mardi 10 décembre 2013

La dernière guerre, tome 2, de Fabrice Colin : Seconde vie

[Michel Lafon, 2013]

*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Souvenez-vous, l’année dernière, j’avais beaucoup aimé « 49 jours », de Fabrice Colin, premier tome d’un dyptique à l’atmosphère de fin du monde intitulé « La dernière guerre ». J’avais beaucoup apprécié ce roman au carrefour de la fantasy et de la science-fiction. Aussi, j’étais impatiente de découvrir « Seconde vie », le second et dernier volet de la série.

Résumé

Rain a quitté Paris pour se rendre à Saint Gervais en Haute Savoie, où Floryan lui a donné rendez-vous devant une chapelle. Elle s’installe au sein d’un groupe de rescapés, dans une zone contrôlée par l’armée rouge. Mais deux garçons peuvent être potentiellement la réincarnation de Floryan : Anthony et Elliot. Finalement, c’est tous ensemble qu’ils essaieront d’enrayer la fin du monde et de retrouver la trace de l’antidote qui permettrait aux femmes d’avoir de nouveau des enfants.

Un roman plus orienté SF

Dans le premier tome, l’auteur s’amusait à brouiller les frontières entre les genres. Ici, ce n’est pas du tout le cas. En effet, la quasi-totalité de l’intrigue se déroule sur Terre, seules quelques pages sont consacrées à l’Intermonde ou Monde Second, l’aspect « fantasy » est donc absent. Nous sommes ici dans un roman davantage orienté science-fiction, avec entre autres un train ultrafuturiste qui traverse l’Atlantique ou des techniques de « hacking » étonnantes.

Une intrigue inégale

Il m’a semblé que l’intrigue mettait du temps à démarrer véritablement. Le problème, me semble-t-il, tient à ce que l’histoire est racontée du point de vue de Rain. Cela oblige Eliott, qui se prétend la réincarnation de Floryan, à résumer l’ensemble de sa vie, ce qu’il fait dans un texte que Rain lit sur une tablette numérique. Tout cela m’a semblé assez fastidieux. Après 200 pages, l’action décolle enfin et j’ai tourné les pages avec une plus grande hâte, même si dans l’ensemble, je pense que l’histoire aurait été plus palpitante racontée du point de vue d’Eliott.

Néanmoins, je dois dire que la fin m’a frustrée, dans le sens où ce n’est pas une « vraie fin » : l’auteur se contente de faire un bond dans les temps de quelques semaines, et de résumer sur deux pages le dénouement de l’intrigue, comme s’il avait créé une intrigue trop complexe pour arriver à la résoudre assez rapidement. J’aurais pourtant préféré une vraie fin, imaginative et fouillée, quitte à ce que le roman fasse 600 pages.

Les personnages

Rain est une jeune fille plutôt sympathique, mais je ne me suis pas véritablement attachée à elle. Il m’a été assez difficile d’adhérer à son point de vue après avoir été habituée à celui de Floryan, elle m’est restée assez étrangère, je n’ai pas l’impression de vraiment la connaître. J’ai eu beaucoup plus d’affection pour Eliott, la tête brûlée, prêt à tout pour contrecarrer les plans des Elohims. Quant à Anthony, il m’a agacée, à part créer un triangle amoureux, je n’ai pas bien saisi l’utilité de son personnage.

L’écriture 

En tout cas, j’ai retrouvé avec plaisir la plume de Fabrice Colin, très agréable. La fantasy étant absente, il y a moins de belles « envolées » dans ce tome, mais son écriture reste intéressante tout en étant abordable pour des adolescents.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai passé un bon moment avec ce roman de science-fiction qui, après un démarrage un peu poussif, devient très intéressant. Mais je dois m’avouer un peu déçue, principalement parce que le premier tome était excellent, et que celui-ci n’est malheureusement pas aussi bon, peut-être écrit un peu trop vite. Mes deux principaux regrets sont que l’on n’ait pas gardé le point de vue de Floryan et que la fin soit trop rapide. Cependant, cela reste un bon roman et je remercie les éditions Michel Lafon pour cette lecture. Et je compte bien continuer à découvrir Fabrice Colin, et notamment ses romans policiers, l'année prochaine.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Beaucoup de nos semblables ont cru que le monde périrait avec eux. Pense aux Romains lors des invasions barbares, par exemple. Aux juifs pendant l’Holocauste. Aux Russes déportés par Staline. Nous sommes tous des histoires, conclut-il. Des malheurs en mouvement. Et pourtant, nous avançons. »

« Il était de bon ton, à cette époque (et je me souviens de discussions entre leurs amis, des conversations sérieuses qu’ils me pensaient sans doute trop jeune pour comprendre), de se montrer réservé à l’égard de l’idée même d’enfant. « Quel avenir avons-nous à leur offrir ? » répétait mon père. Mais c’était prendre le problème à l’envers. Le monde de demain, ce sont les enfants qui le fabriquent. « Regardez ! ai-je envie de crier à ce couple maussade sur le trottoir, à cet ado maigrichon voûté sur son smartphone, à cette vieille femme qui grimace en portant ses courses, regardez, et écoutez : il manque quelque chose, vous ne vous en rendez pas compte ? Il manque les rires et l’insouciance, les sprints fous et les bouderies, il manque les larmes de crocodile, la magie et les bulles de savon, et nous allons mourir de toute cette tristesse, le monde ne se fera pas sans eux. »

« Mais regarde le monde. Regarde les guerres, les vagues géantes, les révolutions. Nous sommes ici, près d’une petite maison dans les bois, avec un homme qui détient la clé de l’avenir du monde et que nous sommes seuls à connaître. Pourquoi nous priverions-nous d’être fous ? »

samedi 7 décembre 2013

A comme aujourd’hui, de David Levithan : vivre l’amour au présent


David Levithan est un nom régulièrement cité, généralement aux côtés de John Green, lorsqu’on évoque la littérature adolescente anglo-saxone. J’ai découvert avec plaisir cet auteur avec son dernier roman en date, intitulé « A comme aujourd’hui ».

Résumé

A se réveille chaque matin dans un corps différent, depuis sa naissance 16 ans auparavant. Il habite indifféremment des corps de garçons et de filles, et ne se sent pas plus proche de l’un que de l’autre. Il a appris à s’adapter à la vie de son hôte le temps d’une journée, à bouleverser le moins possible son existence…jusqu’à ce qu’il occupe le corps de Justin et tombe amoureux de sa petite amie, Rhiannon. Il n’aura alors de cesse que de retrouver cette jeune fille, qui à imposer sa volonté aux corps qu’il occupe. Mais comment vivre l’amour uniquement au présent ?

Une diversité de thèmes adolescents

Le changement de corps quotidien de A sert de prétexte à l’auteur pour aborder une multitude de thèmes pouvant toucher les adolescents. Il se réveille parfois dans un corps obèse, un corps de suicidaire, un corps de drogué, un corps homosexuel, ou tout simplement dans le corps d’une peste ! L’auteur explore ainsi toute une palette de thématiques. La plus centrale reste celle du genre et de l’identité sexuelle, puisque A ne se sent ni garçon ni fille et aime l’un et l’autre indifféremment, ce que les autres ont parfois du mal à comprendre.

L’amour au présent

Mais ce roman est avant tout une histoire d’amour, une histoire à priori impossible puisque A change d’identité chaque jour. Pourtant, il est toujours la même personne et il aimerait que Rihannon en soit consciente… L’auteur évoque ainsi la difficulté d’aimer au présent, sans pouvoir faire de projet, sans pouvoir être certain que l’autre sera là demain. Cette romance est le fil rouge de l’histoire, elle est peut-être même un peu trop présente à mon goût. J’ai eu un peu de mal avec le côté « absolu et immédiat » de l’amour qu’éprouve A. Néanmoins, c’est bien mené et j’ai trouvé la fin très belle.

Les personnages

A est un personnage assez attachant. Il est intelligent et a appris à s’adapter à des situations très diverses. C’est quelqu’un de bien, qui essaie généralement d’agir au mieux pour ses hôtes, même si ses propres préoccupations prennent le dessus à un moment donné. Il est assez touchant en amoureux transi, et sa solitude m’aura serré le cœur plus d’une fois. Quant à Rihannon, on ne peut que l’apprécier, puisqu’on la voit à travers ses yeux.

L’écriture 

Le style de David Levithan est agréable, la lecture de ce roman a été plaisante. C’est une écriture accessible pour les adolescents, sans être pauvre pour autant. Un auteur à suivre, assurément.

En quelques mots…

J’ai beaucoup aimé ce roman pour adolescent qui aborde des thématiques très diverses grâce au phénomène du changement de corps. L’histoire est très bien menée et cette romance « impossible » est touchante, bien qu’un peu trop présente à mon goût. Je recommande volontiers ce roman, à partir de 13 ans.

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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« Que se passe-t-il au moment précis où l’on tombe amoureux ? Comment un laps de temps aussi court peut-il contenir quelque chose d’aussi immense ? Soudain, je comprends pourquoi les gens ont parfois une impression de déjà-vu, pourquoi certains croient à des vies antérieures : l’écho de ce que j’éprouve résonne bien au-delà des quelques années que j’ai vécues sur cette Terre. Le moment où l’on tombe amoureux semble puiser sa source des siècles, des générations en arrière – dans un passé qui s’aligne pour donner naissance à cette intersection précise, étonnante. »

« Ce sont les détails qui servent de prétexte aux complications et aux querelles – ces détails qui empêchent tous ces gens de se rendre compte que, quel que soient leur religion, leur sexe, leur race ou leur origine géographique, ils sont tous identiques à 98 %. Oui, il existe une différence biologique entre hommes et femmes, mais cette différence est minime comparée à l’ensemble des points communs. Pour ce qui est de ce qu’on appelle la « race », c’est avant tout quelque chose qui relève de la construction sociale. Quant à la religion – eh bien que l’on croie en Dieu ou en Yahvé ou en Allah ou en autre chose, on retrouve partout la même espérance. Je ne sais pas pourquoi tout le monde se focalise sur ces 2 %, mais ils sont la cause de la plupart des conflits sur cette planète. En ce qui me concerne, si, jusqu’à présent, j’ai réussi à mener ma petite barque, je le dois aux 98% que toute vie à en commun avec les autres. »

mardi 3 décembre 2013

Chambre 2, de Julie Bonnie : de la vie de bohême aux salles d’accouchement

[Belfond, 2013]

Je vais vous parler aujourd’hui d’un « premier roman » qui a fait parler de lui cet automne, notamment parce qu’il a reçu le prix Fnac 2013: Chambre 2, de Julie Bonnie. Mais, en ce qui me concerne, c’est Stéphanie-plaisir-de lire qui m’a donné envie de le découvrir, avec son joli billet.

Résumé

Béatrice est auxiliaire de puériculture. Chaque jour, elle fait le tour des chambres à la maternité et fait face à des mères souvent désemparées par leur accouchement, quand elles ne sont pas traumatisées par une fausse couche ou un enfant mort-né. L’équipe médicale, parmi laquelle chacun est concentré sur son propre bien-être, ne lui est d’aucun secours. Tout en déambulant de chambre en chambre, Béatrice se remémore son passé de danseuse nue, une activité dans laquelle elle se sentait exister, une époque où elle avait l’impression d’être à sa place.

Le quotidien de la maternité

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas un livre qui donne envie d’avoir des enfants lorsque l’on a encore jamais accouché. Au contraire, cela fait plutôt peur. L’accouchement est ici présenté comme un traumatisme pour le corps, mais surtout pour l’âme. D’autant plus que cela ne se passe pas toujours bien. Quant à l’équipe de l’hôpital, elle ne se préoccupe pas beaucoup du bien être des patientes… Néanmoins, la relation qu’entretient Béatrice avec les nouveau-nés et son empathie pour les mamans est assez touchante. Malheureusement, elle n’a ni le temps ni les moyens de leur venir véritablement en aide.

La danse et la route

Ainsi, j’ai préféré les moments où Béatrice évoque son ancienne vie, son passé de danseuse nue. Pendant une décennie, elle a sillonné les routes en compagnie des musiciens Gabor et Paolo, et du tandem Pierre & Pierre, deux homosexuels qui ont monté un show provocant à souhaits. J’ai aimé la manière dont la narratrice évoque son corps et se l’approprie, et cette vie une peu insouciante dédiée toute entière au spectacle. Mais les reproches sur l’éducation de ses enfants et un drame qui a touché la troupe pousseront Béatrice à rentrer dans le rang, à se chercher une place dans la société, pour son plus grand malheur.

Les personnages

Béatrice est un personnage assez touchant. Elle vit comme elle le peut, elle s’accroche, même si son quotidien n’est pas du tout ce dont elle avait rêvé. Elle a un problème psychologique, des sortes de crises de panique où elle sent son corps lui échapper. Elle ne trouve pas sa place dans la « bonne société », encore moins au sein de l'hôpital et de sa hiérarchie impitoyable, et n’a été vraiment heureuse que sur la route. Pourtant, pour ses enfants, elle continue, même s’ils sont devenus grands et ingrats. Des autres personnages, je n’ai pas envie de parler, même si j’ai apprécié Gabor et son charme particulier. Béatrice mérite toute l’attention du lecteur.

L’écriture

Le roman est écrit à la première personne, c’est Béatrice qui s’exprime. L’auteure lui met dans la bouche des mots parfois crus, n’enjolive jamais la réalité. Elle sait pourtant se faire plus poétique au moment d’évoquer la danse et la musique. Au final, pour un premier roman, le style est assez encourageant, il ne m’a jamais dérangée.

En quelques mots…

Ainsi, je ne peux pas dire que j’ai « aimé » ce roman car il aborde des sujets très durs et donne de l’accouchement une vision que l’on préférerait oublier. Néanmoins, c’est un roman bien mené qui a su m’intéresser, avec un personnage touchant et un encourageant à vivre la vie que l’on s’est choisie. L'auteure a su utiliser son expérience de chanteuse et de musicienne pour évoquer la vie sur la route.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse


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"Grâce à la musique de Gabor et Paolo, j'ai compris que je pouvais être nue, aimée, dans une autre dimension. J'étais touchée par la grâce, une transe dévoilant ma peau. Je devenais un spectre, une pluie, une brume. Je donnais et je recevais. Je ne faisais plus semblant de rien. Le plaisir était réel. Avec le temps, j'ai appris à montrer beaucoup plus que mon corps. J'ai exposé mes blessures, exhibé mes émotions. J'ai dévêtu mon corps, puis j'ai déshabillé mon âme."

"Sachez, Béatrice, que j'apprécie énormément le travail que vous faites, et que je ne suis pas la seule. Sachez que vous n'êtes pas seule. Pas plus seule que chacun de nous ici. L'hôpital est un lieu de grande, grande solitude. C'est presque sa définition. Nous partageons l'indicible dans des conditions exécrables. Nous ne pouvons pas partager parce que nous n'avons pas le temps, bien sûr, mais surtout parce que chacun protège son intimité tant bien que mal. On ne peut pas travailler avec le corps nu. Et il me semble que vos vêtements vous vont très mal. Trouvez-en dans lesquels vous vous sentirez bien, mais trouvez-en. Sinon, vous mourrez ici même, sans avoir rien compris."

dimanche 1 décembre 2013

En novembre 2013...

Ce mois de novembre froid et quelque peu neigeux fut propice à la lecture, il est temps d'en faire le bilan !

Ce mois-ci, j’ai donc lu et/ou chroniqué :
  
J'ai vraiment aimé :

Esprit d'hiver, de Laura Kasischke (3,5/5)
Pietra Viva, de Leonor de Recondo (3,5/5)
Zouck, de Pierre Bottero (3,5/5)

Ils m'ont "embarquée" :

Le journal malgré lui de Henry K Larsen, de Susin Nielsen (4/5) 
Pas assez pour faire une femme, de Jeanne Benameur (4,5/5)


Coup de coeur

Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson (5/5)





Cela donne donc 7 lectures ce mois-ci, toutes appréciables, dont trois très bonnes avec même un petit coup de coeur, ça faisait longtemps ;) J'espère donc finir l'année sur la même tonalité
   
Le chouchou du mois :



Les articles les plus consultés par les visiteurs :

-Antéchrista, d'Amélie Nothomb (390 vues)
-Hunger Games, tome 3 : La révolte de Suzanne Collins (301 vues)
-L'oiseau bleu, de Madame d'Aulnoy (235 vues)
  
  
Pas beaucoup de mouvement dans le trio de tête des articles consultés, avec toujours Amélie Nothomb (le seul que j'ai lu), un conte, et le retour de Hunger Games avec la sortie du second film (excellent, d'ailleurs!) 

Le mois prochain je souhaite lire : 

-Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, de Ruta Sepetys
-Bel air, de Lionel Salaun
-Zelda la rouge, de Martine Pouchain
-Revanche, de Cat Clarke

  En ce moment je lis :

  

Du nouveau dans ma bibliothèque :

-Night School, tome 3 : Rupture, de CJ Daugherty
-Vango, tome 1, de Timothée de Fombelle
-Zelda la rouge, de Martin Pouchain (service presse)
-Seconde vie, de Fabrice Colin (service presse)



Ce mois-ci le blog a reçu :

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Merci à tous pour vos passages par ici et vos commentaires ! 
      

    Je vous souhaite un bon mois de décembre et de belles fêtes de fin d'année,
A très vite!


Stellabloggeuse