samedi 29 mars 2014

Trois grands fauves, de Hugo Boris : trois destins revisités

[Belfond, 2013]

J’aime l’Histoire et les romans historiques, la quatrième de couverture de ce roman de Hugo Boris m’a donc rapidement intriguée. Sachant que l’auteur sera présent aux Assises Internationales du Roman de Lyon, je me suis donc finalement décidée à le lire.

Résumé

Dans ce livre au carrefour de la biographie et du roman, l’auteur romance et lie les destins de trois figures de l’Histoire, trois « grands fauves » : Danton, Victor Hugo et Churchill. Il leur accorde dans le livre un nombre de pages proportionnel à la durée de leur vie, tandis qu’il sonde leur rapport à la mort et les grandes lignes de leur existence.

Trois destins romancés et liés

L’auteur s’approprie complètement les destins de ces trois figures historiques, n’hésitant pas à les romancer. Ne cherchez pas ici la minutie et l’exactitude historique, ce n’est pas le but de l’auteur. Il s’intéresse plutôt aux concordances entre ces trois destins, les trois hommes ayant frôlé la mort de près dès leur plus jeune âge. Il lie les trois personnages, pointe les concordances dans leurs existences. C’est parfois un peu rapide ou légèrement caricatural, les caractères ayant été poussés à leurs extrêmes, mais cela vaut le détour.

Les personnages

La partie consacrée à Danton est la plus courte. L’auteur s’attache à montrer comment cet homme disgracieux a su conquérir les foules grâce au charisme de sa voix, comment il a acquis une forme de séduction. Vient ensuite Victor Hugo, présenté comme une allégorie d’ogre, qui a écrasé ses enfants de sa personnalité et de son égocentrisme, mais se rattrape sur ses vieux jours avec ses petits-enfants.

L’auteur termine avec Churchill, et c’est la partie qui m’a le plus intéressée. J’ai été touchée par ce géant persuadé que son père ne serait jamais fier de lui, et qu’il mourrait jeune. Cet homme qui ne se sent jamais aussi vivant qu’en pleine guerre, qui est rattrapé par la dépression dès qu’il n’a plus rien à faire et qui tente de la noyer dans l’alcool.

L’écriture

Le style d’Hugo Boris est agréable à suivre, simple mais évocateur. Il parvient à donner vie à ces trois personnages, et notamment à Danton que l’on a l’impression de voir évoluer sous nos yeux. J’ai lu quelque part qu’il avait préparé ce livre pendant plus de dix ans en lisant des livres d’Histoire, et cela se ressent. Il s’est approprié l’Histoire avant de la réécrire.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai passé un bon moment avec ce livre qui relie trois grands hommes, chacun dans leur genre. Les portraits sont assez rapides et les caractères exagérés, ne cherchez pas le détail et l’exactitude, mais plutôt les lignes de force qui ont sous-tendu leurs existences. Winston Churchill est celui qui m’a le plus touchée, cela me donne envie de peut-être découvrir ses mémoires.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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« 1792. Au couvent des Cordeliers, à la Convention, il tonitrue. On aime à l’écouter et l’on tremble lorsque son regard pénétrant balaie l’assemblée. Il bat l’estrade, parle debout, jamais assis. Si tantôt il susurre pour vérifier la qualité du silence, c’est pour mieux rugir aussitôt, faire crépiter les mots suivants, déployer cette énergie avec laquelle chaque auditeur vient puiser un élan. La voix est l’organe dont il est le plus fier, celui sur lequel il bâtit son œuvre impalpable. »

« C’est à ce jeune homme de vingt-quatre ans, ce correspondant du Morning Post, que le machiniste, le capitaine et les majors ont abandonné la conduite des opérations de sauvetage. A lui que tous les hommes obéissent, effrayés par son courage. Ce matin, quand le train filait sur ses rails et que tout allait bien, personne ne le remarquait. A présent, on ne voit que lui. Il est là, entier dans la bataille, ressuscitant le courage avec cet entêtement et ce grain de folie qui vont mal aux temps ordinaires mais si bien à ceux de danger. Dans le péril, il a suffi que ce jeune inconnu veuille avec fermeté pour que des hommes, simples soldats, officiers ou civils, aient envie de le suivre. »

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