jeudi 22 décembre 2011

Loup, y es-tu ? de Henri Courtade : quand les contes traditionnels envahissent le quotidien

[Mille Saisons, 2010]

Sortez les trompettes et le mégaphone ! Chers lecteurs, voici mon dernier coup de cœur de l’année 2011 ! Et il concerne un superbe livre (par sa couverture tout d’abord) écrit par Henri Courtade, et qui revisite avec maestria les contes traditionnels.

Dans ce roman, Henri Courtade met en scène le monde actuel. Mais derrière les grands évènements de ce monde, derrière les guerres et les grandes catastrophes, se cachent les monstres et sorcières de contes de fées. Mais l’équilibre règne encore grâce à la présence sur terre des héroïnes de contes de fées : Cendrillon, La Belle au Bois Dormant, Blanche Neige et le Petit Chaperon Rouge. Mais ces jeunes femmes sont en danger, traquées par une ennemie de plus en plus puissante. Parviendront-elles à l’arrêter à temps ?

J’ai tout simplement adoré cette réinterprétation des contes, la manière dont l’auteur les inscrit dans le quotidien, dont il s’en sert pour expliquer le monde d’aujourd’hui. Le tout est très cohérent, le lecteur y croit vraiment. Il donne également une nouvelle dimension aux contes originels, comme si la version que nous connaissions jusqu’à maintenant était la fausse. Ainsi, le conte s’insère à merveille dans le quotidien, et l’un se nourrit de l’autre.

Du côté des personnages, j’ai beaucoup aimé celui d’Albe, qui incarne Blanche-Neige. Elle est attachante, fragile, et déterminée. J’ai eu plus de mal avec Virginia, le Petit Chaperon rouge. Elle est moins humaines, plus détachée du quotidien. Mais les personnages les plus réussis, sans trop en dire, ce sont les «  méchants » de l’histoire.

J’ai également apprécié la manière dont Henri Courtade mène son récit, avec une alternance passé/présent qui nous éclaire peu à peu sur l’identité et le vécu des personnages, nous donnant les clés de compréhension de l’histoire une à une. Et surtout, la fin m’a beaucoup plu, j’ai aimé la manière dont l’auteur nous laisse en quelque sorte libre de croire ce que l’on veut. Enfin, le tout est raconté un certain humour, Henri Courtade s’amusant avec les codes des contes de fée pour notre plus grand bonheur.

Après ces éloges, je n’ai que peu de bémols à apporter. J’ai évoqué la froideur du personnage de Viriginia, mais cette dernière est compréhensible au vu de l'histoire. Le seul moment que je n’ai pas aimé dans l’histoire, c’est lorsque (pour ceux qui l’ont lu) deux des personnages se trouvent en Amérique du Sud et évoquent les raisons de l’influence d’Hitler sur les gens, les responsabilités de chacun dans la Seconde Guerre mondiale : ce passage faisait vraiment « cours d’histoire », et non un véritable dialogue. C’est le seul moment où je n’ai pas cru à ce que racontait l’auteur.

En ce qui concerne le style, globalement, j’ai aimé, même si quelques expressions ou anglicismes m’ont parfois fait froncer les sourcils. Mais malgré cet ensemble de petites réserves, le livre m’a emportée. Cet emportement, combiné à l’originalité de l’histoire, en fait un beau coup de cœur de l’année 2011. Pas mon livre favori de l’année, mais pas loin.

Lisez-le vite, et débusquez le Loup dans votre quotidien ! Il est encore temps pour faire sa liste au Père Noël non ?

Note : 5/5 (Coup de cœur) 
Stellabloggeuse 
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« Il avait apprécié moyennement la plaisanterie. Elle avait ajouté :
-Te rappelles-tu lorsque je chantais avec les oiseaux et les lapins en époussetant ta maison, pendant que tu me regardais timidement depuis la fenêtre ?
Elle avait mimé une valse autour d’un balai invisible, chantant à tue-tête un refrain du dessin animé de Walt Disney et lui adressant pour finir un clin d’œil grivois. Il était devenu écarlate. Elle avait éclaté de rire.
Ainsi, tel un papillon qui émerge de sa chrysalide, Albe avait éveillé sa conscience à cette vérité : elle était la Blanche Neige du conte et Marilyn Von Sydow la méchante sorcière aux puissants maléfices qui en voulait à sa vie. »

« Elle s’était maintes fois demandé pourquoi les êtres humains assimilaient le mal à la laideur. Sans doute pour se rassurer, en avait-elle conclu. Toutes les sorcières qu’elle connaissait étaient plutôt belles, et pas une seule n’était affublée d’un grossier poireau sur un nez crochu. Elle était bien placée pour savoir que la malveillance a toujours pris de beaux autours, les plus séduisants qui soient, de préférence. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, disait le dicton populaire. Le mal se devait donc d’être d’aspect agréable pour mieux se répandre et sévir, elle avait tôt fait de le comprendre. Dans un univers technologique basé sur l’image et l’apparence, ses chaînes de télévision et Internet ne servaient-ils pas ses desseins à merveille ? »

8 commentaires:

  1. J'ai passé un bon moment moi aussi avec ce livre, pas un coup de coeur comme toi mais un bon livre bien mené.

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    1. Oui, "bien mené", c'est le mot, il déroule l'histoire de manière vraiment intéressante. Merci d'être passé par ici :)

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  2. C'est un livre que j'ai beaucoup aimé également ! J'aime beaucoup la réécriture des contes et là, c'est particulièrement réussi !

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    1. Oui, j'ai vraiment adhéré à ses interprétations et à la manière dont il a mené son histoire. Bonne fin d'année Frankie !

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  3. Normalement je devrais le recevoir d'ici peu grâce à troczone et j'espère être séduite tout comme toi !!

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    1. J'espère qu'il te plaira ! J'ai vraiment adhéré à sa vision des contes, cela a été un régal !

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  4. Il me tente vraiment beaucoup celui-là !

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