jeudi 29 novembre 2012

La dernière guerre, tome 1 : 49 jours, de Fabrice Colin

[Michel Lafon, 2012]

Il y a environ un an, j’avais découvert « Bal de givre à New York » de Fabrice Colin, et j’avais beaucoup apprécié cette lecture. Aussi, lorsque j’ai eu l’occasion de découvrir un nouveau titre de cet auteur, au résumé alléchant et vraisemblablement tourné vers la fantasy, j’ai rapidement succombé !

Résumé 

En 2012, dans le métro parisien… Floryan, un jeune homme de 17 ans gâté par la vie, à l’avenir tout tracé, rentre du lycée en compagnie de quelques amis. Puis une bombe explose, et Floryan est tué sur le coup. Il se réveille dans un paysage inconnu de montagnes et de vallées. Un Elohim vient à lui. Se présentant comme un ange, il lui propose de choisir entre rejoindre le Royaume (une sorte de Paradis) et se jeter dans le cratère de la montagne du Nihil. Floryan dispose de 49 jours pour faire son choix. A priori, la décision est évidente, mais Floryan va tout de même prendre le temps de parcourir cet étrange univers avant de se prononcer…et c’est le début d’une longue série d’évènements.

Un roman inclassable

A priori, en ouvrant ce roman, on s’attend à lire de la fantasy (et c’est le cas, puisque Floryan parcourt un univers étranger au notre et dépourvu de technologie, dans lequel vivent des créatures imaginaires), ainsi qu’une vision de la vie après la mort. Mais il y a beaucoup plus que cela, puisque le lecteur est aussi ramené sur Terre, confronté à des voyages dans le temps et à des visions de ce que pourrait être la fin du monde.

Ainsi, Fabrice Colin brouille les frontières de l’espace et du temps, jongle entre la fantasy et le roman d’anticipation, en menant le tout d’une main de maître. De multiples rebondissements inattendus permettent de stimuler l’intérêt du lecteur. De même, l’auteur se montre doué pour préserver du mystère tout au long de son intrigue, et j’ai été totalement prise de court par la fin, qui ne laisse qu’une envie : lire la suite !

Un univers séduisant et de bonnes idées

J’ai beaucoup aimé l’univers créé par Fabrice Colin, l’Intermonde, que ce soit au niveau des paysages décrits, des éléments magiques qui y sont insérés, ou des créatures qu’il a inventées, ces magnifiques animaux volants que sont les Altars. Cet univers, dont nous découvrons peu à peu les secrets, est cohérent et intéressant. Concernant ce qu’il a imaginé pour la Terre, c’est tout aussi intéressant, et fait froid dans le dos tant on se dit que cela pourrait nous arriver... Ainsi, l’aspect « roman d’anticipation » est tout aussi bien mené que l’autre pan du roman.

Des personnages peu sympathiques

En revanche, mon bémol vis-à-vis de ce roman concerne les personnages. Aucun ne m’a vraiment touchée. Commençons par le principal protagoniste de cette histoire, Floryan. De son vivant, c’est un jeune garçon insouciant et égoïste. Après sa mort, il se soucie un peu plus des autres, mais il reste naïf et assez centré sur lui-même. Ce que je lui reproche principalement, c’est son côté « girouette », puisqu’il n’hésite pas un instant à prendre des risques inconsidérés et à abandonner ses nouveaux camarades pour partir à tout bout de champ en expédition sur Terre…

Du côté des personnages secondaires, ce n’est pas beaucoup mieux. Scarlett, une habitante de l’Intermonde qui prend Floryan sous son aile, m’a tout de suite semblée légère et manipulatrice. Quant à Rain, la jeune terrienne, son personnage mériterait d’être plus développé, mais elle n’a pas montré de grandes qualités d’âme pour l’instant. Ainsi, une nouvelle fois (c’était aussi le cas dans "Bal de givre à New York"), les personnages de Fabrice Colin mériteraient plus de profondeur pour que le lecteur soit en osmose avec eux.

L’écriture

L’écriture de Fabrice Colin est très agréable, aucun doute là-dessus. J’ai particulièrement apprécié les magnifiques descriptions de l’Intermonde, de ses paysages. L’auteur passe aisément d’un monde à l’autre, chacun avec son ambiance particulière. On trouve aussi de très beaux passages dans les réflexions de Floryan, qui tire tout de même quelques bonnes leçons de ses expériences. Ainsi, Fabrice Colin s’affirme vraiment comme l’un des meilleurs auteurs français contemporains en ce qui concerne les littératures de l’Imaginaire.

En quelques mots…

Pour conclure, je dirais qu’il s’agit d’un roman extrêmement surprenant, qui brouille les limites du temps et de l’espace, qui nous fait voyager entre deux mondes et entre les époques. Il est mené de main de maître par Fabrice Colin, porté par sa belle écriture. Si vous aimez la fantasy, les voyages dans le temps, les réflexions sur la vie après la mort ou les récits de fin du monde, je vous le conseille volontiers ! Pour ma part, la fin m’a bluffée et j’ai hâte de connaître la suite.
Un grand merci à Camille et aux éditions Michel Lafon pour cette découverte !

Note : 4/5

Stellabloggeuse
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« Soudain, je me sens tomber pour de bon. C’est alors que je comprends que je n’ai jamais crié. Tout s’est passé dans mon esprit. A travers les brumes du Nihil, je chute comme une pierre. Thaleane pousse une longue lamentation. Elle m’a perdu. Une secousse brutale me ramène dans les airs. Je lève la tête. Je flotte et me balance, environné de brume. La corde de Scarlett disparaît dans un nuage, et l’anneau me cisaille le poignet. Un claquement d’ailes, et je vois Thaleane revenir dans ma direction, juste à la bonne hauteur. Elle passe devant moi et j’attrape sa selle au vol, m’affale dessus, me cramponne. Puis je reprends les rênes et impulse une montée. Battant des ailes, ma monture fonce vers les nuées. La corde retrouve du mou. Les nuages s’éparpillent, dévoilant une nuit de rêve, pailletée d’étoiles. Les deux lunes sont là, qui nous observent. »

« -La première chose que font la plupart des Egarés, lors de leurs plongées initiales, c’est de se payer une virée au pays des dinosaures. Surtout quand ce sont des hommes.
Je fronce les sourcils.
-Insinuerais-tu quelque chose ?
J’aime son rire, un tintement de clochettes. J’admire son insouciance, aussi. Plus rien n’est grave ici-bas.
-Nous, les femmes, nous nous intéressons à l’Histoire, et aux sentiments. Ce que nous voulons savoir, c’est comme Jane Austen écrivait ses livres. »

« Quand tout espoir est perdu et que ton cœur persiste à battre plus fort. Quand ton amour ne dépend plus de l’autre, qu’il ne dépend plus de quoi que ce soit. Là se niche la vraie grâce. »

3 commentaires:

  1. Ce livre a l'air vraiment bien *-* je dois lire Bal de givre un de ces quatre, quand je le receverai ^^ Je rajoute celui-ci, merci ! Bisous

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    1. C'est devenu assez rare qu'un livre me surprenne, et ça a été le cas avec celui-ci, Fabrice Colin m'a baladée tout le long! J'ai hâte de découvrir la suite :)

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  2. J'ai beaucoup aimé la tournure qu'a pris l'histoire ^^

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