samedi 18 août 2012

On ne peut pas lutter contre le système, de J. Heska : un roman apocalyptique qui fait réfléchir

[Editions Seconde Chance, mai 2012]

Aujourd’hui, nous allons sortir des sentiers battus et de mes lectures habituelles ! Je vais vous parler d’un livre que nous pourrions qualifier de thriller économique et écologique, dans lequel il est question d’Organismes Génétiquement Modifiés et d’effondrement du capitalisme mondial : "On ne peut pas lutter contre le système", de J. Heska. Après avoir lu le polar "A la vie à la mort" de Henri Courtade et son fond très social, l’idée d’un thriller sur fond de crise mondiale m’a séduite. L’auteur ayant très gentiment décidé de faire voyager un exemplaire de son roman, j’ai pu le découvrir !

Résumé

Lawrence Newton est rentré dans le rang. Ce fils à Papa avait tenté d’échapper à son destin tout tracé, en épousant une militante écologiste et son engagement auprès de l’ONG Greenforce. Mais il est finalement revenu à la maison, prêt à assumer l’héritage de son père au sein d’un gigantesque consortium international, HONOLA. Pendant ce temps, les écologistes mettent la main sur un rapport évoquant des OGM aux effets écologiques et sanitaires dévastateurs, auxquels la société HONOLA ne serait pas étrangère… Les évènements qui en découlent dépasseront ces individus et ébranleront le monde économique dans son ensemble…

Un roman complexe mais haletant

Ce roman m’a plu, j’ai apprécié son originalité. C’était la première fois que je lisais un roman qui se passe au cœur des grands groupes et de la finance mondiale, c’était intéressant. L’intrigue mêlant des éléments économiques (sur les montages financiers, les filiales, etc.) et scientifiques (sur les OGM), je dois dire que certaines choses m’ont échappées et que parfois, je n’ai pas absolument tout compris… Néanmoins, et il faut le souligner, cela ne m’a pas empêchée d’aimer le roman !

En effet, même sans tout comprendre, cette histoire a réussi à me happer et les pages ont défilé. Je pense que les puristes diront que ce n’est pas un « vrai » thriller au sens classique du terme, mais personnellement, j’ai été sous tension tout au long de ma lecture et j’avais hâte de connaître le fin mot de l’histoire. C’est un roman efficace.

Une réflexion sur les évolutions de la société

Nous ne savons pas exactement quand l’intrigue se déroule, s’il s’agit d’un futur plus ou moins lointain. L’auteur évoque des crises mondiales datant de 2007 et 2013 si je me souviens bien, mais ce sont les seuls éléments. Néanmoins, il évoque des questions qui sont au cœur de l’actualité : les dérives de la finance mondiale, le moratoire actuel de l’Europe sur les OGM qui pourrait ne pas durer… Il nous amène ainsi à réfléchir sur les possibles évolutions de notre société et du monde économique, si l’homme persiste dans certains de ses travers.

La situation qu’il dépeint est apocalyptique, et je dois avouer qu’au début du roman, j’ai ressenti une certaine jouissance à voir le système financier s’écrouler. Cela n’a pas duré longtemps, le temps de réaliser que ce qui se passe dans cette histoire pourrait très bien nous arriver, dans un futur pas si lointain… A partir de là, tout cela m’a fait froid dans le dos. Les grandes entreprises capables de faire pression sur les plus grands Etats, pratiquant l’illégalité sans jamais être inquiétées grâce à de généreux pots de vin. Les africains et les animaux sacrifiés au nom de l’expérimentation des OGM. La manière dont les entreprises jouent avec la vie, tout simplement, et la difficulté de lutter contre ce système. C’est frappant, et cela fait réfléchir.

Les personnages 

Par rapport aux évènements et manipulations en tous genres décrits dans le roman, je dois dire que je n’ai pas trouvé les personnages très marquants. Lawrence est un homme qui a dédié sa vie à son entreprise au détriment de sa vie personnelle et même de sa santé. Pourtant, je n’ai pas vraiment ressenti de compassion pour lui. Clara, la militante écologiste, est une jusqu’au-boutiste capable de prendre tous les risques pour la cause qu’elle défend, mais on ne s’attache pas vraiment à elle. Finalement, le personnage le plus réussi, c’est celui de la « méchante » de l’histoire, Safia Hezraï, prête à tout écraser sur son passage pour servir son ascension au sein du groupe HONOLA, et ce malgré un comportement hystérique un poil caricatural.

L'écriture

 Je n’ai pas grand-chose à vous dire sur l’écriture de l’auteur, elle est plutôt bonne, et surtout efficace, on ne s'éparpille pas. Peut-être qu'elle manque un peu d'émotions. En revanche, l'auteur insère un certain nombre de clins d'oeil, notamment à Harry Potter ou Retour vers le futur, qui prêtent à sourire et apportent une petite touche de légèreté à cette histoire.

Que penser de la fin ?

Un élément sur lequel je m’interroge encore, c’est la fin du roman. A mon sens, cette fin un peu tirée par les cheveux nuit à la crédibilité du reste de l'histoire. Et pourtant, je dois dire qu’une partie de moi avait envie de cette fin-là, parce que je suis une incorrigible midinette optimiste… Du coup, je ne trancherai pas, je vous laisse juger ! (et je serai curieuse d’avoir vos avis sur cette fin, vous qui passez par ici).

En quelques mots

Ce roman est au final un thriller original et efficace, malgré la complexité de certains éléments. J’ai apprécié cette plongée au cœur du capitalisme financier et de ses malversations, ce roman fait réfléchir sur des sujets importants auxquels j’ai aimé être confrontée. Mon principal bémol reste dont les personnages, peu attachants, mais ce n’est pas le plus important dans cette histoire.
Merci à l’auteur pour avoir permis à son roman de faire une halte chez moi !


Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Clara posa ses yeux glacés sur son mari.
-Il n’y a pas de question à se poser. Nous devions être présents. Pour lutter contre l’asservissement des pays les moins développés. C’est une noble cause. A quoi bon élever un enfant dans un monde tel que celui-ci ? Demain, si je devais recommencer, je le ferais sans hésiter.
[…] Le jeune homme serra les poings.
-Et toi, tu crois trop à tes conneries. On ne change pas le monde en hurlant sur des flics lors des manifestations. Quelles actions menées ont abouti à du concret ? Les gens se foutent royalement des déchets nucléaires et de la disparition des ours polaires tant qu’ils peuvent s’acheter des DVD ! On ne peut pas lutter contre le système ! »

« La compagnie n’avait pas été dupe de son petit manège, elle avait compris qu’il mettait en place un circuit d’approvisionnement parallèle de semences saines ramenées de République Démocratique du Congo grâce à un cousin. Elle ferait de lui un exemple pour les autres agriculteurs de la région. Il courut jusqu’au village pour alerter les familles. Trop tard. Les pneus usés dérapèrent sur la terre battue au milieu de la place centrale, alors que les femmes étaient en train de découper un porc sauvage pour le repas du soir. Les mercenaires tirèrent sans sommation. Les rafales fauchèrent les femmes qui s’effondrèrent comme des statues. Des cris se mirent à résonner partout. Samson échappa à une décharge de Kalachnikov lancée par un enfant-soldat en plongeant dans la case de Simone, qui se terrait sous la table. Il la poussa vers la fenêtre et lui ordonna de fuir dans le vaste champ d’herbes sauvages, pour ne revenir qu’une fois la nuit tombée. »

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Ce roman fait partie du challenge :

 Où sont les hommes ? : lecture n°5

Pas le moindre prince charmant à l’horizon dans cette histoire qui est bien loin d’un conte de fées !

7 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cette très belle chronique sur mon roman !
    Cette fameuse fin fait en tout cas couler baucoup d'encre (électronique ;-) ). Certains la trouvent trop optimiste, d'autres immorales, d'autres trouvent encore que j'aurais dû aller au bout de la démarche "pessimiste".

    Mais je crois que je suis comme vous, un peu midinette ;-) Plus sérieusement, je considère (de mon point de vue de lecteur) qu'il n'y a rien de plus déplaisant et frustrant qu'une fin dure et pessimiste. Un roman est fait pour nous évader et nous sotir de notre quotidien. Donc j'assume à 100% ma fin épique, même si pour cela je perds un poil en crédibilité :-)
    Merci encore et à bientôt !

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    1. Merci pour ce commentaire :)

      Les fins de roman, c'est toujours très délicat, les lecteurs ont souvent des attentes différentes et il y a toujours des déçus quoi que l'on fasse. Mais en effet, après avoir cogité plusieurs heures sur les OGM et la puissance des entreprises qui dépasse celle du politique, le happy end fait tout de même plaisir ;)

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  2. Bon je n'ai lu que le début de ta chronique car il me reste un peu plus de la moitié à lire alors j'évite le spoil :p mais moi aussi il me plaît et ça va, j'arrive à suivre à part l'histoire des sociétés écran, je sais jamais ce que c'est xD Mais on devrait pouvoir avoir plus de renseignements dans les semaines à venir sur Dark, je n'en dis pas plus :D
    Merci et bizoo

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    1. Mais je ne spoile jamais :D Non, je te comprends, quand je n'ai pas encore lu les livres, je lis les chroniques en diagonales, je préfère ne pas trop en savoir ;) Rien compris non plus pour les sociétés écran, mais c'est pas le plus important ;) J'espère qu'il t'a plu ! Bises !

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    2. Voilà fini avant-hier et oui j'ai beaucoup aimé, surtout la fin même si je me doutais un peu, enfin du positifi qui en est tiré pas de ce que ce serait. Un superbe roman ^^ Demain je ferai ma chronique je pense :p

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  3. J'ai également passé un très bon moment avec ce livre. :)

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