte trois chapitres. Le premier relate la mutinerie, le second suit le capitaine et ses compagnons, tandis que le troisième s'intéresse au sort des révoltés. Ainsi, en une quarantaine de pages, Jules Verne nous conte non seulement une révolte, mais suit également le destin des personnages sur plusieurs années, voire plusieurs générations pour certains

Une histoire vraie, mais aussi une aventure

Davantage qu'un roman, Jules Verne veut ici nous raconter une histoire vraie. Il s'est documenté sur cette mutinerie et s'efforce de nous restituer les évènements, de reconstituer les faits pour nous. Il en fait néanmoins une véritable aventure avec ses rebondissements, ses dangers. A la lecture, je me suis aussi demandé s'il n'y avait pas un message : les évènements se passent en 1789, et le destin sourit davantage à ceux qui sont restés fidèles au capitaine qu'aux mutinés, exceptés ceux qui se sont mis à vivre sagement, religieusement. Jules Verne semble donc adopter une position de républicain modéré, après avoir participé à la révolution de 1848. 
Les personnages

Les personnages ne sont pas particulièrement fouillés, l'auteur ne s'arrête pas sur leurs caractères. Je n'ai donc rien de particulier à vous dire à leur sujet.

L'écriture

Pour un classique, la plume de Jules Verne est agréable à lire. Le ton est vif, un peu grandiloquent, mais agréable dans l'ensemble. La lecture ne pose pas de difficulté.

En quelques mots...

Les "Révoltés de la Bounty" est donc davantage un récit qu'un roman, l'auteur souhaitant reconstituer un évènement historique, et peut-être faire passer un mesage. Le ton est aventureux, le style agréable. Je pense lire un jour un "vrai" roman d'aventures de Jules Verne, pour faire davantage connaissance avec cet auteur.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


 Challenge ABC 2013 : 16/26


Challenge Où sont les hommes ? : lecture n°40

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"Je suis, en ce moment, l'interprète de tout l'équipage de la Bounty. Nous n'avions pas encore quitté l'Angleterre que nous avions déjà à nous plaindre de vos soupçons injurieux, de vos procédés brutaux. Lorsque je dis nous, j'entends les officiers aussi bien que les matelots. Non seulement nous n'avons jamais pu obtenir la satisfaction qui nous était due, mais vous avez toujours rejeté nos plaintes avec mépris! Sommes-nous donc des chiens, pour être injuriés à tout moment? Canailles, brigands, menteurs, voleurs! vous n'aviez pas d'expression assez forte, d'injure assez grossière pour nous! En vérité, il faudrait ne pas être un homme pour supporter pareille existence! Et moi, moi votre compatriote, moi qui connais votre famille, moi qui ai déjà fait deux voyages sous vos ordres, m'avez-vous épargné? Ne m'avez-vous pas accusé, hier encore, de vous avoir volé quelques misérables fruits? Et les hommes! Pour un rien, aux fers! Pour une bagatelle, vingt-quatre coups de corde! Eh bien, tout se paye en ce monde! Vous avez été trop libéral avec nous, Bligh! A notre tour! Vos injures, vos injustices, vos accusations insensées, les tortures morales et physiques dont vous avez accablé votre équipage depuis un an et demi, vous allez les expier durement! Capitaine, vous avez été jugé par ceux que vous avez offensés, et vous êtes condamné.".

mardi 23 avril 2013

Antéchrista, d’Amélie Nothomb : un roman troublant sur la manipulation et le mal-être

[Albin Michel, 2003]

Cela fait maintenant plus de dix ans qu’Amélie Nothomb fait parler d’elle avec ses romans. Elle est l’une des auteures contemporaines les plus célèbres, et je n’avais toujours rien lu d’elle. En effet, elle me faisait un peu « peur », j’avais l’impression que ses romans étaient plutôt bizarres. Mais vous me connaissez, je suis curieuse, donc j’ai fini par me jeter à l’eau avec cet « Antéchrista » que j’ai trouvé dans un vide-grenier pour une bouchée de pain.

Résumé

Blanche est une jeune fille solitaire et effacée. A seize ans, elle est déjà à l’université et se sent en décalage avec les autres. Elle rêve d’être remarquée, d’être aimée. Particulièrement par Christa, dont le sourire lumineux l’attire comme un aimant. Pour entrer dans les bonnes grâces de cette dernière, elle commence par l’inviter à dormir chez elle, pour lui éviter de longs trajets en train. Elle ne se doute pas qu’elle a fait entrer chez elle une manipulatrice et que ce n’est que le début d’une descente aux enfers.

Un roman psychologique bien mené

Tout l’intérêt du roman réside dans la psychologie des personnages et de leurs rapports. En 150 pages, l’auteure parvient à construire des personnalités marquantes et à raconter une véritable histoire. L’ensemble est bien mené, sans temps mort, le lecteur est emporté dans la descente aux enfers de Blanche et traverse les mêmes émotions qu’elle. La fin, plus nébuleuse, m’a un peu déconcertée, je n’ai pas tout à fait compris ce que l’auteure voulait démontrer. Je suis restée perplexe, ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier l’ensemble de cette lecture et de vouloir continuer à découvrir l’œuvre d’Amélie Nothomb.

Une ambiance particulière

Malgré la fluidité de la lecture, c’est un roman pesant, à la lecture duquel on ressent de la tension. L’auteure créé une ambiance particulière, malsaine, autour de cette jeune fille aux deux visages. Les rapports entre les deux jeunes filles sont tantôt violents, tantôt aigre-doux, hypocrites. L’une des choses qui m’a le plus marquée dans ce roman, c’est l’attitude des parents de Blanche, à la limite de la crédibilité tant ils sont hypnotisés par Christa. On se surprend à se demander avec frayeur : « Et si ça m’était arrivé, à moi ? Me serais-je retrouvée seule ? ».

Les personnages

Blanche est un personnage auquel on s’identifie facilement. Une jeune fille particulièrement mal dans sa peau, dont le mal-être général est mis en lumière par la présence de Christa. Pourtant, elle n’est pas extrêmement sympathique pour autant. D’une part, il est visible qu’elle ne s’aime pas elle-même. D’autre part, sa manière de réagir aux manipulations de Christa, froidement, sans jamais perdre le contrôle d’elle-même, est un peu effrayante. Quant à Christa, mis à part durant les dix premières pages, on a du mal à comprendre son pouvoir de séduction, son côté obscur nous étant révélé quasi immédiatement. J’ai trouvé que cela allait peut-être trop vite de ce côté-là, j’aurais préféré que l’on nous révèle peu à peu la vraie nature de cette jeune fille.

L’écriture 

Je ne sais pas si Amélie Nothomb écrit toujours de cette manière, mais dans ce roman, son style est plutôt simple, dépouillé. Percutant, en somme. Elle se laisse parfois aller à des réflexions plus générales, dans des phrases plus longues et plus travaillées. Ainsi, la lecture est agréable, j’ai aimé son style, sans être non plus en admiration devant ce dernier.

En quelques mots…

Ainsi, ma première rencontre avec Amélie Nothomb est plutôt réussie, j’ai apprécié ce roman psychologique court mais complet, dans un style simple et percutant. Un petit bémol pour la fin qui m’a laissée perplexe et pour la révélation dès le début du roman des intentions malsaines de Christa. Je pense donc continuer à découvrir l’œuvre de cette auteure.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 15/26
(ma lecture 14/26 s'étant soldée par un abandon, mon avis est disponible uniquement sur le blog du challenge)


Bouge ta PAL ! : lecture n°33

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« Vaincue, je compris qu’il n’y avait plus d’échappatoire. Mes mains attrapèrent le bas de mon tee-shirt. Malgré mes efforts, je ne parvins pas à le soulever.
-Je n’y arrive pas.
-J’ai mon temps, dit-elle sans me lâcher de ses yeux moqueurs.
J’avais seize ans. Je ne possédais rien, ni bienfait matériel ni confort spirituel. Je n’avais pas d’amis, pas d’amour, je n’avais rien vécu. Je n’avais pas d’idée, je n’étais pas sûre d’avoir une âme. Mon corps, c’était tout ce que j’avais.
A six ans, se déshabiller n’est rien. A vingt-six ans, se déshabiller est déjà une vieille habitude.
A seize ans, se déshabiller est un acte d’une violence insensée. »

« La lecture n’est pas un plaisir de substitution. Vu de l’extérieur, mon existence était squelettique ; vue de l’intérieur, elle inspirait ce qu’inspirent les appartements dont l’unique mobilier est une bibliothèque somptueusement remplie : la jalousie admirative pour qui ne s’embarrasse pas du superflu et regorge du nécessaire. Personne ne me connaissait de l’intérieur : personne ne savait que je n’étais pas à plaindre, sauf moi – et cela me suffisait. Je profitais de mon invisibilité pour lire des jours entiers sans que personne ne s’en aperçut. »

samedi 20 avril 2013

Miss Peregrine et les enfants particuliers, de Ransom Riggs : une histoire originale et surprenante


Voilà encore un livre que je n'avais pas prévu de lire, mais qui m'a tendu les bras, que j'ai commencé sans trop y croire, et dans lequel je suis "tombée", pour avoir au final une très agréable surprise. Ce roman, c'est "Miss Peregrine et les enfants particuliers" de Ransom Riggs, sur lequel on peut lire de bonnes critiques sur la Toile.

Résumé

La vie de Jacob, une vie facile et toute tracée mais qui l'ennuie profondémment, bascule lorsque son grand-père, Abraham, meurt. Son grand-père qui croyait aux monstres et dont la dernière volonté est d'envoyer son petit-fils sur les traces de Miss Peregrine, dans l'orphelinat où il a vécu lors de la Second Guerre Mondiale, chassé de sa Pologne natale par les nazis qui lui ont pris ses parents. Jacob croit parfois devenir fou, mais l'impensable est-il vraiment impossible ? Et si Abraham avait raison depuis le début ?

Un roman inclassable

Ce roman est un joli petit ovni, un casse-tête pour les bibliothèques qui vont devoir lui trouver une place dans leurs rayons ! En effet, ce titre relève en partie du roman historique, puisque la Seconde Guerre Mondiale et le nazisme en sont la trame de fond, mais ne constituent pas la majorité du roman. Nous sommes également dans le fantastique, puisque nous avons affaire à des enfants dotés de dons souvent spectaculaires. Enfin, il y a une petite part de science-fiction, puisque l'auteur joue avec l'espace-temps et que les personnages traversent différentes époques (plutôt dans le passé, pour l'instant). Quoi qu'il en soit, c'est une véritable aventure que l'auteur fait vivre à son personnage, avec une intrigue et un univers convaincants qui ont su m'intéresser. Peut-être le dénouement est-il un peu "trop facile" à mon goût. A noter aussi que la fin est abrupte, moi qui ne savais pas qu'il y aurait un second tome, j'ai été très surprise !

Un magnifique objet-livre

Ce roman est également un très bel objet, tout d'abord avec sa couverture cartonnée, en noir et blanc. Mais il comporte également de nombreuses copies de photographies anciennes que l'auteur a empruntées à des collectionneurs et qui font partie intégrante de l'histoire. J'ai cru comprendre que l'auteur se passionne pour ces photographies, et cette passion se lie fort bien à son intrigue. Le papier est épais, l'impression soignée, les titres de chapitre en couleur (marron), les bas de pages ornés de torsades...c'est vraiment très agréable !

Les personnages

Les personnages de ce roman sont plutôt sympathiques, même s'ils n'ont pas un grand relief. Jacob, le personnage principal est un jeune garçon qui rêve d'aventure alors qu'il a un avenir tout tracé au sein d'une compagnie pharmaceutique. Il gère plutôt bien l'irruption de l'irrationnel dans sa vie. Mais il lui manque un "petit quelque chose" qui ferait que l'on s'attacherait véritablement à lui. Il en est de même pour les enfants particuliers : Emma, Millard, Hugo...

L'écriture

Quant au style, de cet auteur-bloggueur, il ne m'a pas spécialement marquée, mais rien ne m'a stoppée ou ne m'a fait grincer des dents durant ma lecture. L'ensemble est fluide, assez rythmé, et l'auteur a bien su se glisser dans la peau de ce jeune garçon.

En quelques mots...

Ainsi, ce roman jeunesse a été une très bonne surprise, tant sur la forme que sur le fond, avec une histoire originale au carrefour de trois genres littéraires. Il reste un peu "léger" au niveau des personnages et du franchissement des obstacles. Quoi qu'il en soit, je vous recommande ce bel objet et je lirai la suite avec plaisir

Note : 3,5/5

Stellaboggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


 Où sont les hommes ? : lecture n°39

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« J’ai pensé à mes arrière-grands-parents, morts de faim. A leurs corps lancés dans des incinérateurs par des inconnus qui les haïssaient. Aux enfants qui avaient vécu ici, disparus avant l’heure parce qu’un pilote indifférent avait appuyé sur un bouton. A mon grand-père, privé de ses parents, et à papa, qui avait grandi avec le sentiment de ne pas avoir de père. A moi-même, enfin, sujet aux cauchemars et à des épisodes de stress aigu, allongé dans une maison en ruine, en train de pleurer à chaudes larmes. Et tout ça, à cause d’une blessure vieille de soixante-dix ans que j’avais reçue en héritage, telle un cadeau empoisonné. A cause de monstres que je ne pouvais pas tuer, car ils étaient déjà morts. Mon grand-père avait pu s’engager dans l’armée pour les combattre. Je n’avais même pas cette possibilité. »

« J’imagine qu’il voulait vous protéger. La vie des particuliers est une succession d’épreuves et de deuils. Celle d’Abe l’a été à double titre, car il est né Juif à la pire des périodes. Il a été confronté à un double génocide : celui des Juifs par les nazis et des celui des particuliers par les sépulcreux – c’est le nom que nous donnons aux monstres. Se cacher ici pendant que ses semblables étaient assassinés lui était insupportable. »

jeudi 18 avril 2013

Maudit Karma, de David Safier : un roman léger et drôle sur la réincarnation


C’est bien joli d’enchaîner les « pavés » (surtout quand les dits pavés se révèlent très bons), mais on ressent parfois le besoin de souffler avec une petite lecture légère. Aussi, lorsque Tsuki a choisi pour moi « Maudit karma » de David Safier pour le Challenge Livra’deux pour Pal’addict, elle a tapé dans le mille, c’était exactement ce dont j’avais besoin !

Résumé

Si elle a réussi sa vie professionnelle en devenant l’une des animatrices de télévision les plus connues et les plus appréciées du pays, Kim Lange a tendance à négliger sa vie personnelle, à commencer par son mari et sa petite fille de cinq ans. Aussi, quand elle meurt brutalement, Bouddha décide qu’elle mérite de se réincarner…en fourmi ! Kim a amassé trop de mauvais karma durant son existence humaine, elle doit maintenant apprendre à faire le bien pour espérer renaître sous des formes plus évoluées, et se rapprocher de son ancienne famille.

Un roman original, qui se dévore

Ce roman a été bien vite lu, les pages se tourne toutes seules et il faut se l’avouer, on a très envie de connaître la suite ! C’est une vraie lecture-détente, une petite thalasso pour les neurones. C’est vif et c’est drôle. J’ai bien aimé cette idée de réincarnations successives en animaux, qui occasionne de nombreuses situations cocasses, tandis qu’une nouvelle femme s’immisce dans la famille de Kim. Néanmoins, la fin du roman m’a un peu moins convaincue, je n’ai pas « cru » à la dernière incarnation de Kim et à l’épilogue, trop facile à mon goût.

Une petite leçon de vie

Cette histoire est aussi un prétexte pour réfléchir sur nos vies, sur la place que nous accordons à notre carrière et à notre famille. David Safier nous incite à « lever le pied », à faire un peu plus attention à la nature et à profiter des petites joies simples de l’existence. A regarder d’abord autour de soi avant d’en vouloir toujours plus. En somme, une jolie petite morale, pas pénible pour un sou !

Les personnages

Concernant les personnages, Kim est un modèle d’égocentrisme pendant une bonne partie du roman. Elle ne pense qu’à son intérêt, n’hésitant pas à écraser les autres. Ce qui n’empêche pas d’avoir de la sympathie pour elle, car on sent qu’elle n’a pas mauvais fond. Et effectivement, sans qu’elle s’en rende compte elle-même, elle évolue peu à peu, au fil des pages. Même si son côté « je ne sais pas quel homme je veux vraiment » m’a parfois agacée. Parmi les personnages secondaires, notons l’importance de Casanova, qui s’est lui aussi réincarné en fourmi et sera le compagnon d’infortune de Kim durant plusieurs réincarnations.

L’écriture 

Le style de David Safier est agréable et vif, et on peut dire qu’il parvient facilement à se mettre dans la peau d’une femme. Il alterne l’humour et l’émotion, les dialogues sont vivants, avec un bon sens de la répartie chez ses personnages. En somme, une lecture bien plaisante !

En quelques mots…

Ainsi, j’ai passé un très bon moment en compagnie de cette lecture-détente, j’ai ri et j’ai parfois été émue. L’idée de la réincarnation m’a séduite, même si la fin du roman m’a paru de qualité moindre, moins crédible et cohérente que le reste. Merci à Tsuki pour cette découverte !

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


 Livra’deux pour PAL’addict, 4e édition (avec Tsuki)




Bouge ta PAL : lecture n°32


Où sont les hommes ? : lecture n°38
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« -Où veux-tu en venir ? m'interrompit Bouddha.
J'essayai de raccrocher les wagons :
-Si... si tu es Bouddha, et si je suis réincarnée... alors, pourquoi en fourmi ?
-Parce que tu n'as pas mérité autre chose.
-Qu'est-ce que ça veut dire ? Que je n'étais pas quelqu'un de bien ? dis-je avec colère.
Je n'avais jamais pu supporter les humiliations.
Bouddha se contenta de me regarder, sans cesser de sourire.
-Les dictateurs ne sont pas des gens biens ! Protestai-je. Les politiciens non plus, ni, à mon avis, les programmateurs de télévision, mais sûrement pas moi !
-C'est pourquoi les dictateurs se réincarnent en autre chose, répliqua Bouddha.
-En quoi ?
-En bactéries intestinales. »

« Je n'avais jamais imaginé la mort comme cela. Plus exactement, je n'avais jamais imaginé la mort. J'étais bien trop occupée par ma vie frénétique. Par toutes sortes de choses sans importance (exemple : ma déclaration de revenus), importantes (exemple : ma carrière) ou essentielles (exemple : les massages relaxants). »