vendredi 30 septembre 2011

Girls’ Stories, par Catherine Ganz-Muller : nos (belles) histoire de filles


Me voici aujourd’hui avec « Girls’ stories » de Catherine Ganz-Muller !

Côté pitch, c’est un joli petit concept auquel nous avons affaire : cet ouvrage rassemble trois romans qui évoquent tous le thème du premier amour. Ces histoires mettent chacune en scène une collégienne confrontée à l’amour, dans sa vie quotidienne ou durant les vacances d’été. Chaque roman a pour titre le prénom de son héroïne. En voilà un rapide résumé.

Marine : Alors qu’elle bute sur ses exercices de mathématiques, cette jeune collégienne est appelée à la rescousse par son grand frère : il manque une maquilleuse dans sa troupe de théâtre. Marine va donc rencontrer les amis de son frère…
Julie : A son grand désespoir, Julie doit passer les vacances d’été chez sa grand-mère. Et y retrouve un ami d’enfance, mais fait également une rencontre inattendue dans une boutique.
Maud : En vacances chez ses grands-parents, cette collégienne doit repousser les avances de l’insupportable Romain. Elle rencontre alors Oscar, un séduisant martiniquais.

En ce qui concerne mon avis, commençons par les apparences. Ce livre est un bel objet, très « fille », avec une couverture rose bonbon qui en met plein la vue et la page de titre remplie de jolis dessins. J’ai même reçu le marque-page assorti, autant vous dire que j’étais super contente, une vraie collégienne. J’étais donc dans de bonnes dispositions pour rencontrer les héroïnes de ces romans…

A l’intérieur, il y a tout ce qu’il faut pour vous faire passer un bon moment : des petites jeunes filles attachantes, des grands-parents affectueux, des garçons bien (mais pas que…) et du soleil. J’ai aimé ces petites histoires, et leur montée en puissance. Si « Marine » s’apparente plutôt à une nouvelle, « Maud » est une histoire assez fouillée, abordant notamment les difficultés familiales et le racisme ordinaire.

Bien sûr, ces histoires ont un petit côté « couru d’avance », on connaît le dénouement dès les premières pages. Ces jeunes filles sont également de sales veinardes : chacune d’entre elles a plusieurs prétendants qui n’hésitent pas à se déclarer, elles n’ont pratiquement plus qu’à choisir ! Or dans la « vraie vie », nous savons bien que ce n’est pas aussi simple…

Néanmoins, j’ai passé quelques petites heures agréables en compagnie de ces adolescentes, et ces romans ont selon moi tout ce qu’il faut pour faire rêver les jeunes filles et leur donner confiance en elles et en l’amour. Que demander de plus ?

C’est donc un livre à offrir à vos petites sœurs, cousines, filles… et à leur piquer sans honte pour un petit retour en arrière !

Note : 3/5 
Stellabloggeuse

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« Etait-elle amoureuse ? Déjà ? […] Est-ce que l’amour ressemblait à son envie de passer du temps avec lui, de le connaître, de partager des rires et des découvertes ? Tout ce qu’elle ressentait avec certitude, c’est qu’elle voulait le revoir, très vite. »

lundi 26 septembre 2011

Comment se débarrasser d’un vampire amoureux, de Beth Fantaskey

[Le Masque, octobre 2009]

Me voici avec une chronique pour ma première Lecture Commune sur Livraddict ! Le principe d’une telle lecture est de découvrir le même livre au même moment pour un certain nombre de bloggueurs, puis d’échanger nos avis.

Je me suis donc lancée avec « Comment se débarrasser d’un vampire amoureux » de Beth Fantaskey. J’ai été attirée par cette histoire de vampire qui semblait différente des autres. Je n’ai pas été déçue.

Mais tout d’abord, un petit résumé : Jessica est une adolescente américaine ordinaire, qui aborde son année de terminale en rêvant d’amour et de changement. Elle va être servie ! Car Lucius Vladescu débarque chez elle, bien décidé à l’épouser. Selon lui, Jessica est un vampire, tout comme lui, et ils sont fiancés depuis leur naissance. Jessica, très rationnelle et passionée de sciences, refuse d’en croire un seul mot et fait tout son possible pour le repousser…jusqu’à un certain point.

La première chose que l’on peut dire, c’est que le titre ne correspond pas au roman (à la limite à la première partie, mais c’est tout). Jessica ne veut pas se débarrasser de Lucius…et nous non plus ! Car c’est un personnage réellement jouissif, plein d’humour (les lettres qu’il envoie à son oncle Vasile en Roumanie font partie des meilleurs moments du livre), mais aussi complexe et torturé par certains côté (mais je vous rassure, rien à voir avec Edward Cullen !). Et puis, on se laisse facilement séduire : il s’exprime bien, et ses manières de gentleman font parfois rêver… Ce jeune homme n’a pas non plus son pareil pour faire des compliments, petit exemple :

 « Tu es l’incarnation d’un nocturne de Chopin. Une harmonie à la fois douce et entraînante que l’on apprécie la nuit… »

Vous y résisteriez vous ? Bon, je m’arrête là avec Lucius mais il m’a plu, vous l’aurez compris. Jessica est un peu moins intéressante (c’est subjectif ça ?) mais néanmoins sympathique. Un peu trop versatile à mon goût : elle se montre rationnelle à l’extrême durant toute la première partie du livre, avant de basculer complètement dans son rôle de vampire. Cependant, j’ai beaucoup aimé l’évolution de ce personnage, la manière dont elle prend confiance en elle. C’est une bonne leçon sur la manière dont nous pouvons trouver en nous une force de caractère dont nous n’avions même pas conscience.

Mais revenons-en à l’histoire. Je l’ai trouvée assez inégale : très intéressante et jouissive au départ, puis j’ai eu la sensation d’un essouflement. Puis finalement, dans le dernier tiers du livre, plus sombre, l’intérêt revient et je n’ai plus pu le lâcher avant de l’avoir terminé (et terminer un livre à 3 heures du matin, cela m’arrive rarement). J’ai même versé quelques larmes (mais je suis une pauvre petit chose sensible donc ça ne compte pas). Je reste donc sur une impression positive, et je suis heureuse qu’un second tome soit en prévision.

Comme je l’ai évoqué à propos de Lucius, j’ai bien aimé l’humour de ce roman, notamment les parents de Jessica qui sont une délicieuse caricature de végétaliens extrémistes. Les dialogues entre Lucius et Jessica sont également très agréable à suivre, j’ai aimé leur opposition de caractère. Enfin, la narration est intéressante : nous suivons Jessica, mais nous connaissons le point de vue de Lucius par le biais des lettres qu’il écrit.

Pour moi, Beth Fantaskey a revisité le mythe du vampire de façon satisfaisante, et a réussi à écrire un roman prenant qui échappe à la niaiserie et à la banalité.

Je vous invite maintenant à découvrir les avis des autres participants de cette Lecture Commune : AnanasPrilineCandyshyClnFrankieGr3nouille2010JuliahLiyahLIZILouveMiaMycoton32,MypianocantaNanapommeNiThOuxxPetitepomPierre de jadeTachasTsukiEthernya.

A vous de le découvrir !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

« Imagine le choc que j’ai eu en découvrant ma future épouse – ma princesse – enfoncée jusqu’aux genoux dans les déjections animales et vociférant contre moi à l’autre bout de l’étable, essayant de me planter un outil agricole dans le pied, tel un palefrenier fou. » 

jeudi 22 septembre 2011

La Quête d’Ewilan, t1, de Pierre Bottero : D’un monde à l’autre

[Rageot, 2003]

En cette rentrée, j’ai pris le temps de découvrir l’un des grands auteurs de fantasy jeunesse, le regretté Pierre Bottero. Il aura suffi de quelques semaines sur les forums de lecture pour me convaincre que je me devais de découvrir son œuvre. Sur les conseils avisés de plusieurs bloggueuses, j’ai donc décidé de commencer par « La Quête d’Ewilan » et son premier tome intitulé « D’un monde à l’autre ».

Dans ce roman, l’auteur met en scène Camille, une jeune surdouée de treize ans. Orpheline, elle a été adoptée par un couple qui ne lui dispense aucune tendresse. Un beau jour, elle réalise sans le vouloir un « grand pas sur le côté » et bascule dans un autre monde. Elle se trouve alors nez à nez avec un grand lézard répugnant et un chevalier un peu maladroit. De retour dans son monde, elle partage son expérience avec son meilleur ami, Salim. Ensemble, ils basculent de nouveau dans l’autre monde. Il s’avère que Camille, que les habitants de l’autre monde nomment Ewilan, est une parfaite dessinatrice : elle peut rendre réel ce qu’elle dessine dans son esprit. Les deux amis se retrouvent alors entraînés dans une grande aventure.

Ce roman est clairement destiné à la jeunesse, il est simple (mais pas simpliste) et clair, compréhensible par des enfants d’une dizaine d’années. Mais un adulte peut tout à fait y trouver son compte. L’univers fantasy créé par Pierre Bottero tient la route : il reprend certains grands ingrédients du genre mais apporte aussi sa touche d’originalité.

Les personnages sont également intéressants. Camille / Ewilan a très mauvais caractère, mais sa vivacité d’esprit la rend sympathique, ainsi que sa belle amitié avec Salim. Les dialogues entre les deux amis sont souvent drôles, et parfois touchant. J’ai particulièrement aimé le personnage de Salim, son humour et son dévouement à Ewilan :

« Et voilà ! s’exclama-t-il, elle recommence. Tu veux que je te l’écrive en alexandrins sur un papier de notaire ? Si tu pars, je pars. Où tu vas, je vais, même au fond du fleuve. Alors arrête de dire des bêtises. »

En route vers la capitale de l’empire Gwendalavir, ils côtoient des soldats et des chevaliers, défient des araignées géantes et des lézards, mangent du Siffleur, rencontrent une Marchombre. Le lecteur s’évade ainsi dans un monde imaginaire, idéal pour un moment de dépaysement. L’aventure se met peu à peu en place : elle n’est pas encore très palpitante, mais prend de l’intérêt au fur et à mesure de ce tome. Le roman gagne en intensité et la fin du livre est très prometeuse quant à la qualité du second tome, que j’ai déjà hâte de lire !

Quant à vous, il n’y a pas de quoi hésiter : ça se lit vite, ce n’est pas cher (ou c’est présent dans toute les bibliothèques) et vous ferez un beau voyage au pays de l’Imagination…

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse

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« Couverts de boue, les pillards se relevèrent péniblement et s’éloignèrent tant bien que mal. Les spectateurs ne leur accordèrent pas un regard. Leurs yeux étaient tournés vers Camille. Elle était toujours debout dans le chariot, les bras levés vers le ciel. Les premiers rayons du soleil se prirent dans ses cheveux qui se nimbèrent d’or. Elle éclata d’un rire sauvage et émerveillé. Son héritage retrouvé comblait en elle un gouffre invisible. De nouveau entière, elle rayonnait de joie. »

mercredi 14 septembre 2011

De l’eau pour les éléphants, de Sara Grüen : le monde impitoyable du cirque pendant la Grande Dépression

[Albin Michel, 2007]

C’est par une suite de hasards que j’ai découvert ce roman, car le monde du cirque ne m’aurait pas attirée de prime abord. J’ai tout d’abord entendu parler du film, qui a attiré mon attention, puis j’ai découvert grâce aux bloggueuses de Livraddict qu’il s’agissait d’une adaptation du premier roman de Sara Gruën. Aussi, sur les avis positifs de certaines d’entre elles, je me suis lancée.

Je n’ai pas été déçue, car ce roman est plein de bonnes choses. Mais commençons par un petit résumé. L’histoire commence avec Jacob Jankowsky, un vieux monsieur de 90 ans (ou 93, il ne sait plus très bien). Autrefois, il a travaillé dans un cirque. Or, un chapiteau s’installe justement à côté de sa maison de retraite. Alors, Jacob replonge dans ses souvenirs, et nous avec lui. A 23 ans, alors qu’il a quasiment terminé ses études de vétérinaire, il perd brutalement ses parents. Il plaque tout et saute dans un train. Mais il n’avait pas prévu d’atterir dans le train du cirque des Frères Benzini, avec lequel il fait un bout de chemin. Le maître écuyer du cirque, August, ainsi que sa sublime épouse Marlène le prennent sous leur aile. La vie du cirque est bouleversée par l'achat d'une éléphante nommée Rosie.

J’ai beaucoup aimé ce roman, en particulier pour sa narration, entrecoupée par la vie quotidienne de Jacob à la maison de retraite. Ces passages-là sont très touchants, car le personnage est lucide sur sa condition. Ce sont ces moments-là qui créent véritablement l’attachement à ce personnage. De même, Sara Grüen nous raconte des choses très intéressantes, évoquant notamment la vie quotidienne dans un cirque, la dureté de la crise économique des années 1930, et la maltraitance envers les animaux. Enfin, l’écriture comporte peu d’effets de style, mais elle est claire et agréable.

L’auteur nous plonge dans un monde impitoyable, mais ce roman est aussi une belle histoire d’amitié et d’amour. J’ai apprécié cette histoire d’amour tout en retenue et ces amitiés un peu bourrues. Le rapport entre Jacob et les animaux du cirque m’a également beaucoup plu, certains moments sont pleins de tendresse. L’histoire est bien construite, au fur et à mesure de mon avancée j’ai été prise par le suspense, et j’ai lu de plus en plus vite. Et surtout, moi qui devient difficile avec les fins de roman, la manière dont se termine celui-ci m’a comblée. Ce n’est peut-être pas très réaliste, mais cela fait chaud au cœur et j’ai refermé ce livre sur un grand sourire, une petite larme au coin de l’œil.

Je vous conseille donc cette lecture qui vous plonge dans l’Amérique des années 30, dans l’atmosphère bien particulière du cirque. De mon côté, j'espère voir le film dans les prochains jours pour pouvoir comparer...

Edit : J'ai vu le film, et très franchement vous pouvez vous en passer ! J'ai bien aimé voir l'univers du cirque prendre vie sous mes yeux, et particulièrement l'éléphante, mais les personnages ne m'ont pas plu. Marlène m'a parue trop froide par rapport au livre, et je n'ai pas aimé que les deux "méchants" du livre soit fondus en un seul personnage, car August manque de nuance à cause de cela et perd son intérêt.

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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« Le chef d’orchestre fait signe aux musiciens d’enchaîner sur un air enlevé, et Rosie parcourt trois mètres environ. Ravie, Marlène sourit, lui tend les mains, et invite la foule à l’aduler. […] Elle abaisse sa trompe et Marlène s’y assoit, passe un bras autour, et tend gracieusement les orteils. Rosie la soulève dans les airs, puis la dépose sur sa tête et quitte le grand chapiteau sous les exclamations de la foule en délire. Ensuite, c’est la pluie de petite monnaie – la douce, douce pluie d’argent. Oncle Al est aux anges. Debout au milieu de la piste, les bras en l’air, le visage offert, il jouit de cette pluie qui s’abat sur lui. Et il reste ainsi, même quand des piécettes ricochent sur ses joues, son nez, son front. On dirait qu’il pleure. »

mercredi 7 septembre 2011

K-Cendres, d’Antoine Dole : histoire d’un phénomène rap, prophète d’un monde sans avenir

[Sarbacane, septembre 2011]

Me voici pour vous présenter « K-Cendres », le troisième roman du très talentueux et tortueux Antoine Dole

Il n’est pas facile de parler de livres tels que celui-ci tant il se « ressent », les mots peuvent sembler insuffisants. Difficile d’attribuer des adjectifs à cette écriture qui jaillit, à ce tourbillon qui vous emporte. Je peux néanmoins vous rappeler le résumé de ce roman :

A quatorze ans, Alexandra est enfermée dans un hôpital psychiatrique, avec des médecins qui tentent de la soigner par la musique. Sur les murs de sa cellule, elle affiche des faits divers découpés dans les journaux. Dix ans plus tard, la voilà devenue une rappeuse au succès immense. Sur scène, elle se lance dans des improvisations – des visions, des prophéties. Autour d’elle, on veut entretenir et amplifier son succès. Alexandra, elle, espère seulement faire prendre conscience à son publix de l’avenir qui l’attend.

Voilà l’objet de ce roman : Alexandra lutte avec le monde qui l’entoure et sa musique intérieure. Elle explore son lien avec la musique, allant le plus loin possible. Antoine Dole nous fait entrer dans sa tête, dans ses pensées, il nous emporte. Il excelle pour décrire la douleur, sans lourdeur. Car les personnages autour de K-Cendres ont chacun leur propre souffrance : celle d’être loin de leur moitié, de n’être pas assez aimé par leur père, d’avoir su se construire une carrière mais pas une famille. Chacun se débat pour s’en sortir, n’hésitant pas pour cela à marcher sur les autres. Alexandra, si fragile, est prise dans cet engrenage et poursuit sa descente aux enfers.

J'ai tout de même un bémol à apporter : les personnages évoluent peu au cours du roman, même si nous entrons peu à peu dans leur psychologie. J’ai fini par trouver l’histoire un peu répétitive. Néanmoins, les qualités de l’écriture en font une excellente lecture, j'ai retrouvé dans ce roman tout ce que j'aime chez Antoine Dole et la fin de l'histoire (bien qu’un peu prévisible) donne une nouvelle saveur à l’ensemble.

Alors, si vous voulez vous aussi découvrir le talent et l’originalité de cet auteur, et faire un petit bout de chemin avec ce personnage cabossé, vous trouverez « K-Cendres » dès aujourd’hui dans toutes les bonnes librairies..

Note : 4/5 
Stellabloggeuse

D'autres avis sur ce roman chez : BatifolireLa littérature jeunesse de Judith et Sophie

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« Oui. Y’a qu’en coulant son âme dans le béton qu’elle a pu circonscrire les éboulements de son cœur. Ni contact ni paroles, ne rien ressentir. La vie dure comme rocaille, tout répit absent et jusqu’au refus d’un sourire autre que fugace. Même si, de plus en plus, elle redoute le moment où sa bouche ne crachera plus que de la pierre. Un jour, elle en est sûre, elle se réveillera et ne sera plus qu’une statue ».

vendredi 2 septembre 2011

Un soir, j’ai divorcé de mes parents, par Rachel Hausfater : prise d'indépendance d'un adolescent dérouté

 
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’un petit roman, très intéressant par le thème qu’il traite : la façon dont un enfant vit le divorce de ses parents. Dans « Un soir, j’ai divorcé de mes parents », Rachel Hausfater met en scène un jeune narrateur qui vit difficilement la séparation de ses parents dans un premier temps, puis le déménagement de son père à plusieurs centaines de kilomètres.

Alors c’est décidé, il ne veut plus leur appartenir, ni dépendre d’eux : il ne dit pas à sa mère que son père quitte Paris, et, un week-end sur deux, il quitte la maison et vit sa vie sans eux. Il apprend à se débrouiller tout seul, il grandit.

Ce qui m’a particulièrement plus dans ce roman, c’est la réflexion sur le divorce et sur le rôle des parents qui sous-tend le récit, plus que l’histoire elle-même. Les pensées du narrateur sur le sujet sonnent très justes, les enfants de divorcés s’y retrouveront sans doute.

Quelques exemples :

-Sur le vide ressenti : « Plus de disputes, et ça j’appréciais. Mais le silence, mon Dieu, comme il criait ! C’est vrai, j’avais la paix… Mais la paix, c’est triste, parfois plus que la guerre, quand elle est finie et que tout le monde a perdu ».

-Sur la détresse d’une mère : « Amaigrie, vidée, elle fait semblant d’être ma mère et récite son texte comme une mécanique. […] C’est trop lourd d’être la seule raison qui la fasse se lever, partir travailler, rentrer, faire semblant de manger et puis se coucher ».

-Sur le sentiment d’abandon : « Pourquoi tu pars et me laisses derrière toi ? Je ne compte donc tellement pas ? […] Tu dis que je peux t’appeler quand je veux : mais plus à mon secours. Car tu seras bien trop loin pour y venir. Tu promets qu’aux vacances on rattrapera le temps perdu : mais tant de temps perdu, ça ne se rattrape pas ! ».

Pour le reste, le narrateur raconte ses week-ends en tête à tête avec lui-même, faits d’errance, de peurs, de visites de musées et de bibliothèques. Il apprend à gérer son temps, son argent.

Je mettrai cependant un bémol dans cette critique : l’écriture de l’auteur nous laisse penser que c’est un enfant qui s’exprime, un collégien, alors qu’en fait, le narrateur est au lycée. Le niveau de langage n’est donc pas tout à fait adapté, trop enfantin. En revanche, les phrases sont joliment écrites, avec du rythme, des jeux de mots, des effets de style. Et ça c’est plutôt un régal.

C’est donc un livre que je conseille, tout particulièrement aux enfants et adolescents confrontés à un divorce.

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse
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« Un divorce ça détruit. Mais après on reconstruit. Un divorce c’est une fin. Mais après on recommence. Un divorce ça tue. Mais après on renaît. Et on aime, encore, on aime ailleurs ».