[Grenoble, bibliothèque Abbaye-les-bains, le 15/04/2011]
Après Insa Sané le mois dernier, j’ai de nouveau une jolie rencontre à vous raconter ! Il s'agit cette fois de Lucie Land, jeune auteur de la collection eXprim'.
A Grenoble, la semaine dernière, le Printemps du Livre s’est donné pour thème les origines. Lucie Land a donc été conviée pour son premier roman, « Gadji ! » où elle conte le voyage d’une jeune Rrom vers Paris (je vous promets une chronique là-dessus d’ici peu).
Elle a publié il y a peu son second roman, intitulé « Good Morning Mr Paprika », une histoire fantaisiste teintée de science-fiction (à son sujet je vous renvoie vers les chroniques de Culturez-vous et Batifolire)
Ce vendredi 15 avril, une petite foule se presse à la bibliothèque. Tous les âges sont représentés. La rencontre est introduite par un petit spectacle donné par une fanfare, le Montabul Orkestar. Lucie Land décide d’improviser en toute simplicité, et de lire des passages de son roman « Gadji ! » entre deux morceaux de musique. Le ton est donné.
Finalement, la fanfare se retire, et Lucie Land invite le public à approcher leurs chaises pour discuter plus facilement. L’assistance forme un cercle très proche autour d’elle, et la discussion commence. Les réactions fusent, les rires également. Lucie Land a plein de chose intéressantes à raconter, en voici un petit aperçu.
La musique
Dans le sillage de la Fanfare, Lucie Land est d’abord interrogée sur la place de la musique dans sa vie. Pour elle, la musique est au cœur de l’écrit. C’est un soutien, elle s’en accompagne pour écrire. Elle est une musicienne autodidacte, qui joue à l’oreille. Elle aime avoir un instrument avec elle, qu’elle considère comme « un bon passeport pour l’amitié ». C’est également le ciment de la vie de Rroms, auxquels le roman « Gadji ! » est consacré. Elle nous cite un proverbe Rrom « Ne te demande pas si tu dois vivre ou mourir, il vaut mieux chanter ».
Les voyages
Lucie Land voyage seule, saxophone sur le dos. Elle se balade un peu partout : les trains, les routes, les laveries… Elle a été professeur de français dans des réserves indiennes au Canada. Elle aime rencontrer des gens. Elle prend de petites notes en voyageant, puis elle écrit chez elle.
L’écriture
Lucie Land écrit depuis longtemps, mais elle trouvait que ses écrits n’étaient pas bons, « pas assez pour ennuyer un éditeur occupé ». Elle n’avait pas suffisamment de choses à dire. Aujourd’hui, elle a des choses à raconter. Elle a fait un certain nombre de petits films, et elle a appliqué le même travail de montage à ses livres. Ce qu’elle aime en écrivant, c’est de faire vivre les personnages, mais qu’ils aient aussi progressé sans elle, et lui ont fait de belles surprises.
« Gadji ! »
Une personne du public demande à Lucie Land quelle part elle a mise d’elle dans le personnage de Katarina. Lucie Land répond que cela se résume à de petites touches de peinture, seulement des détails : tout est romancé. En revanche, son expérience de voyageuse l’a aidée à écrire son histoire.
Une personne du public fait remarquer à Lucie Land que la boue revient sans arrêt dans le roman. Selon elle, ce n’était pas voulu, mais serait une référence biblique inconsciente : la boue permet à Katarina de se recréer au cours du livre.
L’adolescence
Dans son second roman « Good morning Mr Paprika », on retrouve un héros adolescent, tout comme dans « Gadji ! ». Lucie Land trouve que c’est un âge intéressant, subtil et révolutionnaire. Un âge où ils ont du mal à parler, mais « vibrent ». Cependant, elle a maintenant en tête des romans plus adultes, engagés, et de la poésie.
Les Rroms
Lucie Land, questionnée par le public, a souhaité nous en apprendre un peu plus sur ce peuple. Elle a beaucoup d’amis Rroms, certains en France, d’autres rencontrés lors de ses voyages. C’est un peuple qui a subi une diaspora. Ils sont originaires d’Inde, et on eu une histoire assez tragique depuis le XIe siècle. Un tyran est venu les chercher pour les asservir, il en a fait massacrer beaucoup. Ils se sont dispersés depuis l’Afghanistan pour fuir cette tyrannie. Les Rroms de Roumanie ont été esclaves des Roumains jusqu’en 1850, et sont encore considérés comme des sous-hommes dans ce pays. Après la chute de Caucescu, les gens s’en sont pris à eux car certains servaient dans sa garde. Ils étaient très attachés à ce pays, et le sont encore.
Lucie Land avoue se sentir parfois plus proche des Rroms que des civilisés, car ils ont le sens de l’honneur, de la famille, de la solidarité.
Leur rapport à l’éducation est strict, à base de mimétisme. Ils ont une culture orale, et la peur du Gadjo, qui a le nez dans ses livres et ne sait rien, n’exerce pas sa mémoire. Cependant, ils sont de moins en moins contre l’école.
Voilà pour le résumé de ce qui s’est dit ce jour-là, qui peut vous laisser entrevoir la personnalité très intéressante de cet auteur. Après, il y a les choses qui ne se racontent pas : les sourires échangés, l’étonnement, la découverte. On a beaucoup échangé ce soir-là, et pas de doute, nous en sommes ressortis plus riches d’idées, de tolérance envers la différence, d’envies d’évasion…et de lecture !
Stellabloggeuse
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