Hantée, tome 1, de Maureen Johnson : Les ombres de la ville

[Michel Lafon, 2012]

Il y a des livres qui nous attirent avant même que l’on sache de quoi ils parlent, grâce à leur sublime couverture. « Hantée » de Maureen Johnson en fait partie. J’ai ensuite eu l’occasion de lire plusieurs avis, généralement positifs sur ce titre. Mais c’est une chronique plus mitigée qui m’a décidée à le lire, car cela m’a donné envie de voir par moi-même de quoi il retournait ! Merci donc à Méli du "Bazar de la littérature" pour son billet et le prêt de son livre !

Résumé 

Aurora (dite Rory), une adolescente américaine, s’apprête à entamer une année de lycée à Londres car ses parents, qui enseignent à l’université, ont décidé de passer une année en Angleterre. Elle découvre donc un nouveau pays et une nouvelle vie, auxquels elle doit essayer de s’adapter. Comme si cela ne suffisait, un meurtrier hante les rues de Londres en copiant les meurtres perpétrés par Jack L’Eventreur, et Rory développe la capacité de voir des gens invisibles aux yeux du commun des mortels…

Un premier tome un peu lent, mais intéressant

Ce roman constitue le premier volet d’une saga, et beaucoup de choses se mettent en place dans ce tome. Aussi, l’intrigue est parfois un peu lente, et il y a quelques longueurs. Néanmoins, l’idée de base de réutiliser la légende de Jack l’Eventreur est intéressante, et j’étais curieuse de connaître le dénouement de l’histoire. Il est donc un peu dommage que les histoires de lycée prennent le pas sur cette intrigue policière, et que cet aspect ne soit pas plus creusé. En particulier, je n’ai pas franchement adhéré à la romance vécue par Rory, qui n’est ni nécessaire ni palpitante, mais j’ai eu le sentiment à la fin du livre que quelque chose d’autre, plus intéressant, se prépare pour la suite de ce côté-là…

Rory et les fantômes

Les capacités surnaturelles développées par Rory m’ont bien plues, j’ai aimé la manière dont le thème du fantôme est utilisé. Il y a là un petit côté « Ghostbusters », décalé et plutôt plaisant. Sa capacité à voir des fantômes rend Rory différente, la met en marge de ses congénères du lycée et la pousse à s’adapter. J’ai apprécié cet aspect de l’histoire, et ce qui se passe à la toute fin du roman m’a donné vraiment donné envie de découvrir le second tome de cette série.

Les personnages

Le personnage de Rory est assez sympathique, mais pas non plus franchement attachant. C’est une jeune fille soucieuse de s’adapter à son environnement et de bien faire, elle se pose beaucoup de questions pour cela. Au fil des épreuves, elle se montre également courageuse. Mais elle en fait parfois un peu trop dans le cliché de « l’américaine provinciale ». Elle évolue cependant de manière positive au fil de l’histoire.

Du côté des personnages secondaires, les lycéens ne sont pas extrêmement intéressants. Il y a Charlotte, la peste qui veut tout régenter, Jazza, la meilleure amie gentille et introvertie, Jérôme… Les personnages « extraordinaires » ont plus de relief, notamment Alistair qui vit dans la bibliothèque ou Boo, la nouvelle du lycée. Là encore, ils méritent d’être développés dans le second tome.

L’écriture 

L’écriture de Maureen Johnson est globalement assez agréable, mais un peu inégale. Ainsi, nous avons parfois des passages très réussis, notamment ses descriptions de l’atmosphère de Londres, et d’autres où l’écriture est plus relâchée, avec un langage plus familier et des mots abrégés. Comme si le fait de raconter la vie quotidienne du lycée nécessitait un langage moins travaillé… Malgré ce bémol, cela reste un roman qui se lit bien.

En quelques mots

Pour résumer, je dirais que les thèmes développés dans ce roman sont intéressants, mais que l’ensemble est un peu lent. Certains personnages et la mythologie développée par l’auteure mériteraient d’être creusés. Néanmoins, la fin du roman laisse présager un second tome intéressant, que je lirai sans doute.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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« Des pigeons roucoulaient dehors, près de la fenêtre. Un grincement a retenti dans le bâtiment, puis plus rien. Tendant le bras, j’ai passé la main sur l’épais tissu bleu un peu rêche qui recouvrait le canapé. J’ai levé les yeux pour contempler la bibliothèque encastrée qui s’élevait jusqu’au plafond. Voilà, j’y étais. C’était ça, Londres : ce bâtiment désert et froid. Et ces pigeons étaient des pigeons anglais. J’avais attendu ce moment depuis si longtemps que je ne savais pas trop comment faire face à cette réalité. Les mots NOUVEL EVENTREUR ? ont jailli sur l’écran, devant un arrière-plan panoramique de Big Ben et du Parlement. A croire que le journal télévisé lui-même cherchait à me rassurer. Même Jack l’Eventreur avait refait surface pour faire partie du comité d’accueil. »

« J’ai fini par me rendre à l’évidence. J’étais témoin dans une affaire de meurtres. J’avais la faculté de voir des fantômes. Et la nuit où l’un des meurtres de l’Eventreur avait été commis, j’avais parlé à un homme que Jazza n’avait absolument pas vu alors qu’il était sous son nez. Un homme qui échappait à toutes les caméras de la ville. Qui ne laissait pas la moindre empreinte. Et qui se volatilisait systématiquement dans la nature… J’avais la sensation pas tout à fait déplaisante de dégringoler. De dégringoler encore, encore, et encore… L’Eventreur était un fantôme. J’avais vu l’Eventreur. Le fantôme de l’Eventreur.

-Je crois qu’elle a saisi, a fait remarquer Callum. »