samedi 29 juin 2013

Double jeu, de Judy Blundell : un roman noir dans le New York des années 50

[Albin Michel, 2013]

C’est dans le cadre du petit club de lecture que nous avons monté sur Lyon que j’ai été amenée à lire « Double jeu » de Judy Blundell, dans le cadre du thème « Cabaret ». Outre son résumé évoquant une jeune danseuse dans le New York des années 50, ce titre attire par sa jolie couverture. Il ne m’en fallait pas plus pour le commencer !

Résumé

Kit Corrigan, âgée de 17 ans a tout quitté : sa ville de Providence, son petit copain Billy et sa famille. Elle s’est installée à New York à la poursuite de son rêve, devenir danseuse à Broadway. Lorsque Nate Benedict, le père de Billy, lui propose son aide et sa protection, le passé de la jeune fille refait surface. Or l'histoire de sa famille d'immigrés irlandais est lourde de secrets…

Le New-York des années 50

Ce roman nous plonge efficacement dans le New-York au tournant des années 1940 et 1950. L’auteure en fait notamment revivre les tenues, les spectacles. Elle évoque également la suspicion à l’égard des personnalités engagées à gauche, avec la peur du communisme dans le contexte du début de la guerre Froide. J’aurais aimé que l’aspect « cabaret », que l’activité de danseuse de Kit soit un peu plus développée. En effet, à partir de la moitié du roman, cette dimension disparaît.

Une ambiance particulière

Nous sommes face à un « roman noir », avec une tension qui court tout au long du roman et une atmosphère particulière. Kit se trouve mêlée au milieu des gangsters de New York, à l’époque du célèbre Frank Costello. L’histoire tourne autour des secrets de famille de Corrigan et des Benedict et le suspense est maintenu par l’auteure qui mène bien son intrigue. En lisant, on ressent un certain malaise, on sent qu’une menace pèse sur Kit, sans parvenir à véritablement l’identifier.

Les personnages

En revanche, je dois dire que les personnages ne m’ont pas vraiment interpellée. Je ne me suis pas véritablement attachée à Kit. C’est une artiste, une danseuse. En cela, elle est éprise de liberté, change assez facilement de cap et est assez centrée sur elle-même. Il en est de même pour Billy, que j’ai eu du mal à cerner. Il y a en lui une violence (dont nous apprenons l’origine à la fin du roman) qu’il a du mal à canaliser, et il a un côté étouffant vis-à-vis de sa petite amie. Vous découvrirez également dans ce roman la famille de Kit : son frère et sa sœur (ils sont triplés), son père et sa tante, dont aucun n’a vraiment su me toucher. Au final, le personnage que j’ai le plus apprécié est celui de Hank, un jeune homme droit et solide, qui ne se laisse pas facilement impressionner et qui semble capable d’accepter les gens tels qu’ils sont.

L’écriture

Le style de Judy Blundell est agréable à suivre. Il est fluide et n’a rien de négligé, bien que ce soit une adolescente qui s’exprime (mais une adolescente des années 50^^). Les descriptions sont réussies et plantent parfaitement le décor de ce New-York d’une autre époque.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman noir dont j’ai apprécié l’ambiance et le cadre, puisqu’il nous immerge dans la ville de New-York au tournant des années 1940 et 1950. L’intrigue est bien menée et les secrets de famille pèsent sur le lecteur jusqu’à la fin. En revanche, je ne me suis pas vraiment impliquée dans l’histoire car les personnages n’ont pas su susciter ma sympathie.

Note : 3/5

Stellabloggeuse
--------

« Pivot, roulement d’épaule, brossé… Mon mascara me picotait et j’y voyais de moins en moins. Rond de jambe, pirouette…il allait et venait dans mon champ de vision. Tenir la mesure et maintenir le bras levé, doigt pointé sur Millicent March, la vedette, petite et fragile, avec sa fine voix de soprano toujours en quête de la note la plus haute. J’avais beau connaître par cœur les mouvements, j’étais déstabilisée. Les applaudissements ont retenti. J’ai vu des volutes de poussière s’élever au-dessus des projecteurs. Puis ses mains applaudir avant de s’arrêter. Que faisait-il ici ? »

« -Je vais t’avouer une chose : l’armée me fait du bien. Tu es crevé, tu te fais engueuler à longueur de journée, tu ne sais plus ce que tu fous, mais tu n’es jamais en rogne. Impossible de sortir du rang, tu vois ce que je veux dire ?
-Mon père m’a dit que l’armée ferait de Jamie un homme. Ça m’a rendue folle de rage.
Billy s’est appuyé contre la fenêtre, son profil se découpant contre la lumière grise.
-Je sais, ça paraît idiot, comme si l’armée pouvait te métamorphoser, te transformer. Sauf que parfois, c’est vrai. Je me retrouve avec des types qui n’ont rien à voir avec moi, qui viennent de bleds dont je n’ai jamais entendu parler. En plus, je vais peut-être traverser l’océan. Mon horizon va s’élargir. Le monde est dix fois plus vaste que ce que j’imaginais. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

A vous de donner votre avis, il est le bienvenu !