mercredi 29 juillet 2015

Le noir est ma couleur, tome 3, d’Olivier Gay : La riposte

[Rageot, 2015]

*Attention, il s’agit du tome 3 d’une série, présence de spoilers sur les tomes précédents*

Me revoilà déjà avec le troisième tome de la saga d’Olivier Gay, « Le noir est ma couleur » ! Après les promesses du premier tome et la fin à suspense du tome 2, il m’était difficile d’attendre davantage pour connaître la suite. J’ai même regretté de ne pas avoir emmené les deux tomes pour le week-end, je les aurais volontiers enchaînés !

Résumé

Manon et Alexandre se trouvent une nouvelle fois séparés, cette fois à cause de Jordan et de son chantage : si Manon ne lui cède pas, il avertira ses parents qu’Alexandre est au courant de l’existence de la magie. Mais Alexandre ne va pas se laisser faire et persuade Manon de riposter. Seulement, la jeune fille ne contrôle pas ses pouvoirs de Mage noir, qui risquent bien de la dépasser…

Toujours aussi addictif

Une nouvelle fois, ce troisième tome embarque le lecteur dans une série de péripéties qui ne le laisseront pas indemne, tout comme les personnages. L’alternance de point de vue permet d’envisager différents aspects de l’action et créé du suspense. L’auteur nous laisse, une nouvelle fois, dans l’expectative en terminant son roman sur un suspense difficile à soutenir. J’essaie néanmoins de différer un peu ma lecture du tome 4, car le cinquième ne sort qu’en début d’année prochaine !

La magie au premier plan

Cette fois, l’intrigue se déroule en grande partie hors du lycée et la magie a la part belle, surtout la magie noire que Manon tente d’apprivoiser, non sans mal. Nous en apprenons davantage sur cette magie à part et son fonctionnement, même s’il reste mystérieux. Mais le contrôle de Manon est fragile, et la magie puissante. Elle ne pourra pas rester longtemps inaperçue, et nos amis vont au-devant de nouveaux ennuis.

Les personnages

Si j’avais mentionné quelques clichés concernant les personnages dans ma chronique du second tome, ils ont tendance à disparaître. Les caractères des personnages sont de plus en plus nuancés, rien n’est jamais noir ou blanc. Manon s’enfonce dans les ténèbres tout en restant une fille bien au fond d’elle-même, et son caractère s’affirme sans l’empêcher de douter. Mais combien de temps résistera-t-elle à l'obscurité qui la dévore ? Alexandre la protège et la soutient, quitte à sacrifier son propre intérêt, mais il n’a rien d’un enfant de chœur non plus. Sa principale qualité reste qu’il me fait rire. Quant à Jordan, il cache un lourd secret, mais je n’ai jamais adhéré à son personnage.

L’écriture

Quant au style, il est dans la lignée des tomes précédents, épousant l’alternance de point de vue, et plutôt vif. Rien à redire de ce côté-là pour ma part.

En quelques mots…

Ainsi, ce troisième tome reste addictif et riche en rebondissements, c’est décidément une bonne série fantastique. Les caractères des personnages sont de plus en plus nuancés, surtout celui de Manon qui baigne jusqu’au cou dans la magie noire. Cela va la changer profondément, nous verrons à quel point dans les prochains tomes, que j’ai déjà hâte de lire ! A découvrir à partir de 14 ans.

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Je crois que ce genre de débat a passionné les érudits du Moyen-Age. Les Ombres ont-elles une âme ? Enfin, c’est une question qui se posait également au sujet des femmes, à une époque. »

« A travers un voile de fatigue, je sentis la présence en moi gronder, menacer de prendre le contrôle. J’essayai de lutter, sans succès. J’avais trop présumé de mes forces et mes Ombres réclamaient vengeance. Des pensées de haine et de violence m’assaillaient avec une énergie renouvelée. La créature s’agitait, consciente que je ne pouvais plus l’arrêter. »


samedi 25 juillet 2015

Les quatre saisons de l’été, de Grégoire Delacourt : l’amour conjugué à tous les temps

[JC Lattès, 2015]

Si vous suivez un peu le blog, vous savez que j’ai lu chacun des romans de Grégoire Delacourt depuis qu’il a commencé à publier. J’avais bien aimé le premier, le doux-amer « Ecrivain de la famille », puis j’ai eu un coup de cœur pour « La liste de mes envies », avant d’être un peu déçue par « La première chose qu’on regarde ». Finalement, « On ne voyait que le bonheur » a su me toucher. Qu’en est-il de son cinquième roman, « Les quatre saisons de l’été » ?

Résumé

Ce roman propose quatre histoires qui s’entrecroisent le temps du 14 juillet 1999 sur les plages du Touquet, sur un air de Francis Cabrel. Quatre histoires où l’amour se conjugue à tous les âges : les balbutiements avec Louis et Victoire, l’absence d’amour avec Isabelle, le retour de flamme avec Monique, la tendresse des vieux jours avec Rose et Pierre. Les histoires d’amour doivent-elles toutes mal finir ?

Un agréable moment

J’ai passé un bon moment avec ce roman que, par coïncidence, j’ai justement lu en bonne partie un 14 juillet. J’étais donc dans l’ambiance, prête à suivre ces histoires d’amour sous un soleil brûlant. On retrouve la « touche Delacourt » avec ces décors du Nord de la France, cet amer qui se mêle toujours à la douceur. Mais aussi de la tendresse et de l’espoir.

Avec ce roman, l'amour est conjugué à tous les temps, tous les âges de la vie : les balbutiements, les désillusions, les retours de flamme, les vieux jours... J’ai particulièrement apprécié les deux dernières histoires, les plus belles et les plus abouties à mon goût. J’ai bien aimé que les histoires se croisent, même si j’ai trouvé que cela manquait un peu de naturel. Néanmoins j’ai passé un bon moment, et il m’a semblé que c’était un bon roman d’été, un roman d’amour à l’eau de mer qui pique un peu les yeux et le cœur.

Les personnages

En raison du format court des histoires, je n’ai pas eu le temps de m’attacher à chacun des personnages. J’ai néanmoins été touchée par Monique, la cinquantenaire qui refuse de renoncer à se sentir vivante et qui rêve de passion brûlante.  

L’écriture

Les qualités littéraires de Grégoire Delacourt ne sont plus à démontrer. J’apprécie sa manière d’écrire depuis le début. Ici, j’ai néanmoins trouvé le style un peu trop travaillé, un peu trop « réfléchi », j’ai la sensation qu’il a perdu un peu en naturel.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman de saison, un roman qui conjugue l’amour à tous les temps, pour le meilleur et pour le pire. Malgré un style qui manque un peu de naturel, et des personnages desquels je suis, pour la plupart, restée à distance, j’ai apprécié ma lecture, particulièrement les deux dernières histoires. Un bon moment à passer sur les plages du Touquet.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« J’attendais qu’elle grandisse, maman. J’attendais qu’elle puisse poser sa tête sur mon épaule. J’attendais que sa bouche tremble lorsque je m’approcherais d’elle. J’attendais ces parfums étourdissants qui diraient viens, tu peux me rejoindre maintenant, tu peux te perdre en moi, te brûler. J’attendais de pouvoir lui dire les mots dont on ne revient plus. Ces mots qui creusent le sillon d’une vie à deux. Une allégresse. Et parfois une tragédie. »


« -Je ne sais pas si je suis amoureuse de toi, Louis, même si je suis bien avec toi. L’amour, c’est quand on peut mourir pour quelqu’un. Quand on a les mains qui piquent, les yeux qui brûlent, quand on n’a plus faim. Et j’ai pas les mains qui piquent avec toi. »

samedi 18 juillet 2015

Delirium, tome 2, de Lauren Oliver : plus de rythme mais peu de profondeur


*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Ma lecture du premier tome de « Delirum » remonte à près de trois ans, et je ne ressentais pas particulièrement le besoin de lire la suite, même si j’avais beaucoup apprécié ce premier tome. Le challenge ABC m’aura permis d’avancer un peu dans cette trilogie de Lauren Oliver, et de vous présenter aujourd’hui le second tome.

Résumé

Lena est désormais seule dans la Nature. Alex est resté à Portland, arrêté par les Régulateurs, probablement mort. Malgré la douleur, Lena va devoir puiser dans ses dernières forces pour avancer et se reconstruire, au sein d’un camp d’Invalides. Tandis que la Résistance progresse, les autorités traquent les Invalides avec plus de zèle, et la Nature est plus dangereuse que jamais. Endurcie, Lena va être envoyée en mission d’infiltration à New-York et rencontrer Julian, un fervent défenseur de la Procédure…

Une narration plus rythmée

Grâce à une narration alternant la vie de Lena dans la Nature et ses activités de résistante à New-York, ce second tome évite les longueurs du précédent, il m’a semblé plus rythmé. Au final, je dirais même qu’il est trop rapide, les événements s’enchaînent et l’on reste en surface. En quittant la ville, on perd l’aspect dystopie, l’oppression par les autorités devient plus lointaine. On apprend à connaître la Nature, où la vie est dure, on manque de médicaments, on meurt de froid et de faim.

Un manque d’émotions et de profondeur

Malgré cela, j’ai un goût de trop peu, le sentiment que ce tome aurait pu être un peu plus profond. On perd également ces réflexions sur l’amour que j’avais trouvé très belles et très justes dans le premier tome. Ainsi, il y a davantage d’action, mais moins d’émotions et peu de profondeur. La fin laisse néanmoins présager un troisième tome plus complexe et plus intense.

Les personnages

Dans ce tome, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. Lena ne sait plus qui elle est, elle s’est endurcie, et le lecteur ne reconnaît plus la jeune fille passionnée du premier tome. Elle est tenue par la haine, qui lui permet de mettre à distance la douleur d’avoir perdu Alex, mais qui nous la rend un peu moins sympathique. Quant à Julian, c’est un gentil garçon, mais son personnage mériterait d’être davantage creusé. Enfin, j’ai eu du mal avec la dureté impitoyable de Raven, même si elle montre un autre visage à la fin du roman.

L’écriture

Quant au style, il reste agréable, fluide et sans obstacle, sans familiarité non plus, plutôt honnête pour un roman destiné aux adolescents.

En quelques mots…

Ainsi, ce second tome est plus rythmé, mais il m’a un peu déçue du point de vue des émotions et de la richesse de l’intrigue et de l’univers : il manque de profondeur et on a du mal à s’attacher aux personnages. La fin donne néanmoins envie de découvrir le troisième tome et de connaître le fin mot de l’histoire. Pour les adolescentes qui aiment les romances, à partir de 14/15 ans.

Note : 3/5
Stellabloggeuse
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« Je ne renais pas en une seule fois. Pas après pas. Puis centimètre par centimètre. Mes organes tombent en cendres, le goût de la fumée tapisse ma bouche. Ongle après ongle, comme un verre de terre anneau après anneau. Ainsi vient-elle au monde, la nouvelle Lena. »

« La haine est ainsi. Elle vous nourrit tout en vous corrompant. C’est un sentiment dur, profond et anguleux, qui fait blocus sur le reste. Un sentiment total qui s’empare de votre être entier. La haine est une tour vertigineuse. Dans la Nature, je bâtis progressivement la mienne et entame son ascension. »

« Un jour, la Nature sera entièrement rasée, il ne restera plus qu’un paysage de béton, une terre de jolies maisons, de pelouses bien entretenues, de parcs et de forêts domestiquées. Le monde tournera alors avec la régularité d’une horloge parfaitement remontée : un monde de rouages métalliques, d’aiguilles humaines tictaquant jusqu’à leur mort. »
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Ce roman appartient au challenge :



Challenge ABC 2015 : 21/26

mardi 14 juillet 2015

Le noir est ma couleur, tome 2, d’Olivier Gay : La menace

[Rageot, 2014]

*Attention, il s’agit du second tome d’une série, présence de spoilers sur le tome précédent*

Il y a quelques semaines, je passais un bon moment avec le premier tome prometteur d’une série fantastique pour ados : « Le noir est ma couleur », d’Olivier Gay. J’avais apprécié l’originalité de la magie et le duo de personnages. Me revoilà donc pour vous présenter le second, encore meilleur à mes yeux.

Résumé

Depuis que la mémoire d’Alexandre a été effacé, Manon doit gérer seule ses nouveaux pouvoirs de Mage noir, qu’elle s’efforce de dissimuler à sa famille. Mais elle se sent au bord du gouffre, prête à sombrer, elle n’a jamais eu autant besoin du soutien d’Alexandre. Combien de temps tiendra-t-elle avant de revenir vers lui ? A moins que l’arrivée en ville de Jordan, un autre jeune mage, ne vienne tout bouleverser…

Un tome addictif

J’ai trouvé ce second tome très addictif, plus encore que le premier. Il n’y a pas tellement d’action dans l’absolu, mais l’alternance entre les points de vue des deux personnages, et entre magie et romance, donne un rythme vif à l’ensemble. Il faut être clair, cette série n’est pas exempte de clichés : la première de la classe alliée au cancre, le dur au cœur tendre. Mais une fois qu’on a admis cet état de fait, la vérité est que l’histoire est bien menée et prenante, et que l’on passe un excellent moment. Sans oublier cette fin terrible qui donne envie de se jeter sur le troisième tome !

Une intrigue riche

Ce tome tourne principalement autour des nouveaux pouvoirs de Manon, des pouvoirs gorgés d’obscurité qui l’effraient, mais qu’elle doit apprendre à maîtriser. Elle doit en même temps gérer sa relation avec Alexandre qui se complexifie, et l’arrivée de Jordan qui la drague ouvertement, tout en protégeant Alexandre qui se devient invariablement la cible de ses ennemis et en cachant ses activités à sa famille. Autant dire que le lecteur ne s’ennuie pas, et que la magie développée est toujours aussi intéressante.

Les personnages

Manon connaît une véritable évolution dans ce tome. Ses pouvoirs de Mage noir l’effraient mais ils la rendent aussi plus forte, elle doit s’endurcir pour les affronter, avec l’aide d’Alexandre. Elle devient plus téméraire, même si elle reste délicieusement cérébrale. Quant à Alexandre, il est un peu perdu, mais il reste inexplicablement attiré par Manon, malgré tous ses efforts, et son image de garçon nonchalant se craquelle de plus en plus. Et la lectrice midinette, forcément, craque à son tour. A mes yeux en tout cas, sa principale qualité est de me faire beaucoup rire. Le tandem fonctionne en tout cas à merveille.

Quant à Jordan, il ne me plaît décidément pas, je n’ai pas cru une seconde à son personnage de romantique… Idem pour Eloïse qui a tendance à m’agacer dans le rôle de la meilleure amie naïve qui ne comprend rien à rien.

L’écriture

Quant au style, il est fidèle au premier tome. Le ton est assez direct, surtout dans les passages racontés par Alexandre qui semblent toujours aussi spontanés. Les passages de Manon restent plus littéraires, et l’écriture reflète bien ses hésitations.

En quelques mots…

Ainsi, ce second tome est très addictif et propose un habile mélange entre une magie intéressante et un quotidien lycéen avec ses rivalités et ses romances. Le tandem Manon/Alexandre fonctionne de mieux en mieux, au fur et à mesure que les nouveaux pouvoirs de la jeune fille la font évoluer. Une bonne lecture détente pour des ados à partir de 14 ans !

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« -Dans ce cas, un verre, ce soir ?
Qu’est-ce qu’ils avaient tous avec leurs verres ? Cela dit, voilà qui m’engageait moins. Je me réjouissais d’avance de discuter avec quelqu’un d’éduqué, de cultivé, qui ne ricanerait pas quand je prononcerais un mot recherché. Sans parler de la liberté d’évoquer mes pouvoirs avec quelqu’un qui me comprendrait. Sans parler de ses petites lunettes et de sa manière de s’habiller comme un dandy d’une autre époque. Sans parler de son regard émeraude. Sans parler de cette fleur dans mes mains. »

« -Cette Manon, tu l’aimes ?
La question est tellement stupide que j’éclate de rire. Quoi ? Manon ? Avec sa queue de cheval et son look ringard et la manière dont elle penche la tête de côté et le vert de ses yeux et l’ironie dans ses pupilles et l’originalité de sa magie et sa candeur touchante et la manière qu’elle a de ne pas savoir mentir et…

Mon rire s’arrête net. »
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Pour vous donner envie : le booktrailer "Le noir est ma couleur" :


samedi 11 juillet 2015

Tant que nous sommes vivants, d’Anne-Laure Bondoux : un conte moderne


Cela fait longtemps que j’entends parler d’Anne-Laure Bondoux, mais je l’ai véritablement découverte cette année avec « Et je danse, aussi », écrit à quatre mains avec Jean-Claude Mourlevat, et désormais avec son dernier roman en solo « Tant que nous sommes vivants ».

Résumé

Dans une petite ville, dans un monde menacé par la guerre, Bo et Hama travaillent tous les deux dans une usine d’armement, elle le jour, lui la nuit. Chaque matin, ils se croisent, et c’est bien assez pour tomber amoureux. Mais un accident se produit, et ni Hama ni leur amour n’en sortiront indemnes. Poussés à fuir, ils partent en quête d’un petit coin de paradis. Mais peut-on réellement échapper à son passé ?

De magnifiques contradictions

J’ai beaucoup apprécié ce conte moderne, qui met en avant les magnifiques contradictions inhérentes à l’amour et à la vie : le passé et le présent, l’ombre et la lumière, le possible et l’impossible… C’est une belle allégorie de l’être humain, qui alerte le lecteur sur la nécessité de connaître ses racines pour aller de l’avant et se construire, et qui met en garde contre l’immobilisme et la résignation. Il y a également, je crois, un message sur le handicap et l’énergie nécessaire pour le surmonter, pour se réinventer.

Hors du temps

L’univers créé par Anne-Laure Bondoux est étrange et original, même s’il ne diffère pas tant que cela de notre monde actuel. La ville est un peu plus triste, la nature un peu plus dangereuse, et les paradis presque perdus. C'est un théâtre d'ombres, où la lumière ne va pas sans l'obscurité. La magie est présente, de manière quasi imperceptible. Mon seul bémol, c’est que je suis restée extérieure à cet univers, je n’ai jamais eu la sensation d’en faire partie comme cela peut parfois arriver. Il offre néanmoins au lecteur un beau moment hors du temps.

Les personnages

J’ai eu un peu de mal à cerner et à apprécier pleinement les personnages. Bo a fui son enfance, mais elle continue à le hanter. Il dévie de sa destinée de forgeron, par amour, et s’en trouve diminué en tant qu’homme. Quant à Hama, c’est physiquement qu’elle est atteinte, et persuadée de devoir perdre des parts d’elle-même pour avancer. Leur fille, Tsell, n’a que vaguement conscience de cet héritage qui pèse sur ses épaules. Elle est confiante et ouverte aux autres et à l’amour.

L’écriture

J’ai une nouvelle fois été charmée par la plume d’Anne-Laure Bondoux, envoûtante  et délicate. Dès les premières lignes, la magie est là et cette ambiance particulière s’installe. Elle vous emmène avec elle, telle une conteuse. Elle a ce don, trop rare à mon goût, de dire de très belles et justes choses en toute simplicité.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai apprécié ce roman qui est un conte moderne réussi autour des contradictions inhérentes à l’existence et à l’amour. La plume, envoûtante et délicate, a su me charmer. Mon seul regret est d’être restée un tout petit peu en dehors, n’ayant pas ressenti d’empathie véritablement pour les personnages, et ne m’étant pas véritablement projetée dans cet univers original. Pour les rêveurs à partir de 13/14 ans.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« -Nous aussi, on va tomber, reprit-il. On aura des bosses et des bleus. Mais on trouvera le bon équilibre. Je crois qu’on peut aimer sans les mains, Hama. »


« Depuis l’explosion, nous avions repris nos attitude craintives : aux grandes joies de l’existence, qui s’accompagnaient aussi de grandes peines, nos esprits paresseux préféraient le confort médiocre d’une vie sans risque. Or, l’amour de Bo et Hama nous semblait plus dangereux que les explosifs stockés dans les hangars de l’Usine ».

mercredi 8 juillet 2015

Eben ou les yeux de la nuit, d’Elise Fontenaille : un petit roman passionnant sur un fait historique

[Rouergue, 2015]

Me voilà aujourd’hui avec un très court roman, d’une soixantaine de pages, écrit par la prolifique Elise Fontenaille et chaudement recommandé par plusieurs de mes collègues bibliothécaires.

Résumé

Eben vit dans la Namibie d’aujourd’hui, un pays immense et désertique. Il a la peau sombre, comme tous les Hereros, le peuple dont il est issu. Mais il a aussi des yeux bleus, dont il a appris qu’ils lui viennent des allemands et du génocide perpétré dans son pays par le IIe Reich, au tout début du XXe siècle. Entre colère et désir d’agir, il nous raconte cette triste histoire.

Un génocide méconnu

Bien que le roman soit très court, il est véritablement intéressant et bien documenté, on apprend beaucoup de choses sur ce pan d’Histoire de la Namibie en peu de temps, livré avec clarté, au travers de la vision d’un adolescent. Les Hereros, jadis l’ethnie la plus représentée dans le pays, ont été décimés, tout comme les Namas. Ce génocide a longtemps été occulté, le travail de mémoire a commencé dans les années 1990, et c’est principalement en 2004, année du centenaire, que le sujet a émergé dans la lumière. Le roman est passionnant tout en faisant froid dans le dos, quand on découvre que c’est dans ce pays que l’idéologie nazie a pris racine.

La Namibie d’aujourd’hui, héritage et colère

Le roman nous donne également à connaître un peu la Namibie d’aujourd’hui, avec ses déserts impitoyables et magnifiques. Un pays où les allemands sont toujours présents en nombres, possèdent la majorité des richesses et occupent les emplois prestigieux, même si les Namibiens gouvernent désormais eux-mêmes. Il nous présente un adolescent d’aujourd’hui, confronté à l’Histoire de son peuple, un fardeau lourd à porter.

Les personnages

Eben est un adolescent hanté par le passé de son peuple et de sa famille, honteux de ses origines. Il est en colère, nombre des participants au génocide n’ont jamais été inquiétés et sont morts péniblement, certains se tenant aux côtés d’Hitler dans son extermination des juifs. Alors, il va ressentir le besoin d’agir. Son oncle Isaac insiste lourdement sur la nécessité de connaître l’Histoire, pour savoir d’où l’on vient et où l’on va, et je ne peux que lui donner raison.

L’écriture

Je n’ai rien relevé de particulier concernant le style d’écriture, la lecture est fluide et les explications claires, on n’en demande pas davantage à ce type de roman.

En quelques mots…

Ainsi, Elise Fontenaille propose aux adolescents (à partir de 14 ans) un petit roman très intéressant et bien documenté sur un sujet historique peu connu. Pour ma part il m’a donné très envie de lire son « Blue book », un essai sur le même sujet destiné aux adultes, pour aller plus loin.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Sans l’Histoire, tu ne comprends rien du monde où tu vis, me dit Isaac, c’est comme de marcher en pleine rue les yeux bandés : tu te cognes partout, tu ne sais pas où tu vas, ni d’où tu viens – et tu finis par te faire écraser par un camion. »


« Ils mesuraient nos crânes, ils les prenaient en photo, qu’ils classaient dans de grands cahiers couverts de notes et de dessins, et ils les envoyaient à Berlin, aux universités, pour que d’autres savants là-bas les mesurent à leur tour, afin que chacun sache à quel point le Noir était inférieur au Blanc – à cause de deux millimètres de différence entre l’orbite et l’os frontal. Enfin, tout ça, c’étaient des prétextes, comme dit Isaac : ils voulaient nos richesses et nos terres, il leur suffisait de démontrer qu’on était une race inférieure, et le tour était joué… Pour eux, l’Afrique n’était peuplée que par des animaux, certains marchants sur deux pattes. Ils avaient oublié qu’on lisait la Bible et qu’on jouait parfois du piano, ou aux échecs. »

dimanche 5 juillet 2015

E-Den, tome 3, d’Elodie Tirel : Les mutants


*Attention, il s’agit du troisième tome d’une série, présence de spoilers sur les tomes précédents*

Il y a huit mois, je faisais la connaissance d’E-Den, Siméon et Snoop sous la plume d’Elodie Tirel. Si j’avais beaucoup aimé le premier tome, le second m’a semblé tout aussi bon. Poussée par la curiosité et par mon attachement à ses personnages, me voilà déjà à la fin de leurs aventures pour vous parler du troisième et dernier tome de la série.

Résumé

Toujours sur les traces de James, E-Den, Nathan, Siméon et Will, sans oublier Snoop, ont échappé aux pièges terribles de Bishop et de l’hôpital psychiatrique. Ils ne sont pourtant pas au bout de leurs peines pour arriver jusqu’à Klamath, qui ne marquera pas la fin de leur voyage, puisqu’à la fin du tome précédent, James se faisait enlever. La course poursuite continue donc vers le Nord, émaillée de mutants de plus en plus nombreux et puissants, de paysages de désolation et de petits paradis préservés. Leur quête les emmènera jusqu’à Seattle, où ils espèrent trouver enfin la paix et le bonheur. Mais à quel prix ?

Un roman d’aventure et de science-fiction

Ce tome trois est une fois de plus un petit bijou d’aventures et de belles trouvailles. Le lecteur est baladé de rebondissement en rebondissement, jusqu’à la fin, sans les voir venir. C’est à la fois un roman de science-fiction, un roman d’aventures, avec un petit côté épouvante représenté par les mutants. Je ne suis pas particulièrement friande de zombies, au contraire, mais je dois dire que, prise dans l’histoire comme je l’étais, ceux-ci m’ont à peine fait cillé.

Un tome riche

En ce qui concerne l’intrigue, ce tome est très complet. Il explore et resserre les liens entre les personnages, et en inclut de nouveaux qui sont excellents. Il nous emmène dans un véritable road trip vers le Nord des Etats-Unis, entre Sacramento et Seattle. Il nous livre également une explication convaincante sur la catastrophe qui a précédé ce chaos, avec un message sur le nucléaire auquel je suis sensible. J’ai particulièrement apprécié le passage à Seattle, et son parallèle évident avec certains événements historiques. Je l’aurais d’ailleurs voulu un peu plus long, tout comme la fin qui est rapide à mon goût et nous laisse peu de temps pour dire au revoir aux personnages. Mais ce sera mon seul bémol.

Les personnages

Les personnages, extrêmement attachants, sont l’un des points fort du roman. E-Den est une jeune fille courageuse et déterminée, mais aussi fragile et sensible, en proie au doute, se remettant sans cesse en question. Elle a aussi un sacré caractère et part parfois au quart de tour. Siméon est un peu moins présent, mais les liens entre eux deux sont plus forts que jamais. Nathan et Will ont su se faire une place dans le groupe, dont Snoop est plus que jamais l’irrésistible mascotte. J’ai vibré avec ces personnages, et les quitter a été un déchirement, qui ne s’est pas fait sans une larme au coin de l’œil…

Nous découvrons enfin de nouveaux personnages : Oka, le fils adoptif de James, James lui-même, le complexe Jack. Je retiendrai surtout les personnages de Seattle, Spicy et Azura, cette dernière étant une petite fille pourrie gâtée qui a pourtant gardé son grand cœur d’enfant. J’aurais aimé passé un peu plus de temps avec eux.

L’écriture

Quant au style d’Elodie Tirel, il reste agréable et adapté à son histoire, tantôt efficace et précis pour faire avancer l’action, plus littéraire pour décrire l’univers dans lequel évolue les personnages, spontané dans les dialogues. Humour, frisson et émotion sont au rendez-vous.

En quelques mots…

J’ai été un peu longue dans ce billet, mais j’aimerais que vous en reteniez qu’E-Den est un merveilleux roman d’aventure et de science-fiction, avec des personnages extrêmement attachants que l’on quitte la larme à l’œil. Ce dernier tome nous fait passer par toutes les émotions, de la déception, la peur, à la joie extrême et au soulagement intense. On est à la fois très heureux de l’avoir lu, et triste de l’avoir terminé. Une série coup de cœur à découvrir à partir de 14 ans, pour les âmes pas trop sensibles (tout de même un peu de sang et de zombies).

Note : 5/5 (Coup de cœur)
Stellabloggeuse
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« La nuit était sombre et glaciale. Une brume lascive s’enroulait nonchalamment au pied des sapins et, sous leur épaisse frondaison, les rais de lune peinaient à percer les ténèbres. E-Den courait entre les arbres, guidée par son instinct. Dans l’air opaque, son souffle s’échappait de sa bouche en volutes blanchâtres. Tous ses muscles la brûlaient. La douleur dans sa poitrine menaçait de la faire s’écrouler, mais son regard ancré à la silhouette fugace qui fuyait devant elle la poussait à poursuivre sa course effrénée. Cet homme, là, qui courait devant elle, qui l’entraînait loin de chez elle, loin de ses amis, c’était James, elle en était certaine. »


« E-Den, c’était tout ça à la fois. Une jeune fille fascinante, complexe et pleine de contradictions, à la fois forte et hypersensible, déterminée et souvent en proie au doute. Elle était aussi volontaire, impatiente, courageuse, altruiste, curieuse et têtue. Mais, vu les gênes explosifs de Kate et ceux, plus tempéré, de James, ce mélange détonnant n’avait rien de surprenant. »

mercredi 1 juillet 2015

En juin 2015...

En juin j'ai repris un rythme de croisière concernant mes lectures, qui ont su me ravir puisque 6 titres ont atteint la note de 4/5 !

Ce mois-ci, j’ai donc lu et/ou chroniqué :

Bien mais sans plus :


Léon l'extraterrestre, de Chris Stygryt et Pau Valls (3/5, BD non chroniquée) : Une histoire d'amitié qui n'est pas sans rappeler E.T., avec de belles trouvailles
Haïda, l'immortelle baleine, de Séverine Gauthier et Yann Dégruel (3/5, BD non chroniquée) : La belle histoire d'une baleine qui porte une île et des populations sur son dos, mais qui souffre au plus profond d'elle-même...
Et plus encore, de Patrick Ness (3/5)
Invisibilité, d'Andrea Cremer et David Levithan (3/5)

J'ai vraiment aimé :

Terre-Dragon, tome 2, d'Erik L'Homme : Le Chant du Fleuve
Enola et les animaux extraordinaires, tome 1, de Joris Chamblain et Lucile Thibaudier (3,5/5, BD non chroniquée) : De très beaux dessins pastels et une histoire mignonne, peut-être un peu courte mais pleine d'imagination, qui ravira les plus jeunes (7-12 ans)

    Ils m'ont "embarquée" :

Perdue et retrouvée, de Cat Clarke (4/5)
La symphonie des abysses, livre 2, de Carina Rozenfeld (4/5)Et je danse, aussi, d'Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat (4/5)
L'Homme montagne de Séverine Gauthier et Amélie Fléchais (4,5/5, BD non chroniquée) : Un petit coup de coeur pour cette BD, une belle aventure humaine, un très joli conte autour de la vieillesse et de la mort.
Night School, tome 5, de CJ Daugherty : Fin de partie (4,5/5)

Coup de coeur :

Soeurs sorcières, tome 3, de Jessica Spotswood (5/5)





8 romans et 4 bandes-dessinées, donc, et tous ont été une belle lecture à leur façon, même si je retiendrai plus particulièrement les derniers tomes de Night School et Soeurs sorcières

 Les chouchous du mois :
   

    Les articles les plus consultés par les visiteurs :

Night School, tome 5, de CJ Daugherty : Fin de partie (46 vues)
La 5e vague, de Rick Yancey : La mer infinie (40 vues)
La symphonie des abysses, tome 2, de Carina Rozenfeld (37 vues)

  Le mois prochain je souhaite lire : 

-Rose morte, tome 1, de Céline Landressie
-Les piliers de la Terre, de Ken Follett (déjà lu la moitié)
-Delirium, tome 2, de Lauren Oliver

  En ce moment je lis :


Du nouveau dans ma bibliothèque :

-Night School, tome 5, de CJ Daugherty : Fin de partie
-Invisibilité, d'Andrea Cremer et David Levithan (service de presse)
-E-Den, tome 3, d'Elodie Tirel : Les mutants




   Les visites du mois :

940 pages vues (blogger ne permet pas de dénombrer les visiteurs uniques). 


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