mardi 27 décembre 2011

Concours premier anniversaire ! [CONCOURS TERMINE]

*Concours terminé*
  
Et oui mes très chers lecteurs ! En ce 27 décembre 2011, Des Romans entre deux mondes souffle sa première bougie !



Au cours de cette année, il s’est développé au-delà de mes espérances, et j’ai pris beaucoup de plaisir à m’en occuper. Et ce grâce à vous qui le visitez, qui commentez, à nos échanges.

Pour vous remercier, j’ai donc décidé de vous gâter un peu et de vous faire partager mes découvertes. Je vais donc offrir à l’un(e) d’entre vous :

 Le livre de votre choix parmi ceux que j’ai chroniqués sur le blog

Et mon petit doigt me dit que je vous réserve quelques surprises, des lots de consolation par exemple… On murmure que j’aurais des cartes postales de Benjamin Lacombe et des marques-page « Poupées du monde » dans ma hotte… Mais chuuuut…

Voici maintenant les conditions de participation :

*Ce concours est terminé*


J’espère que tout est clair, bonne chance à tous, et merci de votre fidélité !


Stellabloggeuse

lundi 26 décembre 2011

Mes 10 livres préférés en 2011

En cette fin d’année, c’est le temps des bilans. Voici donc :

Mes 10 livres préférés en 2011

Alors c’est parti pour une rétrospective des coups de cœurs et des très bonnes découvertes de cette année !
  

1. Les déchaînés, de Flo Jallier (5/5)

Il aura fallu attendre le mois de novembre pour découvrir le livre qui allait devenir mon gros coup de cœur de l’année 2011. J’ai aimé cette galerie de personnages, la construction intrigante du récit, et l’émotion que j’ai ressentie en refermant ce livre. N’attendez pas, découvrez-le !

2. Simple, de Marie-Aude Murail (5/5)

Je me souviens encore de l’état d’euphorie dans lequel je me trouvais lorsque j’ai rédigé mon billet à propos de ce roman. J’ai ri, j’ai vibré, j’ai été un peu émue, et surtout, ces personnages se sont frayé un chemin jusqu’à mon cœur.

3. Loup y es-tu ?, de Henri Courtade (5/5)

Là aussi il m’aura fallu attendre la toute fin de l’année pour découvrir cet excellent roman. Henri Courtade réussit à ancrer les contes traditionnels dans la vie de tous les jours, j’ai adoré cette réinterprétation. C’est original et très réussi.

 

  
 4. Orgueil et préjugés, de Jane Austen (5/5)

Il aura fallu attendre 2011 pour que je découvre ce chef-d’œuvre de Jane Austen, avec délices. J’ai beaucoup aimé les personnages, qui ont beaucoup de caractère, ainsi que les dialogues pleins de répartie. Et j’ai hâte de découvrir d’autres titres de cette auteure.

5. Du vent dans mes mollets, de Raphaël Moussafir (5/5)

Un coup de cœur plein de tendresse pour ce livre qui vous fait entrer dans la tête d’une petite fille de neuf ans. C’est fin, c’est drôle, on y retrouve à la fois la naïveté de l’enfance et des moments de grande lucidité.

6. De l’eau pour les éléphants, de Sara Gruen (4,5/5)

On a beaucoup parlé de ce livre à l’occasion de la sortie de son adaptation cinématographique. Et si le film n’a rien de bien terrible, j’ai beaucoup aimé le roman, qui propose une découverte de l’univers du cirque et une alternance passé/présent très intéressante.



La découverte de ce roman à l’occasion d’une Lecture Commune a été une très bonne surprise. J’en ai apprécié la fraîcheur, l’humour, et je me suis attachée à l’héroïne, à la manière dont elle en vient à s’assumer en tant que femme.

8. Le froid modifie la trajectoire des poissons, de Pierre Szalowski (4/5)

C’est au début de l’année 2011 que j’ai découvert ce livre-bonheur, qui m’a vraiment mis du baume au cœur. On y retrouve toute la chaleur québécoise, et une histoire pleine de magie à laquelle on a vraiment envie de croire.


9. Bal de givre à New York, de Fabrice Colin (4/5)

Dans ce livre découvert il y a à peine deux semaines, j’ai apprécié la ville de New York recréée par l’auteur, son univers hivernal. J’ai aussi aimé la fin, que je n’ai pas vue venir. Si ce livre n’est pas un coup de cœur, c’est à cause des personnages qui ne sont pas assez étoffés.

10. Gadji !, de Lucie Land (4/5)

Dans ce livre, lu cet été, on entre dans le quotidien de Katrina, une jeune Rrom, sans apitoiement ni cliché, et avec un style d’écriture très agréable à suivre. C’est une invitation au voyage et à la découverte de l’autre.

Connaissez-vous ces livres ? Les avez-vous aimés ?
Et vous, quels livres vous ont conquis en 2011 ?

Stellabloggeuse

samedi 24 décembre 2011

Gadji ! de Lucie Land : dans la tête d’une jeune Rrom

[Sarbacane, 2008]

J’ai découvert le roman dont je veux vous parler aujourd’hui à l’occasion du Printemps du Livre de Grenoble 2011, lors d’une rencontre avec son auteurLucie Land. La manière dont elle a parlé des Rroms lors de son intervention a éveillé mon intérêt pour son premier roman, « Gadji ! », et je suis repartie avec.

Dans ce roman, Lucie Land met en scène Katarina, une jeune Rrom. Nous la rencontrons alors qu’elle a une dizaine d’années, en Roumanie, durant les derniers mois du règne de Ceaucescu, sous lequel son peuple est plutôt bien traité. Puis, un drame bouleverse sa vie, et nous la suivons à Paris, chez La Cousine, celle qui s’est mariée à un français, un architecte. Auprès d’eux, Katarina mène une vie sédentaire et va au collège. Tiraillée entre ces deux existences qu’elle apprécie, tout l’enjeu du roman est de savoir si elle va devenir une véritable Gadji parisienne, ou retrouver les siens pour une vie nomade.

Ce roman est une véritable bouffée d’air frais. L’auteur a un style léger et poétique, nous donnant l’impression que c’est Katarina qui nous conte son histoire, sur un air de musique tsigane. Elle s’est glissée à merveille dans la peau de son personnage : nous sommes véritablement dans la tête d’une fillette d’une douzaine d’années, en accord avec les valeurs de son peuple. Nous vivons les évènements au travers de ses yeux, nous éprouvons ses doutes.

Le personnage de Katarina est extrêmement attachant. Sa proximité avec la nature et les éléments, sa soif d’apprendre, sa manière d’aller au-devant des gens sans la moindre crainte, tout cela la rend très sympathique. Elle est également lucide quant aux regards que les gadji posent sur elle, consciente d’être différente d’eux. Mais cette différence fait sa force. Et puis, « Gadji ! », c’est aussi une histoire de famille, unie par un lien plus solide que les régimes qui se renversent, l’argent qui manquent, et les kilomètres.

En quelques mots, ce roman vous offre un voyage initiatique, celui de Katarina, et aussi une jolie ouverture sur ce peuple malmené par l’histoire. C’est à lire, autant pour la musique des mots tout que pour son contenu. 

Note : 4/5

Stellabloggeuse 
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« N’empêche, ici, j’étais ce que j’étais, un peu comme les autres et un peu différente, et apparemment, j’avais le droit. Mais tous les Paris du monde ne valaient pas mon clan. […] Autour de moi, tout le monde ou presque avait oublié dans quel marigot j’avais poussé. Seuls quelques professeurs, dont les plus sceptiques du début, étaient devenus particulièrement attentifs et prévenants, presque trop – je n’étais pas malade, tout de même. Mon enfance avait par moments le poids d’un sac de cailloux, et à d’autres, celui d’une fleur sur un chapeau. »

jeudi 22 décembre 2011

Loup, y es-tu ? de Henri Courtade : quand les contes traditionnels envahissent le quotidien

[Mille Saisons, 2010]

Sortez les trompettes et le mégaphone ! Chers lecteurs, voici mon dernier coup de cœur de l’année 2011 ! Et il concerne un superbe livre (par sa couverture tout d’abord) écrit par Henri Courtade, et qui revisite avec maestria les contes traditionnels.

Dans ce roman, Henri Courtade met en scène le monde actuel. Mais derrière les grands évènements de ce monde, derrière les guerres et les grandes catastrophes, se cachent les monstres et sorcières de contes de fées. Mais l’équilibre règne encore grâce à la présence sur terre des héroïnes de contes de fées : Cendrillon, La Belle au Bois Dormant, Blanche Neige et le Petit Chaperon Rouge. Mais ces jeunes femmes sont en danger, traquées par une ennemie de plus en plus puissante. Parviendront-elles à l’arrêter à temps ?

J’ai tout simplement adoré cette réinterprétation des contes, la manière dont l’auteur les inscrit dans le quotidien, dont il s’en sert pour expliquer le monde d’aujourd’hui. Le tout est très cohérent, le lecteur y croit vraiment. Il donne également une nouvelle dimension aux contes originels, comme si la version que nous connaissions jusqu’à maintenant était la fausse. Ainsi, le conte s’insère à merveille dans le quotidien, et l’un se nourrit de l’autre.

Du côté des personnages, j’ai beaucoup aimé celui d’Albe, qui incarne Blanche-Neige. Elle est attachante, fragile, et déterminée. J’ai eu plus de mal avec Virginia, le Petit Chaperon rouge. Elle est moins humaines, plus détachée du quotidien. Mais les personnages les plus réussis, sans trop en dire, ce sont les «  méchants » de l’histoire.

J’ai également apprécié la manière dont Henri Courtade mène son récit, avec une alternance passé/présent qui nous éclaire peu à peu sur l’identité et le vécu des personnages, nous donnant les clés de compréhension de l’histoire une à une. Et surtout, la fin m’a beaucoup plu, j’ai aimé la manière dont l’auteur nous laisse en quelque sorte libre de croire ce que l’on veut. Enfin, le tout est raconté un certain humour, Henri Courtade s’amusant avec les codes des contes de fée pour notre plus grand bonheur.

Après ces éloges, je n’ai que peu de bémols à apporter. J’ai évoqué la froideur du personnage de Viriginia, mais cette dernière est compréhensible au vu de l'histoire. Le seul moment que je n’ai pas aimé dans l’histoire, c’est lorsque (pour ceux qui l’ont lu) deux des personnages se trouvent en Amérique du Sud et évoquent les raisons de l’influence d’Hitler sur les gens, les responsabilités de chacun dans la Seconde Guerre mondiale : ce passage faisait vraiment « cours d’histoire », et non un véritable dialogue. C’est le seul moment où je n’ai pas cru à ce que racontait l’auteur.

En ce qui concerne le style, globalement, j’ai aimé, même si quelques expressions ou anglicismes m’ont parfois fait froncer les sourcils. Mais malgré cet ensemble de petites réserves, le livre m’a emportée. Cet emportement, combiné à l’originalité de l’histoire, en fait un beau coup de cœur de l’année 2011. Pas mon livre favori de l’année, mais pas loin.

Lisez-le vite, et débusquez le Loup dans votre quotidien ! Il est encore temps pour faire sa liste au Père Noël non ?

Note : 5/5 (Coup de cœur) 
Stellabloggeuse 
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« Il avait apprécié moyennement la plaisanterie. Elle avait ajouté :
-Te rappelles-tu lorsque je chantais avec les oiseaux et les lapins en époussetant ta maison, pendant que tu me regardais timidement depuis la fenêtre ?
Elle avait mimé une valse autour d’un balai invisible, chantant à tue-tête un refrain du dessin animé de Walt Disney et lui adressant pour finir un clin d’œil grivois. Il était devenu écarlate. Elle avait éclaté de rire.
Ainsi, tel un papillon qui émerge de sa chrysalide, Albe avait éveillé sa conscience à cette vérité : elle était la Blanche Neige du conte et Marilyn Von Sydow la méchante sorcière aux puissants maléfices qui en voulait à sa vie. »

« Elle s’était maintes fois demandé pourquoi les êtres humains assimilaient le mal à la laideur. Sans doute pour se rassurer, en avait-elle conclu. Toutes les sorcières qu’elle connaissait étaient plutôt belles, et pas une seule n’était affublée d’un grossier poireau sur un nez crochu. Elle était bien placée pour savoir que la malveillance a toujours pris de beaux autours, les plus séduisants qui soient, de préférence. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, disait le dicton populaire. Le mal se devait donc d’être d’aspect agréable pour mieux se répandre et sévir, elle avait tôt fait de le comprendre. Dans un univers technologique basé sur l’image et l’apparence, ses chaînes de télévision et Internet ne servaient-ils pas ses desseins à merveille ? »

dimanche 18 décembre 2011

Bal de givre à New York, de Fabrice Colin : un monde glacé onirique et oppressant

[Albin Michel, 2011]

Ce roman me faisait de l’œil depuis un certain temps, notamment grâce à sa magnifique couverture. C’est l’organisation d’une Lecture Commune par Mia sur Livraddict qui m’a donné l’occasion de sauter le pas !

Dans ce roman, Fabrice Colin met en scène Anna Claramond, une jeune fille de 17 ans. Un matin, elle se réveille sur une route de New York. Un jeune homme l’a renversée avec sa voiture. Anna va bien, mais elle ne se souvient de rien, mis à part son nom. Peu à peu, elle se rappelle les choses quotidiennes : l’endroit où elle vit, les noms de ses amis et de son majordome. Mais l’essentiel lui échappe. Pourtant, Anna n’arrive pas à s’en soucier : elle est obsédée par Wynter, le jeune homme qui l’a renversée, et est prête à tout oublier pour lui. Pourtant, elle sent bien qu’elle est en danger.

J’ai aimé ce roman. L’un des signes qui ne trompe pas, c’est que je l’ai lu très vite. Le style de Fabrice Colin est agréable, fluide, et simple sans être banal. Mais son grand talent, c’est de savoir cultiver le mystère tout au long du roman. En effet, tout comme Anna, nous ne savons ni qui elle est, ni ce qu’elle risque. Ce n’est qu’une dizaine de pages avant la fin, in extremis, que j’ai réellement compris de quoi retournait le roman, juste avant que l’auteur ne nous livre la solution. Bref, j’ai apprécié d’être surprise.

Néanmoins, cet effet de surprise a une contrepartie, c’est la frustration générée tout au long du roman. Le lecteur a envie de savoir ce qui se trame, et peut parfois être agacé par l’indolence d’Anna, par son peu d’empressement à découvrir ce qui la menace. A cause de cela, j’ai eu du mal à m’attacher au personnage, et c’est la principale raison pour laquelle ce roman n’est pas un coup de cœur. En tout cas, pour apprécier cette lecture, il faut accepter d'être laissé dans l'ignorance, de se laisser porter sans rien maîtriser.

En revanche, j’ai vraiment adhéré à l’univers proposé par Fabrice Colin, ce monde hivernal, glacé, empli de blanc et animé de phénomènes inexplicables et mystérieux. Et puis, il y a cette fin inattendue et très bien trouvée, qui donne une rétrospectivement une toute autre saveur au roman et en fait une ode à la vie. Ainsi, c’est au moment où on le termine que l’on apprécie le plus ce roman. Ce qui est dommage, car il manque un petit « quelque chose » lors de la lecture.

Néanmoins, je vous invite à le découvrir par vous-mêmes, et à aller voir les billets des autres participantes de la Lecture Commune :
Mia (organisatrice) – Reveline – FrenchDawn - Gr3nouille2010 – Frankie – Kalea – Tachas – June –Antomilna – Gentiane.

Note : 4/5 
Stellabloggeuse 
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« Quelque chose en lui me submergeait et je savais, où croyais savoir, qu’en me liant ainsi à sa personne, j’abandonnais pour toujours le cours tranquille de mon existence, jetais au feu mes espoirs et mes projets puérils, à peine formés, et le pire était que je m’en moquais : car rien de ce que je pouvais vivre sur cette terre n’avait jamais été à ce point essentiel – j’étais à lui, je ne voulais être qu’à lui.
-Dis-moi que ce n’est pas un rêve.
Il ne répondit pas, mais personne ne pouvait rêver aussi fort. »

dimanche 11 décembre 2011

Dix, d’Eric Sommier : plongée au cœur de l’incendie du tunnel du Mont-Blanc

[Gallimard, 2011]

C’est un premier roman ancré dans le réel que je vais vous présenter aujourd’hui : Eric Sommier a écrit autour du tragique incendie du tunnel du Mont-Blanc, le 24 mars 1999, qui a coûté la vie à 39 personnes. Parmi eux, Pierlucio Tinazzi, l’un des motards chargé de la surveillance du tunnel. L’auteur a imaginé la vie de cette personne, et son attitude pendant le drame.

L’auteur imagine donc ce qu’a pu être la vie de Lucio avant l’accident, et nous la livre par brides. La première partie du roman se passe le matin du drame, alors que tout est encore calme. On en profite pour faire connaissance avec les personnages. La seconde partie se passe pendant l’incendie, alors que Lucio tente de porter secours aux passants qu’il croise et que les équipes de sécurité paniquent, conscientes des manquements qui ont été les leurs durant les années précédentes. On a également une idée de ce qui se passe après, avec des brides de l’enquête, des accusations qui ont pesé sur les uns et les autres. Enfin, la dernière partie du roman se passe dans le tunnel, dans un abri où Lucio a trouvé refuge.

Ce roman m’a bien plu dans l’ensemble. Il a une construction assez intéressante, on découvre des éléments sur le passé des personnages au fil des évènements. J’ai particulièrement aimé tout ce qui se passe pendant l’incendie : la narration est bien rythmée, notamment grâce à des chapitres très courts. Le danger imminent et la peur de Lucio créent un suspense assez prenant. Les moments plus « statiques » du roman m’ont un peu moins plus, peut-être parce qu’ils ne sont pas suffisamment bien reliés au reste.

Globalement, c’est un bon roman. L’auteur écrit bien, aucun reproche à faire à son style, ni trop simple, ni trop travaillé. J’ai également apprécié la façon dont il montre combien la vie de l’équipe de sécurité est liée au tunnel, et comment des préoccupations financières et la routine du quotidien ont pu avoir des conséquences dramatiques. Il parvient bien à nous donner la sensation d’un immense gâchis. En revanche, j’ai regretté que l’ensemble ne soit pas plus fouillé. Le livre est court (191 pages), et les personnages auraient mérité d’être plus étoffés pour que l’on s’attache à eux, ce qui n’est pas vraiment le cas ici. Voilà pourquoi, un peu paradoxalement, cette histoire tragique manque d’émotion.

Quoi qu’il en soit, pour un premier essai, ce n’est pas mal du tout, et ce roman m’a tout de même tenue en haleine. Nous assistons à un drame, mais l'atmosphère n'est pas pesante. De plus, vivant en Savoie, je ne me sens pas indifférente à cet accident, et j’ai aimé en découvrir une interprétation. Vous laisserez-vous tenter vous aussi ?

Note : 3/5

Stellabloggeuse 
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« Il respirait vite et commençait à s’asphyxier. Mais sa détresse était autre. Elle plongeait dans cette peur qui l’habitait et valait plus que sa vie ; comme si son existence fuyait entre ses doigts, dans le vide glacé de l’absence, et que tout son être n’avait qu’un but, retrouver sa femme, se blottir contre elle, l’emporter, l’arracher à la mort, et vivre encore la seule vie qui lui importait. Sous l’émotion, sa bouche se tordait et ses yeux pleuraient. L’homme criait un nom. Il appelait désespérément dans la nuit informe et grise du tunnel ».

mercredi 7 décembre 2011

Adulte à présent, d'Edgar Sekloka : quand meurent l'enfance et les rêves

[Sarbacane, novembre 2011]

Après le coup de coeur des "Déchaînés" quelques semaines auparavant, je vous présente aujourd'hui l'un des derniers nés de la collection eXprim', aux Editions Sarbacane. Edgar Sekloka a publié son premier roman en 2008, dans cette même collection. Nommé "Coffee", le livre avait beaucoup séduit. 

Ce second roman était donc assez attendu, d'autant plus que le résumé est assez séduisant. Au Cameroun, la Cadette est en colère contre l'engagement politique de son père, qui les met tous en danger. Ils font pourtant partie des privilégiés, ils ont une belle maison. Et la Cadette, elle veut vivre, tout simplement. Mais lorsqu'elle perd sa famille, c'est pour sa survie qu'elle lutte. A New-York, le Fils étouffe dans son appartement trop petit, entre ses deux parents qui ne se supportent plus. Le Fils aimerait bien ne plus se préoccuper d'eux, et vivre sa vie. Mais surout, la cadette et le Fils vont être amenés à se rencontrer, à New York.

J'ai l'impression qu'autour de moi, ce roman a beaucoup plu. Et pourtant, j'avoue que j'ai eu du mal à entrer dedans, je n'ai pas vraiment "accroché" à la première partie du livre, celle qui se passe au Cameroun. Je ne me suis pas vraiment attachée à la cadette, et j'ai été quelque peu agacée par l'évocation récurrente (voire répétitive) de son grain de beauté à la main.

En revanche, j'ai beaucoup aimé la vie New-Yorkaise du Fils, dont l'auteur dépeint le quotidien de manière très réaliste, parlante. J'ai particulièrement apprécié les moments durant lesquels il est en cours, peinture joyeusement cynique de ces classes de collège ingérables. Mais surtout, le fils a une personnalité attachante, et on a vraiment envie qu'il s'en sorte. La partie narrant la rencontre des deux personnages est également réussie, j'ai aimé la relation qui se tisse entre eux, et je l'ai trouvée très crédible.

Ce roman est également une belle leçon de survie en milieu hostile. Les deux jeunes gens s'adaptent, plient mais ne rompent pas devant la violence, que ce soit celle de la guerre ou du quotidien. Mieux, ils restent capable d'aimer, de se préoccuper des autres. Enfin, il faut rendre hommage au style de l'auteur, fluide, rythmé, musical. Ce qui n'est pas un hasard, puisque Edgar Sekloka fait aussi de la musique avec son groupe, Milk Coffee and Sugar.

Il en résulte que c'est un bon roman, mais qu'il brille plus par sa construction et sa langue que par l'histoire ou les émotions ressenties par le lecteur. En effet, je me suis surprise à rester un peu "en-dehors" de l'histoire, et à ressentir peu de choses face à des évènements qui auraient du m'émouvoir. Ainsi, en refermant le roman, et même si j'ai apprécié la fin, j'ai eu comme un goût d'inachevé.

Mais je dois reconnaître que globalement, les romans de cette collection sont d'une telle qualité que je commence à devenir plus exigeante (trop ?). De plus, tout est une affaire de goût, et je vous invite à lire des avis plus enthousiastes sur ce roman (chez BatifolireSophie LJ et Strip n' geek), et surtout à vous faire votre propre opinion !
Et pour en savoir plus : un interview de l'auteur, Edgar Sekloka

Note : 3/5
Stellabloggeuse
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« Salon, écran plat pour le fils. Vaisselle et cuisine pour le père. Chambre et prière pour la mère. Non, tergiverse le fils en apparté, il n’y a pas de miracle, juste des hommes à part entière : défaillants. Le fils se répète en boucle l’amendement. Ses yeux piquent ; il ne sourira plus à tous les spectacles. Ne sera plus spectateur. […] Rotting Paris. Les images écorchent son insouciance. Ses yeux piquent, mais le fils les garde ouverts, car c’est à bien voir qu’on devient grand. Il le sait – si, si, il le sait – et de petites piqûres en petites larmes, du couloir au salon, il s’éloigne de son enfance. Il éteint l’écran plat et découvre, dans le reflet, que ses yeux brûlent de le voir adulte à présent. »

samedi 3 décembre 2011

Ma vie a changé, de Marie-Aude Murail : un roman bonheur, à lire quand le moral est en berne


Ceux qui suivent ce blog savent que Marie-Aude Murail est un auteur que j’apprécie beaucoup. Après un grand coup de coeur pour Simple, qui m’avait littéralement emportée, j’ai décidé de relire « Ma vie a changé », que j’avais beaucoup aimé lorsque j’avais une dizaine d’années.

Dans ce roman, Marie-Aude Murail met en scène Madeleine. Cette documentaliste est la mère célibataire, débordée et légèrement désespérée d’un adolescent de douze ans, nommé Constantin. Sa vie familiale est un échec, elle a du mal à comprendre son fils, et le nouveau proviseur lui met des bâtons dans les roues. Mais un soir, alors qu’elle rentre chez elle, un entêtant parfum de muguet flotte dans son appartement. Son voisin lui laisse alors entendre que son elfe a pu trouver refuge chez elle. L’elfe, nommé Timothée, entre alors dans sa vie et la bouleverse profondément.

La magie a de nouveau opéré sur moi, j’ai été totalement charmée par ce roman. Je crois qu’il peut tout autant plaira aux adultes qu’aux adolescents. Ce personnage de mère un peu désespérée est très attachant, tout en ayant une certaine force comique. Constantin est une gentille caricature d’adolescent, qui fait sourire. Quant à Timothée, il est à la fois un être surnaturel, un enfant capricieux et un esprit malin.

Comme toujours, Marie-Aude Murail a construit une histoire dynamique et teintée d’humour. On rit, on est attendri, étonné. Dans ce roman, c’est avec les êtres surnaturels et les légendes, les croyances qui leur sont associées, que l’auteur s’amuse. L’histoire n’a rien de rationnel (même si Madeleine et son esprit cartésien se débattent un temps contre ce surnaturel) et pourtant, l’espace d’une heure ou deux, on a envie de croire aux fées, aux elfes, à la magie.

Car c’est là que réside le message du livre : la vie serait trop triste si l’on ne croyait qu’en ce que l’on a sous les yeux, ce que l’on peut voir, ce dont on peut prouver l’existence. Il est si agréable de mettre un peu de fantaisie dans sa vie, une touche de folie. Et c’est avec délice que l’on plonge dans ce monde où tout est possible, y compris exercer une sorte de magie vaudou sur un proviseur que l’on déteste !

Alors évadez-vous, lâchez prise et basculez dans ce roman. Accueillez un elfe sur le bord de votre lavabo, vous ne le regretterez pas !

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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« Il se mit à jouer au foot entre les bols avec un grain de riz soufflé, fit de l’équilibre sur le manche d’une cuillère, patina sur la lame beurrée d’un couteau, lâcha des morceaux de sucre dans mon café du haut du plafond, avec cet intéressant commentaire :
-Bombardement de Maman ! Mettez toute la sauce !
Je finis par attraper un torchon pour le taper, comme on écraserait une mite.
-Pitié, je me rends !
Il atterrit sur la boite de Nesquick, les mains en l’air, et nous éclatâmes de rire, mon fils et moi. »

 «-Même Jean-François se pose des questions à mon sujet, dis-je, ce soir-là, à Timothée.
-Tu sais ce que j’en pense de Jean-François, me répliqua mon elfe, assis sur un verre à dents retourné.
-Et qu’est-ce qu’en pense Monsieur ?
-Caca boudin.
-Sot personnage, murmurai-je. Fais attention, tu vas glisser dans le lavabo.
Je commençai mon démaquillage, en ôtant le mascara de mes cils. Timothée suivait toujours ces manœuvres avec le plus grand intérêt. Les elfes ne se maquillent pas. »