samedi 25 janvier 2014

Double jeu, de Jean-Philippe Blondel : être et jouer


J’en avais beaucoup entendu parler, par des collègues souvent enthousiaste, mais je n’avais jamais encore testé la plume de Jean-Philippe Blondel, qui écrit à la fois pour les adultes et les adolescents. J’ai donc tenté l’aventure avec son dernier roman pour ados, « Double Jeu ».

Résumé

Quentin est un élève de première. Originaire de la banlieue parisienne, il vient d’être transféré dans un lycée parisien huppé, sur l’initiative de son proviseur qui espérait le remettre ainsi dans le « droit chemin ». Lui, l’ancien trublion du lycée St Exupéry, coupé de ses anciens camarades, se tient tranquille, presque invisible, il ne se fait pas remarquer. Jusqu’au jour où son professeur de français le fait sortir de ses gonds, et lui propose ensuite de rejoindre la troupe de théâtre qu’elle anime. Au travers de cette pièce, Quentin va se questionner sur son identité et ses projets d’avenir.

Une quête identitaire

Globalement, j’ai apprécié ce roman qui tourne autour du questionnement d’un adolescent sur son identité. Passé brutalement d’un milieu à l’autre, Quentin ne sait plus qui il est. Il se retrouve coupé de ses anciens camarades, pas vraiment intégré aux nouveaux. Il se questionne sur ses perspectives d’avenir, un avenir qu’il a du mal à concevoir en dehors de la cité où il a grandi.

Un théâtre quotidien

Le théâtre est au centre de ce roman. Quentin fait l’apprentissage de la comédie, et se rend compte par la même occasion de l’importance du jeu dans la vie de tous les jours. L’auteur fait ainsi passer l’idée que nous sommes des acteurs au quotidien, pour offrir aux autres l’image qu’ils attendent de nous selon le milieu où l’on évolue. Quentin, lui, s’efforce de rester lui-même, et le lecteur le respecte pour cela.

Les personnages

Quentin est un personnage attachant. On se rend rapidement compte qu’il n’a rien d’un caïd. Jusqu’à maintenant, il était dans la provocation car entouré de personnalités propice à cela. Ici, nous découvrons un jeune homme plutôt calme, qui aimerait se faire oublier. Mais sous la surface couve un feu, une colère et des désirs enfouis qui ne demandent qu’à sortir.

L’écriture

J’ai beaucoup apprécié ma rencontre avec le style de Jean-Philippe Blondel. L’écriture est belle, le vocabulaire soigneusement choisi, les réflexions bien développées. Je lirai de nouveaux titres de cet auteur avec plaisir.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman adolescent sympathique, sur la quête d’identité et d’avenir d’un jeune homme qui était plutôt mal parti dans la vie. Le tout sur fonds de théâtre, et servi par une écriture plaisante. En revanche, c’est un roman un peu rapide, qui ne suscite pas d’émotion particulière.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Je ne sais pas ce qui me prend. La rage d’être là, au milieu de ces bouffons qui ne me calculent pas et qui ont des prénoms à coucher dehors. Le souvenir de Dylan avec les deux autres crétins hier soir. Mon père et sa zappette. Ma mère et sa ride sur le front. Ma tension. Tout ressort d’un seul coup. J’imite le petit mouvement de main de la Fernandez, je serre les lèvres, je lève le sourcil gauche comme elle, je me racle la gorge et j’entonne le refrain d’une voix très monocorde – c’est la seule différence avec sa propre tirade, l’échappatoire qui me permettra par la suite de prétendre que je ne l’ai pas caricaturée. »

« En moi, il y a des torrents d’émotions contradictoires. Je n’en reviens pas de m’être fait remarquer. Je m’en veux, bien sûr, parce que je l’ai échappé belle ; mais en même temps naît une sorte de fierté qu’il faut que j’apprivoise. Fier, oui. Je suis fier de moi. C’est un sentiment dangereux, la fierté. De là à se croire le maître du monde, il n’y a qu’un pas. J’ai peur aussi. De moi. Parce que je ne sais pas d’où me sont venues ces phrases. […] Je sens très nettement un nerf qui vibre dans ma poitrine. Et cette voix qui me dit que oui, peut-être, au fond, je suis bon à quelque chose. »

2 commentaires:

  1. Je l'avais bien aimé aussi, mais mon coup de coeur en ado par Blondel reste "Blog". "Double Jeu" aborde de manière intéressante la rencontres d'univers sociaux différents, et peut donc parler à un public assez large. Et cet auteur a l'immense qualité de faire des romans bien écrits, intelligents mais facile à lire. Il a tout compris :)

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    1. Tout à fait, c'est un roman bien écrit mais très abordable et qui peut parler à beaucoup d'ados. On m'a parlé aussi de "Brise glace" dans les romans "à lire absolument" de cet auteur

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