Sur le thème de la ségrégation, j’avais beaucoup aimé « Sweet
sixteen » d’Annelise Heurtier (non chroniqué), ou « Les faibles et les forts » de Judith Perrignon. C’est un thème fort, que j’aime bien
retrouver dans les romans. L’idée de le trouver associé à la musique dans le
dernier roman de Tristan Koëgel m’a donc donné envie de le lire.
Résumé
Dans l’Amérique des années 1940, Minnie et son père Curtis sillonnent
les routes du delta du Mississipi avec leur guitare, leur harmonica et cette
musique blues de laquelle ils vivent en la chantant dans les bals, les
pique-niques, les plantations. Lorsque Minnie se tord la cheville, leur destin
prend un tour inattendu et se lie à celui des travailleurs d’une plantation.
Entre ses rêves de gloire et la quête d’un amour à priori impossible, Minnie va
défier les lois qui séparent les hommes blancs des noirs.
Un roman musical
En lisant la quatrième de couverture, je m’attendais à quelque chose
de plus romanesque, avec une grande histoire d’amour contrariée. Il n’en est
rien, le roman est davantage centré sur la vie de la plantation et sur la
musique. Le blues du Delta est en effet omniprésent, davantage que le thème de
la ségrégation, qui est finalement peu approfondi, même s’il revient
régulièrement. C’est donc avant tout un roman autour de l’ascension d’une
chanteuse de blues.
Une intrigue peu crédible
Mais si le fond est intéressant, j’ai trouvé ce roman trop angélique.
En voulant faire un pied de nez à la ségrégation, l’auteur multiplie les
heureuses coïncidences, jusqu’à en perdre sa crédibilité. Ainsi, ce roman qui
aurait pu être puissant émotionnellement parlant est finalement assez creux.
Les personnages
Je ne me suis pas vraiment attachée au personnage de Minnie, obnubilée
par la poursuite de son rêve de gloire et assez peu mature. J’ai préféré son
père, le songster, ou l’Indien Nashoba, plus attachants. Quant à Elwyn, je n’ai
pas vraiment réussi à le cerner, même si nous passons plus chapitres en sa
compagnie.
L’écriture
Quant à l’écriture, elle est assez orale. Ainsi, lorsque Minnie s’exprime,
le texte est dépourvu de négations, comme si elle racontait-elle-même son
histoire au coin du feu. Dans l’ensemble, cela ne m’a pas trop dérangée, il y a
suffisamment de détails et de descriptions.
En quelques mots…
Ainsi, j’ai été un peu déçue par ce titre, moins romanesque et moins
puissant émotionnellement parlant que je ne l’aurais imaginé, d’autant plus que
je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages. Il vaut néanmoins le
détour pour son aspect musical et pour découvrir le quotidien d’une plantation
dans l’Amérique de la ségrégation, avant que l’intrigue ne prenne un tour trop
angélique. Pour bons lecteurs à partir de 14 ans.
Note :
3/5
Stellabloggeuse
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« Il était né esclave,
Papy, les fers aux pieds. Il avait vu la guerre, aussi, entre les Etats du Nord
et ceux du Sud. Et quand elle s’était terminée, il avait cru, comme les autres,
que les choses iraient mieux. Mais il s’était retrouvé interdit de toilettes,
de trottoirs, de fontaines publiques, de restaurants. Il n’avait plus de
chaines aux pieds, mais les maillons de celle qui le liait aux champs étaient
encore plus difficiles à supporter. En plus de lui lier les chevilles, ils lui
faisaient saigner le cœur. »
« On y est, on y est…
mais où ? Par réflexe, j’ai reculé. Tout nous est tombé dessus. Les voitures,
les immeubles, la chaleur, tout. Moi qui croyais que le Delta Queen était
grand… Bon sang, mais ces immeubles ! On en voyait pas le bout. Qui avait pu
construire ça ? On pouvait loger toute la plantation dans un seul de ces
bâtiments ! […] Là, on ne pouvait que se rendre compte qu’on était complètement
écrasés par la ville. Et le pire, c’est que ça ne choquait que nous. »
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