[Sarbacane,
2014]
De
Benoit Minville, j’avais lu le premier roman intitulé « Je suis sa fille ». Si j’en avais
apprécié le message, j’avais trouvé qu’il survolait un peu son sujet et que les
personnages manquaient de vérité. Aussi, j’ai ouvert « Les Géants » avec un à priori
légèrement négatif. Et j’avais tort.
Résumé
Marius,
la vingtaine, pointe depuis deux ans au Pôle emploi et retape un vieux navire
en rêvant d’une grande évasion. Il vit dans un village du Pays Basque, un petit
paradis pour les surfeurs, dont il fait partie avec son meilleur ami, Esteban.
Les deux familles, le clan de pêcheurs et le clan de gitans, sont unies comme
les doigts de la main, face aux vacheries du quotidien. Mais la sortie de
prison de César, le grand-père de Marius, un ancien du crime organisé pas rangé
pour deux sous, va provoquer une vague de révélation qui va tous les
ébranler…au risque de les briser ?
Une histoire de famille et de gangsters
J’ai
vite regretté mes préjugés en avançant dans ce roman, qui est bien plus dense
et plus maîtrisé que le précédent. C’est avant tout une histoire de famille, un
thème qui me parle. Il y est question de la transmission des valeurs, et de la
difficulté à communiquer qui s’installe lorsque les enfants grandissent. La
relation père-fille m’a particulièrement touchée. Mais c’est aussi une histoire
de gangsters, car César n’est pas là pour rigoler, c’est un dur, et il va
provoquer un déchaînement de violence autour de lui. Son retour entraine
également la révélation de secrets profondément enfouis qui vont provoquer un
véritable séisme dans la famille.
Un hommage au Pays Basque
Le
roman est également un hommage au Pays Basque, à son authenticité et à ses
paysages, que je n’ai jamais vus mais que j’ai désormais l’impression de
connaître. Le surf occupe une place de choix dans les activités des jeunes
gens. Les habitants sont fiers et méfiants envers les touristes qui les
envahissent chaque été, à l’instar de Marius. J’ai aimé l’association de tous
ces thèmes et de ces paysages. Mes seuls bémols sont pour la romance, un peu
trop appuyée et parfaite à mon goût, et la fin précipitée. J’aurais notamment aimé
connaître la réaction de Marius vis-à-vis de César, et celle d’Alma face aux
mensonges de sa famille.
Les personnages
Avec
ce roman, l’auteur nous propose toute une galerie de personnages très vivants
que nous apprenons à connaître. Marius cherche sa voie. Heurté par la dure
réalité du marché de l’emploi, il ne se trouve pas de perspectives d’avenir. C’est
quelqu’un d’impulsif, qui a en lui une violence enfouie qui menace de ressurgir
à tout moment, la même qui habite son père et son grand-père. Sa sœur Alma est
plus douce, elle souhaite juste être prise au sérieux et respectée. Esteban,
son meilleur ami, est un sacré numéro, toujours prêt à dégainer une blague,
mais on peut compter sur lui. J’ai particulièrement apprécié Bart, le petit frère d’Esteban.
Mais
j’ai surtout été touchée par le personnage d’Auguste, le père de Marius, un père
qui a fait de son mieux et qui se remet sans cesse en question, un taiseux qui
fait des efforts pour exprimer ses sentiments. Quant à César, le patriarche
gangster, je n’ai pas réussi à le cerner et je me suis beaucoup interrogée sur
ses motivations.
L’écriture
Quant
au style, il est assez agréable, simple et direct, dynamique. Il adopte les
points de vue de différents personnages et se glisse aisément dans la peau de
chacun. Les dialogues sont crédibles et vivants, et les descriptions réussies.
En quelques mots…
Ainsi,
j’ai été agréablement surprise par ce roman plutôt dense, qui nous propose une
histoire familiale complexe autour du secret et des mensonges, et de la
transmission des valeurs. Le côté « gangsters » est un plus qui
apporte du suspense. Le Pays Basque est mis en valeur. Le point fort du roman c’est
sa galerie de personnages, tous très vivants, mais il souffre en revanche d’une
romance trop idyllique et d’une fin abrupte. A lire à partir de 15/16 ans. Merci à Juliette et aux éditions Sarbacane pour cette
lecture.
Note :
3,5/5
Stellabloggeuse
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« Son
cher Pays Basque, avec ses paysages charmeurs de rétines… Face à lui, les
Pyrénées se dressaient, blotties sous une couronne de nuages. Dans son dos,
c’était l’Atlantique et sa mélodie du ressac ; son terrain de jeux, là où
naissaient ses plus grande sensations. »
"Des
formules qui le fatiguaient encore plus que des slogans politiques. "Elle
a poussé, dis-donc, ta petite"! Non, pauvre buse : elle avait muté sa petite ! Muté en une créature
ambassadrice de la beauté avec laquelle il avait laissé s'installer,
stupidement...une distance. La gêne d'admettre que sa fille était une femme
?"
« Regarde,
petit frère : c’est chez toi, ici ; Regarde, petit frère. Notre
étoile est là-haut, on est peut-être pas nés sous la plus brillante, mais on
apprendra ensemble. A devenir. »
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