mardi 30 juillet 2013

La vie chez mon chat, de Christophe Cazenove (scénario) et Philippe Larbier (ill.)

[Bamboo, 2013]

Vous le savez, je lis encore assez peu de bande-dessinées, même si j’ai fait quelque découvertes lors de la dernière année. Aussi, lorsqueBabelio a proposé une édition de Masse Critique spéciale Bande-dessinée, j’ai trouvé que c’était une bonne idée pour faire une nouvelle découverte. J’ai jeté mon dévolu sur une bande-dessinée évoquant les chats, comment on les adopte, comment on s’en occupe, etc. Elle a été élaborée par Christophe Cazenove et Philippe Larbier.

Résumé

Où ça se trouve, un chat ? Comment faire pour qu’il se sente chez nous comme chez lui ? Quel type de panier lui faut-il ? Une boîte à chaussure suffit ? Et puis comment ça marche, un chat ? Pourquoi fait-il ses griffes partout, ou se met-il à courir dans tous les sens ? Et surtout... pourquoi on les aime tant, ces chats qui prennent tant de place ?
Retrouvez toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur les chats dans ce guide « minet » d’infos vraies, drôles et originales pour les fous amoureux des matous.

Une sorte de guide, davantage qu’une bande-dessinée

Première surprise, le livre n’a pas le format classique d’une BD, il est beaucoup plus petit. Seconde surprise en l’ouvrant, il ne s’agit pas véritablement d’une bande-dessinée : pas de découpage en cases, pas de narration. L’ouvrage se compose en fait d’un ou deux petits encadrés par page, expliquant diverses choses concernant les chats, avec une ou deux illustrations à côté de ces encadrés, où les maîtres et les chats s’expriment grâce à des bulles. Donc, ne vous attendez pas à un format BD ! Il faut le prendre davantage comme un petit guide humoristique, illustré à la manière d’une BD.

Des conseils et mises en garde

Cet ouvrage donne un certain nombre de conseils pour accueillir et élever un chat : le matériel nécessaire, les endroits où on peut les adopter, les différentes races, le caractère félin, etc… Il y a pas mal d’informations, pas franchement surprenantes, dispensées sur un ton humoristique. Il m’a semblé que l’on insistait beaucoup sur les désagréments causés par le chat, leur manière de se faire les griffes, de chiper de la nourriture, etc. Aussi, je dirais qu’il s’agit d’un petit livre destiné davantage aux amoureux des chats qu’à ceux qui s’apprêtent tout juste à en adopter un : ils risqueraient de se décourager !

Le dessin

Le dessinateur, Philippe Larbier, avait déjà dessiné des chats en 2011, dans une BD intitulée « Chats, chats, chats ». Son dessin se veut plus humoristique que réaliste : ne cherchez pas de jolis chats dans cet ouvrage, vous y trouverez avant tout des chats rigolos, un peu caricaturés. Ce qui colle plutôt bien au texte.

En quelques mots

Au final, cet ouvrage est un petit livre illustré à la manière d’une bande-dessinée, destiné aux amoureux des chats qui veulent passer un bon moment en passant en revue le caractère de leur compagnon à quatre pattes. Il peut aussi être un moyen de faire comprendre aux enfants les enjeux et difficultés de l’adoption d’un chat. En revanche, si vous cherchez de véritables informations sur la psychologie féline et des conseils sérieux, orientez-vous plutôt vers un véritable guide. Merci à Babelio et aux éditions Bamboo pour cette découverte!

Note : 3/5

Stellabloggeuse

samedi 27 juillet 2013

Jumelles, de Saskia Sarginson : deux sœurs, un été, des secrets pesants

[Marabout, 2013]

« Jumelles », premier roman de Saskia Sarginson, m’a immédiatement fait de l’œil lorsqu’il a été proposé en partenariat sur Livraddict ! En effet, je suis assez friande d’histoires de famille, et celle-ci nous promettait de plus un secret. Ni une, ni deux, je me suis lancée et je ne l’ai pas regretté.

Résumé

Autrefois liée comme les deux doigts de la main, les jumelles Isolte et Viola sont maintenant des adultes très différentes. La première évolue dans un milieu mondain, travaille dans le journalisme et partage la vie d’un photographe en vue. La seconde a vécu en marginale et souffre d’anorexie, elle disparaît peu à peu. Elles ne se sont pas disputées, mais ont le sentiment d’un fossé creusé entre eux. Un fossé qui trouve sa source au cœur d’un été vécu dans la forêt, que les deux sœurs se remémorent peu à peu, après avoir tout tenté pour l’oublier.

La gémellité, une chance et un poids

Ce roman explore le lien entre les jumeaux et montre la manière dont il peut à la fois être une force, les jumeaux pouvant toujours compter l’un sur l’autre, et un poids, puisqu’il est difficile de mener sa propre vie lorsque l’on est si fusionnel. Ainsi, dans ce roman, une bonne part des épreuves traversées par les deux sœurs découle d’un secret, d’un fait important que Viola n’a pas voulu confier à sa sœur, qu’elle a conservé uniquement pour elle. Fusionnelles entre elles, les sœurs le sont également avec leur mère, et cet attachement trop profond aura de terribles conséquences.

Une intrigue familiale

L’intrigue familiale de ce roman a su me séduire. Nous découvrons les jumelles enfants, vivant en pleine forêt avec une mère hippie dans les années 1970, après quelques années vécues en communauté. Elles recherchent l’autosuffisance et vivent en harmonie avec la forêt, il y a d’ailleurs dans cette histoire une véritable ode à la nature. Nous les découvrons également adultes, à Londres, peinant à se comprendre mais toujours ensemble. Entre les deux, ce secret, plutôt bien préservé tout au long du roman, même si j’ai deviné assez rapidement qui il visait (mais pas sa teneur exacte). En revanche, j’ai été un peu déçue par la fin, trop rapide, trop facile, et il m’a semblé que l’ensemble manquait un peu de profondeur.

Les personnages

Je me suis assez rapidement attachée aux deux sœurs et particulièrement à Viola, la plus fragile des deux, celle qui a l’impression de ne pas parvenir à vivre par elle-même et qui a besoin que sa sœur s’exprime pour elle. Isolte est plus égoïste, elle a tenté avant tout de s’en sortir, mais j’ai malgré tout ressenti de la sympathie pour elle. Il en est de même pour Rose, la mère des jumelles qui a un côté touchant. J’ai également apprécié les jumeaux avec lesquelles elles ont vécu une belle amitié. J’ai eu un peu plus de mal avec Ben, le petit ami d’Isolte, trop lisse et trop parfait à mon goût.

L’écriture

Ce roman se lit rapidement, la lecture est fluide et agréable. Le style n’a rien de particulier, mais rien ne m’a arrêtée dans ma lecture ou n’a sonné désagréablement à mes oreilles. L’auteure alterne des narrations à la première et à la troisième personne et adopte les points de vue des deux sœurs. Les descriptions sont réussies et la forêt a véritablement pris vie sous mes yeux. En revanche, puisque je commente ici la forme, j’ai relevé un certain nombre de coquilles dans le livre.

En quelques mots

Ainsi, j’ai apprécié cette histoire de famille, je me suis attachée à ces deux sœurs et j’ai été séduite par la forte présence de la forêt et de la mer. L’ensemble manque cependant un peu de profondeur et la fin est trop rapide et facile à mon goût. Néanmoins, c’est une bonne lecture détente et un premier roman très encourageant pour l’auteure. Merci à Livraddict et aux éditions Marabout pour cette découverte!

Note : 3,5/5

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Ce roman fait partie du challenge :


 Bouge ta PAL ! : lecture n°46
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« Nous n’avons pas toujours été jumelles. Au début, nous ne faisions qu’une. Notre conception fut une histoire banale, de celles qu’on apprend en cours de sciences naturelles. Vous connaissez la chanson : un vigoureux spermatozoïde atteint sa cible, l’ovule, et une nouvelle vie apparaît. Voilà donc ce que nous étions, un seul bébé à venir, tout ce qu’il y a de plus banal. Mais – c’est là qu’intervient l’évènement extraordinaire – cet œuf se divisa, se sépara en deux et nous devînmes alors deux bébés. Deux moitiés d’un même tout. C’est pourquoi, aussi bizarre que cela puisse paraître, cela n’en reste pas moins vrai : nous n’étions au départ qu’une seule et même personne, quand bien même cela n’a duré qu’une milliseconde. »

« En revanche, elle éprouve le lien qui la rattache à Viola même lorsqu’elle ne le veut pas. C’est une sensation physique, comme une secousse, un tiraillement qui se déploie à travers l’espace qui les sépare, par-dessus les marais et les toits, à travers les champs, les villes et les routes. »

lundi 22 juillet 2013

La femme à 1000°, d’Hallgrimur Helgason : destin d’une femme d’Islande


Je vais vous parler aujourd’hui d’un gros livre, un « pavé » de 632 reçu grâce à l’opération Masse Critique de Babelio, un titre de la rentrée littéraire étrangère qui sortira fin août. Il s’agit de « La femme à 1000° » d’Hallgrimur Helgason, un auteur islandais.

Résumé

Octogénaire, clouée dans un lit dans un garage devenu sa demeure, Herra a pour principale compagnie un ordinateur qu’elle utilise pour espionner sa famille et faire des plaisanteries à des inconnues. Rongée par le cancer, elle entreprend de dérouler le fil de sa vie, d’un destin hors du commun : petite fille du premier président de la République islandaise, fille de nazi, elle a traversé la guerre mondiale et roulé sa bosse sur plusieurs continents.

Des souvenirs épars

Les souvenirs d’Herra ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique, mais de manière éparse, selon ce dont elle se souvient. Elle divague parfois, et fait de nombreux allers-retours entre le passé et le présent. Au début, on a du mal à assembler les pièces du puzzle, mais cela se fait petit à petit. Beaucoup de souvenirs concernent les années 1940, la Seconde Guerre Mondiale constituant l’épisode le plus marquant de la vie d’Herra. Mais nous traversons également d’autres décennies, notamment les années 50 et 70. L’ensemble est un peu long et mériterait un fil conducteur un peu plus solide.

Des éléments intéressants

Malgré ces quelques longueurs, ce roman est intéressant à plusieurs titres. Premièrement, il nous permet de découvrir l’Islande avec son climat, ses fjords, son peuple taiseux, ses hommes peu délicats, son aversion envers le colonisateur danois. J’ai parfois manqué de repères dans cet univers, mais j’ai apprécié la découverte. Il y a également dans ce roman une réflexion sur la condition féminine, puisque Herra essaie tout au long de sa vie de ne pas se laisser gouverner par les hommes et de se montrer aussi forte qu’eux. Mais elle n’échappe pas au piège de l’amour…

Les personnages

Herra est une vieille femme haute en couleur. Malgré la vieillesse et la maladie, nous la trouvons sereine et prête à analyser sa vie avec beaucoup de recul, sans se ménager. La vie l’a endurcie, mais elle cache un certain nombre de blessures. Néanmoins, j’ai eu du mal à m’attacher, à éprouver une véritable empathie pour elle. La conséquence en est que je n’ai pas été vraiment impliquée dans l’intrigue, ce roman ne m’aura pas « emportée ». Mis à part Herra, peu de personnages auront retenu mon attention, mis à part son père, cet homme qui a cru participer à quelque chose de grand en s’impliquant auprès d’Hitler.

L’écriture

L’un des points forts du roman, c’est l’écriture de l’auteur et la très bonne traduction. En effet, le récit comporte de nouveaux jeux de langage, bien rendus par la traduction. L’auteur invente un certain nombre de mots par néologisme, et livre des réflexions parfois très fines. J’ai relevé beaucoup de citations, un signe qui ne trompe pas. Il joue également avec l’histoire de l’Islande et des personnages célèbres, qu’il intègre à son récit, de John Lennon à Evita.

En quelques mots…

Ainsi, il s’agit d’un roman intéressant pour la découverte de l’Islande, la réflexion sur la condition féminine et les jeux de langage. Néanmoins, il y a quelques longueurs, une difficulté à trouver ses repères et les personnages comme l’intrigue n’ont pas réussi à m’emporter. Mais que l’on ait du mal ou non à y entrer, c’est un bon roman. Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour cette découverte.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :


Bouge ta PAL ! : lecture n°45

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  "En temps de guerre, tout le monde se sent bien, car personne ne contrôle rien. En temps de paix, le malheur s'empare des gens car il faut choisir et refuser. Toutes les guerres naissent de ce désir infini de bonheur. Il n'est rien de plus effrayant que la paix pour l'homme. L'homme est par nature une fourmi et préférera toujours être passager sur la route du destin plutôt que décider sa destination. En aucun cas il ne veut assumer cette responsabilité. Il admire allors tout être qui accepte ce sacerdoce. Et lorsqu'il est question de destin, la guerre est des plus radicales. C'est pourquoi on se sent si bien en temps de guerre : on retrouve en nous la paix intérieure."

"Je n'ai jamais aimé à cent pour cent. C'eût été imprundent. Personne ne devrait laisser son coeur bouillir tout entier. Il est plus sage de le couper en quarts, d'en faire griller un ou deux morceaux à la poêle et de mettre le reste au congélateur. "

"Viens, viens donc, fillette. Toi aussi tu deviendras femme, femme. Ne crois pas y échapper, y échapper. Viens donc avec tes traits d'enfant et tes fossettes de sourire et laisse-moi les inonder de doutes et de trouble. Toi aussi, tu porteras le poids de ta poitrine au fil de l'existence, appliqueras crèmes et parfums et colorations, combattras la graisse, affronteras les saignements, les naissances douloureuses, et perdras de ta valeur comme un morceau de viande, pour atterrir au pays des rides avant d'être balancée dans le  charnier de la destinée. Femme ! Femme ! Le bonheur prisonnier t'attends derrière le rideau rouge. Tu croyais être enfant et devenir être, tu comprends à présent que tu ne deviendras que femme."

samedi 20 juillet 2013

Nëphyr, tome 1, de Cindy Mezni : Ex tenebris

[J’ai Lu, 2013]

Je vais vous parler aujourd’hui du premier tome d’une saga bit-lit/urban fantasy que j’ai découverte à l’occasion d’une rencontre, organisée sur Lyon par Karline avec l’auteure, Cindy Mezni. Mes premières lectures du genre, comme Go to hell d’Oxanna Hope ou Les Chroniques de MacKayla Lane de Karen Marie Moning m’avaient plu, c’est donc avec enthousiasme que j’ai poursuivi ma découverte !

Résumé

Némésis est la reine d’un clan de Nëphyr, des créatures assez proches des vampires mais qui ont pour particularité de dévorer leurs victimes, en commençant par le cœur. Elle a repris le clan suite à la trahison de son ex-amant, Ezéchiel. C’est une femme forte qui impose son autorité et se targue de ne jamais ressentir quoi que ce soit d’humain, et surtout pas envers Nathanaël, le mâle avec qui elle évacue ses pulsions charnelles. Jusqu’à ce que la Réserve d’humains qui leur sert de garde-manger soit attaquée, mettant la survie du clan en péril…

Un bon roman du genre

Ce roman comporte tous les ingrédients nécessaire à un bon roman du genre, à commencer par une héroïne au fort caractère, sur laquelle je reviendrai plus tard. Ce roman apporte également son lot de créatures surnaturelles inédites et nous plonge au sein d’un univers sombre et assez violent. L’action est menée tambour battant, avec des « pauses » constituées de scènes sensuelles assez réussies avec des mâles qui font plutôt envie. L’intrigue a également une dimension politique puisque le personnage principal est une reine qui rencontre des difficultés à gérer son clan et qui doit débusquer un certain nombre de traîtres. Un mot sur l’épilogue, qui m’a prise par surprise et qui est juste insoutenable de suspense !

Un univers à explorer

Mon principal regret avec ce roman concerne l’univers, qui n’est pas aussi développé que je l’aurais souhaité. Une des choses faisant que j’adore les « Chroniques de MacKayla Lane », c’est l’incroyable complexité de l’univers. Ici, on devine seulement que les créatures surnaturelles se sont révélées au monde et vivent au côté des humains, en essayant de préserver la paix à défaut de pouvoir les anéantir. Nous croisons un certain nombre de créatures surnaturelles, mais dont les origines ou les buts ne sont pas développés. J’ai eu du mal à me repérer parmi ces créatures et à maîtriser le vocabulaire spécifique à cet univers. En somme, il mériterait d’être approfondi et un peu mieux expliqué ce qui, je le concède, ralentirait quelque peu l’action.

Les personnages

Comme je le disais un peu plus haut, Némésis est une femme forte, au caractère bien trempée. Elle assume sa nature de Nëphyr et la violence qui l’accompagne. Elle est sujette à bien des sautes d’humeur et ne fait pas dans la dentelle. Mais elle finit par montrer des failles qui permettent de s’attacher un peu à elle, ce qui n’était pas évident au départ. Autour d’elle gravitent un certain nombre d’individus masculins non dénués  de séduction, notamment le solide Nathanaël et Xander, à la fois drôle et impitoyable dans son rôle de boureau. Ezéchiel remplit bien son rôle d’ennemi impitoyable et cruel. Un personnage m’intrigue (sans vous en dire trop il s’agit d’un humain devenant Nëphyr au cours du roman), j’espère que nous le découvrirons mieux dans le second tome.

L’écriture

L’écriture de Cindy Mezni est simple et directe, spontanée dirais-je. Elle donne une certaine vie à son personnage qui s’exprime à la première personne du singulier. Némésis s’exprime parfois de manière un brin familière, mais cela correspond à son personnage. Ajoutons que l’auteure s’est appliquée à créer un véritable langage pour les Nëphyr, avec des termes spécifique. Cela nous plonge un peu plus dans l’univers, mais cela n’est pas non plus fréquent, ne rendant pas la lecture trop ardue.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un premier tome plutôt convaincant pour cette trilogie, avec tous les ingrédients essentiels à un roman du genre, notamment une héroïne forte, une atmosphère sombre et des créatures originales. La fin donne forcément envie de découvrir la suite. J’espère simplement que le second tome approfondira un peu mieux l’univers dans lequel évoluent les Nëphyrs et les différents personnages.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :


Bouge ta PAL ! : lecture n°44

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« Pourquoi fallait-il qu’il ait ce regard bleu-gris irrésistible, ces cheveux blonds – mon péché mignon – et ce corps qui était une pure invitation au vice ? Et pourquoi ne pouvions-nous pas parler sans que des pensées obscènes me viennent à l’esprit ? Depuis ce jour maudit où nous avions couché ensemble, jamais plus nous n’avions pu terminer une conversation sans que cela finisse à l’horizontale. »

« Je cessai de l’écouter, sa voix n’étant soudain plus qu’un bourdonnement lointain. Ce fut comme une explosion, un volcan en éruption : la haine, l’envie de vengeance, l’espoir, le désespoir… Tout ce que j’avais éprouvé dans cette cellule, cette antichambre de l’Enfer durant des semaines, des mois, se propagea en moi. Et cette fois, Ezéchiel n’était pas le seul responsable de tout cela. Nathanaël était la cause principale de ce véritable ouragan qui dévastait la cage que j’avais mis tant de temps à créer autour de ces sentiments dévastateurs. Car rien de pire qu’une multitude d’émotions incontrôlables chez un être dépourvu de scrupules – ou presque – ayant une force colossale et des dons destructeurs. »

mardi 16 juillet 2013

La balade de Yaya, de Jean-Marie Omont (scénario) et Golo Zhao (illustration)

[Les éditions Fei, Intégrale tomes 1-3, 2012 ; Intégrale tomes 4-6, 2013]
  

Vous le savez, je lis pour l’instant assez peu de bande-dessinées, bien que j’essaie de m’ouvrir à ce genre. Ces derniers mois, j’ai tout de même découvert et apprécié la trilogie « Elinor Jones » (que je n’ai pas pris le temps de chroniquer ici) et eu un véritable coup de cœur pour « La balade de Yaya » de Jean-Marie Omont et Golo Zhao. C’est de cette dernière dont je voudrais vous parler aujourd’hui. La série est en cours et 7 tomes sont parus à ce jour. Pour ma part, j’ai lu les deux intégrales des tomes 1 à 3 et 4 à 6.

Résumé

En Chine, en 1937, les Japonais entrent dans Shanghai et poussent à l'exode des milliers de Chinois et d'Occidentaux. La petite Yaya, charmante mais un brin capricieuse, vit dans une famille aisée. Elle est sur le point d’avoir un petit frère ou une petite sœur. Lorsque le conflit éclate avec les Japonais, sa famille doit s’exiler. Mais Yaya doit passer une audition de piano et s’échappe de chez elle pour s’y rendre, contre l’avis de ses parents. Elle se retrouve en plein cœur des bombardements. Tandis que ses parents la croient morte, elle fait la connaissance de Tuduo, un garçon des rues au grand cœur.

Une intrigue aventureuse pleine de rebondissements

Si vous ouvrez cette bande-dessinée, une chose est sûre, vous ne vous ennuierez pas ! Yaya et Tuduo vivent une véritable aventure en essayant de retrouver les parents de Yaya. Ils conduiront une barque, chemineront aux côtés d’une compagnie de cirque, traverseront des forêts… Les ennemis et les dangers ne manquent pas, qu’il s’agisse des guerriers japonais ou de chinois bien décidés à exploiter ces enfants et leur énergie. On frémit, on retient son souffle, on croise les doigts pour qu’ils s’en sortent…c’est tout simplement palpitant ! D’autant plus que chaque tome se termine sur un suspense assez insoutenable.

Des personnages attachants

Les personnages sont l’un des grands atouts de cette série. Yaya et Tuduo sont extrêmement attachants. Tous deux sont très déterminés à retrouver leur famille, en commençant par celle de Yaya exilée à Hong-Kong. Mais Tuduo compte bien récupérer ensuite son petit frère laissé à Shangaï au bon soin de religieuses. Tuduo a un grand cœur et du courage, on ne peut que l’aimer. Quant à Yaya, elle est très têtue et un brin capricieuse, mais elle est si craquante qu’il est difficile de lui en vouloir. Elle apprend à faire confiance à Tuduo, à admettre qu’elle ne peut pas s’en sortir toute seule.

Des illustrations de qualité

J’ai beaucoup aimé les illustrations de Golo Zhao avec de belles couleurs pastel. Les décors sont variés, allant de la ville à la campagne, en passant par des rivières, des forêts, des falaises… J’ai particulièrement apprécié le dessin des personnages enfantins, avec des bonnes joues et des expressions parlantes. L’illustrateur rend Yaya particulièrement craquante lorsqu’elle sourit ou qu’elle boude, impossible de ne pas flancher !

En quelques mots…

Il est difficile pour moi de chroniquer des bandes-dessinées étant donné que je n’ai ni l’habitude d’en lire ni l’habitude d’en parler, je ne suis pas certaine de savoir bien les décrypter. Il n’empêche que j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette série aventureuse avec ses personnages ultra-attachants et que je vous conseille volontiers de la découvrir ! Un conseil, privilégiez plutôt les intégrales pour vous immerger dans l’intrigue, car les tomes seuls sont très vite lus et cela peut-être assez frustrant !

Note : 5/5 (Coup de cœur)

Stellabloggeuse

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samedi 13 juillet 2013

Tigre, tigre ! de Margaux Fragoso : témoignage d’une enfant abusée

[Flammarion, 2012]

Aujourd’hui je vais vous parler non d’un roman mais d’un témoignage, celui de Margaux Fragoso qui a passé quinze années de sa vie sous la coupe d’un pédophile. Ce livre a été l’un des titres phares de la rentrée littéraire 2012, vanté pour ses qualités littéraires et marquant par son contenu.

Résumé

Alors qu’elle est âgée de sept ans, Margaux Fragoso rencontre Peter Curran, cinquante et un ans, à la piscine municipale. Pendant quinze années, ils ne se quitteront pratiquement plus. La maison de Peter est un paradis, rempli d'animaux et régi par le désordre. Sous le regard bienveillant de sa mère, Margaux s’amuse comme une folle avec son nouveau compagnon de jeu. Sauf qu’il y a aussi ces moments passés dans la cave, à l’abri des regards…

Un témoignage poignant

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Margaux Fragoso n’a pas été gâtée par la vie. Née dans un foyer peu sain, entre une mère dépressive et un père alcoolique obsédé par son image, son quotidien n’a rien d’enviable. Dans ce contexte, la maison de Peter apparaît comme un véritable oasis et sa compagnie, un réconfort. Sauf que les abus qu’il lui fait subir ont des répercussions physiques et psychologiques sur la petite fille, puis sur l’adolescente qui dépérit à vue d’œil et qui se retrouve socialement isolée. Néanmoins l'auteure ne fait pas dans le misérabilisme et, si certaines pratiques sexuelles sont clairement racontées, elle n'en fait pas étalage. C'est un témoigagne justement dosé.

Un témoignage ambivalent et dérangeant

Malgré tout, on peine à plaindre l’auteure car on la voit assez passive face aux abus que lui fait subir Peter, on aimerait parfois la secouer pour qu’elle réagisse. « Pire », on se rend rapidement compte que, tout en étant consciente que ce qu’il lui fait n’est pas normal, une part d’elle aime profondément Peter. D’ailleurs, tout au long de son témoignage, jamais elle n’émet de jugement sur le pédophile et prend position en faveur de traitements médicamenteux qui seraient disponibles AVANT le passage à l’acte, ce qui n’existe pas aujourd’hui. Cette absence de morale peut rendre la lecture assez dérangeante, mais c’est extrêmement intéressant psychologiquement parlant.

Les « personnages »

Ceux qui font partie de la vie de l’auteure sont de véritables personnages de romans. Il y a son père, lunatique et frustré par l’existence qu’il mène, sa mère, irresponsable et enfermée dans son propre monde. Il y a Peter et ses deux facettes, l’homme gentil et amoureux face à l’homme violent et sujet aux pulsions sexuelles. Margaux, quant à elle, passe d’une petite fille vive, confiante et innocente à une jeune fille isolée et à la sexualité débridée d’avoir été éveillée trop tôt. Il me semble qu’elle est assez honnête vis-à-vis d’elle-même et qu’elle se montre telle qu’elle est, y compris dans ses mauvais côtés, ce qui est tout à son honneur.

L’écriture 

Plus qu’un simple témoignage, ce livre est un véritable ouvrage littéraire, bien mené et bien écrit. Margaux Fragoso a en effet un véritable talent d’écriture qu’elle nous explique avoir travaillé à l’université. Voilà qui nous change de certains premiers romans nombrilistes et brouillons. Certes, elle cherche à exorciser ses démons et à éveiller les consciences, mais elle offre également une œuvre de littérature.

En quelques mots…

Ainsi, c’est une lecture que j’ai appréciée, malgré le côté dérangeant et ambivalent que j’ai pu souligner. Je vous conseille volontiers ce livre si la dimension psychologique vous intéresse, si vous souhaitez appréhender un peu mieux la relation complexe entre un pédophile et sa victime. Et ce d’autant plus qu’il est très bien écrit.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« -Huit ans est le plus bel âge pour une fille, dit Peter quand j’eus ouvert mes cadeaux. Mais ça me rend triste de te voir grandir.
Ça me rendait un peu triste, moi aussi. Quand j’avais quatre ou cinq ans et que les gens me disaient que j’allais grandir, je ne les croyais pas. Je ne pouvais pas croire que mes pouvoirs d’enfant ne dureraient pas toujours – me cacher sous les tables, loger mon corps entier sous une chaise ou dans des recoins minuscules. Je chérissais cette souple liberté animale, la joie de plier entièrement bras et jambes sous moi, de trouver dans les barrières une brèche où me glisser, une fente entre un tronc d’arbre géant et un mur de pierre ; c’était là ma gloire. »

« Le Malabar était rare : nous ne le pratiquions jamais en public, parce qu’il prenait trop de temps. Peter achetait des Malabar, nous lisions la petite bande-dessinée à l’intérieur de l’emballage, et je mâchais le chewing-gum, qui était dur, jusqu’à le rendre tout mou. Je passais le chewing-gum à Peter qui me le repassait. Nos langues se touchaient, c’était inévitable, et cela me faisait l’effet d’un poisson s’agitant dans ma bouche. Chaque fois que ce nouveau baiser arrivait, le tout premier moment me semblait toujours dégoûtant ; puis l’émotion s’éteignait aussi vite qu’elle était venue. »

dimanche 7 juillet 2013

Quatre filles et un jean, tome 4, d’Ann Brashares : Le dernier été


*Attention, il s’agit du quatrième tome d’une saga, présence de spoilers sur les tomes précédents*

Dans la série des « sagas qui se dévorent », je demande « Quatre filles et un jean » d’Ann Brashares ! C’est toujours un plaisir de découvrir l’un de tomes de la saga et de s’offrir un petit retour en adolescence. Aussi, après « Le premier été », « Le deuxième été » et « Le Troisième été », j’ai découvert le tome 4 intitulé « Le dernier été » avec le même plaisir, toujours en lecture commune sur Livraddict grâce à l’organisation d’Harmo20.

Résumé

Lors de leur première année à l’université, les quatre amies n’ont pas réussi à se réunir, et elles s’apprêtent à être séparées durant l’été également. Privées du soutien de leurs amies, certaines ont tendance à retomber dans leurs vieux démons telles Tibby qui a tendance à s’interdire le bonheur, ou Bee qui est un véritable cœur d’artichaut. Quant à Carmen, elle traverse une crise de confiance en elle. Seule Lena semble aller de l’avant en découvrant le désir et en tentant de faire définitivement une croix sur Kostos. En tous les cas, chacune mettra à l’épreuve l’adage « loin des yeux loin du cœur ». Le jean parviendra-t-il à les réunir ?

Un récit toujours aussi addictif

Bien que ce tome m’ait un peu moins plu que son prédécesseur, je l’ai pratiquement « englouti » : une fois commencé, je n’ai eu de cesse que d’avancer pour voir comment les quatre amies allaient s’en sortir. Les chapitres courts et les fréquents changements de points de vue aident à donner du rythme. On ne fait que se dire « encore quelques pages ». Cette lecture a également quelque chose de « confortable », arrivé au quatrième tome, les personnages ont un air de famille et on a en quelque sorte l’impression de rentrer chez soi. Néanmoins, j’ai été moins touchée, moins émue, dans l’ensemble.

Le désir et la distance

Au sein de ce quatrième tome, deux grands thèmes se détachent. Il y a tout d’abord le désir de manière générale, et notamment la façon dont le plus souvent, on désire le plus ardemment ce que l’on ne peut obtenir. Mais on aborde également le désir sexuel, puisque deux des filles sont confrontées à leur « première fois » cet été-là. Enfin, les quatre filles doivent faire face à l’adage « loin des yeux loin du cœur », qu’il s’applique à leur famille, leur petit ami ou tout simplement à leur amitié qu’elles mettent à l’épreuve de la distance

Les personnages

Si les filles ont beaucoup mûri durant le tome précédent, elles me semblent plutôt en régression dans celui-ci, la faute à leur entrée à l’université et la perte de repères que cela occasionne. Seule Lena continue à aller de l’avant et trouve enfin le courage de faire face à son vieux démon. Bridget se trouve une fois de plus confrontée à son besoin de séduire. Quant à Tibby, elle est la même depuis le début, incapable de prendre le bonheur comme il vient et persuadée de devoir le « payer ». Enfin, Carmen est sujette à une crise de confiance inédite pour elle, mais elle reste à mes yeux le personnage le plus touchant, celui qui trouve le plus d’écho en moi. Quoi qu’il en soit, je les aime toutes les quatre, et j’ai hâte de les voir à l’âge adulte.

L’écriture

Je n’ai rien à ajouter sur le style que je n’aurais déjà dit dans mes chroniques précédentes, c’est une lecture agréable et vivante, qui alterne humour et gravité. Lire Ann Brashares (et son/sa traducteur/trice), c’est du bonheur !

En quelques mots…

Ainsi j’ai beaucoup aimé ce quatrième tome qui clôt l’adolescence des quatre amies, même s’il m’a moins émue que les précédents. La conclusion est à la hauteur de toute l’histoire, et les thèmes du désir et de la distance sont bien traités. Je n’ai qu’une hâte, lire le 5e tome ! Merci à Harmo20 pour l’organisation des lectures communes !

Je vous propose maintenant de découvrir les avis de mes camarades de lecture : Harmo20(organisatrice), Aude13,  …

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :




Bouge ta PAL ! : lecture n°43

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« Comme la mère de Carmen aimait à le rappeler, les adolescents et les bébés qui commencent à marcher ont beaucoup de points communs. Ils aiment quitter leur mère à la seule condition qu’elle ne bouge pas. Mais la mère de Carmen bougeait. Elle avait la bougeotte. Pour Carmen, « la maison » c’était une époque, plus un endroit. Elle ne pouvait plus y retourner. Du coup, pour elle, il devenait beaucoup plus difficile de partir et de se situer dans le monde. Durant les sept premiers mois de l’année universitaire, rien ne lui avait semblé familier, rien ne lui avait semblé réel. A part peut-être la nourriture. Elle avait l’impression d’être tombée dans une faille spatio-temporelle. Elle regardait la vie se dérouler, sans y prendre part. Elle se contentait d’attendre, en se demandant quand son existence à elle reprendrait. »

« Brian ne craignait pas d’envisager l’avenir, sûr qu’elle en ferait partie. Il parlait de quand ils auraient trente ans aussi facilement de quand ils en auraient vingt. Il parlait bébé et se demandait si leur enfant hériterait du long doigt de pied du milieu de Tibby. Il rêvait de tout ça. Et il n’avait pas peur de le dire. Il aimait lui parler de ses rêves et il rêvait toujours en « nous ». […] Ça ne pouvait pas continuer à être aussi bien, de mieux en mieux, même, se disait Tibby. Impossible. C’était contre les lois de la physique. Sans rire, ces choses-là étaient régies par une sorte de loi. L’arithmétique du bonheur. La quantité de bonheur existant dans l’univers était constante et, pour en avoir davantage, il fallait bien le prendre quelque part. Et ils en consommaient plus que leur dû. »