[Gallimard,
2014]
Vous
ne rêvez pas, me revoilà avec un roman adulte, petit plaisir devenu rare. J’ai
découvert David Foenkinos avec « La délicatesse », un roman dont j’avais beaucoup aimé le ton et la
tendresse, tout en simplicité. Aussi, quand est sorti « Charlotte » et que les éloges ont
commencé à pleuvoir, j’ai tout de suite eu envie de le lire. Le fait qu’il ait
reçu le Goncourt des Lycéens, un prix généralement de bon jugement, n’a fait
que renforcer ce désir.
Résumé
David
Foenkinos s’empare ici du destin de Charlotte Salomon, artiste juive allemande
qui a trouvé la mort dans les camps d’extermination en 1943 après avoir composé
une œuvre monumentale, « Vie ?
Ou théâtre ? ». Il imagine sa vie et sa personnalité, à partir de
ses dessins et des informations qu’il a pu glaner, l’histoire d’une jeune femme
marquée par la mort dès sa naissance.
Court mais répétitif
Je
vais finir par croire que les prix littéraires ne sont pas pour moi, car j’ai
été déçue par ce titre. Le roman est court, pourtant on tourne quand même en
rond, on revient sans cesse sur la tragique histoire familiale de Charlotte
marquée par les suicides, et sur l’obsession de Foenkinos pour cette artiste.
Il y a effectivement de l’obsession dans le roman, on revient sur les mêmes
thèmes. Mais il manque pour moi un but, une finalité à cette obsession. Il y a quelque
chose de glauque, jusque dans la romance, qui m’a dérangée.
Un manque de densité
Au
final, le roman est un peu creux, il est à peine plus qu’une biographie de Charlotte
Salomon que l’on pourrait trouver sur internet, comme si l’auteur n’avait pas
osé s’approprier pleinement sa vie. On en ressort intrigué, avec l’envie d’en
savoir plus sur Charlotte car l’on n’a pas appris grand-chose, et déçu d’avoir
trouvé si peu de densité dans le roman. Quant à la thématique de la Seconde
Guerre Mondiale, ce roman n’y apporte rien de nouveau, rien que l’on n’ait lu
ailleurs des dizaines de fois. Enfin l’auteur est à mon goût trop présent dans
son roman, il se met trop en scène au détriment de son héroïne, il nous empêche
d’entrer nous-mêmes dans l’histoire.
Les personnages
Charlotte
est un personnage typique d’artiste torturée, rongée par ses démons personnels
(ceux qui ont détruit sa famille) et par la Haine qui sévit en Allemagne dès le
début des années 1930. Comme beaucoup d’artistes elle est très centrée sur
elle-même, même si elle est capable de s’oublier complètement lorsqu’il est
question de celui qu’elle aime. Les autres ne sont pas très marquants, à peine
effleurés.
L’écriture
Le
style est particulier, haché par un retour à la ligne à la fin de chaque phrase
et des phrases plutôt courtes. Je ne crois pas que l’on puisse parler de poésie
pour autant, comme certains se sont osés à le faire. Il n’y a pas selon moi de
poésie dans ce roman, moins que dans « La
délicatesse » en tout cas. On s’habitue à ce style mais il n’apporte
rien de particulier à l’histoire, contrairement à celui de Valentine Goby dans « Kinderzimmer » par exemple.
En quelques mots…
Ainsi,
au final, c’est un roman que j’aurais adoré aimer, mais qui m’a déçue. Sans
être désagréable ou rébarbatif, il reste pour moi trop en surface et obsessionnellement
centré sur quelques aspects de la vie de Charlotte Salomon. Le style se veut
particulier, mais il n’apporte pas grand-chose. Je préfère largement lorsque
David Foenkinos reste lui-même et qu’il ne cherche pas à jouer au grand
écrivain, quand il est dans la tendresse et la légèreté, dans le quotidien...
Je sais que beaucoup n’ont pas partagé cet avis, alors n’hésitez pas à venir en
discuter.
Note :
2,5/5
Stellabloggeuse
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« Merci
pour tes dessins. Ils sont naïfs, approximatifs, inaboutis. Mais je les aime
pour la puissance de leur promesse. Je les aime car j'ai entendu ta voix en les
regardant.
J'ai
ressenti une forme de perte et une incertitude aussi. Peut-être même l'esquisse
d'une folie. Une folie douce et docile, sage et polie, mais réelle. Voilà, ce
que je voulais te dire. Nous sommes un très beau début. »
« Albert
tente de rassurer sa fille comme il peut.
Mais
existent-ils, ces mots qui atténuent la haine des autres ?
Charlotte
se replie davantage.
Elle ne
cesse de lire, rêve de moins en moins.
C'est à
cette période que le dessin entre dans sa vie.
La
passion de la Renaissance lui permet de quitter son époque. »
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Ce roman fait partie du challenge :
Challenge
ABC 2015 : 7/26
Je suis contente de voir un avis négatif malgré que moi j'ai réellement adoré ce livre ! Mais c'est bien de voir que l'on a pas tous les mêmes avis :)
RépondreSupprimerTu as raison, même si je suis toujours un peu frustrée quand la "rencontre" ne se fait pas avec un livre que beaucoup ont aimé ;)
Supprimerje préfère attendre sa sortie poche pour me faire une idée...surtout après un avis mitigé comme le tien.
RépondreSupprimerEn effet, tu peux attendre! Il n'est pas mal, mais sans plus, loin de mériter toute ce tapage à mon sens ;)
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