dimanche 30 juin 2013

Chroniques des enchanteurs, tome 2, de Kami Garcia et Margaret Stohl : 17 lunes

     
    *Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Il y a six mois environ, je commençais la saga des « Enchanteurs » de Kami Garcia et Margaret Stohl avec le premier tome intitulé « 16 lunes », chaudement recommandé par des copinautes. J’avais plutôt bien aimé malgré quelques longueurs et vous me connaissez, je suis une curieuse, je me suis donc lancée dans le second tome à l’occasion d’une Lecture Commune organisée par MySweetlies sur Livraddict.

Résumé

Depuis la mort de Macon, rien n’est comme avant entre Ethan et Lena. Cette dernière s’éloigne peu à peu du jeune homme et sa culpabilité la fait glisser jour après jour vers les Ténèbres. Perdu, Ethan se pose beaucoup de questions mais il conserve un seul et unique objectif : sauver Lena d’elle-même et rester toujours à ses côtés. Flanqué de son meilleur ami Link, d’une jeune gardienne stagiaire du nom d’Olivia et de la chatte Lucille Ball, réussira-t-il à atteindre le cœur de Lena avant l’appel de sa 17e lune ?

Un tome plus prenant

Si le premier tome comportait beaucoup de longueurs, j’ai trouvé celui-ci un peu plus addictif, un peu plus prenant. L’intrigue ne tarde pas à démarrer, alors qu’il avait fallu attendre 200 pages dans le premier tome ! Maintenant que les auteures ont dépeint leur univers et passé beaucoup de temps sur la ville de Gatlin, elles se concentrent davantage sur l’avancée de l’intrigue fantastique. En effet, il n’est plus question ici d’histoires de lycée et la ville de Gatlin revêt une importance bien moindre que dans le premier tome, les personnages passant notamment beaucoup de temps dans les Tunnels des Enchanteurs.

J’ai tout de même ressenti une baisse d’intérêt en amorçant le dernier quart du roman, mais la fin a su contrebalancer cette impression. D’ailleurs, c’est très vilain de laisser ainsi ses lecteurs dans le suspense ! Un bémol tout de même, l’intrigue me semble un peu « facile » : dès que les personnages sont dans de sales draps, la solution leur tombe dessus comme par miracle, et ils ne font pas grand-chose eux-mêmes, au final…  

Un univers et une atmosphère intéressants

Dans le tome précédent, j’avais apprécié l’univers des Enchanteurs, leur magie, leurs pouvoirs. Il en est de même ici, j’aime beaucoup cette mythologie originale et assez complexe, sans être incompréhensible. J’ai pris du plaisir à arpenter les Tunnels en compagnie d’Ethan et à découvrir les « pouvoirs » de ce dernier. L’atmosphère qui se dégage du roman me plaît bien également, il y a un petit côté mystérieux et inquiétant au travers des visions et des rêves très sombres vécus par les personnages. Bref, l’univers, le contexte proposé est le véritable point fort de la saga jusqu’à maintenant, davantage que l’intrigue.

Les personnages

Dans ce tome, Lena est un peu en retrait, et pourtant omniprésente car Ethan ne peut s’empêcher de penser à elle, et car tous les personnages gravitent plus ou moins autour d’elle. J’ai toujours du mal à la cerner, j’aimerais parfois connaître son point de vue, c’est souvent le cas dans les romans adoptant le « je », on se demande ce qu’il se passe dans la tête des autres personnages. N’ayant pas accès à ses pensées, elle me paraît toujours quelque peu égocentrique et prompte à s’apitoyer sur son sort.
   
En revanche je me suis vraiment attachée à Ethan, ce jeune homme droit, loyal et plein d’autodérision et j’ai pris plaisir à avancer dans ce roman en sa compagnie. Il ressent bien sûr la tentation de retourner à une vie « normale », mais il fait face à tous les obstacles avec courage. L’amour sans bornes qu’il voue à Lena me laisse admirative, même si j’ai toujours du mal avec ces amours « absolus ».

Enfin, du côté des personnages secondaires, mention spéciale à Ridley qui montre une nouvelle facette d’elle-même et au solide Link. Olivia m’a été moins sympathique, son personnage n’est pas assez développé.

L’écriture

Le style est toujours très agréable à suivre et je continue à me demander sans cesse comment les deux auteures se répartissent le travail d’écriture, tant je n’ai jamais remarqué de disparité dans la manière de raconter cette histoire. Les descriptions sont toujours l’un de leurs points forts, notamment en ce qui concerne les paysages et les phénomènes magiques. En revanche, Lena étant en retrait, la poésie est beaucoup moins présente que dans le tome précédent.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai pris plaisir à découvrir cette suite qui propose une intrigue davantage axée sur les Enchanteurs et qui propose le même univers mystérieux et intriguant, avec un peu moins de longueurs. J’ai beaucoup aimé suivre Ethan qui est un personnage très agréable. Néanmoins, les obstacles restent franchis trop facilement à mon goût, et j’ai toujours du mal à apprécier Lena. Merci à MySweetlies pour cette lecture commune !

Je vous propose maintenant de découvrir les avis de mes camarades de lecture : Mysweetlies(organisatrice), LJ DuhrelSokittySmiley-VanilleAlison Mossharty ...

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :




Où sont les hommes ? : lecture n°49 
     

     Bouge ta PAL ! : lecture n°42

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« Je l’ai serrée encore plus fort contre moi, jusqu’à ce que nos cheveux soient pleins de cendres et d’herbes, jusqu’à ce que le fruit ait roulé quelque part sous nos pieds, en bas de la couverture. Sur ma peau, la chaleur avait des allures de feu. Même si, ces derniers temps, tout ce que j’éprouvais quand je tenais sa main était un froid mordant, quand nous nous embrassions pour de vrai, ce n’était que chaleur. Je l’aimais jusqu’au moindre atome, jusqu’à la moindre de ses cellules incandescentes. Nous nous sommes ainsi embrassés au point que mon cœur a commencé à avoir des ratés, et que la lisière de mon champ de vision, de mes sensations, de mon ouïe a commencé à s’assombrir. »

« C’était sa vengeance contre les Anges Gardiens et le conseil de discipline, contre les plats déposés en guise d’offrandes devant les grilles de Ravenwood lors de la mort de *****, contre tous les sentiments hypocrites qu’avaient manifestés les habitants de Gatlin. Lena leur rendait coup pour coup, à croire qu’elle avait gardé tout cela en elle avant que ça leur explose au visage. Sa façon de leur faire ses adieux, j’imagine. Amma s’est alors adressée à elle, comme s’il n’y avait qu’elles deux sous le dais.
-Ça suffit, petite. Tu n’obtiendras pas ce que tu cherches de ces gens-là. Des excuses de la part d’une ville inexcusable ne sont rien d’autre qu’un peu plus de la même farine. Un moule à gâteau rempli de vide. »

samedi 29 juin 2013

Double jeu, de Judy Blundell : un roman noir dans le New York des années 50

[Albin Michel, 2013]

C’est dans le cadre du petit club de lecture que nous avons monté sur Lyon que j’ai été amenée à lire « Double jeu » de Judy Blundell, dans le cadre du thème « Cabaret ». Outre son résumé évoquant une jeune danseuse dans le New York des années 50, ce titre attire par sa jolie couverture. Il ne m’en fallait pas plus pour le commencer !

Résumé

Kit Corrigan, âgée de 17 ans a tout quitté : sa ville de Providence, son petit copain Billy et sa famille. Elle s’est installée à New York à la poursuite de son rêve, devenir danseuse à Broadway. Lorsque Nate Benedict, le père de Billy, lui propose son aide et sa protection, le passé de la jeune fille refait surface. Or l'histoire de sa famille d'immigrés irlandais est lourde de secrets…

Le New-York des années 50

Ce roman nous plonge efficacement dans le New-York au tournant des années 1940 et 1950. L’auteure en fait notamment revivre les tenues, les spectacles. Elle évoque également la suspicion à l’égard des personnalités engagées à gauche, avec la peur du communisme dans le contexte du début de la guerre Froide. J’aurais aimé que l’aspect « cabaret », que l’activité de danseuse de Kit soit un peu plus développée. En effet, à partir de la moitié du roman, cette dimension disparaît.

Une ambiance particulière

Nous sommes face à un « roman noir », avec une tension qui court tout au long du roman et une atmosphère particulière. Kit se trouve mêlée au milieu des gangsters de New York, à l’époque du célèbre Frank Costello. L’histoire tourne autour des secrets de famille de Corrigan et des Benedict et le suspense est maintenu par l’auteure qui mène bien son intrigue. En lisant, on ressent un certain malaise, on sent qu’une menace pèse sur Kit, sans parvenir à véritablement l’identifier.

Les personnages

En revanche, je dois dire que les personnages ne m’ont pas vraiment interpellée. Je ne me suis pas véritablement attachée à Kit. C’est une artiste, une danseuse. En cela, elle est éprise de liberté, change assez facilement de cap et est assez centrée sur elle-même. Il en est de même pour Billy, que j’ai eu du mal à cerner. Il y a en lui une violence (dont nous apprenons l’origine à la fin du roman) qu’il a du mal à canaliser, et il a un côté étouffant vis-à-vis de sa petite amie. Vous découvrirez également dans ce roman la famille de Kit : son frère et sa sœur (ils sont triplés), son père et sa tante, dont aucun n’a vraiment su me toucher. Au final, le personnage que j’ai le plus apprécié est celui de Hank, un jeune homme droit et solide, qui ne se laisse pas facilement impressionner et qui semble capable d’accepter les gens tels qu’ils sont.

L’écriture

Le style de Judy Blundell est agréable à suivre. Il est fluide et n’a rien de négligé, bien que ce soit une adolescente qui s’exprime (mais une adolescente des années 50^^). Les descriptions sont réussies et plantent parfaitement le décor de ce New-York d’une autre époque.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman noir dont j’ai apprécié l’ambiance et le cadre, puisqu’il nous immerge dans la ville de New-York au tournant des années 1940 et 1950. L’intrigue est bien menée et les secrets de famille pèsent sur le lecteur jusqu’à la fin. En revanche, je ne me suis pas vraiment impliquée dans l’histoire car les personnages n’ont pas su susciter ma sympathie.

Note : 3/5

Stellabloggeuse
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« Pivot, roulement d’épaule, brossé… Mon mascara me picotait et j’y voyais de moins en moins. Rond de jambe, pirouette…il allait et venait dans mon champ de vision. Tenir la mesure et maintenir le bras levé, doigt pointé sur Millicent March, la vedette, petite et fragile, avec sa fine voix de soprano toujours en quête de la note la plus haute. J’avais beau connaître par cœur les mouvements, j’étais déstabilisée. Les applaudissements ont retenti. J’ai vu des volutes de poussière s’élever au-dessus des projecteurs. Puis ses mains applaudir avant de s’arrêter. Que faisait-il ici ? »

« -Je vais t’avouer une chose : l’armée me fait du bien. Tu es crevé, tu te fais engueuler à longueur de journée, tu ne sais plus ce que tu fous, mais tu n’es jamais en rogne. Impossible de sortir du rang, tu vois ce que je veux dire ?
-Mon père m’a dit que l’armée ferait de Jamie un homme. Ça m’a rendue folle de rage.
Billy s’est appuyé contre la fenêtre, son profil se découpant contre la lumière grise.
-Je sais, ça paraît idiot, comme si l’armée pouvait te métamorphoser, te transformer. Sauf que parfois, c’est vrai. Je me retrouve avec des types qui n’ont rien à voir avec moi, qui viennent de bleds dont je n’ai jamais entendu parler. En plus, je vais peut-être traverser l’océan. Mon horizon va s’élargir. Le monde est dix fois plus vaste que ce que j’imaginais. »

mardi 25 juin 2013

The luxe, tome 2, d’Anna Godbersen : Rumeurs

[Albin Michel, 2009]

*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

L’année dernière, je commençais la saga « The luxe » d’Anna Godbersen avec le premier tome, "Rebelles", que j’avais bien aimé sans être particulièrement emportée par l’intrigue. Comme souvent, j’ai un peu laissé traîner la saga, mais je me suis finalement attaquée au tome 2, intitulé « Rumeurs ».

Résumé

Après la mise de scène de sa mort, Elisabeth est partie dans l’Ouest et mène une vie simple dans l’Ouest. Pendant ce temps-là, à New York, Penelope intrigue pour récupérer Henry, tandis que ce dernier lutte contre l’amour qu’il éprouve pour Diana. Il se sent coupable de la mort d’Elisabeth. Quant à Carolina, la servante, elle continue à se faire passer pour une femme du monde… Lesquelles de ces quatre jeunes femmes verront leurs rêves se réaliser ?

Un tome un peu plus prenant

Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce second tome un peu plus prenant que le précédent. A présent que nous avons fait connaissance avec les personnages et leur univers, l’intrigue avance un peu plus vite. Les efforts de ces demoiselles durant le tome précédent commencent à porter leurs fruits et leur destin s’ébauche, même si chacune continue à marcher sur des oeufs.

Néanmoins nous sommes toujours dans une intrigue « de salon » et les enjeux portent cette fois sur la possible ruine de la famille Holland et une grande question : qui Henry va-t-il finalement épouser ? Les alliances se nouent et se dénouent entre les personnages, notamment féminins, et les secrets ne sont jamais gardés bien longtemps. Mon principal problème est que j’ai du mal à m’impliquer dans le destin de certains personnages qui me laissent un peu froide, mais le final est tout de même saisissant et je n’ai pas pu m’empêcher de frémir et verser ma petite larme !

Les personnages

En effet, le seul personnage pour lequel j’ai vraiment de la sympathie est Diana Holland. De fait, son histoire avec Henry est la seule chose qui me passionne véritablement. Ce dernier est assez attendrissant en amoureux transi, même s’il reste attaché à une forme de liberté d’esprit. Je commence cependant à avoir de plus en plus d’affection pour Elisabeth qui s’est libérée de son image de perfection et qui va sans doute être transformée dans le troisième tome au vu de la fin de celui-ci.

Lina reste assez antipathique car arriviste et centrée sur elle-même, mais cet égoïsme devrait se teinter de culpabilité dans le prochain tome au vu du final de celui-ci. Quant à Penelope, elle est fidèle à elle-même, manipulatrice. Elle tente de se donner une image convenable vis-à-vis de la société, mais cela ne prend pas avec le lecteur qui connaît ses intentions. Néanmoins, j’ai parfois pitié d’elle vu son implacable volonté d’épouser un homme qui ne l’aime pas, et sa manière de se voiler la face.

L’écriture

Le style d’Anna Godbersen est toujours aussi agréable à suivre, propre à nous plonger dans l’atmosphère de cette fin de XIXe siècle avec les tenues, les intérieurs, les attitudes. Les petits extraits d’articles journalistiques ou de correspondance sont toujours là pour introduire les chapitres et les dialogues restent maîtrisés.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai aimé ce second tome qui m’a davantage intéressée que le premier avec une intrigue un peu plus prenante et une fin que l’on voudrait retarder et qui tombe comme un couperet. Je n’ai pas vraiment été totalement « embarquée » par l’histoire, mis à part en ce qui concerne la romance contrariée entre Diana et Henry, mais j’ai passé un bon moment de détente en compagnie de ce roman. Et comme je suis trop curieuse, je vais essayer de ne pas trop tarder à lire la suite !

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse


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Ce roman fait partie des challenges :


 Challenge ABC 2013 : 23/26


Challenge « Bouge ta PAL ! » : lecture n°41

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« Elle poussa un cri qui pouvait bien être le bruit le plus fort qui fût jamais sorti, vibrant, de sa gorge et de ses poumons gonflés d’air. Quand elle eut fini, elle était toujours seule, mais elle se sentit mieux. Elle posa sa main sur son ventre, ferma les yeux et sourit. Il était amusant de penser qu’elle était si loin de toute cette perfection qu’elle s’était tant efforcée d’atteindre, et de ne pas se trouver à la hauteur des tâches les plus rudimentaires. Se retrouver impuissante à accomplir certaines choses était aussi nouveau pour elle que pousser des cris inhumains. »

« Cette proximité avec le plus joli produit des Hayes, s’il l’avait un jour recherchée, ne soulevait plus à présent en lui aucun enthousiasme. Elle lui avait semblé, à l’époque, la partenaire idéale avec laquelle enfreindre les lois morales de la société – partageant son mépris pour les règles que toutes les autres filles étaient terrifiées de violer. Maintenant il comprenait qu’elle ne les transgressait que quand cela l’arrangeait, pour parvenir à ses fins. Non seulement il ne lui suffisait pas de mépriser les autres, elle voulait en plus être adulée. Son désir lui apparaissait froid et ordinaire, maintenant que son cœur ne battait que pour Diana Holland. Les mains crispées, il regarda ceux qui la séparaient d’elle à présent. »

samedi 22 juin 2013

L’herbe bleue : un témoignage qui serait frappant…s’il était véridique

[Pocket, 2003]

Je vais vous présenter aujourd’hui une relecture, d’un livre que j’ai lu à l’adolescence et qui m’a fait forte impression. Il s’agit de l’Herbe bleue, publié sous anonymat. Ce n’est qu’après ma relecture que j’ai appris qu’il s’agit en fait d’un faux journal intime, écrit par une psychologue pour enfants spécialiste du genre, Beatrice Sparks. Mon ressenti s’en trouve bouleversé et ma chronique sera complètement différente de ce qu’elle aurait été s’il s’agissait d’un véritable témoignage. Je suis d’ailleurs outrée que dans l’édition 2003 de Pocket, on continue à nous laisser croire qu’il s’agit d’un témoignage, alors que la supercherie a été révélée quelques années après la première édition (qui date de 1970).

Résumé

Nous suivons avec ce livre le journal d’une jeune fille américaine anonyme, durant environ deux ans. Sur ces deux années, l'une est marquée par la prise de drogue, après une première expérience involontaire, puisque l’on a versé du LSD dans son verre lors d’une soirée. Pour cette jeune fille normale et complexée, c’est le début d’un terrible engrenage de dépendance, de mensonge, de fugues.

L’engrenage de la drogue

Ce livre s’efforce de démontrer comment la drogue, même prise une seule fois, peut entraîner n’importe quelle jeune personne dans son engrenage. En effet, « l’héroïne » de l’histoire vient d’un milieu plutôt aisé et conservateur, et rien ne la prédestine à devenir une junkie. Pourtant, avec cette première prise vient l’envie d’essayer d’autres choses. Puis, lors de « voyages » particulièrement intenses, on prend des décisions folles, comme prendre un bus pour l’autre bout du pays. Avec la dépendance et drogue viennent le mensonge, le sexe perverti, la revente, épreuves que traverse notre narratrice. Encore une fois, ce serait frappant si c’était vrai. Sachant que c’est une fiction, on est tenté de se dire que certains évènements sont invraisemblables (par exemple, deux adolescentes de 15 ans en fugue pendant deux mois et qui parviennent à ouvrir un commerce dans une grande ville).

Une position conservatrice

Ce livre reflète l’Amérique conservatrice des années 1970, effrayée par la vague hippie, l’effet Woodstock. Ainsi, l’auteure nous donne l’impression que quasiment la moitié des jeunes du pays sont tombés sous l’emprise de la drogue, et ce dès neuf ou dix ans. Là encore, c’est assez invraisemblable et sachant qui est l’auteure, on peut penser qu’il y a là un message alarmiste : si vous ne faites pas attention, tout le monde sera drogué. De même, la famille présentée dans ce roman est « bien sous tous rapports ». Un père enseignant, une mère au foyer et trois enfants sages qui rêvent de leur ressembler. Celle qui s’écarte de leurs valeurs risque de trouver la mort au bout du chemin. Je pense que je serais passée à côté de cet aspect si je n’avais pas su qu’il s’agissait d’un faux journal, je n’aurais retenu que le propos sur la drogue.

Les personnages

Le personnage principal est une jeune fille désespérément normale avant de commencer à se droguer. En effet, avant la drogue, son journal est d’une banalité affligeante. Au départ la jeune fille est naïve et complexée. Puis, la drogue la transforme et elle perd ses repères, elle ne sait plus vraiment ce qui est bien ou mal. Elle est déchirée entre sa culpabilité et le plaisir qu’elle ressent lors de ses « voyages ». Lorsqu’elle est libérée de la dépendance, ses désirs sont on ne peut plus conventionnels : se marier avec un gentil garçon, devenir une bonne épouse et une bonne mère, dans la lignée des valeurs que ses parents lui ont inculquées. D’ailleurs, elle a un nombre de prétendants assez impressionnant pour une fille tantôt junkie, tantôt insipide.

Il y a également les jeunes drogués de la ville, présentés comme des personnes impitoyables. Ils forment un groupe et refusent que quelqu’un « décroche », allant jusqu’à l’intimider voire lui faire prendre des drogues à son insu. Là encore, dans le cas d’un vrai témoignage je vous aurais dit que la drogue a fait beaucoup de mal à ses jeunes qui vont jusqu’à s’en prendre aux autres. Sauf que cette histoire n’est pas vraie, donc j’y vois une caricature de drogués.

L’écriture

Quant au style, il n’est pas particulièrement agréable, je ne sais pas si cela est dû à la traduction ou au texte original. Certaines choses sonnent étrangement, par exemple quand la narratrice parle de ses camarades, elle dit « les gosses » (sans doute pour traduire « kids »). Il y a également beaucoup d’exclamations, qui sont un peu pénible à la longue. En revanche, j’ai beaucoup apprécié les passages où la narratrice raconte ses expériences de la drogue, ils sont beaucoup plus travaillés.

En quelques mots…

Je suis navrée car cette chronique est bien trop longue, mais j’ai eu du mal à démêler mon ressenti premier et ce qui m’est venu avec la révélation de la supercherie. C’est un livre que j’ai dévoré, prise dans le terrible engrenage de la drogue. Néanmoins, la révélation de la tromperie m’a beaucoup déçue et me fait remettre en cause tout le bien que j’aurais pu dire de ce texte. Si cela avait été un vrai témoignage, j’aurais dit qu’il s’agissait d’un incroyable récit sur ce que peut faire faire la drogue à la plus sage des jeunes filles. Mais maintenant, je n’y crois plus. Au final, je pense qu’avec ce mensonge, l’auteure aura perverti son message, qui partait pourtant d’une bonne intention. Dommage.

Note : 2,5/5 (si cela avait été un vrai témoignage, j’aurais mis 3,5 voire 4)

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 22/26
(Mes lectures n°20 et 21 ont été chroniquées sur le blog du challenge uniquement, ici et ici)


Challenge « Bouge ta PAL ! » : lecture n°40

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« Je me suis mise à rire comme une folle. C’était la chose la plus drôle, la plus absurde que j’avais jamais entendue. Et puis j’ai remarqué des dessins qui changeaient lentement, au plafond. Bill m’a attirée contre lui et m’a posé la tête sur ses genoux pendant que je regardais les couleurs se mêler et tournoyer au plafond de grandes tâches rouges,  bleues, jaunes. Je voulais faire partager aux autres ce spectacle merveilleux mais les mots qui sortaient de ma bouche étaient pâteux, mouillés, ils avaient un goût de couleur. Je me suis redressée et je me suis mise à marcher en frissonnant un peu. J’avais l’impression que le froid s’insinuait en moi  et je voulais le dire à Bill, mais je ne pouvais que rire. »

« J’ai regardé le ciel ce matin et j’ai compris que l’été est presque fini et ça m’a rendue très triste parce qu’il me semble que je n’ai pas eu d’été du tout. Ah ! Je voudrais qu’il ne soit pas fini ! Je ne veux pas vieillir. Je souffre d’une peur idiote, chez journal, je me vois vieille, sans jamais avoir été jeune. Je me demande comment ça peut m’arriver si vite, à moins que je n’aie déjà gâché ma vie. Tu crois que la vie peut passer sans qu’on s’en aperçoive. Rien que d’y penser j’en ai des frissons ! »

jeudi 20 juin 2013

Concours "La maîtresse de Rome" - Les résultats!

Bonjour à tous !

En ce jeudi matin, je viens d'effectuer le tirage au sort qui va rendre l'un(e) de vous heureux(se) !

Le lot en jeu était un exemplaire du roman "La maîtresse de Rome" au format poche, qui sort aujourd'hui 20 juin aux éditions Pocket.



J'ai reçu en tout 30 participations, toutes enthousiastes, donc je vous remercie pour cela et je suis heureuse que ce roman vous intéresse. Malheureusement, j'ai du refuser 5 participations à cause d'une mauvaise réponses à la question posée, vous étiez donc 25 en lice.

Sans plus tarder, voici les résultats !  

La gagnante est Paikanne !

Bravo à toi, et je te souhaite d'avance une bonne lecture, j'espère qu'il te plaira autant qu'à moi ! Je passe la commande cette après-midi, tu devrais le recevoir bientôt :)

Pour les autres, je vous remercie de vos participations, à une prochaine fois peut-être ?


Stellabloggeuse

samedi 15 juin 2013

Night School, tome 2, de C.J. Daugherty : Héritage


*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Night School de C.J Daugherty est l’une des sagas de la collection R que je suis avec attention. J’avais beaucoup apprécié le premier tome qui m’avait très agréablement surprise. J’ai réussi à ne pas me jeter immédiatement sur le second tome, afin de ne pas devoir attendre trop longtemps le troisième… Mais en ce mois de juin, j’ai craqué !

Résumé

Après l’incendie de l’école et le meurtre de Ruth, Allie prend du repos chez ses parents. Mais, prise en chasse par des individus costumés dans les rues de Londres, il s’avère qu’elle n’est pas en sécurité. Elle rentre donc à Cimmeria, sous bonne escorte, et s’apprête à commencer une nouvelle année scolaire entourée d’un Carter plus amoureux que jamais et d’une nouvelle meilleure amie en la personne de Rachel. Surtout, elle commence à fréquenter la Night School, qui s’est donné pour mission de démasquer le traître qui aide Nathaniel à l’intérieur de l’école. A qui Allie peut-elle vraiment faire confiance ?

Une intrigue prenante et toujours aussi mystérieuse

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce tome commence sur les chapeaux de roue et que j’ai tout de suite été prise par les évènements. Les pages se sont tourné toutes seules et j’ai littéralement dévoré le roman. Néanmoins, ne vous attendez pas à avoir des réponses à la fin de ce tome, vous n’apprendrez rien de crucial sur Nathaniel, il faudra encore attendre. En revanche on nous livre quelques indices, des informations sur la famille d’Allie et sur Isabelle elle-même. Il ne se passe pas grand-chose en termes d’action, c’est un tome avant tout psychologique, le lecteur se demandant tout comme Allie à qui il peut faire confiance. Personnellement, cela m’a suffi et je me sens tout à fait capable de patienter encore, je n’ai pas ressenti la frustration que cela m’avait causé dans le premier tome.

La Night School et l’intrigue amoureuse

La grande nouveauté de ce tome, c’est la participation d’Allie à la Night School. Cette organisation est assez effrayante dans son fonctionnement et nous n’en connaissons pas vraiment le but. Mais cela permet à Allie d’apprendre à se défendre et lui fait rencontrer de nouveau personnages, cela apporte donc du souffle à l’intrigue. En revanche, j’avoue m’être arraché les cheveux à cause de l’intrigue amoureuse. La plupart du temps, les triangles amoureux ne me dérangent pas mais ici, il est tout simplement omniprésent. Et malsain, à mon goût. J’ai été ulcérée, révoltée par le comportement de certains personnages. Le point positif, c’est que pour m’énerver autant, ce roman m’a vraiment embarquée et que je l’ai vécu pleinement…

Les personnages

Si j’ai éprouvé de la sympathie pour Allie durant le premier tome, cette époque est pour l’instant révolue. Elle a fait trop de choix qui m’ont déplu et elle ne pense généralement qu’à elle-même, comme une enfant que l’on aurait trop gâtée. Il en est de même pour Sylvain, auquel je n’arrive pas à faire confiance. Contrairement à Allie, je suis bien incapable d’oublier ce qu’il a fait durant le bal d’été et je ne lui pardonnerai JAMAIS (vous ai-je déjà dit que je me sentais personnellement impliquée dans cette saga ?). Et pourtant, quand il est dans les parages, on ne peut s’empêcher d’être troublé. Est-ce par excès d’identification avec Allie ou pour une raison plus profonde, je ne le sais pas encore.

Mais je suis définitivement Team Carter, un personnage qui continue à me séduire par son côté torturé, son humour, sa sensualité et son instinct protecteur qui a tendance à me faire fondre (et si j’apprends un jour qu’il a quelque chose à voir avec les méchants, j’arrête ma carrière de lectrice, qu’on se le dise). Il fait lui aussi un mauvais choix durant ce tome, et je dois dire que cela m’a beaucoup déplu, tant j’avais l’impression que cela ne lui ressemblait pas. Mais l’auteure a sans doute une bonne explication en réserve. Enfin, j’ai bien aimé Zoé, un nouveau personnage qui fait équipe avec Allie durant la Night School et Jo, qui a su s’amender après les erreurs commises durant le premier tome. La grand-mère d’Allie m’intrigue beaucoup, j’espère apprendre à la connaître.

L’écriture

Dans l’ensemble, ce tome est écrit dans une langue correcte, suffisamment agréable même si j’ai noté une certaine abondance de jurons. Oui, encore et toujours, j’ai du mal avec les gros mots dans les romans lorsqu’ils n’ont pas une raison particulière d’être là… Pour le reste, on est à peu près dans la même tonalité que le reste de la littérature Young Adult.

En quelques mots…

Ainsi, dans ce second tome, pas mal de choses m’ont déplu, notamment les choix des personnages et l’omniprésence du triangle amoureux. Et pourtant, j’ai été quasiment incapable de lâcher ce roman. Je me suis énormément identifiée à Allie alors même que je ne l’approuve pas et j’ai vécu les évènements de l’intérieur, pleinement. Cela signifie, à mes yeux, que l’auteure a réussi son coup. Vivement la suite !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge 100% R : 8e lecture

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« Presque invisible par cette nuit sans lune, elle escalada le petit mur de brique qui entourait le minuscule jardin londonien dans lequel elle se cachait, puis se mit à courir dans la rue déserte, ne ralentissant que pour jeter le cadavre de son téléphone dans une poubelle. Quelques rues plus loin, elle balança la batterie par-dessus la barrière d’un autre jardin. C’est à ce moment-là qu’elle entendit un bruit qui n’avait rien à voir avec celui de sa course. Aussitôt, elle plongea derrière une camionnette blanche garée au coin de la rue puis, aux aguets, elle retint son souffle. »

« -Nous voulons que tu deviennes capable de te protéger toute seule, même des personnes que tu crois être tes amis. N’oublie pas Gabe. Lui aussi était ton ami. Tu lui as fait confiance, comme nous, mais il n’était pas ce qu’il prétendait. Nous te demanderons toujours d’enquêter sur la personne la plus proche de toi.
-Mais pourquoi Carter ? insista Allie d’une voix angoissée. Il n’est pas mon ami, mais mon petit ami. C’est différent !
Eloïse desserra ses poings crispés et lui saisit les mains.
-Parce que la personne la plus proche de toi est celle qui peut te faire le plus de mal. »