Le Montespan, de Jean Teulé : biographie tragi-comique d’un amoureux entêté

[Julliard, 2008]

Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un roman historique ! Moi qui aime cette discipline (avec pour preuve cinq années d’études universitaires dans ce domaine), je lis pourtant assez peu ce genre de livre. Et pourtant, j’aime ça ! Mais grâce à beL qui a organisé une Lecture Commune autour de ce roman sur Livraddict, j’ai eu l’occasion de découvrir « Le Montespan » de Jean Teulé.

Dans ce roman, Jean Teulé s’est essayé à reconstituer et romancer la vie de Louis Henri de Pardaillan, marquis de Montespan. Ce dernier étant le mari de LA Montespan, la célèbre maîtresse de Louis XIV. Il nous présente d’abord  un jeune couple heureux, jusqu’à ce que le roi fasse d’Athénaïs de Montespan sa favorite. Le marquis aurait alors pu obtenir de nombreux avantages, mais il les refuse et part en guerre contre le roi pour récupérer sa femme, multipliant les provocations, qui mettent sa vie et sa situation en danger. C’est l’histoire de cette « petite guerre » que retrace Jean Teulé.

J’ai apprécié cette lecture, et je suis contente d’avoir découvert ce roman. J’ai particulièrement apprécié l’humour sarcastique instillé par Jean Teulé, la cocasserie de certaines situations. En effet, le marquis de Montespan réagit avec la fougue d’un jeune amoureux offensé, en ne cherchant à ménager personne, ce qui donne lieu à des scènes pour le moins intéressantes. J’ai aimé la manière dont il provoque le roi de France, sans peur des conséquences, et avec des idées parfois ingénieuses.

L’auteur réussit sans problème à plonger son lecteur dans le contexte historique de la seconde moitié du XVIIe siècle, en utilisant le vocabulaire adapté et en restituant bien les préoccupations de l’époque. Par petites touches, il fait ressortir le contexte économique et climatique difficile, la situation de la noblesse désargentée, les guerres extérieures du Roi Soleil.

En revanche, j’avoue avoir parfois eu du mal à la lecture, devant la crudité ou le grotesque de certaines scènes centrées autour du sexe ou de la décadence de la bonne société. Cela se justifie, dans la mesure où cela met en exergue les dérives de l’absolutisme et l’absurdité des principes qui régissent la cour, mais cela peut parfois être quelque peu désagréable à lire.

Néanmoins, ce que je retiens principalement de cette lecture, c’est la constance de l’amour que porte Louis-Henri à sa femme. Il ne laisse ni les années ni les tentatives d’intimidation entamer ses ardeurs, son désir de l’avoir de nouveau auprès de lui. Et si j’ai souri devant ses coups d’éclat et son entêtement, j’ai aussi été émue par cet amour tenace et innocent, qui le pousse à fermer les yeux sur les travers de son épouse. Au final, je me suis attachée à ce personnage avec lequel je n’ai pourtant pas grand-chose en commun.

Ainsi, ce roman se fait la chronique un peu féroce d’un amour contrarié, en filigrane duquel se dessinent les abus du pouvoir absolu et l’absurdité des rapports de cour, de l’attitude des courtisans. Si vous aimez l’Histoire, si vous voulez avoir un angle de vue un peu différent sur le Roi Soleil, lisez-le !

Vous pouvez découvrir les avis des autres participants de la Lecture Commune :

Club beLecteur - Ellcrys - Nane42 - Reveline - Kactusss - Mélisende - Didikari

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :

 Challenge ABC 2012 : 2/26

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« Louis-Henri descend de la voiture en commentant :

-Les malheurs du peuple sont la volonté de Dieu et ne méritent pas qu’on gaspille ses sentiments.

Il contourne le véhicule pour ouvrir la portière de Françoise :

-Ce n’est pas comme toi.

Il l’admire en se mordant une lèvre :

-Je sens bien que je t’aime plus que tout le monde n’a coutume d’aimer, mais je ne saurais te le dire que comme tout le monde te le dirait. Je suis au désespoir que toutes les déclarations d’amour se ressemblent. »