[Stock,
2014]
Me
revoilà avec un roman de la rentrée littéraire 2014. Autobiographique, le
premier roman de Véronique Poulain fait partie des lauréats du Festival du premier roman de Chambéry en 2015.
Résumé
Née
de deux parents sourds, Véronique est entendante, tout comme ses cousins, qui
sont eux aussi le fruit d’unions entre sourds. Très vite ces enfants deviennent
bilingues, passent avec aisance du monde de la parole à celui du silence, des
mots aux signes… Mais ce n’est pas facile tous les jours de grandir avec cette
différence.
Un roman autobiographique très
riche
Il
y a beaucoup de choses dans ce court roman autobiographique découpé en micro
chapitres. L’auteure nous fait entrer dans ce qui a été son quotidien auprès de
parents sourds. Elle évoque le regard des autres, pesant, plein de pitié ou de
peur et qui lui donne parfois envie de hurler. Elle nous raconte aussi son
quotidien, les petits travers des sourds, leur façon de déformer les mots, de
faire des bruits de bouche sans s’en rendre compte. Elle se moque gentiment,
avec beaucoup de tendresse, et elle nous fait sourire.
Parfois
aussi, elle leur en veut, et s’en veut de leur en vouloir, lorsqu’elle rêve de
longues discussions, lorsqu’elle a besoin de soutien, d’être guidée… A
plusieurs moments de sa vie, elle souffre de cette communication limitée. Ils
ne se comprennent pas totalement tant leurs univers sont différents. Pourtant elle
est fière d’eux, de ce qu’ils arrivent à accomplir, et ce livre est aussi un
hommage, on le sent bien.
Le personnage
Avoir
des parents sourds a fait de Véronique une personne à part. Quelqu’un pour qui
le silence a des airs de famille, quelqu’un qui est à l’aise pour s’exprimer
avec son corps, quelqu’un qui a du mal à exprimer ses sentiments avec des mots.
Elle reste pourtant une enfant et une jeune fille comme une autre, qui cherche
sa voie, qui fait sa crise d’adolescence. C’est quelqu’un d’intéressant que j’ai
pris plaisir à découvrir.
L’écriture
Quant
au style, il est particulier, un peu haché. Les phrases sont souvent courtes,
ainsi que les paragraphes. Comme si communiquer avec des sourds avait appris à
l’auteure à aller à l’essentiel, à ne pas s’étendre en circonvolutions
inutiles. C’est donc une écriture efficace, agrémentée d’une bonne dose d’humour
et de tendresse.
En quelques mots…
Ainsi
l’auteur nous propose un roman autobiographique très intéressant qui nous fait
prendre conscience de ce que signifie vivre auprès de personnes sourdes. Ce
thème a aussi été mis en avant ces derniers temps par le film « La famille
Bélier » (inspiré par l'histoire de Véronique et dans lequel elle tient un petit rôle), et cette mise en lumière me semble importante, pour ne pas les voir
comme un handicap mais comme des personnes à part entière. Un roman nécessaire,
drôle et tendre, authentique.
Note :
4/5
Stellabloggeuse
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« Ce
sont les autres qui regardent mes parents comme s’ils étaient débiles.
Ce sont
les autres qui pensent qu’avoir des parents sourds, c’est dramatique.
Pas
moi. Pour moi, c’est pas grave, c’est normal, c’est ma vie. »
« Dans
la langue de mes parents, il n'y a pas de métaphores, pas d'articles, pas de
conjugaisons, peu d'adverbes, pas de proverbes, maximes, dictons. Pas de jeux
de mots. Pas d'implicite. Pas de sous-entendus. Déjà qu'ils n'entendent pas,
comment voulez-vous qu'ils sous-entendent ? »
« La
langue des signes est la langue la plus crue que je connaisse. Les sourds
s’expriment de façon simple, directe. Brutale. Beaucoup de signes sont beaux,
poétiques, émouvants - comme les mots « amour », « symbole »,
« danse » -, mais dans le champ lexical de la sexualité, c'est une
autre histoire. Le signe ne laisse place à aucune équivoque. Alors que les mots
suggèrent, les gestes imposent.
Leur
crudité heurte les entendants parce que ces gestes anodins pour les sourds sont
les mêmes que nous faisons, nous, lorsque nous voulons être grossiers et nous
cachons pour les faire. Question de culture. »
je ne savais pas pour la famille bélier (j'ai adoré ce film !). Il faut absolument que je découvre le livre.
RépondreSupprimerEn effet, j'ai vu le film depuis et j'ai adoré. L'auteur, Véronique Poulain, fait une petite apparition dans le film, la dame qui vient acheter les fromages au marché, c'est elle. Le livre et le film ne racontent pas DU TOUT la même histoire, seule l'idée de base d'une entendante dans une famille de sourds est conservée, mais les deux sont très bien. Je t'encourage à le lire :)
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