mardi 17 février 2015

Charlotte, de David Foenkinos : belle intention, faible résultat

[Gallimard, 2014]

Vous ne rêvez pas, me revoilà avec un roman adulte, petit plaisir devenu rare. J’ai découvert David Foenkinos avec « La délicatesse », un roman dont j’avais beaucoup aimé le ton et la tendresse, tout en simplicité. Aussi, quand est sorti « Charlotte » et que les éloges ont commencé à pleuvoir, j’ai tout de suite eu envie de le lire. Le fait qu’il ait reçu le Goncourt des Lycéens, un prix généralement de bon jugement, n’a fait que renforcer ce désir.

Résumé

David Foenkinos s’empare ici du destin de Charlotte Salomon, artiste juive allemande qui a trouvé la mort dans les camps d’extermination en 1943 après avoir composé une œuvre monumentale, « Vie ? Ou théâtre ? ». Il imagine sa vie et sa personnalité, à partir de ses dessins et des informations qu’il a pu glaner, l’histoire d’une jeune femme marquée par la mort dès sa naissance.

Court mais répétitif

Je vais finir par croire que les prix littéraires ne sont pas pour moi, car j’ai été déçue par ce titre. Le roman est court, pourtant on tourne quand même en rond, on revient sans cesse sur la tragique histoire familiale de Charlotte marquée par les suicides, et sur l’obsession de Foenkinos pour cette artiste. Il y a effectivement de l’obsession dans le roman, on revient sur les mêmes thèmes. Mais il manque pour moi un but, une finalité à cette obsession. Il y a quelque chose de glauque, jusque dans la romance, qui m’a dérangée.

Un manque de densité

Au final, le roman est un peu creux, il est à peine plus qu’une biographie de Charlotte Salomon que l’on pourrait trouver sur internet, comme si l’auteur n’avait pas osé s’approprier pleinement sa vie. On en ressort intrigué, avec l’envie d’en savoir plus sur Charlotte car l’on n’a pas appris grand-chose, et déçu d’avoir trouvé si peu de densité dans le roman. Quant à la thématique de la Seconde Guerre Mondiale, ce roman n’y apporte rien de nouveau, rien que l’on n’ait lu ailleurs des dizaines de fois. Enfin l’auteur est à mon goût trop présent dans son roman, il se met trop en scène au détriment de son héroïne, il nous empêche d’entrer nous-mêmes dans l’histoire.

Les personnages

Charlotte est un personnage typique d’artiste torturée, rongée par ses démons personnels (ceux qui ont détruit sa famille) et par la Haine qui sévit en Allemagne dès le début des années 1930. Comme beaucoup d’artistes elle est très centrée sur elle-même, même si elle est capable de s’oublier complètement lorsqu’il est question de celui qu’elle aime. Les autres ne sont pas très marquants, à peine effleurés.

L’écriture

Le style est particulier, haché par un retour à la ligne à la fin de chaque phrase et des phrases plutôt courtes. Je ne crois pas que l’on puisse parler de poésie pour autant, comme certains se sont osés à le faire. Il n’y a pas selon moi de poésie dans ce roman, moins que dans « La délicatesse » en tout cas. On s’habitue à ce style mais il n’apporte rien de particulier à l’histoire, contrairement à celui de Valentine Goby dans « Kinderzimmer » par exemple.

En quelques mots…

Ainsi, au final, c’est un roman que j’aurais adoré aimer, mais qui m’a déçue. Sans être désagréable ou rébarbatif, il reste pour moi trop en surface et obsessionnellement centré sur quelques aspects de la vie de Charlotte Salomon. Le style se veut particulier, mais il n’apporte pas grand-chose. Je préfère largement lorsque David Foenkinos reste lui-même et qu’il ne cherche pas à jouer au grand écrivain, quand il est dans la tendresse et la légèreté, dans le quotidien... Je sais que beaucoup n’ont pas partagé cet avis, alors n’hésitez pas à venir en discuter.

Note : 2,5/5
Stellabloggeuse
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« Merci pour tes dessins. Ils sont naïfs, approximatifs, inaboutis. Mais je les aime pour la puissance de leur promesse. Je les aime car j'ai entendu ta voix en les regardant.
J'ai ressenti une forme de perte et une incertitude aussi. Peut-être même l'esquisse d'une folie. Une folie douce et docile, sage et polie, mais réelle. Voilà, ce que je voulais te dire. Nous sommes un très beau début. »

« Albert tente de rassurer sa fille comme il peut.
Mais existent-ils, ces mots qui atténuent la haine des autres ?
Charlotte se replie davantage.
Elle ne cesse de lire, rêve de moins en moins.
C'est à cette période que le dessin entre dans sa vie.
La passion de la Renaissance lui permet de quitter son époque. »
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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2015 : 7/26

4 commentaires:

  1. Je suis contente de voir un avis négatif malgré que moi j'ai réellement adoré ce livre ! Mais c'est bien de voir que l'on a pas tous les mêmes avis :)

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    1. Tu as raison, même si je suis toujours un peu frustrée quand la "rencontre" ne se fait pas avec un livre que beaucoup ont aimé ;)

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  2. je préfère attendre sa sortie poche pour me faire une idée...surtout après un avis mitigé comme le tien.

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    1. En effet, tu peux attendre! Il n'est pas mal, mais sans plus, loin de mériter toute ce tapage à mon sens ;)

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