[Gallimard, 2009]
« La délicatesse » de David Foenkinos est un titre dont on a beaucoup parlé dans les médias et entre lecteurs, un livre qui est présenté comme « le roman aux dix prix littéraires ». Sa récente adaptation cinématographique (que je n’ai pas encore vue) a rappelé ce titre à mon bon souvenir, alors qu’il me tentait beaucoup depuis la chronique très enthousiaste de ma blogocopine Floly. J’ai donc saisi au vol la proposition de beL qui a organisé une Lecture Commune autour de ce titre sur Livraddict !
Dans ce roman, David Foenkinos commence par nous présenter un couple qui marche parfaitement, François et Nathalie. Mais François meurt brutalement un dimanche, et Nathalie perd tous ses repères. Des gens essaient de l’aider, notamment son patron et ses collègues, sans succès. De manière générale, ils manquent de délicatesse, ils la heurtent. Une délicatesse qu’elle va pourtant retrouver de manière inattendue…
Il est difficile de parler de ce livre sans trop en dire sur l’histoire, mais la première chose qui me vient à l’esprit, c’est que l’écriture de cet auteur est merveilleuse. Non pas pour des considérations littéraires ou de vocabulaire, mais par sa manière de raconter l’amour et l’intime, tout en finesse, avec de belles images très bien choisies et un humour tendre. Très souvent au cours de ma lecture, j’ai eu envie de m’arrêter pour relever des citations, pour garder en mémoire ces jolies phrases. Ainsi, comme me l’avait dit ma blogocopine Cajou, c’est un livre qui porte très bien son nom !
Nathalie est un personnage attachant, c’est une jeune femme dont le monde s’est écroulé brusquement et qui se trouve sans repères. Elle n’agit pas toujours de la meilleure des manières, elle a des faiblesses, et c’est ce qui la rend extrêmement crédible, humaine. Le lecteur suit les étapes de son deuil, sans voyeurisme, mais en entrant suffisamment dans sa psychologie. Je regrette cependant que ce roman soit un peu court, j’aurais parfois aimé que l’auteur aille un peu plus loin en profondeur.
Ce roman est également une jolie histoire d’amour, assez atypique, teintée à la fois de doutes et d’humour. Le personnage de Markus y est pour beaucoup dans cette originalité : ce jeune suédois a beaucoup d’esprit, je l’ai vraiment apprécié. Il sait agir instinctivement de la manière appropriée, tout en ayant un manque de confiance en lui qui le rend touchant.
Enfin, j'ai bien aimé la construction de l'histoire, en petits chapitres courts, avec quelques éclairages sur le passé des personnages. L'originalité réside dans de petites notes que l'auteur intercale entre les chapitres, sur un thème présent dans le chapitre précédent (par exemple, après un chapitre sur un dîner au restaurant, on a une recette de cuisine). J'ai bien aimé le petit côté décalé de ces parenthèses (qui peuvent aussi agacer je pense).
Je n’irai pas plus loin dans mon commentaire, car comme je vous le disais, c’est un livre assez court, et j’ai peur de trop en dire. Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup aimé. Ce n’est pas un coup de cœur car il m’a manqué une petite étincelle, et parce que l’on sait très vite comment l’histoire va se terminer. Mais c’est une très belle histoire, peinte par petite touches, un vrai travail d’artiste de la part de David Foenkinos. Au risque de me répéter, une histoire tout en délicatesse…
Je vous invite maintenant à découvrir les avis des autres participants de la lecture commune : club beLecteur (organisatrice) -A S K!-Nath - Dex - PetiteMarie - Felina - ptitelfe
Et de mon côté, il va falloir que je voie le film !
Note : 4,5/5
Stellabloggeuse
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Ce livre fait partie du Challenge :
Challenge ABC 2012 : 7/26
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« Il n’y avait rien d’autre à dire. Notre horloge corporelle n’est pas rationnelle. C’est exactement comme un chagrin d’amour : on ne sait pas quand on s’en remettra. Au pire moment de la douleur, on pense que la plaie sera toujours vive. Et puis, un matin, on s’étonne de ne plus ressentir ce poids terrible. Quelle surprise de constater que le mal être s’est enfui. Pourquoi ce jour-là ? Pourquoi pas plus tard, ou plus tôt ? »
« Et puis, le degré suprême de l’absurdité : les dossiers nous survivront. Oui, voilà ce qu’elle se disait, en archivant des documents. Que toute cette paperasse nous était supérieure à bien des égards, qu’elle n’était pas soumise à la vieillesse, à la maladie, ou à l’accident. Aucun dossier ne se ferait jamais renverser en allant courir le dimanche matin. »
« Est-ce que je peux vous embrasser ? demanda-t-il.
-Je ne sais pas…J’ai un début de rhume.
-Ce n’est pas grave, je suis prêt à être malade avec vous. Je peux vous embrasser ?
Nathalie avait tellement aimé qu’il lui pose la question. C’était une forme de délicatesse. »