[Presses de la Cité, 2013]
Je vais vous parler aujourd’hui d’un gros livre, un « pavé » de 632 reçu grâce à l’opération Masse Critique de Babelio, un titre de la rentrée littéraire étrangère qui sortira fin août. Il s’agit de « La femme à 1000° » d’Hallgrimur Helgason, un auteur islandais.
Résumé
Octogénaire, clouée dans un lit dans un garage devenu sa demeure, Herra a pour principale compagnie un ordinateur qu’elle utilise pour espionner sa famille et faire des plaisanteries à des inconnues. Rongée par le cancer, elle entreprend de dérouler le fil de sa vie, d’un destin hors du commun : petite fille du premier président de la République islandaise, fille de nazi, elle a traversé la guerre mondiale et roulé sa bosse sur plusieurs continents.
Des souvenirs épars
Les souvenirs d’Herra ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique, mais de manière éparse, selon ce dont elle se souvient. Elle divague parfois, et fait de nombreux allers-retours entre le passé et le présent. Au début, on a du mal à assembler les pièces du puzzle, mais cela se fait petit à petit. Beaucoup de souvenirs concernent les années 1940, la Seconde Guerre Mondiale constituant l’épisode le plus marquant de la vie d’Herra. Mais nous traversons également d’autres décennies, notamment les années 50 et 70. L’ensemble est un peu long et mériterait un fil conducteur un peu plus solide.
Des éléments intéressants
Malgré ces quelques longueurs, ce roman est intéressant à plusieurs titres. Premièrement, il nous permet de découvrir l’Islande avec son climat, ses fjords, son peuple taiseux, ses hommes peu délicats, son aversion envers le colonisateur danois. J’ai parfois manqué de repères dans cet univers, mais j’ai apprécié la découverte. Il y a également dans ce roman une réflexion sur la condition féminine, puisque Herra essaie tout au long de sa vie de ne pas se laisser gouverner par les hommes et de se montrer aussi forte qu’eux. Mais elle n’échappe pas au piège de l’amour…
Les personnages
Herra est une vieille femme haute en couleur. Malgré la vieillesse et la maladie, nous la trouvons sereine et prête à analyser sa vie avec beaucoup de recul, sans se ménager. La vie l’a endurcie, mais elle cache un certain nombre de blessures. Néanmoins, j’ai eu du mal à m’attacher, à éprouver une véritable empathie pour elle. La conséquence en est que je n’ai pas été vraiment impliquée dans l’intrigue, ce roman ne m’aura pas « emportée ». Mis à part Herra, peu de personnages auront retenu mon attention, mis à part son père, cet homme qui a cru participer à quelque chose de grand en s’impliquant auprès d’Hitler.
L’écriture
L’un des points forts du roman, c’est l’écriture de l’auteur et la très bonne traduction. En effet, le récit comporte de nouveaux jeux de langage, bien rendus par la traduction. L’auteur invente un certain nombre de mots par néologisme, et livre des réflexions parfois très fines. J’ai relevé beaucoup de citations, un signe qui ne trompe pas. Il joue également avec l’histoire de l’Islande et des personnages célèbres, qu’il intègre à son récit, de John Lennon à Evita.
En quelques mots…
Ainsi, il s’agit d’un roman intéressant pour la découverte de l’Islande, la réflexion sur la condition féminine et les jeux de langage. Néanmoins, il y a quelques longueurs, une difficulté à trouver ses repères et les personnages comme l’intrigue n’ont pas réussi à m’emporter. Mais que l’on ait du mal ou non à y entrer, c’est un bon roman. Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour cette découverte.
Note : 3/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie du challenge :
Bouge ta PAL ! : lecture n°45
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"En temps de guerre, tout le monde se sent bien, car personne ne contrôle rien. En temps de paix, le malheur s'empare des gens car il faut choisir et refuser. Toutes les guerres naissent de ce désir infini de bonheur. Il n'est rien de plus effrayant que la paix pour l'homme. L'homme est par nature une fourmi et préférera toujours être passager sur la route du destin plutôt que décider sa destination. En aucun cas il ne veut assumer cette responsabilité. Il admire allors tout être qui accepte ce sacerdoce. Et lorsqu'il est question de destin, la guerre est des plus radicales. C'est pourquoi on se sent si bien en temps de guerre : on retrouve en nous la paix intérieure."
"Je n'ai jamais aimé à cent pour cent. C'eût été imprundent. Personne ne devrait laisser son coeur bouillir tout entier. Il est plus sage de le couper en quarts, d'en faire griller un ou deux morceaux à la poêle et de mettre le reste au congélateur. "
"Viens, viens donc, fillette. Toi aussi tu deviendras femme, femme. Ne crois pas y échapper, y échapper. Viens donc avec tes traits d'enfant et tes fossettes de sourire et laisse-moi les inonder de doutes et de trouble. Toi aussi, tu porteras le poids de ta poitrine au fil de l'existence, appliqueras crèmes et parfums et colorations, combattras la graisse, affronteras les saignements, les naissances douloureuses, et perdras de ta valeur comme un morceau de viande, pour atterrir au pays des rides avant d'être balancée dans le charnier de la destinée. Femme ! Femme ! Le bonheur prisonnier t'attends derrière le rideau rouge. Tu croyais être enfant et devenir être, tu comprends à présent que tu ne deviendras que femme."
Humm, je l'avais repéré dans les titres de la rentrée mais ni le résumé ni la couverture ne me parlaient. Et je dois dire que ton billet même s'il souligne des qualités qui me plaisent, comme la plume (et la traduction) ne me donnent tout de même tjs pas envie... Du coup, j'espère ne pas le recevoir en SP :/
RépondreSupprimerBisous Stella
Je te comprends, honnêtement, comme je le disais à Stéphanie sur LA, j'ai un peu souffert avec ce livre, avec l'étrangeté de l'Islande, le manque de fil conducteur dans les souvenirs et surtout, l'absence d'un supplément d'âme qui m'aurait embarquée. Dommage car les réelles qualités de ce roman disparaissent un peu derrière cela... Profite de la suite de tes vacances, et bonne rentrée littéraire, bisous !
Supprimermouais....je vais passer mon tour pour ce titre. il a beau avoir des qualités, autant de pages avec des longueurs...non, ça ne me dit rien !
RépondreSupprimerOui, c'est un peu à rallonges, même si il y a aussi plein de bonnes choses dans ce titre
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