samedi 22 octobre 2011

Nu rouge, de Frédéric Touchard : une description artistique du Nord

[Arléa, 2011]

Les réunions du Comité de lecture de la bibliothèque universitaire de Chambéry ont repris. Ce comité est l’un de ceux qui sélectionne les livres retenus pour le Festival du Premier roman de Chambéry. Me voici donc avec « Nu rouge », le premier roman de Frédéric Touchard.

Il met en scène Camille, une jeune femme qui termine une thèse sur le peintre Edouard Pignon. Pour mieux comprend cet artiste et ses « nus rouges », elle part à la découverte du Nord, où le peintre a commencé sa vie. Avec Jean, qu’elle rencontre sur place, elle commence à sillonner les villages et les camps d’immigrés clandestins. Camille se trouve alors confrontée à une réalité sociale dure, qu’elle sous-estimait et qui la frappe en plein cœur. Elle découvre en même temps la dureté de cette région et la fraternité qui y subsiste difficilement. Cette découverte la change et sa vie prend un brusque tournant.

Voilà pour le résumé. En ce qui concerne mon avis, il est assez mitigé. J’ai bien aimé l’idée de départ du roman, avec à la fois ce départ sur les terres d’un artiste pour mieux le connaître, et une jeune femme confrontée brutalement à la dureté que peut avoir la vie. Le style de l’auteur est également intéressant et possède une originalité indéniable. Il a aussi un message à délivrer, un message important : les solidarités s’estompent aujourd’hui, la société s’individualise et peu de personnes s’engagent pour essayer de changer les choses, de venir en aide aux autres.

En revanche, je suis malheureusement restée en dehors de ce roman, il n’a pas réussi à me toucher. Camille reste une étrangère pour le lecteur, une inconnue, car l’histoire est racontée par l’homme qu’elle rencontre dans le Nord et qui la connaît à peine. Cette narration peut avoir des côtés intéressants, mais les émotions sont tout simplement absentes de ce roman, tant dans les personnages que dans leurs histoires d’amour ou d’amitié. Même le grand geste de solidarité de Camille à la fin du livre garde un côté « froid ». Le seul sentiment que l’on connaît est celui de sa culpabilité de ne pas assez aider les autres.

Ce roman peut plaire à ceux qui ont déjà une petite familiarité avec la région, les descriptions de paysages et d’œuvres d’art pourront leur rappeler de bons souvenirs. Mais je dois avouer que ne connaissant aucunement cette région, ces « digressions » me sont passées au-dessus de la tête, je n’ai pas réussi à rentrer dedans. Peut-être le tout est-il exposé d’une manière un peu trop érudite pour un roman. Enfin, à titre personnel, j’ai été quelque peu agacée par des réflexions tels que « j’ai préféré ce croissant que la tarte au sucre d’hier », qui pour moi détonaient totalement du reste.

Pour résumer c’est un roman qui a des qualités (choix du thème, originalité de l’écriture, délivrance d’un message) mais qui est resté hermétique pour moi à cause du manque de sentiments, de profondeur des personnages. Néanmoins j’ai entendu autour de moi des avis plus positifs, donc je vous encourage à donner sa chance à ce roman et prendre pour quelques heures la route du Nord.

Note : 2/5 
Stellabloggeuse 
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« Je le vois bien aujourd’hui, autour de moi. Les gens que je côtoie n’ont plus foi en rien, mais ils paraissent certains de détenir ainsi la voix de la raison. Alors en quoi leur présence au monde a-t-elle la moindre importance s’ils n’ont plus le désir d’entreprendre quoi que ce soit pour tenter d’améliorer la vie de leurs semblables ? Je ne veux pas devenir comme ça, je nous trouve repus, cyniques et tristes. Je ressens tout ça avec beaucoup plus d’acuité depuis que je suis ici, dans ce Nord… »

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