[Sarbacane, 2008]
J’ai découvert le roman dont je veux vous parler aujourd’hui à l’occasion du Printemps du Livre de Grenoble 2011, lors d’une rencontre avec son auteur, Lucie Land. La manière dont elle a parlé des Rroms lors de son intervention a éveillé mon intérêt pour son premier roman, « Gadji ! », et je suis repartie avec.
Dans ce roman, Lucie Land met en scène Katarina, une jeune Rrom. Nous la rencontrons alors qu’elle a une dizaine d’années, en Roumanie, durant les derniers mois du règne de Ceaucescu, sous lequel son peuple est plutôt bien traité. Puis, un drame bouleverse sa vie, et nous la suivons à Paris, chez La Cousine, celle qui s’est mariée à un français, un architecte. Auprès d’eux, Katarina mène une vie sédentaire et va au collège. Tiraillée entre ces deux existences qu’elle apprécie, tout l’enjeu du roman est de savoir si elle va devenir une véritable Gadji parisienne, ou retrouver les siens pour une vie nomade.
Ce roman est une véritable bouffée d’air frais. L’auteur a un style léger et poétique, nous donnant l’impression que c’est Katarina qui nous conte son histoire, sur un air de musique tsigane. Elle s’est glissée à merveille dans la peau de son personnage : nous sommes véritablement dans la tête d’une fillette d’une douzaine d’années, en accord avec les valeurs de son peuple. Nous vivons les évènements au travers de ses yeux, nous éprouvons ses doutes.
Le personnage de Katarina est extrêmement attachant. Sa proximité avec la nature et les éléments, sa soif d’apprendre, sa manière d’aller au-devant des gens sans la moindre crainte, tout cela la rend très sympathique. Elle est également lucide quant aux regards que les gadji posent sur elle, consciente d’être différente d’eux. Mais cette différence fait sa force. Et puis, « Gadji ! », c’est aussi une histoire de famille, unie par un lien plus solide que les régimes qui se renversent, l’argent qui manquent, et les kilomètres.
En quelques mots, ce roman vous offre un voyage initiatique, celui de Katarina, et aussi une jolie ouverture sur ce peuple malmené par l’histoire. C’est à lire, autant pour la musique des mots tout que pour son contenu.
Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« N’empêche, ici, j’étais ce que j’étais, un peu comme les autres et un peu différente, et apparemment, j’avais le droit. Mais tous les Paris du monde ne valaient pas mon clan. […] Autour de moi, tout le monde ou presque avait oublié dans quel marigot j’avais poussé. Seuls quelques professeurs, dont les plus sceptiques du début, étaient devenus particulièrement attentifs et prévenants, presque trop – je n’étais pas malade, tout de même. Mon enfance avait par moments le poids d’un sac de cailloux, et à d’autres, celui d’une fleur sur un chapeau. »
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