[Sarbacane, 2014]
Cela fait plus de trois ans maintenant que je suis la collection eXprim’ des éditions Sarbacane, dont j’apprécie le plus souvent l’audace et l’originalité, et la qualité des plumes sélectionnées. Aussi j’étais curieuse de découvrir leur dernier-né, « Comme des images » de Clémentine Beauvais.
Résumé
Ce roman met en scène Léopoldine et, dans une moindre mesure, sa jumelle Iseult. Elle est racontée par la meilleure amie de Léo, une narratrice mystérieuse dont nous ne connaissons pas l’identité, même si nous passons quelques heures dans sa tête. Et nous raconte les événements qui ont abouti au drame, un corps tout cassé sur les pavés de la cour. Elle revient à ce moment où Léopoldine a quitté Tim pour Aurélien, et où Tim a diffusé une vidéo intime pour se venger. Elle revient aussi sur d’autres moments de son amitié avec les jumelles, plus ou moins innocents.
Un manque de cohérence
Il est difficile pour moi de parler de ce roman qui m’a posé problème. Durant toute la première partie, j’ai eu du mal à entrer dedans, je trouvais l’histoire assez plate alors que le thème aurait dû apporter son lot de réflexions. J’ai apprécié certains passages mais, en le refermant, j’étais toujours perplexe. Je pense que cela est tout d’abord dû à un décalage entre mes attentes et la réalité. J’attendais un développement sur le thème de l’image et des réseaux sociaux qui n’est finalement qu’un peu effleuré. Ensuite, ce roman m’a parfois donné l’impression d’un fourre-tout des problèmes adolescents : quelques pages sur l’anorexie, des développements sur la fragilité des amitiés, la difficulté à se construire en dehors du futur que l’on a imaginé pour nous, les désirs qui sortent de la norme. Et il faut ajouter à tout cela le problème de la gémellité. Cela manque de cohérence, on saute d’un thème à l’autre, les réflexions manquent souvent de corps.
La réussite à tout prix
Il y a tout de même un thème qui émerge nettement du roman, c’est celui de la réussite à tout prix, de la pression mise sur les épaules de ces adolescents des beaux quartiers, sectorisés dans les lycées les plus côtés. On veut leur voir emprunter la voie royale, le bac S et les grandes écoles, ils n’ont pas droit à l’erreur. Il y a deux scènes très fortes qui se déroulent dans les salles de classe et montrent bien la tension qu’accumulent les élèves, les jalousies qui en découlent, et la frustration de tous, y compris des professeurs.
Les personnages
Iseult est la seule qui ait réussit à susciter ma sympathie dans ce roman. C’est un personnage fragile, perdu et peu considéré, elle est pourtant celle qui a le plus réfléchi à leur condition de jeunes privilégiés. Elle souffre de devoir vivre avec une copie conforme d’elle-même dont elle n’approuve pas le comportement. En revanche, je n’ai pas accroché avec l’héroïne qui est intelligente mais dénuée de sensibilité, ni avec Léopoldine qui n’a pas une réaction naturelle après la divulgation de sa vidéo.
L’écriture
L’écriture m’a elle aussi déstabilisée dans un premier temps. En effet, l’auteure mêle un style assez élitiste et soutenu avec des mots adolescents et familiers. En avançant dans ma lecture, j’ai apprécié ce travail d’écriture que j’ai trouvé intéressant, mais il me reste un sentiment d’artificialité. Ce n’est pas un langage que j’imagine pratiqué par ces jeunes gens.
En quelques mots…
Ainsi, je n’ai pas vraiment réussi à entrer dans ce roman et n’ai pas ressenti d’émotion à la lecture. J’attendais un roman mettant en garde les adolescents vis-à-vis de l’exposition de leur image, ce qu’il n’est pas. En revanche, la pression subie par les élèves des lycées les plus côtés est bien mise en avant. Mais il m’a manqué un fil rouge, je me suis perdue dans la multitude des thèmes abordés, le chaos des réflexions de ces adolescents. Peut-être était-ce justement là le but de l’auteure, et que je suis passée à côté. Je vous invite à vous faire votre propre opinion - d'autant plus que la plume de l'auteure vaut le coup d'oeil - et à venir m’en parler ! Pour un public averti, à partir de 14 ans.
Note : 2,5/5
Stellabloggeuse
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« T'as eu raison de casser, t'as eu raison ; casser, c'était la seule solution.
C'est ce qu'on appelle de l'ironie tragique. On ne savait pas, à ce moment-là, qu'il y aurait quelqu'un d'autre dans cette histoire qui serait véritablement cassé, cassé comme ces petits oiseaux qui volent tout droit dans les fenêtres. A ce moment-là, on ne voyait pas la vitre ; juste le monde entier au-delà, par transparence. »
C'est ce qu'on appelle de l'ironie tragique. On ne savait pas, à ce moment-là, qu'il y aurait quelqu'un d'autre dans cette histoire qui serait véritablement cassé, cassé comme ces petits oiseaux qui volent tout droit dans les fenêtres. A ce moment-là, on ne voyait pas la vitre ; juste le monde entier au-delà, par transparence. »
« Tout le monde se confond avec tout le monde. On s’attend toujours à ce qu’on arrive pile à tel endroit, à tel moment, et donc c’est toujours exactement ce qu’on fait – on pourrait aussi bien être quelqu’un d’autre sans que ça se remarque. On passe d’une personne à l’autre, on parle à l’un comme à l’autre, on confond tout le monde… On se laisse tomber et on se récupère comme si rien n’était arrivé. Il n’y a rien de solide nulle part, rien ni personne n’est irremplaçable. On vit parmi nos propres doublures. Et même quand, une fois de temps en temps, on essaie de se faire un peu imprévisible, ça rebondit sans même denter la carrosserie. »
Oh ! J'avais très envie de découvrir ce roman, pour éventuellement le mettre dans la liste des livres de mes élèves. Et puis j'ai vu plein de coups de coeur pour ce livre et donc j'ai encore eu davantage envie... Mais ton avis me fait maintenant hésiter, surtout vu le prix des Exprim que je trouve chers pour leur taille ^^ (15 euros pour 200 pages...).
RépondreSupprimerMe voilà dubitative...
Je ne sais pas trop quoi te dire car j'ai l'impression d'être la seule à n'avoir pas aimé, j'ai moi aussi vu cette avalanche de coups de coeur. Donc est-il vraiment médiocre ou suis-je passée à côté de quelque chose de bien ? Je ne sais pas. Mon ressenti est que c'est un roman qui manque de cohérence et qui n'aborde pas vraiment cette thématique de l'exposition sur les réseaux sociaux. En revanche, la pression mise sur ces jeunes est bien restituée. Peut-être que d'autres bloggueuses de confiance le chroniqueront pour que tu puisses te faire ton avis ?
SupprimerJ'ai l'impression que bcp de ces blogueuses (toutes en fait ?) l'ont eu en SP... et je crains donc que l'enthousiasme soit feint pour certaines... Je pense donc plutôt me fier à ton avis vu la similarité de nos gouts.
SupprimerA mon avis, les billets moins passionnés commenceront à tomber dès que la vague de SP sera terminée...
On verra :D
Bisous
Moi aussi je l'ai eu en SP ;)
SupprimerMais effectivement le mieux c'est d'attendre!
Bisous et bon week-end (bonnes vacances même, si j'ai bien suivi!)