samedi 10 mai 2014

Big easy, de Ruta Sepetys : pétillant et surprenant


Il y a quelques mois, j’ai eu un coup de cœur pour le premier roman de Ruta Sepetys, le poignant « Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre ». Fin 2013, l’auteure a publié un second roman, plus léger cette fois-ci, dont je vais vous parler aujourd’hui.

Résumé

Josie, dite Jo, jeune femme de 17 ans, vit dans le quartier français de la Nouvelle Orléans, au tout début des années 1950. Mal-aimée par sa prostituée de mère, elle habite au-dessus d’une librairie où elle travaille les après-midi aux côtés de Patrick, le fils du propriétaire. Ses matinées, elle les passe à faire le ménage dans la maison close où officie sa mère, dont la tenancière lui voue une affection un peu bourrue. Jo sait se débrouiller dans la vie et ne sort jamais sans son revolver. Mais au fond d’elle, elle rêve d’une autre vie, de rejoindre une université de l’Est…

Un roman historique maîtrisé

Le roman commence doucement, les différentes facettes de la vie de Josie et le décor se mettent peu à peu en place. C’est l’occasion de souligner une nouvelle fois le gros travail de documentation de l’auteure, qui parvient à nous plonger dans une époque. Elle nous restitue la Nouvelle Orléans au début des années 50, ses échoppes, ses prostituées, ses gangsters. On s’y croirait !

Surprenant et touchant

Pour Josie, l’enjeu est de parvenir ou non à quitter la ville et à changer de vie, d’échapper à sa mère et aux mauvaises fréquentations de cette dernière, aux regards des autres qui pèsent sur elle. A la manière de David Copperfield dont il est souvent question dans le roman, elle veut changer un destin qui lui semble tout tracé. Mais elle se retrouve liée malgré elle a un décès pour le moins étrange. Et pendant ce temps, son cœur balance entre deux garçons très différents… Tous ces pans de l’intrigue ainsi que la vie quotidienne de Josie se mêlent agréablement et le roman est de plus en plus prenant, jusqu’à un final qui se lit d’une traite. L’émotion nous emporte lorsqu’on s’y attend le moins, et l’intrigue est finalement bien plus surprenante qu’elle n’en a l’air au départ.

Les personnages

Il serait difficile de ne pas aimer Josie tant elle a un grand cœur. Naturelle et spontanée, ce n’est que la honte que lui inspirent ses origines qui la pousse parfois au mensonge. Débrouillarde et volontaire, le lecteur a foi en elle, tout au long de ses aventures. Seules ses hésitations sentimentales m’ont un brin irritée, l’un des garçons en particulier ne méritant pas d’être traité ainsi.

Mais ce roman est servi par toute une galerie de personnages hauts en couleurs. On s’attache au fur et à mesure à Willie – sorte de grand-mère de cœur pour Josie à qui elle voue une affection autoritaire et bourrue – et à Cokie, le chauffeur de cette dernière. Patrick et son père Charlie sont également très importants pour Jo, ils ont été sa famille. Quant à Jesse, il est charmant, un peu provocateur, et on peut compter sur lui. Restent à évoquer les « nièces » de Willie, les prostituées qui forment elle aussi une drôle de famille, et Louise, la mère de Josie, à qui l’on arracherait bien la tête…

L’écriture

Le style de Ruta Sepetys dans ce roman est agréable, assez « punchy » sans être négligé, avec une bonne dose d’humour. Les ambiances et les décors sont bien restitués, ainsi que l’accent du sud, chez certains personnages (même si cela nuit par moments à la fluidité de la lecture).

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup aimé ce roman qui nous plonge dans la Nouvelle Orléans des années 50 en compagnie d’une excellente galerie de personnages. On est à la limite du coup de cœur, ce n’en est pas un en raison de la manière dont est mené le triangle amoureux et parce que la fin est un peu prévisible. Cela n’empêche pas le roman d’être très prenant, souvent émouvant, et de nous réserver un certain nombre de surprises tout au long du roman. A découvrir à partir de 14/15 ans !

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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« Je n’aurais jamais la moindre chance d’être normale. Willie trouvait que c’était assommant d’être normale et que je devrais être heureuse au contraire d’avoir un peu de piquant. Selon elle, personne ne s’intéressait aux gens normaux, c’est-à-dire ennuyeux, et lorsqu’ils mouraient, on les oubliait aussitôt, comme un bout de papier ou un mouchoir qui tombe à votre insu derrière une commode. Quelquefois, j’avais envie de glisser, moi aussi, derrière la commode. Etre normale : rien ne me paraissait plus merveilleux. »


« L’air, comme palpable, nous cernait de toutes parts : j’adorais sa douce étreinte, son souffle sur ma peau, dans mes cheveux qu’il emmêlait, dans ceux de Jesse, qu’il fouettait. Nous poussâmes jusqu’aux limites de l’imprudence, et pourtant je me sentais en sécurité. A l’abri de Cincinnati, à l’abri de Mam. Rouler en moto avec Jesse, c’était comme laisser sortir un cri perçant après avoir été longtemps bâillonnée, et j’aurais voulu que cela n’eût pas de fin. »

4 commentaires:

  1. Il est dans mes prévisions et je compte bien le lire avant septembre. J'espère l'aimer autant que toi.

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    1. Je te le souhaite, il a vraiment quelque chose de pétillant, et il m'a plutôt surprise par rapport à ce que j'imaginais au départ

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  2. j'ai adoré lire ce roman ! Je ne m'attendais pas vraiment à ce genre de lecture et j'ai adoré !

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    1. Cela a été la même chose pour moi, au vu des premiers chapitres je pensais que la fin serait cousue de fil blanc, et au final j'ai été très surprise. C'est un roman qui a du peps! Merci de ton passage par ici, sois la bienvenue :)

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