[L’Ecole des loisirs, 2014]
« Tous les héros s’appellent Phénix »
est le premier roman de Nastasia Rugani qui soit dédié à un public adolescent.
Ce roman a rapidement fait l’unanimité parmi mes collègues, et mes jeunes
lectrices qui ont commencé à le lire dans le cadre d’un prix littéraire. J’avais
donc hâte de le découvrir à mon tour !
Résumé
Phénix,
17 ans et sa petite sœur Sacha, 8 ans, vivent seules avec leur mère Erika. Leur
père a quitté brusquement le domicile un an auparavant, et Erika est souvent
sur les routes pour son travail. Un soir, alors qu’elles se promènent à vélo,
elles sont immobilisées par un pneu crevé. Mr Smith, le charismatique
professeur d’anglais de Phénix, les raccompagne en voiture. Il va rapidement
séduire leur mère. Mais sous ses airs lisses, il cache une sévérité et une
colère qui enflent peu à peu…
Une première partie tendre et
agréable
Ce
roman se compose de deux parties distinctes. Dans la première, on fait
connaissance avec Phénix et l’irrésistible Sacha, qui forment un tandem très
tendre et très agréable. Nous découvrons leur personnalité (elles sont par exemple passionnées par les coléoptères) et les observons
faire quelques belles rencontres. Phénix est en proie à un amour naissant envers Merlin, l’un des sportifs en vue du lycée. Elle nourrit des sentiments ambivalents envers son père absent. L’arrivée de Mr
Smith dans leur famille apporte de la joie et de la douceur de vivre.
Une seconde partie glaçante
Mais
peu à peu l’ambiance du roman change et bascule dans l’angoisse. Phénix
découvre la violence et la manipulation et tente coûte que coûte de préserver
Sacha. Elle découvre la peur, qui lui colle à la peau et ne la lâche plus. Elle
repousse ceux qui pourraient lui venir en aide, paralysée par la peur et la
honte, elle met son existence entre parenthèses. La fin survient un peu
rapidement et brutalement, mais elle m’a plutôt satisfaite.
Les personnages
Les
personnages de ce roman sont très réussis. Phénix est une jeune fille
intelligente et cultivée. Dans la première partie du roman, elle est volontaire et optimiste. Dans la seconde partie, on ne la reconnaît plus, elle est
éteinte, faible, elle a renoncé. Cela m’a serré le cœur. Sa petite sœur, Sacha,
est un sacré personnage. Très intelligente du haut de ses 8 ans, elle cite des œuvres
littéraires et des théorèmes mathématiques complexes. Mais elle est aussi en
proie à de terribles crises d’angoisse. Mr Smith est un personnage ambivalent
qui cache des failles et des blessures, et qui les fait payer aux autres. Enfin,
Erika est une mère absente, peu affectueuse et égocentrique, que l’on a envie
de secouer.
L’écriture
Quant
à la plume, je l’ai trouvée agréable. Le roman est écrit à la première personne
et au présent, nous sommes dans la tête de Phénix et nous faisons face aux
événements en même temps qu’elle. Le ton est naturel, parfois tendre, parfois
glaçant, parfois émouvant.
En quelques mots…
Ainsi,
j’ai beaucoup aimé ce roman qui, après une première partie assez anodine et
pleine de tendresse et de petites joies, bascule dans une ambiance glaçante et
oppressante. Les personnages sont réussis et m’ont beaucoup touchée. La fin est
un peu rapide, mais satisfaisante à mon goût. A découvrir à partir de 12/13
ans.
Note :
4/5
Stellabloggeuse
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« Finalement,
j’apporte ma touche de bleu, le bleu Frida Kahlo, le bleu de la barque et du
vélo, du ruban autour de ma clé et de mon pull préféré, le seul qu’Erika ait
oublié de brûler car il se trouvait dans mon placard et non dans celui de Papa.
Il s’agit avant tout du bleu des yeux de Sacha, la première fois qu’elle les a
ouverts sur moi à la maternité, une couleur à jamais associée à ce que j’ai de
plus précieux. »
« Si
je pouvais faire confiance à Erika, je me comporterais comme une fille envers
sa maman. Je lui proposerais de s’asseoir à nouveau, de m’écouter, et elle me
croirait. Elle chasserait Smith puis nous nous enlacerions toutes les trois. Il
n’y aurait pas besoin de grandes déclarations, juste le sentiment d’être mère
et filles. Sauf qu’en réalité les mensonges d’un autre viennent de m’anéantir,
de me reléguer au même rang que les objets de Papa. Erika s’empresse de sortir de la chambre comme
si la pièce était en feu. Moi non plus, je ne vaux plus la peine d’être sauvée. »
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