samedi 8 juin 2013

La décision, d'Isabelle Pandazopoulos : un roman sensible sur le déni de grossesse


Les éditions Gallimard Jeunesse sont un gage de qualité et j’apprécie beaucoup leurs titres. Nous leur devons notamment les romans de Timothée de Fombelle, Jean-Claude Mourlevat ou Ann Brashares. J’ai une affection particulière pour Scripto, leur collection destinée aux adolescents, et je vais vous parler aujourd’hui de l’une de leurs parutions 2013 : La décision, d’Isabelle Pandazopoulos.

Résumé

C’est un jour comme les autres pour Louise, une élève de Terminale scientifique. Elle se trouve en cours de mathématiques avec ses camarades lorsque, prise de crampes d’estomac, elle demande à sortir pour aller aux toilettes. Elle y accouchera d’un nourrisson, seule. Ce bébé qu’elle n’a pas attendu va tout bouleverser, pour elle et ses proches. Pire, elle ne se souvient même pas d’avoir eu une relation sexuelle… Bien qu’elle soit très perturbée, Louise n’a que peu de temps pour décider si elle veut élever son enfant ou le confier l’adoption.

Le déni de grossesse, un thème difficile

Au travers de ce roman, l’auteure traite avec beaucoup de délicatesse un sujet sensible, celui du déni de grossesse. Difficile en effet de parvenir à se mettre à la place de ces mères qui ne sont pas du tout préparées à en devenir une. Elle parvient à mettre en évidence la culpabilité de ne pas avoir deviné sa grossesse, la  pression de l'entourage, la difficulté à aimer un enfant que l’on n’a pas attendu. Au final, elle nous pose une grande question : suffit-il d’accoucher d’un enfant pour être une mère ? Le tout est raconté avec sensibilité mais sans pathos, sans apitoiement, et sans jugement porté sur ces jeunes filles.

Un roman à plusieurs voix

Ce roman comporte des points de vue assez différents. En effet, on change de narrateur à chaque chapitre, même si certains reviennent plusieurs fois. Ainsi, l’histoire de Louise et de son bébé nous est présentée selon des angles très variés. Louise elle-même est absente au début, puis de plus en plus présente au fur et à mesure que l’intrigue avance. Nous traversons ainsi les états d’âme de ses amis, des médecins, de ses parents… Cela permet de prendre un peu de distance avec l’aspect tragique de l’histoire de Louise. C’est donc un roman très bien mené. De plus, le mystère de l’identité du père de l’enfant ajoute un certain suspense.

Les personnages 

Nous rencontrons de nombreux personnages au fil des pages, le plus marquant étant bien évidemment Louise. C’est une jeune fille brillante et populaire, de celles à qui tout réussit et qui fait tourner la tête de tous les garçons. Avec son accouchement, elle perd brutalement ses repères et ses perspectives d’avenir, elle devient vulnérable. Mais j’ai admiré sa formidable envie de vivre ainsi que la manière dont elle s’oppose à ses parents qui souhaitent reprendre leur vie familiale comme avant. Elle assume et accepte son changement. Nous faisons également connaissance avec ses amis du lycée, notamment le loyal Samuel qui est celui que j’ai le plus apprécié. Il y a également les pensionnaires d’un foyer pour jeunes mamans, des médecins, des parents dépassés…

L’écriture

J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteure. Cette dernière a su adapter son écriture et son expression à chacun de ses narrateurs, de sorte que chaque point de vue a son identité propre. Ainsi, lorsque Louise s’exprime et qu’elle est perdue, la structure des phrases est bouleversée et les mots s’entrechoquent, restituant le tourbillon de pensées qui anime la jeune femme. C’est très réussi à mon goût, je me suis laissée porter.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un très bon roman pour adolescents que nous propose Isabelle Pandazopoulos. Cette dernière s’attaque à un sujet sensible et méconnu, et son roman pourra sans doute réconforter de jeunes mères incomprises. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, tant sur le fond que sur la forme.

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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"En sortant, elle a tout emporté. Rien ne reste aujourd'hui de l'innocence qu'on arborait ce matin-là. Comme si nous avions brusquement arraché nos masques d'enfants sages, ce n'était plus un jeu, la vie en vrai nous a sauté au visage, on est devenu grands, capables de faire des choix, des bons et des mauvais, d'être courageux, lâches, lucides ou hypocrites, insolents ou soumis, des hommes honnêtes ou des monstres. Ou tout ça à la fois."

"Ils exigeaient des justifications, des vraies, des tangibles, des explications limpides sur ces mois d'attente où je n'avais rien attendu. Je devais malgré tout en savoir quelque chose, malgré tout, j'avais du sentir, percevoir, deviner et je l'avais caché, enfoui, dissimulé, sans le vouloir, certes, mais il y avait forcément eu des signes que j'avais étouffés, des signes de cette vie qui grandissait en moi, car enfin sinon... J'avais des comptes à rendre, des mots à fournir parce que tout de même..."

4 commentaires:

  1. Celui-ci m'avait intriguée lors de sa sortie et en te lisant je m'aperçois que je suis toujours aussi tentée !

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  2. Coucou Stella ! Je viens de découvrir ton blog et il faut dire qu'il est juste GENIAL !
    Merci pour ces bonnes critiques, elles me donnent envie :-)
    Li

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    1. Je te remercie pour ce gentil message Li, au plaisir de te recroiser sur la blogosphère :)

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