samedi 28 avril 2012

Chi, une vie de chat, tome 1, de Kanata Konami : un manga frais et mignon pour les amoureux des chats !

[Glénat, 2010]

Aujourd’hui, on fait une petite pause manga ! Je vais vous parler du premier tome de « Chi, vie de chat » de Kanata Konami, que j’ai lu dans le cadre de mes challenges 2012. Cela faisait déjà un petit moment que des copines, amoureuses des chats (tout comme moi), m’avaient parlé de ce manga « trop mignon » selon leurs propres termes. Ce manga m’a donc accompagnée dans les transports en commun durant quelques jours !

Résumé 

Ce manga met en scène un chaton qui s’égare et ne peut retrouver sa maison et sa maman. De petites histoires de quelques pages content chacune un moment marquant de la vie de ce petit chat. Il est recueilli par une famille qui comporte un petit garçon, Yohei, et qui vit dans un immeuble où les chats sont interdits… Chi et la famille font peu à peu connaissance, s’adaptent les uns aux autres…pour notre plus grand plaisir !

Avis général

Trêve de suspense, ce manga m’a fait complètement craquer. Tout comme il est impossible de ne pas se laisser attendrir par un chaton dans la « vrai vie », il est impossible de résister à Chi !

Le dessin et le texte

C’est le dessin qui rend ce manga si mignon : Konami Kanata a très bien réussi a retranscrire les attitudes des chats : la surprise, la faim, la bouderie, l’excitation du jeu, la peur face à un gros chien ou dans le cabinet du vétérinaire… Et quand Chi est triste, on se sent juste fondre…

De plus, il faut préciser que toutes les vignettes sont en couleurs, des couleurs assez vives, qui rendent le tout très vivant. Ajoutons que ce manga est facilement accessible aux néophytes car il adopte le sens « normal » de lecture…

En ce qui concerne le texte, ce qui se passe dans la tête de Chi est intéressant, l’auteur a bien réussi à se mettre dans la peau d’un chat. S’ils pouvaient parler, nos matous tiendraient sans doute le même discours !

Des leçons à retenir

Pour le lecteur qui aspire à adopter lui-même un chat, ce manga est instructif. En effet, Chi est un petit chaton, qui doit donc être éduqué, ce qui se fait par étapes, et avec des « ratés ». Chi fait des bêtises, et c’est normal. Ce manga peut aider à se préparer psychologiquement à certains dégâts collatéraux… Mais on peut également en retenir quelques « techniques » à appliquer avec son chaton.

En quelques mots

Pour résumer c’est un manga adorable, au dessin très réussi, qui peut plaire tout autant aux enfants qu’aux plus grands. Je le conseille en tout cas à tous les amoureux des chats !

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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Ce livre fait partie des challenges :

Challenge ABC 2012 : 12/26

Baby-Challenge Jeunesse 2012 : 8/26

jeudi 26 avril 2012

L’enfant nucléaire, de Daph Noboby : un conte cauchemardesque gastro-politique qui n'épargne pas le lecteur

[Sarbacane, mars 2012]

Aujourd'hui, je vous emmène sur des terres nouvelles, dans un domaine dont je ne suis pas familière. L’envoi de « L’enfant nucléaire » de Daph Nobody par la collection eXprim’ (que je remercie) m’aura poussée à sortir des sentiers battus et de mes genres de prédilection. Bien qu’un peu hésitante, j’étais prête à me laisser surprendre.

Résumé

Dans ce roman, Daph Nobody met en scène Jiminy Waterson, aux Etats-Unis. Depuis sa plus tendre enfance, Jiminy se montre capable d’ingérer absolution n’importe quoi, sans conséquence sur sa santé à court terme. De la bouteille d’eau de javel au ciment, en passant par les aliments pour chiens. Le secret ? Ses acides gastriques, ultra-performant. Ce « don » fait de lui une cible privilégiée pour les scientifiques. Mais il leur échappe pour vivre dans une décharge, puis partir en quête de gloire avec son ami Alex en réalisant des spectacles époustouflants sans trucage. Pendant ce temps, dans les hautes sphères de l’Etat, quelques Républicains complotent pour chasser leurs homologues Démocrates du pouvoir…

Avis général

On est vite happé par ce roman qui part au quart de tour et ne laisse pratiquement aucun répit au lecteur. Bien qu’un peu décontenancée par l’univers très noir de ce roman, l’intrigue politique m’a rapidement intéressée et m’a permis d’avancer dans ma lecture.

Des messages à défendre

Sous ces dehors « spectaculaires », ce roman aborde bien des sujets cruciaux concernant notre planète, dont certains sont très politiques. Il y a des préoccupations sanitaires et écologiques. Le problème du traitement des déchets nucléaires se trouve notamment au cœur de cette histoire. L’auteur aborde également la consommation de masse, pousse à l’extrême notre penchant à engloutir n’importe quoi pourvu que cela soit « vendeur ». J’ai apprécié de me retrouver confrontée à ces thèmes.

Les personnages

Ce roman possède également une dimension psychologique, nous faisons face à des personnages qui ne parviennent pas à trouver leur place dans le monde. Il y a bien sûr Jiminy, qui doute de son humanité, mais aussi son meilleur ami Alex, toujours en quête d’argent, ou la jeune Leia qui a renoncé à sa féminité. L'auteur aborde ainsi la difficulté d'être différent, de ne pas entrer dans un moule. Chacun de ces personnages est touchant à sa manière, même si on a du mal à s’attacher à eux, car on a l’intuition dès le départ qu’ils sont tous condamnés.

Une intrigue politique

Comme je l’ai déjà évoqué, c’est l’aspect politique de l’intrigue qui m’a séduite. J’ai aimé voir se mettre en place les machinations, les manipulations. L’auteur dénonce la corruption et nous montre de quelle manière les journaux peuvent tour à tour déformer la vérité ou tenter de la rétablir. Il me semble qu’il s’agit-là d’une vision de ce que pourrait être nos sociétés d’ici quelques décennies (ou années) si les citoyens se laissent confisquer la démocratie…

L’écriture

L’écriture de Daph Nobody est très efficace, totalement au service de son roman : cette écriture plante le décor de ce roman noir de manière très efficace. Couleurs, odeurs, texture, tout y est pour que le cauchemar prenne vie. C’est glauque, c’est gore, c’est trash, ça secoue le lecteur ! L'histoire est également truffée de références à la religion ou au cinéma. De manière personnelle, ce n’est pas un genre que j’affectionne, mais il est certain que cette manière d’écrire ravira les amateurs du genre. On ne peut s’empêcher d’être fascinés, emportés.

En quelques mots

Si je devais résumer ce roman en quelques mots, je dirais qu’il s’agit d’un cauchemar éveillé, savamment mis en scène par l’auteur pour dénoncer l’impasse vers laquelle se dirige les sociétés occidentales et quelques-uns des travers de l’humanité.

Il ravira probablement les amateurs de roman noir, mais il peut aussi intéresser et surprendre les non-initiés, si vous êtes capable d’endurer tout cet aspect « trash ». C’est à vos risques et périls ! Ce qui est certain, c’est que « L’enfant nucléaire » vous emmènera loin, très loin…
Pour vous aider, vous trouverez d'autres avis chez BatifolireLes mots de MéloGalleane ou La vie des livres...
Merci aux éditions Sarbacane et à la collection eXprim’ pour leur confiance.

Note : 3/5
Stellabloggeuse
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« Quand on ne reçoit pas de caresses, se dit Jiminy, on apprivoise les coups, et les contusions se mettent à revêtir les couleurs de l’arc-en-ciel. On n’existe plus que par les plaies, et le mal devient un jeu. Alors joue, Jiminy ! Joue et souffre ! »

« Les hommes de pouvoir ont toujours peur de l’inconnu. Je dois leur apparaître comme un être trop puissant, car unique au sein de la Communauté des Hommes. Dans une société aussi manipulatrice et aliénante que la nôtre, on doit me considérer comme un danger planétaire, un foyer d’insoumission potentiellement anarchisant, déjà du simple fait que je suis insensible aux drogues que l’on nous injecte à dessein d’accoutumance dans le tabac, les fast-food ou même le lait en poudre… Un être qui ne développe aucune assuétude signifie la mort du capitalisme, non ? Et je pourrais devenir contagieux, qui sait… »

samedi 21 avril 2012

Terrienne, de Jean-Claude Mourlevat : un univers aseptisé et glaçant, un hymne d’amour à la Terre et à la vie


Il y a quelques mois, j’ai lu « Le Combat d'hiver » de Jean-Claude Mourlevat, que j’ai beaucoup apprécié. On m’a ensuite dit beaucoup de bien de « Terrienne », son dernier roman. Aussi, j’ai décidé de l’inscrire à mon programme de 2012, et j’en suis ravie !

Résumé 

Dans ce roman, l’auteur met en scène Anne Collodi, une jeune lycéenne de 17 ans. Sa sœur, Gabrielle, a disparu le lendemain de son mariage, un an auparavant. Puis, par un étrange appel radio, Anne a reçu un appel au secours de sa grande sœur. En suivant ses indications, elle passe dans un autre monde. Un monde très aseptisé où tout est sous contrôle. Un monde où les Terriens sont traités comme des animaux. Anne va cependant trouver des alliés pour l’épaule dans sa quête et tenter de sauver Gabrielle.

Avis général : un univers très intéressant

J’ai beaucoup aimé ce roman. J’ai commencé tranquillement, puis je l’ai dévoré, de plus en plus vite. J’ai particulièrement adhéré à l’univers de science-fiction créé par Jean-Claude Mourlevat (c’était d’ailleurs le point fort du « Combat d’hiver »). Il y a beaucoup de dystopies ces derniers mois, mais j’ai trouvé que celle-ci avait son originalité, elle apporte quelque chose.

L’intrigue

L’intrigue est bien menée par l’auteur. Dès le départ, nous avons les clés pour comprendre le monde dans lequel nous évoluons, mais de nombreux rebondissements relancent sans cesse l’intérêt du lecteur. J’ai lu la seconde moitié du livre pratiquement d’une traite tant j’avais envie de savoir comment les héros s’en sortiraient.

Et c’est justement là que le bât blesse : j’ai trouvé que certains obstacles étaient franchis de manière un peu trop simple, et notamment les deux derniers (je ne veux pas en dire plus pour ne pas spoiler ceux qui ne l’ont pas lus). Les personnages ont lutté et ont couru de grands dangers jusqu’ici, mais arrivés au dénouement, il ne se passe presque rien. C’est pour moi le principal (et pratiquement le seul) point négatif de ce livre.

Un manque d’émotion ?

Au cours de ma lecture, j’ai également déploré un certain manque d’émotions. En effet, on connaît les sentiments des personnages, mais on reste assez en surface, cela manque un peu de profondeur. Mais peu à peu, on comprend pourquoi : la faute en revient au monde aseptisé dans lequel évoluent les personnages, qui annihile en quelque sorte les émotions. De plus, de l’émotion est arrivée au cours du roman, au fur et à mesure que les personnages s’attachent les uns aux autres. Mais c’est la scène familiale finale autour d’une cabine téléphonique qui m’a le plus bouleversée, en quelques petits mots : « J’ai froid Papa, tu viens ? ».

Les personnages

J’ai rapidement éprouvé de la sympathie pour le personnage d’Anne, de l’admiration pour sa force, sa détermination à aller jusqu’au bout pour retrouver sa sœur. Néanmoins, je ne me suis pas véritablement attachée à elle, du fait du léger manque d’émotions évoqué plus haut.

En revanche, j’ai aimé les personnages secondaires, et j’ai apprécié que l’auteur nous permette de suivre leurs pensées lors de certains chapitres. Qu’il s’agisse des soldats hybrides Bran et Torkensen, de la régisseuse d’hôtel Madame Stormiwell ou des autres personnages de ce monde étrange, tous ont une originalité, tous sont intéressants. Le seule personnage dont je n’ai pas vraiment saisi l’utilité, c’est celui de l’écrivain, Etienne Virgil.

L’écriture

Ce roman est porté par l’écriture agréable de Jean-Claude Mourlevat qui est élaborée mais fluide. C’est un livre qui se lit sans difficulté, on peut le dévorer et tourner les pages à toute allure lorsque le suspense est insoutenable ! J’ai particulièrement aimé les descriptions de paysages, très réussies, j’avais l’impression de pouvoir les visualiser.

Un message fort

S’il y a une chose à retenir, c’est le message véhiculé par ce roman. Il y a tout d’abord une réflexion intéressante sur la recherche du progrès médical, sur notre obsession de nous tenir à l’écart de tout microbe. Mais ce roman est avant tout une sublime déclaration d’amour à la planète Terre, un hymne à la vie, et ce message m’a touchée. Il est bon de se souvenir quelle chance nous avons d’être ici, en vie, dans ce monde imparfait mais plein de surprises.

En quelques mots

C’est un excellent roman à l’intrigue palpitante, et qui comporte un très beau message, une déclaration d’amour à notre planète. Si ce n’est pas un coup de cœur, c’est uniquement parce qu’il m’a manqué une petite étincelle et que la manière de franchir certains obstacles ne m’a pas totalement convaincue. Mais je vous le recommande !

Note : 4,5/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie des challenges :

Challenge ABC 2012 : 11/26

Baby Challenge Jeunesse 2012 : 7/20
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« C’est tout le contraire d’une promenade d’agrément. On se lasse vite des avenues trop larges et sans trottoirs, de leur parfaite propreté, des bâtiments aux façades laiteuses. On en a vite assez de croiser des créatures interchangeables et indifférentes. On voudrait voir des vrais gens, je veux dire des enfants qui courent et des vieux qui n’avancent pas ! Des ados trop bruyants, des messieurs trop gros, des mamans encombrées de bébés ! Des gens venus de tous pays avec la couleur de peau qui va avec ! On a envie de voir des chiens, des chats, des oiseaux, des arbres ! On a envie qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il y ait du vent ! Mais il n’y a rien de tout ça : juste le calme, l’espace vide autour de nous et l’incommensurable ennui. »

« Nous nous serrons l’un contre l’autre. Nous nous embrassons. Nous sommes sales, nous n’avons plus rien, plus de sacs, rien à manger ni à boire, nous n’avons plus que nous-mêmes, mais une force irrésistible nous pousse, un réflexe de vie dans cet univers de mort, l’envie de repousser plus loin encore ces ténèbres auxquelles nous venons d’échapper. […] Et nous faisons ce que font depuis quelques millions d’années déjà les êtres humains qui s’aiment. Avec l’illusion pourtant que nous sommes en train de l’inventer. »

samedi 14 avril 2012

Rencontre avec Flo Jallier à Grenoble

[30 mars 2012, bibliothèque des Eaux Claires de Grenoble, 18h]

Souvenez-vous, en novembre 2011, j’ai eu un coup de cœur pour « Les Déchaînés » de Flo Jallier, son deuxième roman paru aux éditions Sarbacane, dans la collection eXprim’ que vous savez chère à mon cœur. Depuis, je n’ai cessé de vous crier mon amour pour ce roman, et de vous harceler pour que vous le lisiez…
  

Je vous propose aujourd’hui de faire un peu mieux connaissance avec cette auteur, Flo Jallier ayant été invitée à Grenoble dans le cadre du Printemps du Livre. Je n’allais pas rater ça ! La rencontre a commencé de manière un peu chaotique : Flo Jallier, très à l’aise avec le jeune public, s’est sentie intimidée par cette salle « d’adultes ». Elle a donc choisi de sortir du schéma « questions-réponses » pour nous présenter son parcours, avant d’engager une discussion avec le public. Ce qui, à défaut d’avoir obtenu les clés de compréhension de ses romans, nous a permis d’en savoir un peu plus sur elle et sur le message qu’elle porte.

Son parcours

Flo Jallier a fait des études de droit, pour accomplir le rêve de ses parents qui voulaient qu’elle « réussisse ».
Mais elle a rapidement pris un virage à 180 degrés suite à sa rencontre avec un groupe de musique. Elle s’est mise à la batterie et a joué de la musique dans deux groupes, « Les coquines » et « En vrac ». En tant que musicienne, elle a écrit des textes de chanson, et c’est comme cela qu’elle a commencé à avoir envie d’écrire.
Avant cela, des « chocs littéraires » lui avaient donné envie d’écrire : Balzac et Zweig à l’adolescence, puis le Voyage au bout de la nuit de Céline.

Sa manière d’écrire, de travailler

Flo Jallier se définit elle-même comme une « bosseuse », dans la musique comme dans l’écriture. Passionnée par ses activités, elle est capable de passer des jours sans manger, boire ou dormir ! Pour en arriver à ces romans, elle a travaillé 10 ans, c’est un travail de fourmi. En parallèle de ce profil de travailleuse acharnée, elle écrit à l’instinct, à l’intuition, guidée par deux questions : « Qui suis-je dans ce monde ? Pourquoi ? » ?

Dans l’écriture, elle recherche la simplicité, elle essaie d’aller à l’essentiel. Mais avant tout, elle prend du plaisir : avant, elle écrivait pour être publiée, et elle avait perdu ce plaisir d’écrire. C’est finalement en retrouvant le plaisir d’écrire qu’elle a créé de bons romans.

Ses romans et leurs grands thèmes

Les filles ne mentent jamais : Ce roman se passe entre les années 1970 et les années 2000, dans  la banlieue parisienne et raconte le quotidien de quatre jeunes femmes, chacune s’exprimant tour à tour. Cette première histoire lui a permis d’aborder les violences faites aux femmes. Elle a mis en scène des femmes qui ont des vies difficiles, mais qui s’en sortent malgré tout.


 Les Déchaînés : Pour le résumé, je vous renvoie à ma chronique. Pour Flo Jallier, le but de ce roman, c’est d’apprendre à dire non, un non qui marque le début de la liberté. Il lui a également permis d’aborder l’histoire antillaise, une histoire qui selon elle n’a pas été « digérée » par la France. Elle a souhaité remonter le temps, pour mieux comprendre ses origines. Pour Flo Jallier, l’Histoire et les commémorations sont importantes : il faut savoir ce qui s’est passé, pour mieux comprendre et en réparer les blessures.   
  
Un message à faire passer : la liberté

Durant cette rencontre, Flo Jallier nous a surtout parlé de liberté. Elle estime en effet qu’en 2012, on a encore besoin de parler de la liberté. Le livre n’est pour elle qu’un support pour délivrer ce message.

Mais qu’est-ce que la liberté ? Pour Flo Jallier, la liberté ne signifie pas faire ce qu’on veut, mais chercher comment se réaliser et pouvoir s’épanouir. La liberté est cadrée, nous vivons tous dans un système : la vraie liberté est d’abord intérieure.

Au-delà de cette liberté, elle souhaite aussi parler du rêve, du plaisir, de l’urgenceécologique, et de la violence que chacun de nous porte en lui.

La jeunesse

Flo Jallier s’adresse particulièrement aux jeunes lorsqu’elle écrit. Aujourd’hui, les jeunes ne savent pas ce qu’ils veulent faire de leur vie, quels sont leurs rêves. Ils ne pensent pas à rêver, c’est une génération angoissée, qui baigne dans la crise, le chômage. Elle veut donc leur dire de prendre conscience de leurs possibilités et de faire ce dont ils ont envie, en prenant du plaisir. En apprenant à se connaître, ils pourront mieux affronter le monde. L’important, c’est de se trouver, au risque d’être différent, d’être un peu marginal. Mais apprendre à se connaître permet aussi de mieux appréhender les autres.

Ainsi, le message qu’elle souhaite délivrer aux jeunes générations pourrait se résumer ainsi :travaillez pour vos rêves, pour les réaliser et vous accomplir.

La violence

Si Flo Jallier insiste autant sur la liberté  et sur la nécessité de vivre en adéquation avec soi-même, c’est que la négation de soi entraîne selon elle une frustration qui débouche sur de la violence. Quand on vit dans le secret, le non-dit, que l’on est privé d’informations sur ses origines, on ne peut se construire, on est bancal.
Pour Flo Jallier nous avons tous de la violence en nous, dont il faut prendre conscience. Sur ce thème, elle nous conseille « Carnage », un film de Roman Polanski.

Et l’amour dans tout ça ?

Pour Flo Jallier, l’amour est un moteur, il fait avancer. Les individus ont besoin de savoir qu’ils sont issus d’un amour, la quête des origines est importante pour cela. Le manque d’amour conduit à la frustration et à la violence évoquées ci-dessus. La phrase « dans le plus terrible des hommes se terre l’enfant mal aimé » est récurrente dans les Déchaînés, un message on ne peut plus clair.

En résumé ?

Pendant cette rencontre, nous avons parlé de liberté, de violenced’amour, des vraies discussions de société qu’il serait bon d’avoir plus souvent. Flo Jallier est une femme passionnée et profondément révoltée, admirable pour la force de ses convictions. Dans la salle, on a bien retenu le message : il serait temps d’essayer de nous accomplir en tant qu’individu avant de courir après une image idéale, celle que la société attend de nous. A méditer !
Merci à la bibliothèque des Eaux Claires pour l’organisation de cette rencontre !


Stellabloggeuse

jeudi 12 avril 2012

L’épopée du perroquet, de Kerry Reichs : une jolie histoire, entre road-trip et roman psychologique

[Oh ! Editions, 2012]

Me voilà bien embêtée aujourd’hui ! Oui, parce qu’à force d’avoir un coup de cœur littéraire par mois, je vais finir par passer pour un véritable cœur d’artichaut ! Et pourtant, si je veux être juste, je dois bien l’avouer, « L’épopée du perroquet » est un joli coup de cœur pour moi…

Résumé

Dans ce roman, paru aux Etats-Unis en 2010 et récemment traduit en français, Kerry Reichs met en scène Maeve, une jeune femme d’environ 25 ans. Cette dernière vient de terminer ses études sur le tard, et elle ne sait pas vraiment quoi faire de sa vie. Pour la pousser à se prendre en main, ses parents lui annoncent sa décision de ne plus la soutenir financièrement…le jour-même où elle se fait licencier de son travail de serveuse ! Ni une ni deux, Maeve se fixe un objectif : elle va faire le marathon de Los Angeles prévu à l’automne, et réussir à Hollywood. Pour cela, elle va traverser les Etats-Unis dans sa vieille voiture avec Oliver, son perroquet, en passant par des villages aux noms insolites. Mais quand sa voiture tombe en panne à Coin Perdu, son voyage et même sa vie vont être bouleversés d’une surprenante manière…

Mon avis général

Comme vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a touchée. Le résumé et les premières pages donnent l’impression que l’on va lire un roman de chick-lit, léger et rafraîchissant : nous sommes face à une héroïne un peu irresponsable, qui cherche qui elle est et ce qu’elle va faire de sa vie. Et pourtant, sans le voir venir, on se trouve plongé dans une histoire bien plus profonde que cela, qui véhicule un message fort et touchant. L’histoire est très bien menée, la fin n’est pas connue d’avance (sauf peut-être en ce qui concerne l’histoire d’amour…), certaines choses arrivent sans qu’on les voie venir. Le rythme est soutenu sans être trop rapide, je ne me suis pas ennuyée un instant et j’ai pu savourer les différentes scènes. Et pour ne rien gâcher, j’ai beaucoup aimé la fin du roman, empreinte d’un humour tendre.

Entre humour et gravité

En effet, le grand talent de cette jeune auteure, c’est d’avoir réussi à aborder des sujets graves, et notamment celui de la maladie, en conservant cependant une bonne dose d’humour. Le roman est parfois grave et profond, mais jamais il n’est lourd. J’ai souri, j’ai ri, à de bien nombreuses reprises. Le personnage d’Oliver, le perroquet, est par exemple très bien utilisé pour désamorcer certaines situations tendues en apportant une touche comique avec ses interventions un peu décalées mais toujours pertinentes.

Les personnages

Au-delà d’Oliver, l’ensemble des personnages créés par Kerry Reichs sont très réussis. A Coin Perdu, Maeve rencontre une foule de gens attachants. Il y a Busy, Avril, Helen et Liz, les vieilles dames espiègles et parfois délicieusement vaches. Il y a aussi la lumineuse May, pétillante et profondément gentille, ou Ange, le photographe marqué par la vie. Sans oublier les personnages masculins comme Samuel, le médecin, et Noah le libraire. Ce dernier en particulier m’a beaucoup plu, j’ai apprécié ce personnage d’écrivain qui « plane » un peu, égaré dans la vie réelle. Sans oublier bien sûr son potentiel de séduction…

Mais la grande réussite, c’est le personnage de Maeve. Cette jeune femme est incroyablement attachante. Elle est très forte malgré ses blessures passées, sans en avoir pourtant conscience. Elle a un culot et une énergie admirables, qui lui permettent de venir à bout des obstacles. Grâce à ses pensées très spontanées, le langage utilisé (plein de jeux de mots, ou de jeux avec les sonorités), ou de petits détails comme les chaussettes montantes et colorées qu’elle porte, Kerry Reichs a véritablement réussi à donner vie à ce personnage. A tel point que, bien qu’elle soit très différente de moi, je me suis beaucoup attachée à Maeve, je me suis identifiée à elle. Quand elle était heureuse je l’étais avec elle, et quand elle était vibrante de désir (ceux qui l’ont lu sauront à quelle scène je fais référence…) je l’étais tout autant…

Le style

En ce qui concerne le style de l’auteur, il est simple et agréable. Kerry Reich n’en fait pas trop, le style n’est pas très littéraire, mais le vocabulaire est riche, les phrases sont agréables à lire, et le tout respire la fraîcheur. J’ai particulièrement aimé les dialogues, très naturels et spontanés, parfois à la limite du familier. Bref, des dialogues que l’on pourrait avoir dans la vie de tous les jours quoi, et non des gens qui parlent à la manière du XIXe siècle !

En quelques mots…

Je ne saurai trop vous conseiller de découvrir ce roman, qui vous surprendra et vous touchera. C’est un joli mélange de road-trip et de roman psychologique, de quête personnelle. C’est un livre qui délivre un message d’espoir, qui pousse à s’accrocher à ses rêves et à la vie. Je remercie donc chaudement Livraddict et Oh Editions qui m’ont envoyé ce livre en partenariat, car sans eux je n’aurais peut-être pas été vers ce livre dans une librairie…et cela aurait été vraiment dommage !

Note : 5/5 (Coup de cœur)

Stellabloggeuse
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“J’avais envie de réduire en bouillie sous mes pieds qui martelaient le sol la pitié de mes parents et l’expression sur le visage de Joe. Je ne suis pas quelqu’un qu’on plaint. Mon coeur battait comme un métronome. J’avalais la piste. Regardez-moi courir ! Je peux aller plus loin encore, ai-je songé. J’ai de la discipline. Ma résolution s’est intensifiée. Je leur prouverais qu’ils avaient tort, pas pour me venger, simplement parce que j’en étais capable. […] J’ai continué à courir, un tour après l’autre, m’imaginant en train de marcher au soleil, confiante, compétente, heureuse et prospère. Mais je pensais surtout à la manière dont mes parents me regarderaient. Différemment. Avec fierté.”

“Au bout d’un moment, j’ai cessé de parler tout haut et laissé mon esprit divaguer à sa guise, pour une fois. Je refaisais connaissance avec des souvenirs abandonnés, comme des amis de longue date. Les beignets amish. La sensation d’avoir l’estomac qui se décroche dans les manèges des parcs d’attractions, ce qui n’est pas toujours terrible quand on a mangé les dits beignets. J’ai passé en revue tous les petits plaisirs que j’avais écartés parce qu’admettre qu’ils avaient de l’importance revenait à souffrir de les perdre. L’appréhension m’a doucement quittée. Après tout, il est un peu difficile d’avoir peur de se voir enlever un goût de la bouche par la Faucheuse alors qu’on baigne dans la lumière veloutée de l’après-midi d’une cour endormie.”

samedi 7 avril 2012

Eternels, d'Alyson Noel, tome 2 : Lune Bleue

[Michel Lafon, 2010]

Attention, il s'agit du second tome d'une saga : risque de spoilers sur le tome précédent

Souvenez-vous, il y a quelques mois, en novembre 2011, Juliah m'avait permis de découvrir le tome 1 d'Eternels d'Alyson Noel en organisant une lecture commune. Malgré quelques bémols, j'avais apprécié cette lecture, et je souhaitais connaître la suite. J'ai donc décidé d'organiser à mon tour une Lecture Commune du tome 2 sur Livraddict. Merci à ceux qui m'ont accompagnée dans cette lecture.

Dans ce second tome, Ever et Damen sont enfins réunis, et Ever apprivoise doucement ses dons d'immortels. Pourtant, l'arrivée d'un nouveau venu au lycée change la donne. En apparence, Roman est un jeune anglais sympathique. Mais dès qu'il commence à fréquenter le lycée, les gens changent et en particulier Damen, qui semble mal en point et distant vis à vis d'Ever. Seule Ever semble se méfier de Roman. C'est donc seule qu'elle doit chercher une solution pour sauver celui qu'elle aime.

J'ai pris du plaisir à lire ce second tome. Après l'épilogue du premier tome, je me demandais comment l'auteur pourrait renouveler l'intrigue, amener des évènements intéressants. De ce côté-là, c'est totalement réussi : l'intrigue est intéressante, et je l'ai trouvée mieux menée que dans le premier tome. Il se passe beaucoup plus de choses, et Ever est plus active, elle essaie de prendre son destin en main. Ce tome est plus cohérent. En arrivant vers la fin, je me suis même surprise à ne plus lâcher le livre (j'ai terminé à deux heures du matin...), je voulais connaître le dénouement.

Du côté des personnages, il y a là aussi de la cohérence. Les personnages sont globalement fidèles à ce qu'ils étaient : Ever se pose toujours beaucoup de questions et doute d'elle-même, Haven râle et jalouse autrui, Miles parle beaucoup, Damen est rayonnant et séduisant. Je dois dire que le personnage de Riley, la jeune soeur d'Ever, m'a manqué, je l'aimais beaucoup. Néanmoins, j'ai bien aimé certains nouveaux personnages, comme les deux fillettes qui guident Ever dans l'Eté perpétuel, ou Roman, crédible dans son rôle de méchant.

Seul le manque de discernement d'Ever me laisse perplexe, en particulier à la fin du roman : j'ai du mal à comprendre ses choix, aveuglés par l'amour, au mépris du bon sens le plus simple. D'ailleurs, à cause de cela, la fin du livre ne m'a pas beaucoup plue (même si elle promet une future intrigue intéressante). Ever ne semble même pas mesurer les conséquences de son acte. J'ai également été dérangée par son inconstance : un instant elle est prête à tout pour sauver Damen, et à un autre elle est prête à renoncer à lui pour toujours... Je peux cependant admettre qu'elle soit perdue, et que la mort de sa famille ait été un traumatisme important pour elle.

En ce qui concerne l'écriture, elle est égale à celle du premier tome : simple et directe. L'avantage, c'est que c'est fluide et que l'ensemble se lit vite. L'inconvénient, c'est que cela manque de substance. Ce qui me gêne principalement, c'est que l'on use de phrases simples et d'un vocabulaire peu riche sous prétexte que c'est une adolescente qui s'exprime...

En résumé, j'ai apprécié ce deuxième tome, qui m'a donné envie de découvrir le troisième, dans quelques mois probablement. C'est un moment agréable à passer, sans aller chercher plus loin. C'est une saga qui est tout de même particulièrement dédiée aux adolescentes, aux collégiennes et lycéennes, mais un jeune adulte peut y trouver une lecture détente.

Je vous invite maintenant à découvrir les avis de mes camarades : BookHystericLoveLivromaniaclebbmony

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse 
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« Comment voulez-vous que les rares garçons que j’ai embrassés puissent rivaliser avec six siècles de conquêtes ? Je sais, c’est ridicule, puisque Damen m’aime depuis une éternité. Mais le cœur et la raison ne font pas toujours bon ménage. Dans mon cas, c’est à peine s’ils s’adressent la parole, c’est tout dire. »

« Et voilà que M. Robbins, mon gentil professeur de lettres récemment divorcé, qui ne comprend rien à rien sorti de ses romans poussiéreux écrits par des auteurs depuis longtemps disparus, entreprend de disserter sur les relations amoureuses. Selon lui, les amours de jeunesse sont intenses. D’où ce sentiment d’urgence, tant que cela dure. Mais c’est un leurre. Retomber amoureux s’apprend, il suffit de s’autoriser à oublier le passé. C’est impératif. » 

Ce roman fait partie du challenge :
  
 
Challenge ABC 2012 : 10/26