[Liana Levi, 2010]
Le livre que je souhaite vous présenter aujourd’hui a été sélectionné pour le Festival du Premier roman de Chambéry, il s’agit du titre qui a reçu le plus de vote. L’auteur, Lionel Salaün, est un natif de la ville. Mais c’est dans un village sur les rives du Mississipi qu’il nous emmène avec « Le retour de Jim Lamar ».
L’histoire nous est raconté par Billy. Ce jeune homme, qui a maintenant une trentaine d’année, évoque des souvenirs de l’année de ses treize ans. Lorsque Jim Lamar est revenu au village de Stanford après avoir été enrôlé dans la guerre du Viêtnam. Ce retour intervient six années après la fin du conflit, alors que plus personne ne l’attend et convoite la ferme familiale laissée à l’abandon. Les commérages vont bon train dans le village, et beaucoup récrimiment contre ce « salaud de Lamar » et toutes les horreurs qu’il a sans doute perpétré lors du conflit.
Mais le jeune Billy à qui il porte secours après une mauvaise chute dans la forêt comprend vite que Jim Lamar est un homme bien. Ils passent de longues heures à discuter, Jimmy évoquant ses souvenirs de guerre comme on vogue sur un fleuve : laborieusement, avec des détours, mais éprouvant au final la satisfaction de la tâche accomplie, une forme de libération. Ces souvenirs, que je vous laisse découvrir, tissent la trame du roman.
Ce livre est une excellente découverte. La plume de l’auteur est très agréable, exprimant ses pensées de manière claire, mais pas banale. Il passe avec aisance du langage châtié des villageois qui leur fait véritablement prendre vie sous nos yeux à une narration beaucoup plus fine et délicate, avec de jolis mots et des expressions bien tournées (notamment ence qui concerne son évocation souvent poétique du Mississipi). Grâce à cette langue et à une foule de petits détails qu’il sème avec talent, il parvient ainsi à recréer la vie de tout un village.
Lionel Salaün évoque également des thèmes intéressants de l’histoire américaine : la manière dont ils ont vécu la guerre du Viêtnam (côté soldats et côté civils), la lutte pour les droits des noirs, le gouffre culturel qui sépare l’Ouest profond et la Californie. Il nous montre aussi la portée de l’Histoire et des leçons que l’on peut en tirer (et moi, j’aime ça). Mais ce livre est d’abord et surtout une superbe histoire d’amitié : celle qui se noue entre Billy et Jim, mais aussi celle qui a lié ce dernier à ses compagnons d’armes. On ne peut qu’être émus à l’évocation de leurs souvenirs.
Alors maintenant, c’est à vous de traverser l’Atlantique et de reconstituer le passé de Jim Lamar, vous ne serez pas déçus.
Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Pourquoi nous, qui avions quitté le pays en fanfare, comme des héros, les sauveurs du monde libre, étions-nous revenus aussi discrètement que possible, presque en catimini, ignorés par les politiciens, méprisés par ceux qui après l’avoir soutenue avaient fini par avoir honte de cette guerre, insultés par des gamins de notre âge qui en étaient venus à prendre fait et cause pour ceux que nous avions combattus ? Qu’avions nous fait d’autre que ce pour quoi on nous avait envoyés là-bas : tuer et nous faire tuer ? Une armée de gosses auxquels on a confié le sale boulot, des Blacks, des prolos, des bouseux, cette catégorie d’hommes qu’en temps de paix on appelle le peuple, et dont on fait, quand l’occasion se présente, des soldats, de la chair à canon. »
Le résumé ne me tente pas du tout, cela dit c'est avec ce genre de livre que je suis le plus souvent agréablement surprise...
RépondreSupprimerSi un jour j'en ai l'occasion, je crois que je prendrais le temps de le lire !
Effectivement, le livre ne me tentait pas au premier abord, c'est juste la curiosité de découvrir le "gagnant" du festival qui m'a poussé à le lire. Et finalement, la narration m'a rendu ce roman vraiment très agréable.
SupprimerMerci de ton passage :)