mercredi 26 février 2014

La petite fille qui aimait la lumière, de Cyril Massarotto : tendre et lumineux

[Xo éditions, 2011]

Cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir la plume de Cyril Massarotto, régulièrement vantée par ma copinaute Cajou, et notamment son roman paru en 2011 « La petite fille qui aimait la lumière ». C’est désormais chose faite !

Résumé

Enfermé dans sa maison où il vivait jadis avec sa famille, un vieil homme essaie de se faire oublier pour échapper aux « autres » qui ont envahi et massacré ses voisins plusieurs années auparavant. Il est en tête à sa tête avec sa solitude et ses souvenirs douloureux, jusqu’à ce qu’il recueille une petite fille mourante arrivée devant chez lui. La petite, qui a grandi sous terre, n’est capable de prononcer qu’un seul mot : lumière. De la rencontre de ses deux êtres naîtra l’espoir d’un futur enfin apaisé.

Un roman addictif

Je ne fais pas durer le suspense plus longtemps, j’ai beaucoup apprécié ce roman. L’univers m’a intriguée, il y a cette guerre avec les « autres » dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle a été très meurtrière. Cette situation introduit du danger dans le quotidien des personnages et une tension chez le lecteur. Aussi, bien que ce ne soit pas un roman d’action, je me suis surprise à tourner les pages très vite et à avoir du mal à poser ce roman.

Tendresse et Lumière

Ce roman a su toucher ma corde sensible. Il y a une grande tendresse dans ce roman, la relation entre Lumière et le vieil homme est belle et émouvante. Le vieillard initie la petite fille à la beauté de la vie, elle qui n’a connu que la guerre. Quant à Lumière, elle permet à son « monsieur Papi » de revenir sur ses souvenirs les plus douloureux et de les laisser derrière lui. Il en ressort un très bel amour de la vie et beaucoup d’espoir, même si la nostalgie est elle aussi présente.

Les personnages

Les deux personnages sont la force de ce roman, on ne les quitte pas un instant, nous sommes quasiment en huis-clos. Lumière et Monsieur Papi portent cette histoire sur leurs épaules. La première est innocente et affectueuse, le second a la sagesse de ses nombreuses années de vie et des épreuves qu’il a vécues. Ils forment un tandem assez irrésistible, que l’on ne peut qu’apprécier.

L’écriture

Le style de Cyril Massorotto est assez simple et n’a pas d’empreinte particulière. La lecture est fluide et plaisante, même si le style n’est pas particulièrement travaillé. Les dialogues sonnent juste et l’auteur parvient sans problème à y insuffler amour et tendresse. Il parvient également à créer une ambiance que l’on n’a pas envie de quitter.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai à mon tour été séduite par ce joli roman plein de tendresse et de lumière, même si la tension est omniprésente et qu’une part est faite à la nostalgie. La trame d’une étrange guerre sert de prétexte à célébrer la vie et à réfléchir sur la vieillesse. Je lirai avec plaisir « 100 pages blanches », un autre titre de l’auteur qui figure dans ma Pile à Lire. N’hésitez pas de votre côté à découvrir cet auteur si ce n’est déjà fait !

Note : 4,5/5
Stellabloggeuse


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Ce roman fait partie du challenge :



Challenge New PAL 2014 : 6/20
(Le 5e étant "L'homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, lu mais non chroniqué)
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« Quand le vieil homme lui apporta la soupe, Lumière fut étonnée par la chaleur qui se dégageait du bol ; elle l’entoura de ses mains, et la sensation fut si douce, si agréable qu’un sourire prit possession de ses lèvres. Elle souffla sur la vapeur qui s’échappait tout en se demandant si elle devait manger ou boire. Elle regarda l’homme avec reconnaissance. Elle vit les larmes qui tremblaient au coin de ses yeux. Aussitôt la chaleur du bol remonta en un flot de douceur le long de ses bras, pour se répandre en elle comme une onde exquise, apaisant peu à peu son corps tout entier. C’en était fait : la peur l’avait quittée. »

« Mais non, je suis bien ce vieillard qui essaie d’oublier le compte à rebours. Pourtant, si je remonte l’horloge, je sais que j’ai bien vécu. Je n’ai pas tout fait, mais j’ai fait beaucoup. Surtout, j’ai fait l’essentiel : j’ai aimé. Voilà ce qui compte, voilà ce que, grâce à la fin de la guerre, tu pourras faire de ta vie : aimer et être libre. Le reste, ce n’est que des secondes vides, qui se perdent. »

mardi 25 février 2014

Concours "Je partage mes coups de coeur #2" - Les résultats!

Bonjour à tous !

En ce mardi matin, je viens d'effectuer le tirage au sort qui va rendre l'un(e) de vous heureux(se) !

Le lot en jeu était un exemplaire d'un livre de poche, au choix parmi 8 titres que j'ai aimés en 2012-2013

J'ai reçu en tout 34 participations, enthousiastes et extrêmement sympathiques, vous avez tous su me montrer votre intérêt pour les titres en jeu. J'ai donc atteint mon but, celui de transmettre mon envie de lire, et j'en suis ravie ! 

Sans plus tarder, voici les résultats ! (la copie d'écran n'est pas très lisible sur Overblog, si vous désirez voir l'image originale, contactez-moi et je vous l'enverrai)
  

La gagnante est donc AngieVarna !

Angélique avait choisi le titre "Juste une ombre" de Karine Giebel



Bravo à toi, et je te souhaite d'avance une bonne lecture, j'espère qu'il te plaira autant qu'à moi ! Je vais te contacter pour que tu me donnes tes coordonnées complètes.

Pour les autres, je suis désolée, j'aurais aimé pouvoir vous gâter davantage! Je vous remercie de vos participations, à une prochaine fois peut-être ?


Stellabloggeuse

samedi 22 février 2014

Expo 58, de Jonathan Coe : un roman succulent, entre cosmopolitisme et espionnage

[Gallimard, 2014]

Jonathan Coe n’est malheureusement pas très présent sur ce blog (vous trouvez tout de même un billet sur mon chouchou Bienvenue au club et sur la Vie très privée de Mr Sim). Et pour cause, si j’ai lu quasiment tous ses romans (seul « La pluie avant qu’elle tombe » manque à mon palmarès), la plupart de mes lectures datent de 6 à 10 ans.


Aussi, c’est avec un grand bonheur que je me suis précipitée sur son dernier né, "Expo 58", à la suite d’une rencontre avec l’auteur organisée à Lyon par la Villa Gillet. Une rencontre qui n’a que renforcé mon admiration pour lui, tant il s’est montré sympathique et drôle, proche de ses lecteurs et notamment des français, dont il a l’impression qu’ils comprennent mieux son œuvre que ses compatriotes.

Résumé

En Angleterre, en 1958… Employé depuis une dizaine d’années par le Bureau Central d’Information britannique, Thomas Foley, tout juste trentenaire, mène une petite vie bien tranquille avec femme et enfant, dans un pavillon de banlieue…jusqu’au jour où sa hiérarchie décide de l’envoyer en Belgique à l’occasion de l’Exposition universelle qui va réunir de nombreuses nations en pleine guerre froide. Thomas sera chargé de superviser le pub emblématique de l’identité anglaise, le Britannia. Confronté aux relations internationales, aux espions des diverses nations, à la modernité et à une certaine frénésie de vie, ces quelques mois pourraient bien changer l’existence de Thomas.  

Cosmopolitisme sur fond de guerre froide

C’est un roman extrêmement dépaysant que nous propose ici Jonathan Coe. La couverture façon Technicolor donne le ton. Nous sommes en effet transportés en Belgique et en Angleterre il y a plus de cinquante ans, à une époque où le dentifrice à rayures faisait ses débuts ! L’auteur nous plonge au cœur de l’exposition, nous fait traverser les pavillons des différentes nations en mettant en exergue les relations compliquées qu’elles entretiennent entre elles, tiraillées entre un désir de paix et les impératifs de la guerre froide, tandis que le nucléaire progresse à vitesse grand V. Les espions sont légions, et il flotte sur l’ensemble du roman une petite atmosphère de roman d’espionnage décalé, avec notamment un tandem d’anglais pince sans rire assez irrésistible.

L’introspection d’un homme et de l’Angleterre

Tout au long du roman, Thomas s’interroge sur l’identité anglaise, sur son pays qui refuse de mettre derrière lui ses traditions et qui entretient un certain mépris pour la modernité. Dans ce pays, ceux qui prennent position en faveur du progrès sont regardés de travers. Ainsi, à travers son personnage, l’auteur met une nouvelle fois en évidence, avec humour et tendresse, les paradoxes de son pays. Mais, comme à son habitude, ce roman est aussi l’introspection d’un personnage mis face à lui-même et aux frustrations de son existence, confronté à des choix et prompt à faire les mauvais.

Les personnages

Thomas, le personnage principal du roman, est un jeune père de famille. Il aspire à une vie plus imprévisible, plus tournée vers l’avenir, tandis qu’il se sent piégé par les traites de son pavillon, dans une existence monotone. C’est un grand naïf, et on s’amuse de le voir plonger la tête la première dans les machinations des uns et des autres. On ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour lui. A l’exposition, il se lie avec Tony, un scientifique anglais, Chersky, un journaliste russe, Emily, une actrice américaine, et Anneke une hôtesse belge. J’ai eu beaucoup d’affection pour cette dernière. Enfin j’ai déjà mentionné le tandem d’espions Wayne et Radford, tout juste sortis d’un film de Hitchcock.

A noter, l’auteur s’intéresse au devenir des personnages plusieurs décennies après l’exposition et nous présente leurs enfants. En effet, « Expo 58 » est le premier titre d’un cycle, et nous croiserons sûrement ces personnages dans ses futurs romans.

L’écriture 

J’ai retrouvé avec délices la « patte » de Jonathan Coe. Je constate avec plaisir que l’humour de l’auteur ne passe pas avec les années, il est ici plus présent que jamais. Ce roman se situe davantage dans la comédie que dans la nostalgie. Il parvient à faire voyager son lecteur, j’ai eu l’impression de vivre au cœur de cette foire. Il puise dans les romans d’espionnage et le cinéma pour créer une véritable atmosphère.

En quelques mots…

Ainsi, je suis conquise par le dernier-né de Jonathan Coe qui m’a fait sourire et m’a totalement dépaysée. J’ai vécu un bon moment de lecture, cosmopolite, examiné l’identité anglaise sous un angle inédit et goûté pleinement l’introspection de ce personnage délicieusement naïf. Coe est un grand auteur et je vous conseille plus que jamais à le découvrir si vous ne le connaissez pas, avec ce titre ou, encore mieux, avec « Bienvenue au club ».

Note : 4/5
Stellabloggeuse

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« Ici, pendant les six prochains mois, convergeraient tous les pays dont les relations complexes entre conflits et alliances, dont les histoires riches et inextricablement liées avaient façonné et continuaient de façonner la destinée du genre humain. Et cette folie éblouissante était au cœur du phénomène, gigantesque treillis de sphères interconnectées, impérissables, chacune emblématique de cette minuscule unité mystérieuse que l’homme venait si récemment d’apprendre à fissionner : l’atome. Cette vue seule lui fit battre le cœur. »

« Il aurait pu rester indéfiniment devant cette vitre, à savourer son champagne et contempler les lumières bariolées de cette métropole nouvelle qui défiait l’imagination, si fourmillante, si moderne, étincelante de vie et de promesses. Il avait la sensation de regarder dans l’avenir depuis l’observatoire le plus élevé et le plus dégagé que l’ingéniosité technologique puisse concevoir. Il se sentait le roi de l’univers. »

« Le Britannia était factice : faux pub, projetant une image fausse de l’Angleterre, transporté dans un décor factice où tous les autres pays projetaient de même des images fausses de leur identité nationale. La Belgique joyeuse, tu parles ! Factice ! Tout comme l’Oberbayern ! Il habitait un monde construit sur de purs simulacres. »

mardi 18 février 2014

La Sélection, de Kiera Cass, tome 2 : L’élite


*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Il y a un peu plus d’un an, le premier tome de « La Sélection » de Kiera Cass avait su me charmer, j’avais été séduite par la romance développée. A deux mois de la sortie du troisième et dernier tome, il était temps pour moi de découvrir le second !

Résumé

America a admis ses sentiments pour le prince Maxon. Elle est désormais l’évidente favorite des six candidates qui sont encore en course pour la Sélection. Pourtant, quelque chose la retient encore, une réticence non pas à aimer Maxon, mais à supporter le poids de la couronne dans une monarchie qu’elle désapprouve parfois. America est déchirée et souffre des avancées de ses rivales, ne trouvant un certain réconfort auprès d’Aspen. Va-t-elle enfin trancher en faveur de l’un des deux garçons ?

Une dystopie plus prononcée

Après avoir lu le premier tome, j’ai regretté que le côté « dystopie » de l’histoire ne soit pas plus présent. Mes attentes ont été comblées avec ce second tome, puisque cet aspect est beaucoup plus appuyé. On comprend bien qu’Illéa est une dictature. Dès lors, America est déchirée entre ses idéaux et son amour pour Maxon. Comment pourrait-elle vouloir être à la tête de cette monarchie cruelle ? On rentre encore assez peu dans les détails, mais l’univers est plus étoffé, on revient aux origines du régime, et c’est un plus indéniable.

Une romance contrariée

Quant à la romance, comme évoqué ci-dessus, elle s’enraye. Même si ses sentiments ne peuvent plus être refoulés, America n’est pas sûre de vouloir lier son destin à celui de Maxon. D’autant plus que l’attitude de ce dernier à l’égard de ses rivales la désarçonne et qu’elle ressent une profonde jalousie qui brouille ses raisonnements. Cela permet à Aspen de faire un retour en force, et le triangle amoureux est plus incertain que jamais. J’apprécie toujours cette romance qui n’est ni mièvre ni trop évidente, même si elle est un peu au ralenti dans ce tome.

Les personnages

J’ai toujours beaucoup de sympathie pour le personnage d’America. Elle essaie toujours d’agir de la manière la plus juste possible, elle obéit à ses valeurs et à ses émotions, sans calcul. J’aimerais juste qu’elle soit plus honnête vis-à-vis de Maxon, et qu’elle lui parle d’Aspen. Je voudrais aussi qu’elle tranche, comme tout le monde, mais ce n’est pas la seule héroïne à faire des choix sentimentaux désastreux (suivez mon regard jusqu’à Allie !). Du côté des garçons, Maxon conserve ma faveur. Il écorne un peu dans ce tome son image de gendre idéal, et ce n’est pas pour me déplaire. Il a ma confiance. Quant à Aspen, je me suis surprise à l’apprécier dans ce tome, même s’il considère encore un peu trop America comme sienne à mon goût.

L’écriture 

J’apprécie toujours autant le style de Kiera Cass qui est vif et léger, agréable et dépourvu de familiarité. La part belle est faite aux dialogues et aux introspections, mais il y a suffisamment de descriptions pour se représenter le cadre et l’action. La psychologie des personnages est bien fouillée.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai été convaincue par ce second tome, malgré ses différences avec le premier. La dystopie est plus prononcée, et cela apporte quelques obstacles au niveau de la romance, qui est plus que jamais en triangle. Cette histoire est portée par des personnages sympathiques et une plume agréable à suivre. J’ai hâte de connaître le fin mot de l’histoire, même s’il me manque toujours un je-ne-sais-quoi pour aller jusqu’au coup de cœur.

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie des challenges :


 Challenge New PAL 2014 : 4/20



Challenge 100 % R : 12e lecture

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« Poussant un soupir à fendre l'âme, je m'adosse à mon fauteuil.
- Anne !
- Oui, mademoiselle ? répond la plus âgée de mes femmes de chambre, penchée sur son ouvrage.
Inutile de tourner la tête pour savoir que Mary et Lucy, mes deux autres caméristes, sont elles aussi sur le qui-vive.
- Je t'ordonne de trouver un intérêt quelconque à ce charabia, dis-je en désignant d'un doigt paresseux la feuille noire de statistiques posée devant moi.
Il s'agit d'un rapport militaire que les filles de la Sélection sont chargées d'étudier, mais j'ai toutes les peines du monde à me concentrer dessus. Mes trois bonnes s'esclaffent, amusés par mon ordre ridicule.
- Pardonnez-moi, mademoiselle mais je crois que cela dépasse mes compétences, répond Anna sur le ton de la plaisanterie.
- Tant pis. Vous n'êtes qu'une bande d'incapables. Dès demain, je réclame d'autres personnes à mon service. Et je suis très sérieuse.
Les voila qui s'esclaffent à nouveau et je décide de me concentrer pour de bon sur le rapport. J'ai l'impression tenace - l'impression seulement - qu'il est sans queue ni tête »

« C’est la première fois que je vois ma jeune bonne les cheveux relevés. Elle retrouve enfin l’insouciance de sa jeunesse, et celui lui va bien au teint.
-C’est comment, d’être amoureuse ? lui demande ma petite sœur.
-la chose la plus merveilleuse et la plus terrible qui puisse vous arriver, soupire Lucy en réponse. Un bonheur qui menace à tout instant de vous filer entre les doigts, en quelque sorte.
Lucy a parfaitement résumé la situation. L’amour, c’est une peur qui vous donne des ailes. »

samedi 15 février 2014

Comme des images, de Clémentine Beauvais : un roman déstabilisant

[Sarbacane, 2014]

Cela fait plus de trois ans maintenant que je suis la collection eXprim’ des éditions Sarbacane, dont j’apprécie le plus souvent l’audace et l’originalité, et la qualité des plumes sélectionnées. Aussi j’étais curieuse de découvrir leur dernier-né, « Comme des images » de Clémentine Beauvais.

Résumé

Ce roman met en scène Léopoldine et, dans une moindre mesure, sa jumelle Iseult. Elle est racontée par la meilleure amie de Léo, une narratrice mystérieuse dont nous ne connaissons pas l’identité, même si nous passons quelques heures dans sa tête. Et nous raconte les événements qui ont abouti au drame, un corps tout cassé sur les pavés de la cour. Elle revient à ce moment où Léopoldine a quitté Tim pour Aurélien, et où Tim a diffusé une vidéo intime pour se venger. Elle revient aussi sur d’autres moments de son amitié avec les jumelles, plus ou moins innocents.

Un manque de cohérence

Il est difficile pour moi de parler de ce roman qui m’a posé problème. Durant toute la première partie, j’ai eu du mal à entrer dedans, je trouvais l’histoire assez plate alors que le thème aurait dû apporter son lot de réflexions. J’ai apprécié certains passages mais, en le refermant, j’étais toujours perplexe. Je pense que cela est tout d’abord dû à un décalage entre mes attentes et la réalité. J’attendais un développement sur le thème de l’image et des réseaux sociaux qui n’est finalement qu’un peu effleuré. Ensuite, ce roman m’a parfois donné l’impression d’un fourre-tout des problèmes adolescents : quelques pages sur l’anorexie, des développements sur la fragilité des amitiés, la difficulté à se construire en dehors du futur que l’on a imaginé pour nous, les désirs qui sortent de la norme. Et il faut ajouter à tout cela le problème de la gémellité. Cela manque de cohérence, on saute d’un thème à l’autre, les réflexions manquent souvent de corps.

La réussite à tout prix

Il y a tout de même un thème qui émerge nettement du roman, c’est celui de la réussite à tout prix, de la pression mise sur les épaules de ces adolescents des beaux quartiers, sectorisés dans les lycées les plus côtés. On veut leur voir emprunter la voie royale, le bac S et les grandes écoles, ils n’ont pas droit à l’erreur. Il y a deux scènes très fortes qui se déroulent dans les salles de classe et montrent bien la tension qu’accumulent les élèves, les jalousies qui en découlent, et la frustration de tous, y compris des professeurs.

Les personnages

Iseult est la seule qui ait réussit à susciter ma sympathie dans ce roman. C’est un personnage fragile, perdu et peu considéré, elle est pourtant celle qui a le plus réfléchi à leur condition de jeunes privilégiés. Elle souffre de devoir vivre avec une copie conforme d’elle-même dont elle n’approuve pas le comportement. En revanche, je n’ai pas accroché avec l’héroïne qui est intelligente mais dénuée de sensibilité, ni avec Léopoldine qui n’a pas une réaction naturelle après la divulgation de sa vidéo.

L’écriture 

L’écriture m’a elle aussi déstabilisée dans un premier temps. En effet, l’auteure mêle un style assez élitiste et soutenu avec des mots adolescents et familiers. En avançant dans ma lecture, j’ai apprécié ce travail d’écriture que j’ai trouvé intéressant, mais il me reste un sentiment d’artificialité. Ce n’est pas un langage que j’imagine pratiqué par ces jeunes gens.

En quelques mots…

Ainsi, je n’ai pas vraiment réussi à entrer dans ce roman et n’ai pas ressenti d’émotion à la lecture. J’attendais un roman mettant en garde les adolescents vis-à-vis de l’exposition de leur image, ce qu’il n’est pas. En revanche, la pression subie par les élèves des lycées les plus côtés est bien mise en avant. Mais il m’a manqué un fil rouge, je me suis perdue dans la multitude des thèmes abordés, le chaos des réflexions de ces adolescents. Peut-être était-ce justement là le but de l’auteure, et que je suis passée à côté. Je vous invite à vous faire votre propre opinion - d'autant plus que la plume de l'auteure vaut le coup d'oeil - et à venir m’en parler ! Pour un public averti, à partir de 14 ans.

Note : 2,5/5

Stellabloggeuse

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« T'as eu raison de casser, t'as eu raison ; casser, c'était la seule solution.
C'est ce qu'on appelle de l'ironie tragique. On ne savait pas, à ce moment-là, qu'il y aurait quelqu'un d'autre dans cette histoire qui serait véritablement cassé, cassé comme ces petits oiseaux qui volent tout droit dans les fenêtres. A ce moment-là, on ne voyait pas la vitre ; juste le monde entier au-delà, par transparence. »

« Tout le monde se confond avec tout le monde. On s’attend toujours à ce qu’on arrive pile à tel endroit, à tel moment, et donc c’est toujours exactement ce qu’on fait – on pourrait aussi bien être quelqu’un d’autre sans que ça se remarque. On passe d’une personne à l’autre, on parle à l’un comme à l’autre, on confond tout le monde… On se laisse tomber et on se récupère comme si rien n’était arrivé. Il n’y a rien de solide nulle part, rien ni personne n’est irremplaçable. On vit parmi nos propres doublures. Et même quand, une fois de temps en temps, on essaie de se faire un peu imprévisible, ça rebondit sans même denter la carrosserie. »

jeudi 13 février 2014

Lectures à venir !

N'ayant pas de contraintes de lecture actuellement, j'en profite pour me plonger dans ma Pile à Lire et de dévorer tous les livres qui attendent depuis trop longtemps. J'ai envie de tout lire à la fois, voici donc un petit article pour mettre de l'ordre dans mes idées et vous faire partager mes envies de lecture !



La petite fille qui aimait la lumière, de Cyril Massarotto (littérature contemporaine)
Barricadé dans sa maison au coeur d'une ville déserte, un vieil homme prend des risques fous pour recueillir une petite fille blessée. L'enfant ne parle pas, elle ne prononce qu'un mot : Lumière, elle qui a si peur du noir. Alors le vieillard parle, il lui raconte la beauté de la vie d avant, les petites joies du quotidien, son espoir qu on vienne les délivrer. Il lui enseigne la possibilité d un avenir, quand elle lui offre de savourer le présent.



Blue Jay Way, de Fabrice Colin (thriller)
Julien, jeune Franco-Américain féru de littérature contemporaine, devient le précepteur du fils d'un producteur. À Blue Jay Way, villa somptueuse dominant la ville, Julien est confronté aux frasques du maître des lieux, Larry Gordon, et à une jeunesse dorée hollywoodienne qui a fait de son désœuvrement un art de vivre : un monde où tous les désirs sont assouvis, où l’alcool, les drogues et les parties déjantées constituent de solides remparts contre l’ennui. Peu à peu, Julien se laisse séduire par ce mode de vie délétère et finit par nouer une relation amoureuse avec Ashley, la jeune épouse de Larry (et belle-mère de Ryan). Lorsque la jeune femme disparaît mystérieusement, il doit tout faire pour dissimuler leur liaison sous peine de devenir le principal suspect. Ce n’est que le début d’un terrible cauchemar : très vite, les morts violentes se succèdent, mensonges, trahisons et manipulations deviennent la norme, et la paranoïa apparaît comme le dernier refuge contre un réel insupportable. Julien doit savoir, pourtant, il n’a plus le choix : il fait partie de l’histoire.



Vampire academy, tome 3 : Baiser de l'ombre, de Richelle Mead (bit-lit)
Perdre sa meilleure amie pour toujours, ou perdre l'être aimé... Rose va bientôt passer son diplôme. L'entraînement est difficile, elle manque de concentration et ses cauchemars l'empêchent de dormir. Mais ce qui la perturbe le plus, c'est qu'elle est amoureuse de Dimitri. Quand les Strigoï prennent la Vampire Academy comme cible pour l'attaque la plus dévastatrice de l'histoire Moroï, Dimitri est pris en otage. Or, c'est Lissa que Rose doit protéger à tout prix.
Accomplir son devoir envers sa meilleure amie signifie-il forcément perdre Dimitri pour toujours ?



La fille de braises et de ronces, tome 2 : La couronne de flammes, de Rae Carson (fantasy)
Elisa est devenue une héroïne malgré elle. Secondée par le fidèle Hector et par ses compagnons du Malficio, elle a mené son peuple à la victoire grâce au pouvoir de sa Pierre Sacrée en terrassant une armée menée par des sorciers tout-puissants, les Animagi. Le trône de Brisadulce lui revient de droit, mais les membres de la cour complotent contre cette reine de dix-sept ans. Elisa échappe de justesse à plusieurs tentatives d'assassinat. Elle ne peut accorder sa confiance à personne et se rend vite à l'évidence, la mort dans l'âme : elle doit unir sa vie à celle d'un seigneur de Brisadulce si elle veut asseoir son autorité. Suivra-t-elle la voie de la raison quand ses sentiments à l'égard d'Hector sont de plus en plus forts ? Pour conquérir le pouvoir dont elle a désespérément besoin afin de vaincre ses ennemis et accomplir sa destinée d'Elue, Elisa part à la recherche d'une source de puissance illimitée, le mythique zafira. Une quête périlleuse qui l'entraînera dans un extraordinaire jeu de piste par-delà les océans. Dans cette quête l'accompagnent ses amis les plus chers, le garçon qui l'a trahie, et l'homme qu'elle aime. Si la chance est avec elle, elle en sortira vivante. Et plus puissante que jamais. Mais il y a un prix à payer.



La jeune fille à la perle, de Tracy Chevalier (hors PAL, historique)
La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...



Purgatoire des innocents, de Karine Giebel (thriller)
Je m'appelle Raphaël, j'ai passé quatorze ans de ma vie derrière les barreaux. Avec mon frère, William, et deux autres complices, nous venons de dérober trente millions d'euros de bijoux. Ç'aurait dû être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. Deux morts et un blessé grave. Le blessé, c'est mon frère. Alors, je dois chercher une planque sûre où Will pourra reprendre des forces. Je m'appelle Sandra. Je suis morte, il y a longtemps, dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là... Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer. Quelque chose qui marche et qui parle à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit...



Wonder, de RJ Palacio (jeunesse)
" Je m'appelle August. Je ne me décrirai pas. Quoi
que vous imaginiez, c'est sans doute pire. "
Né avec une malformation faciale, August, dix ans,
n'est jamais allé à l'école. Aujourd'hui, pour la première
fois, ses parents l'envoient au collège... Pourra-t-il
convaincre les élèves qu'il est comme eux ?



Lettre ouverte aux vivants qui veulent le rester, de René Barjavel (essai)
Prise de position contre le nucléaire

mardi 11 février 2014

Les chroniques de Dani Mega O’Malley, de Karen Marie Moning, tome 1 : Iced

[J’ai lu, 2013]

La saga des Chroniques de MacKayla Lane, écrite par Karen Marie Moning, a été l’une de mes séries coup de cœur ces deux dernières années. J’ai adhéré à l’univers, admiré sa complexité, et Mac est devenue ma meilleure amie. Aussi, je n’étais pas peu impatiente vis-à-vis de cette suite rédigée du point de vue de Dani, l’un des personnages secondaires. Ai-je été conquise ? Vous le saurez très vite !

Résumé

Depuis que les murs séparant les mondes humain et faë sont tombés, Dani a beaucoup plus de travail. Toute la journée, elle se déplace à toute allure dans Dublin et transperce autant de faë que possible avec son épée. Lorsqu’elle a un peu de temps, elle rédige son journal, de Dani Daily, qu’elle placarde partout pour avertir la population des dangers qui les guette. Parfois, elle s’accorde même une pause devant un film avec Dancer, qu’elle considère comme son meilleur ami. Mais tout se gâte lorsque Ryodan tente de la recruter chez Chester, tandis qu’un souffle glacé menace Dublin…

Un changement de point de vue

Je dois dire que j’appréhendais un tout petit peu le changement de point de vue, notamment celui de Dani qui est un personnage moins mature que celui de Mac. Et effectivement, Iced a sa touche personnelle et se démarque des Chroniques de MacKayla Lane. On évolue avec un mental différent. La principale différence, c’est que la sensualité qui était en toile de fond de toute la saga précédente est ici évacuée, en raison du jeune âge de l’héroïne (14 ans), même si elle se retrouve au centre de diverses convoitises et que l’on devine déjà certaines envies.

Un univers aux multiples ressources

J’ai surtout éprouvé une grande joie de retrouver cet univers qui m’est cher, ce Dublin que j’ai appris à connaître. Les problèmes sont toujours là : Cruce, figé dans sa cage, n’en finit pas de torturer mentalement les sidhe-seers qui le gardent, tandis qu’une nouvelle menace fait son apparition. Ce tome est centré sur l’enquête menée par Dani Ryodan et Dancer concernant cette menace qui glace tout sur son passage. Cette intrigue a su m’intéresser et je suis curieuse de découvrir ses développements futurs.

Les personnages

Malgré mes craintes initiales, le personnage de Dani parvient à s’imposer en tant qu’héroïne de la saga. Si Mac a été ma meilleure amie, Dani serait une petite sœur, un peu terrible et difficile à canaliser mais avec un grand coeur, au fond. Elle est effrontée et courageuse. Elle a un côté agaçant, c’est normal, c’est une adolescente, avec l’inconstance, la spontanéité et le sentiment d’injustice que cela implique. Mais elle a aussi des réflexions intéressantes, et laisse parfois entrevoir ses failles. Autour d’elles gravitent principalement Ryodan, Christian Mc Keltar en pleine transition unseelie (certains chapitres sont rédigés de son point de vue), et Dancer. Ce qui promet des luttes intéressantes ! On suit aussi les sidhe-seers à l’Abbaye, plusieurs chapitres étant rédigés du point de vue de leur nouvelle chef, Kat. Enfin, on aperçoit de loin Mac et Barrons, sans qu’ils prennent part à l’action.

L’écriture 

Je me régale toujours autant en lisant Karen Marie Moning. Elle a réussi à adapter son style à la personnalité de Dani, mais on retrouve indéniablement sa « patte », avec cette oscillation entre vivacité, humour et réflexions de fonds. Les descriptions restent parlantes et les dialogues succulents.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai retrouvé avec grand plaisir le style délicieux de Karen Marie Moning et l’univers qu’elle avait développé dans les Chroniques de MacKayla Lane. Si le jeune âge de l’héroïne rend cette nouvelle saga moins sensuelle, elle a ses propres atouts et une personnalité que j’ai hâte de découvrir encore un peu plus. Vite, la suite !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce titre appartient aux challenges :



Challenge ABC 2014 : 3/13



 Challenge New PAL 2014 : 3/20


Big challenge 2014 : 1/5

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« Le problème, c’est qu’il ne ressemble plus du tout au Sinsar Dubh que nous gardions dans les sous-sols de l’Abbaye. La magie la plus noire et le pouvoir le plus maléfique de la race faë ne sont plus emprisonnés sous la couverture d’un livre. Ils sont sous la peau d’un prince ailé dans toute sa glorieuse nudité. Et si vous n’avez jamais vu de prince faë, je peux vous dire que question « glorieuse nudité », celui-ci est généreusement pourvu. Il a de quoi vous faire tomber la mâchoire, ouvrir des yeux ronds et perdre la tête. Tôt ou tard, quelqu’un le délivrera. C’est fatal. »

« Je ne manifeste pas du dédain, je suis le dédain personnifié. Je lui envoie mon regard mortel numéro dix-sept sur trente-cinq. Les grandes personnes ! Quand elles voient une ado avec un peu plus de jus que les autres, elles ne gèrent plus ! Alors elles essaient de l’enfermer dans une boîte et de mettre le couvercle dessus, en lui reprochant d’être ce qu’elle est. Comme si j’y pouvais quelque chose ! Dancer a raison, les adultes ont peur des enfants qu’ils élèvent. »

« -[…] Un seul faux pas de sa part et vous êtes morte.
J’ai l’impression que mon visage se vide de son sang. Je fais tout le temps des faux pas. Faux Pas, c’est mon second prénom. Juste après Mega. Je ne peux pas ne pas en faire : j’ai des pieds. »