mercredi 30 juillet 2014

L’appel du coucou, de Robert Galbraith : une incursion plutôt réussie dans le policier pour JKR

[Grasset, 2013]

Après avoir adoré, lu et relu, cette série que l’on ne présente plus, Harry Potter, j’ai continué à suivre JK Rowling lors de son incursion dans le roman adulte avec Une place à prendre, qui avait été un gros coup de cœur. Aussi, quand elle s’est aventurée dans le policier sous le pseudonyme de Robert Galbraith, j’ai eu envie de la découvrir également dans ce genre qui m’est moins familier. C’est chose faite grâce à une lecture commune organisée sur Livraddict par Songeuse.

Résumé

Cormoran Strike est un détective privé qui traverse une mauvaise passe. Endetté, quasiment sans client, il vient de rompre avec sa fiancée et vit dans son bureau. Mais John Bristow, un avocat, vient le trouver pour qu’il enquête sur la mort de sa sœur adoptive, Lula Landry, un top model célèbre dont la mort, après une chute du haut de son balcon, a été classée comme un suicide. Avec l’aide de Robin, sa secrétaire intérimaire, Cormoran va essayer de retracer les dernières heures de la vie de Lula et gratter le vernis des paillettes du show business.

Quelques longueurs…

C’est un roman assez dense et copieux, qui n’est pas dépourvu de longueurs. En même temps, vu la profusion de détails nécessaires à la reconstitution du dernier jour de Lula, il pourrait difficilement être plus court. On se passe également du temps à découvrir la vie de Cormoran Strike, on nous livre au fur et à mesure des brides de son existence, ce que j’ai plutôt apprécié, même si ce n’est pas directement utile à l’enquête. Cela apporte un peu d’épaisseur au roman et pose les bases des futures suites prévues par l’auteure.

Un policier à l’anglaise

Dans l’ensemble je dirais que ce roman policier ressemble à des classiques du genre. Il est plutôt bien mené, je n’ai pas deviné le mot de la fin (mais ce n’est pas un critère fiable car je ne devine jamais, petite lectrice crédule que je suis). Mais il ne m’a pas non plus emportée et ne recèle rien d’exceptionnel qui le distingue d’autres romans. L’ambiance est clairement anglaise, policée mais recelant des ombres sous la surface, avec un détective plutôt solitaire et très intelligent. Les amateurs du genre devraient y trouver leur compte, et c’est aussi mon cas.

Les personnages

Au départ, Cormoran Strike est un personnage qui n’a rien de particulièrement attachant. Et pourtant, on se prend facilement d’affection pour ce grand costaud, vétéran d’Afghanistan et torturé par des fantômes de son passé. Là encore, l’auteure n’invente rien, mais c’est un personnage qui fonctionne, et j’ai bien aimé son côté militaire. Quant à Robin, on la connaît peu, elle est plutôt futée mais elle se laisse influencer par l’humeur des hommes qui l’entourent, elle manque un peu de caractère à mon goût. On croise une multitude de personnages très bien croqués : le styliste Guy Somé, Evan Duffield, l’acteur/chanteur accro aux drogues, le couple Bestigui, Kieran, le chauffeur qui rêve de célébrité, et bien d’autres encore…

L’écriture

L’écriture m’a paru un peu moins exigeante que celle du précédent roman de l’auteure, même si elle continue d’utiliser ça et là des mots issus d’un registre soutenu, que l’on n’a pas l’habitude de lire. Néanmoins, la lecture est fluide. Les décors sont bien plantés, ainsi que la psychologie des personnages. Un style qui fonctionne pour un roman policier.

En quelques mots…

Ainsi, JK Rowling nous offre ici un policier à l’anglaise, qui ne révolutionne pas le genre mais qui fonctionne bien, malgré quelques longueurs. Le roman est porté par un détective bourru assez attachant et toute une galerie de personnages hauts en couleur. Je n’en garderai pas un souvenir impérissable, mais j’ai passé un bon moment et il me semble que tous les amateurs de policiers à l’anglaise y trouveront leur compte.

Pour vous faire un avis plus approfondi sur la question, je vous laisse découvrir les billets de mes camarades de lecture : ZinaMickdekaPiplo ....

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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« Pourquoi es-tu née quand tombait la neige ?
Tu aurais dû venir à l’appel du coucou,
Ou quand les raisins sont verts sur leurs grappes
Ou, au moins, quand les sveltes hirondelles
Se rassemblent pour leur long vol
Loin de l’été qui se meurt. »


« Comme il était facile de dénigrer quelqu’un en raison de sa tendance à se faire du mal à soi-même, de le pousser vers le néant et de reculer en haussant les épaules, considérant que cette fin était le résultat inévitable d’une vie chaotique courant à la catastrophe… »

lundi 21 juillet 2014

Max, de Sarah Cohen Scali : un roman audacieux au cœur du IIIe Reich

[Gallimard Jeunesse, 2012]

Les romans ayant pour cadre la Seconde Guerre Mondiale ne manquent pas. Et pourtant, il y a toujours des auteurs qui trouvent un nouvel angle d'approche qui vous font voir les choses sous un jour très différent et vous ouvrent de nouvelles perspectives. "Max" de Sarah Cohen Scali se range dans cette catégorie. Cap sur le IIIe Reich !

Résumé

Nous commençons à suivre Max (qui préfère largement qu'on l'appelle Konrad, prénom beaucoup plus digne d'un aryen dur comme l'acier) alors qu'il est encore dans le ventre de sa mère. Nous sommes en 1936 et il a été conçu dans le cadre du programme Lebensborn destiné à concevoir de parfaits petits aryens en sélectionnant soigneusement leurs parents, et en les soumettant à une éducation nazie dès le plus jeune âge, afin qu'ils deviennent plus tard les cadres du régime et des combattants. Ainsi, dès sa naissance, Max est dévoué au Führer et assimile totalement la doctrine nazie. Dès son plus jeune âge, il n'aura de cesse de se mettre en danger et de servir de son mieux Hitler lors de diverses missions...

Un ton particulier pour ce roman historique

Ce roman historique a un ton particulier qui le distingue de tous les autres. En effet, le personnage est un parfait petit nazi, et il affirme ses convictions sans se soucier du politiquement correct et de la sensibilité de ses lecteurs. En d'autres termes, il ne mâche pas ses mots, et c'est à la fois dérangeant et jouissif. J'ai trouvé très intéressant le fait de découvrir la Seconde Guerre Mondiale par le prisme d'un personnage nazi, cela lui donne une autre perspective. En filigrane, on retrouve les grandes étapes de la guerre : l'invasion de la Pologne, la nazification des enfants des pays conquis, Pearl Harbor, les camps de concentration, l'avancée russe et leur arrivée à Berlin...

La trajectoire personnelle de Konrad/Max

Mais ce qui m'a le plus passionnée, c'est l'évolution personnelle de Konrad/Max. On le suit tout d'abord à la pouponnière, dans les bras de sa mère. Puis, âgé de 4 ans, il part en Pologne où il découvre la situation locale. Il ira ensuite à l'école, où il sera forcé de reconsidérer ses convictions sur les Juifs, puis à l'école militaire, la Napola, pour finir errant dans un Berlin en ruine à la fin de la guerre. Il passe par tout un tas de péripéties qui donnent du rythme au roman. Seule la fin m'a laissée un peu sur ma faim, je l'aurais souhaitée un peu plus étoffée. Mais en même temps, il fallait bien finir à un moment ou un autre, et je n'en avais pas envie.

Les personnages

Konrad/Max est un personnage fascinant. Lorsqu'il n'est encore qu'un bébé, son esprit est totalement imprégné du nazisme dont il ne remet aucun précepte en cause. Puis, alors qu'il grandit, qu'il gagne en capacité de réflexion et qu'il fait ses propres expériences, sa personnalité se complexifie de plus en plus. Le doute s'insinue en lui et il commence à penser par lui-même. Il souffre aussi, à sa manière, et voilà pourquoi à aucun moment on n'arrive à le détester. Autour de lui gravitent plusieurs personnages, les principaux étant le docteur Ebner qui a réellement existé, et Lukas qu'il considère comme son frère.

L'écriture

En ce qui concerne le style, j'ai été très sensible au ton caustique du roman. Le narrateur a un côté cynique assez réjouissant. Régulièrement, l'auteure utilise des mots ou expressions allemandes qui contribuent à créer cette atmosphère particulière. Ce roman se lit bien, et s'il n'est à conseiller qu'à de grands ados (à partir de 14/15 ans), c'est davantage pour la dureté de son propos et son épaisseur que pour son écriture.

En quelques mots...

Ainsi, j'ai adoré ce roman historique pas comme les autres et ce personnage de petit nazi qui, malgré ses principes et sa carapace, se cogne à la vie et ne peut s'empêcher de ressentir la souffrance et l'injustice autour de lui. J'ai été complètement séduite par le ton particulier du roman, assez cynique, à la fois réjouissant et dérangeant. Ce n'est ni plus ni moins qu'un joli coup de coeur.

Note : 5/5 (Coup de coeur)

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :

Big Challenge Livraddict 2014 : 7/5

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« Encouragez moi ! Pensez à ce que je vous ai dit : je DOIS être blond. Je DOIS avoir les yeux bleus. Je DOIS être vif.
Élancé.
Dur.
Coriace.
De l'acier de Krupp. »

« Nous ferons croître une jeunesse devant laquelle le monde tremblera. Une jeunesse impérieuse, intrépide, cruelle. C'est ainsi que je la veux. Elle saura supporter la douleur. Je ne veux en elle rien de faible ni de tendre. Je veux qu'elle ait la force et la beauté des jeunes fauves. Je la ferai dresser à tous les exercices physiques. Avant tout, qu'elle soit athlétique : c'est là le plus important. C'est ainsi que je la ramènerai à l'innocence et à la noblesse de la nature. Je ne veux aucune éducation intellectuelle. Le savoir ne fait que corrompre mes jeunesses. »

« Je réfléchis. Est-ce que j'ai du chagrin ? Non. Elles crèvent toutes, les mères ! Celles qui ont élevé leurs enfants, comme Lukas et Manfred, et celles à qui on a enlevé leur enfant. Les mères sont kaputt! C'est la guerre. »

mardi 15 juillet 2014

Les mondes d'Ewilan, tome 2, de Pierre Bottero : L'oeil d'Otolep

[Rageot, 2005]

*Attention, il s'agit du second tome d'une saga, présence de spoilers sur les tomes précédents*

Depuis que j'ai découvert Pierre Bottero avec La Quête d'Ewilan, j'essaie de lire un ou deux de ses livres par an, pour le retrouver régulièrement tout en savourant son œuvre. Pour cette fois, cela a été le second tome des Mondes d'Ewilan, dont le premier tome m'avait paru très prometteur. J'ai découvert ce second tome dans le cadre d'une LC organisée par Darktoy sur Livraddict.

Résumé

Après que Salim l'ait sauvée des griffes de l'Institution, Ewilan goûte désormais une période de quiétude bien méritée. Elle étudie le dessin à l'académie d'Al Jeit et s'apprête à passer ses examens de fin d'année. Pourtant, elle sent au fond d'elle que son destin l'appelle. Elle doit partir pour Valingaï, afin de ramener Illian chez lui. Plus inquiétant, une présence obscure occupe l'Imagination, mettant les dessinateurs en danger.

Retour en Gwendalavir

Contrairement au tome précédent qui s'ancrait dans le monde réel, celui-ci se déroule à 99,9% en Gwendalavir. Il est question d'aller explorer des terres inconnues, au-delà de l'oeil d'Otolep et du désert d'Ourou. C'est de là que vient Illian et là que semble siéger une nouvelle menace. La magie du Dessin est présente, même si elle est entravée par cette menace, et nous découvrons encore quelques nouvelles créatures

Un tome de transition

J'ai trouvé que ce tome était en dessous du premier, comme l'était le second tome de la Quête d'Ewilan. On est un peu dans l'expectative et il ne se passe pas grand chose, en tout cas jusqu'à ce que le voyage vers l'Oeil d'Otolep commence. Ewilan est en pleine réflexion sur son avenir, on prend le temps d'entrer un peu dans sa tête. Néanmoins, la fin est assez haletante et laisse présager un très bon troisième tome, même si encore une fois les problèmes se résolvent un peu trop facilement.

Les personnages

J'avais bien apprécié Ewilan dans le tome précédent, où elle s'était montrée plus fragile. Ici, elle retombe un peu dans ses travers, pouvant parfois se montrer assez arrogante. Je n'ai pas trop apprécié non plus l'espèce de triangle amoureux qui se met en place. Salim est un peu moins flamboyant que d'ordinaire. Quant à Ellana, elle a aussi une forme d'arrogance et peut se montrer inflexible, mais on en comprend peu à peu les raisons. Enfin, on retrouve avec plaisir les personnages de la Quête d'Ewilan : Edwin, Maître Duom, Artis Valpierre, Mathieu, Chiam Vite...

L'écriture

C'est un régal de retrouver l'écriture de Pierre Bottero, qui savait mettre en valeur la beauté dans la simplicité. Les descriptions sont juste incroyables de détails, sans vous noyer pour autant, et le tout est extrêmement fluide. Du bonheur imprimé, tout simplement.

En quelques mots...

Ainsi, j'ai trouvé ce tome, qui se passe essentiellement en Gwendalavir, un peu en dessous du précédent. Ewilan en particulier est un peu agaçante, et l'intrigue met du temps à se mettre en place. En revanche, l'écriture est toujours aussi agréable et le final laisse présager un très bon tome 3.

Pour finir, je vous laisse découvrir les avis de mes camarades de lecture : Darktoy (organisatrice), Bouquinette,...

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :



Challenge New PAL 2014 : 29/20



Big Challenge Livraddict 2014 : 6/5

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« Alors il faudra qu'un jour je te parle de ces sentiments étranges qui bouillonnent en moi, de cet irrépressible besoin d'espace et de mouvement qui me pousse vers un avenir dont je sais qu'il ne se déroulera pas à Al Jeit. Je ne serai pas Sentinelle. Jamais. »

« Elle savait qu'elle était à sa place en accompagnant Illian jusqu'à Valingaï. La force qui la poussait en avant et que, faute de mieux, elle appelait destin, le lui criait. Elle espérait simplement que cette force émanaitde l'affection qu'elle épouvait pour le petit garçon et n'était pas un courant l'entraînant vers l'avenir sombre qu'elle entrevoyait parfois. Elle revint vers le feu et s'assit près de Salim qui lui sourit et passa un bras sur son épaule. Elle se blottit contre lui. Elle avait conscience de ne pas toujours lui offrir ce dont il avait besoin, ce qu'il méritait, ces gestes, ces mots, ces regards qui sont le reflet de l'amour mais, là encore, elle ne se sentait pas totalement maîtresse de ses actes. »

dimanche 13 juillet 2014

Irrésistible attraction, de Simone Elkeles : une romance compliquée et "caliente"


Il y a deux ans, je découvrais Simone Elkeles avec le premier des Frères Fuentes, Alejandro, dans Irrésistible alchimie. J'ai ensuite lu son dyptique, Paradise et Retour à Paradise centré sur d'autres personnages, mais je garde une petite préférence pour les Frères Fuentes. Aussi, j'ai été ravie de découvrir les aventures du cadet, Carlos, à l'occasion d'une lecture commune organisée sur Livraddict par Marjo2505.

Résumé

Après s'être fait renvoyer de son travail et avoir collectionné les ennuis, Carlos est envoyé malgré lui dans le Colorado, chez son frère Alejandro. Il est sommé de reprendre sa scolarité. Mais les ennuis le rattrapent rapidement, et le voilà contraint de suivre un programme spécial pour les jeunes à problèmes, et de vivre chez un tuteur. La fille de ce dernier, Kiara, pas féminine pour deux sous, va lui servir de guide et d'alliée au lycée. Mais Carlos, attaché à sa liberté, n'est pas prêt à se laisser approcher, préférant les filles faciles comme Madison, la coqueluche du lycée.

Un tome qui a sa propre identité

J'ai été assez conquise par ce deuxième volet qui n'a rien d'une pâle copie du précédent. En effet, le caractère de Carlos se distingue bien de celui de son frère. Et l'histoire est bien différente, même si au cœur, on trouve une romance assortie d'une forte attraction physique. Ce roman est moins sombre que son prédécesseur, la menace des gangs moins présente, même si elle existe bel et bien. En contrepartie, il y a un peu moins d'émotion.
Tout se joue davantage au niveau de la personnalité de Carlos, de sa psychologie et de la manière dont il envisage son avenir et ses relations.

J'ai été emportée, et seule la fin est un peu trop facile à mon goût. Je n'aime pas trop non plus ces épilogues qui nous transportent 20 ans plus tard, je préfère imaginer !

Une bonne romance

En ce qui concerne la romance, elle a très bien fonctionné pour moi. Des instincts de midinette n'ont pas tardé à ressurgir, et j'ai vibré. Bien sûr, le roman n'est pas exempt de certains clichés du genre, mais il y a vraiment un petit truc en plus qui fait la différence. J'ai particulièrement aimé l'humour, très présent. On est face à deux forts caractères qui se défient, même s'il y a aussi beaucoup de tendresse et de fragilité. Un cocktail explosif, qui fonctionne très bien !

Les personnages

Comme le volet précédent, ce roman alterne le point de vue des deux personnages principaux, Carlos et Kiara, qui s'expriment à la première personne, nous permettant d'explorer leur psychologie.

Kiara est un personnage très attachant, une fille à laquelle on s'identifie facilement. Assez fonceuse, elle n'a peur de rien, elle fait beaucoup de sport et ne recule pas devant un peu de mécanique. En revanche, elle a un côté fragile, avec un bégaiement qui la prend à la moindre émotion. Elle a aussi du mal à assumer sa féminité.
Quant à Carlos, c'est une forte tête. Impertinent, il a beaucoup de répondant. Il est également très sûr de lui. Mais il dévoile très (trop?) rapidement un côté fragile, un besoin désespéré d'affection et une peur de l'abandon. Il se met lui-même des barrières parce qu'il ne pense pas pouvoir s'assurer un avenir. Et au final, on l'aime, cette canaille.

Il y a aussi quelques personnages secondaires notamment Brandon, le petit frère de Kiara et Tuck, qui renouvelle un peu le cliché du meilleur ami gay. Enfin, j'ai pris plaisir à retrouver Alex et Brittany dans l'entourage de Carlos, et à suivre l'avancée de leur relation.

L'écriture

Le style de Simone Elkeles est fidèle à lui-même, simple et direct, et il correspond bien aux personnages. Ainsi, Carlos étant en révolte, quelques gros mots fusent, sans que cela ne soit gênant. Il y a un peu moins de mots en espagnol que dans le précédent roman, la compréhension est meilleure. Les dialogues sont vifs, l'humour et la sensualité sont présents.

En quelques mots...

Ainsi, il faut prendre ce roman pour ce qu'il est : une très sympathique romance pour adolescentes et celles qui ont gardé leur cœur de midinette, sur fond de problèmes de gangs. On s'attache rapidement aux personnages, en oubliant les quelques clichés qui subsistent dans ce roman, plus léger et plus drôle que son prédécesseur. Si vous aimez ce genre de littérature, vous adorerez. Pour ma part je regrette même de l'avoir dévoré en 48h et de ne pas l'avoir fait durer un peu plus !

Pour finir, je vous invite à découvrir les avis de mes camarades de lecture : Marjo2505 (organisatrice), PetitepomSokittyChroniques aléatoires, ... 

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2014 : 10/13


Challenge New PAL 2014 : 28/20


La Coupe du Monde des Livres : GOAL n°5 !

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"Je m'attends que tout le monde m'abandonne à un moment ou un autre dans la vie. Depuis Destiny, j'ai refusé de m'impliquer sur le plan émotionnel. Si je me laissais aller à m'attacher à une fille, à tous les coups, elle me laisserait en plan, elle me repousserait, ou elle crèverait. ça a toujours été comme ça, et il en sera toujours ainsi."

"Allez savoir pourquoi je suis là adossé contre le comptoir comme un imbécile à la regarder pétrir. Peut-être parce qu'elle ne se plaint jamais de rien. Escalader les montagnes, retaper des voitures, défier des connards dans mon genre, se salir les mains dans la cuisine, rien ne lui fait peur."

« Je caresse le bras accroché à moi jusqu'à ce que sa respiration s'apaise.
- J'aimerais pouvoir t'aider.
- Tu m'aides, murmure-t-il tout contre ma jambe. Ne t'en va pas, d'accord ? Tout le monde me quitte. »

"-[...] C'est beaucoup mieux que ce que j'ai, et plus que ce que nos parents avaient quand il se sont mariés. Sans compter que Mi'ama avait un vilain polichinelle dans le tiroir. Toi, en l'occurrence.
-A propos de vilain, tu t'es regardé dans la glace ces derniers temps ?
-Oui. C'est bizarre, Alex. Même avec un cocard et la lèvre fendue, je continue à être plus beau que toi."

jeudi 10 juillet 2014

Soeurs sorcières, tome 1, de Jessica Spotswood : des sorcières made in Jane Austen

[Nathan, 2013]

Le premier tome de « Soeurs sorcières» de Jessica Spotswood a presque fait l'unanimité sur la blogosphère, j'ai pu lire nombre d'avis élogieux au moment de sa sortie, y compris de la part de bloggueuses exigeantes auxquelles je fais toute confiance. Aussi, je me le suis procuré assez rapidement, mais je n'ai jamais pris le temps de le lire ! Il était temps de réparer cet oubli !

Résumé

(Je vous déconseille de lire la 4e de couverture de Nathan qui spoile une bonne partie de l'intrigue à mon goût. Mon résumé est garanti sans spoiler). Dans une Nouvelle-Angleterre imaginaire, le XXe siècle sera bientôt là. Cet Etat abritait autrefois de nombreuses sorcières, qui détenaient le pouvoir. Mais désormais celui-ci est aux mains des Frères, des hommes dévots qui traquent les sorcières et qui ont bâti une société profondément machiste. Les trois soeurs Cahill, nées sorcières et privées de la protection de leur mère morte 3 ans plus tôt, doivent se montrer très prudentes pour ne pas être découvertes. Mais pour Cate, qui aura bientôt 17 ans, l'âge des choix arrive à grands pas : épouser Paul, son ami d'enfance, ou rejoindre l'ordre des Soeurs ? Et si aucun de ces choix n'était le bon ?

Une ambiance très anglaise

On va faire simple : tous les aspects de ce roman m'ont plu. Tout d'abord son cadre spatio temporel, cette société imaginaire pas si éloignée de la nôtre, et pourtant différente. L'ambiance est très anglaise, il y a un côté Jane Austen, c'est une société mondaine où il faut porter de belles robes et être invitée à prendre le thé chez ses voisines pour espérer une demande en mariage. Cette société est également machiste à l'extrême, j'ai eu plusieurs fois envie de boxer les Frères! Les sorcières sont opprimées, envoyées à l'asile ou disparaissant dans la nature.

Une intrigue séduisante

Ensuite l'intrigue a su me séduire, malgré un début un tout petit peu lent, mais utile pour mettre en place le cadre. La magie qui est développée dans ce roman me plaît et me convainc. La prophétie découverte par Cate entraîne une tension, un suspense. J'ai vu venir certains événements assez « transparents », mais d'autres m'ont prise au dépourvu. La fin est terrible ! Enfin, j'ai beaucoup aimé les relations entre les différents personnages, qu'il s'agisse de celles unissant les trois sœurs, des amitiés qui se nouent, et de la romance qui m'a donné quelques frissons (midinette un jour, midinette toujours).

Les personnages

Les personnages sont un point fort de ce roman. On se place du point de vue de Cate, l'aînée des trois sœurs. C'est une jeune fille réservée et prudente, qui considère ses pouvoirs de sorcière comme une malédiction et qui rechigne à les développer, au grand dam de ses sœurs. Elle ne rêve que d'une vie simple, d'un mariage d'amour et d'un jardin. Elle se sent prise au piège par un destin qu'elle n'a pas voulu. Mais elle sait aussi se remettre en question et ses belles résolutions sont balayées par la passion. Enfin, elle a un grand sens du sacrifice et son premier objectif est de protéger ses soeurs.

Les caractères de ses sœurs sont moins approfondis mais intéressants. Maura a beaucoup à prouver. En apparence introvertie, toujours dans les livres, elle est en quête de reconnaissance et a besoin de briller. Quant à Tess, elle est très intelligente et mûre pour ses 12 ans, son intuition est sûre. Elena, la gouvernante, m'a agacée et je ne lui fais pas confiance. Côté garçons, j'ai du mal avec Paul qui est un peu trop sûr de lui, mais qui semble tenir sincèrement à Cate. En revanche j'ai succombé pour Finn et son apparente maladresse.

L'écriture

Quant au style, je n'ai rien noté de particulier. Il est agréable, pas d'obstacle à la lecture ni de langage familier. Les descriptions nous plongent efficacement dans cette ambiance anglaise du XIXe siècle. Il y a un peu d'humour, ça et là (les femmes les plus libres de ce monde étant celles de Dubaï !). Les sentiments des personnages sont bien restitués, avec quelques scènes gentiment sensuelles. Pour un premier roman, il n'y a rien à redire.

En quelques mots...

Ainsi, ce premier tome d'une trilogie fantastique est extrêmement prometteur ! Après un début un peu lent qui pose les bases de cette société machiste où les sorcières sont traquées, l'intrigue décolle, entre magie, intrigues de salon et romance. Un cocktail qui fonctionne extrêmement bien. On frôle le coup de cœur, pour ma part. Je me suis attachée aux personnages et j'ai eu peine à les quitter, j'ai déjà hâte de lire le tome 2 !

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2014 : 9/13


Challenge New PAL 2014 : 27/20


La Coupe du Monde des Livres : GOAL n°4 !


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"J'aurais tant besoin d'elle ! Et pas uniquement pour nous dire comment cacher notre secret - à Père, aux Frères, à nos domestiques, à nos voisins et maintenant à cette gouvernante. Mais pour nou montrer comment être à la fois sorcières et femmes, comment grandir sans perdre le meilleur de nous-mêmes."

"Je me vois agenouillé dans un jardin à moi. Tout simple, sans haies taillées, sans statues, sans étang, sans gloriette. Juste un érable pourpre ou deux, des rosiers buissons couverts de boutons roses et rouges. Je me vois mettre en terre des bulbes de tulipe, les mains plongées dans le sol souple et frais. Assis sur un banc non loin, un homme me fait la lecture à voix haute, un livre sur les genoux, comme le faisait Père le soir, autrefois."

dimanche 6 juillet 2014

La complainte d’Irwam, d’Anna Combelles : le pouvoir de l’imagination

[Atine Netaud, 2012]

J’ai acquis « La complainte d’Irwam » d’Anna Combelles il y a deux ans environ, car j’avais très envie de découvrir ce roman fantasy, le premier né d’une bloggueuse que j’apprécie. Et pourtant, je n’ai toujours cessé de le remettre à plus tard, parce qu’il semblait assez dense, parce que son poids se prête assez mal aux transports en commun où je lis, et parce qu’il y avait toujours une lecture « urgente » pour lui passer devant ! Mais suite aux avis récents de Frankie et Stephanie, j’ai décidé de le mettre enfin au premier plan !

Résumé

Les histoires racontées par les auteurs dans leurs romans et leurs histoires engendrent des créatures et des univers auxquelles leurs lecteurs adhèrent, y croyant parfois dur comme fer. Ce faisant, ils donnent naissance à des mondes parallèles peuplés de créatures plus ou moins bienveillantes. Alors, pour protéger les hommes de leurs créatures, les sorciers ont créé le Voile. Irwam en est l’une des gardiennes. Mais lorsqu’elle rencontre Nathan et en tombe amoureuse, elle va devoir faire face à un cruel dilemme… Pendant ce temps, dans un monde médiéval, le chevalier Léandre et le mage Cassiodore sont aux prises avec un Jeu impitoyable…

Le pouvoir de l’imagination

J’ai beaucoup aimé l’idée de base du roman selon laquelle les livres, les créations littéraires et orales pourraient donner vie à des mondes parallèles et à leurs habitants. Cela célèbre le pouvoir de l’imagination, en la mettant au centre des choses. J’ai également apprécié l’idée de ce Voile séparant les mondes et protégeant les mondes, avec leurs gardiens au sujet desquels j’aurais aimé en savoir un peu plus je l’avoue, même si le roman est déjà très riche.

Entre les mondes

Le récit alterne régulièrement entre deux de ces mondes. Nous avons d’une part le monde des hommes où nous suivons Nathan et Coline, deux jeunes gens de 18 ans qui font un chantier de jeunesse pour leurs vacances.

Nous avons d’autre part ce monde médiéval où évoluent Léandre et Cassiodore, pris au piège d’un Jeu cruel. Ce monde est d’une belle complexité, avec ses Mages, ses Druides et ses prophètes, et une cartographie dont l’auteure nous livre peu à peu les clés. C’est un vrai univers fantasy, bien fouillé et qui prend vie grâce à des descriptions efficaces. Il faut du temps pour entrer dedans et en maîtriser les règles, c’est un monde assez exigeant.

Entre les deux, Irwam se démène et nous fait découvrir le Voile, un monde à lui tout seul, lui aussi complexe. Elle tente de faire appliquer les règles établies, même si elle est aussi très tentée de laisser parler son cœur… Car dans ce roman il est aussi questions d’amours impossibles. Si la relation d’Irwam et Nathan ne m’a pas trop emballée (trop simple), l’autre (dont je ne vous dirai RIEN) m’a beaucoup plue par sa subtilité. Mais aucun pan de l’intrigue ne m’a complètement « emportée », il m’a manqué un petit quelque chose que je ne saurais expliquer.

Les personnages

On s’attache assez facilement à Nathan qui est un garçon bien, même s’il a un côté très asocial. Coline a un caractère plus fort et plus égocentrique, je ne l’ai appréciée que grâce à sa profonde amitié pour Nathan. Irwam est sympathique mais un peu trop effacée par rapport à son rôle, crucial. Au final, ceux que j’ai préférés sont Léandre, le chevalier un peu bourru et surtout Cassiodore, le Mage à l’extrême sensibilité.

L’écriture

Anna Combelles a un style assez exigeant, avec des phrases longues, comportant de nombreuses incises. Au début, on a un peu de mal à reprendre son souffle. Mais cela passe au fur et à mesure, soit que le style s’allège, soit que l’histoire nous emporte. Quoi qu’il en soit, elle a beaucoup de potentiel. Ses descriptions sont bien ficelées, elle entre dans la psychologie de ses personnages, et elle ajoute en prime de petits éléments de sa vie de lectrice et de bloggueuse. Et pour un premier roman, nous avons une très belle structure narrative. Un bémol sur la forme, il reste de très nombreuses coquilles, je pense qu’il y a eu un souci de correction. Le roman ayant été réédité, je pense que cela a dû être gommé.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman assez exigeant en raison de la densité de ses univers et de son style d’écriture. Si l’intrigue ne m’a pas complètement emportée, je salue l’excellent travail de création, la richesse de l’imaginaire, et le tandem Léandre/Cassiodore qui m’a davantage touchée. Je pense que c’est un roman qui plaira aux amateurs de fantasy, mais aussi aux néophytes sensibles au pouvoir de l’imagination.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge New PAL 2014 : 26/20


La Coupe du Monde des Livres : GOAL n°3 !

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« Aux confins des temps, alors que les hommes commençaient à poser leurs émotions et leur volonté sur des parchemins ou des tablettes encore naïves, ils libérèrent la plus puissante magie, celle de la création. »

« Avec cette machine, les textes purent traverser les distances infinies et mener à tous ces histoires si longuement enfermées… Avec elle, les monstres renaissaient, redoublant de forces incalculables, puisque les hommes les retrouvaient, les aimaient, les adulaient et cessaient de les craindre ! Un épanchement de créatures, infâmes, nouvelles de surcroît – l’imagination des hommes étant libérée de la gangue des traditions orales – envahit la surface du monde humain… Mettant à bas des années de surveillance, créant des régions malsaines. Mais les Sorciers veillaient. Encore. Et le Voile protégeait. Il séparait les humains de ces monstres et prédateurs potentiels. »