[Sarbacane, 2015]
Mon avis enthousiaste sur « Mes idées folles » d'Axl Cendres fut l’un des premiers publiés sur ce blog, à son ouverture.
J’étais tombée sous le charme de cette histoire pleine d’imagination et de
fraîcheur. J’ai un peu moins apprécié « La drôle de vie de Bibow Bradley » dont le potentiel énorme m’a
semblé sous exploité. Mais j’étais ravie et curieuse de découvrir son dernier
roman en date, « Dysfonctionnelle »,
paru le 7 octobre.
Résumé
Fidèle est née au mauvais endroit au mauvais moment, au cœur d’une
famille dysfonctionnelle. Elle grandit dans un bar, entre trois sœurs et trois
frères, une mère perturbée, un père passant régulièrement par la case prison,
un oncle versé dans la « sychologie » et une grand-mère
bienveillante. Son QI la mène pourtant dans un lycée des beaux quartiers, où
elle vivra un véritable choc des cultures. Elle est pourtant la preuve que « Même avec une chose que tout le monde croit
perdue, on peut faire quelque chose de merveilleux ».
Une famille merveilleusement atypique
C’est avant tout un roman sur la famille. A une époque où certains
voudraient nous vendre, nous imposer un modèle de famille (un papa une maman,
patati patata), Axl Cendres nous offre l’exemple parfait modèle familial complètement original, en
dehors de tout règle. Elle nous prouve par là qu’il n’y a pas de recette pour
rendre les enfants heureux et en faire des adultes. Le lecteur vit donc au
rythme de cette famille complètement loufoque, en suivant la trajectoire de
Fidèle, avec ses hauts et ses bas. Malgré quelques facilités par moments, on s’attache
énormément, mais surtout, c’est un roman où l’on sent de la vie.
Un roman très riche
Au travers d’une belle histoire d’amour, on aborde également le thème
de l’homosexualité et l’homoparentalité. De nombreux autres thèmes sont
présents, comme la religion évoquée sur un ton gentiment dérisoire, cette famille
mêlant judaïsme, catholicisme et islam. Ou la maladie mentale de la mère de
Fidèle, prétexte à quelques réflexions sur l’absurdité des guerres. Ou le
militantisme, la musique classique, le foot… Et au milieu de tout cela, Axl
Cendres arrive encore à glisser de jolies références à ses autres romans, ou
même à d’autres romans exprim’ (notamment Comme des images de Clémentine
Beauvais).
Les personnages
Le point fort de ce roman, c’est indubitablement cette galerie de
personnages hauts en couleur, cette famille pleine de différence qu’Axl Cendres
nous conte avec tant de tendresse que l’on s’y attacha immédiatement. Le destin
de Fidèle m’a tenu à cœur. J’ai aussi été touchée par sa maman et sa maladie,
mais surtout par Zaza, la grand-mère, avec son accent algérien, son couscous à
partager et son islam de tolérance. Enfin, mention spéciale pour l’intelligence
de l’oncle, qui permet à cette famille de fonctionner envers et contre tout.
L’écriture
Concernant l’écriture, l’auteure adopte un style plutôt oral, l’histoire
nous étant directement contée par Fidèle. Le langage est donc gentiment
familier. Le rythme est vif et les personnages s’expriment avec leurs accents,
ajoutant à la sensation de vie qu’apporte le roman.
En quelques mots…
Ainsi, Axl Cendres nous offre un roman drôle, tendre et parfois
émouvant, sur une famille inattendue à laquelle on s’attache sans s’en rendre
compte. Malgré quelques facilités, c’est un roman vivant, qui aborde de
nombreux thèmes de société. Merci pour cette belle leçon de différence, tout
simplement. A découvrir à partir de 15 ans (la présence d’alcool et drogue
pouvant heurter les ados plus jeunes, ou leurs parents).
Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.
Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Ma peur n’a
cessé d’augmenter tandis que je constatais, au fil des mois, que JR était
exactement comme moi : un pur produit kabyle aux cheveux bruns, yeux
bruns, peau claire…il allait être moi, en mieux. Comme on répétait souvent que
j’étais un « garçon manqué », je me disais que ce frère, lui, allait
être un « garçon réussi » et qu’il allait, pour de bon, m’évincer du cœur
de mon père… »
« -Demain, y’a
des chances pour que les aut’ gamins se moquent de toi…
-Et pourquoi ça ?
j’ai demandé en croisant les bras, pour mimer mon père quand il entendait
quelque chose qui lui plaisait pas. Moi qui croyais être la personne la plus
cool de l’univers, je voyais pas pourquoi on se moquerait de moi.
Mon oncle n’osait pas
me répondre : « Parce que t’es une petite grosse en perfecto qui
s’appelle Fifi », alors il a dilué :
-Pace’que t’es
di-ffé-rente.
Je restais perplexe,
il a continué :
-Ça veut dire que les
autres ne sont pas comme toi, mais ils sont simplement plus nombreux. Pigé ? »
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