[Au
Diable Vauvert, 2014]
Voilà
maintenant quelques années que je prends plaisir à lire des premiers romans,
notamment ceux primés par le Festival du premier roman de Chambéry. Ils ont un
charme particulier et sont parfois très surprenants. C’est le cas du « Liseur du 6h27 » de Jean-Paul Didierlaurent que j’ai dévoré le temps d’un voyage en train.
Résumé
Guylain
Vignolles est un homme discret qui vit un quotidien assez morne, entre son
travail à l’usine de recyclage de papier, son vieil ami Giuseppe et son poisson
rouge. Mais chaque jour, il sauve quelques pages de livres des entrailles de la
broyeuse à papier, des pages qu’il lit chaque matin à voix haute dans le RER
qui l’emmène sur son lieu de travail.
Un conte moderne original
Ce
roman est un joli conte moderne qui a su me happer. Il commence par la description
d’une existence grisâtre et monotone, mais très vite il nous emmène ailleurs
grâce à des jolies trouvailles qui m’ont souvent fait sourire. Son goût pour la
lecture à voix haute emmènera Guylain dans de nouvelles expériences qu’il n’aurait
pas pu imaginer et qui enchantent peu à peu son quotidien.
Un roman réjouissant et positif
Alors
certes, la crédibilité n’est pas toujours au rendez-vous et les bons sentiments
sont peut-être un peu trop présents, mais cela ne m’a pas dérangée une seconde :
j’ai eu envie d’y croire et de me laisser emporter. C’est une lecture bonheur,
réjouissante, qui a comblé mes attentes du moment. Ce roman m’a fait penser à « Le froid modifie la trajectoire des poissons » de Pierre Szalowski, il est
tout aussi optimiste et positif.
Les personnages
Guylain
est un personnage discret mais plein de qualités. Il est généreux envers son
vieil ami Giuseppe, ingénieux pour faire le bonheur du vieil homme. Il a de l’empathie
pour les plus faibles. Sa fragilité est plutôt touchante. Il côtoie quelques
personnages hauts en couleurs comme Yvon qui ne s’exprime qu’en alexandrin. Enfin
j’ai beaucoup apprécié Julie qui assume totalement ce qu’elle est et ne renonce
pas à ses rêves.
L’écriture
J’ai
apprécié le style de l’auteur, fluide, agréable et précis. Avant ce roman, il a
écrit des nouvelles et cela se ressent dans les petits extraits que lit Guylain
aux passagers du RER : en une page, il parvient à créer des situations,
camper des personnages, et susciter des dizaines de questions. J’ai été assez
admirative de cet exercice de style.
En quelques mots…
Ainsi,
c’est un roman sans prétention qui m’a très agréablement surprise et m’a fait
passer un bon moment de lecture. C’est une histoire originale et pleine de
surprises, qui m’a réjouie. Ce roman nous offre un conte moderne auquel j’ai eu
envie de croire, contre toute logique. Je le conseille volontiers à tous ceux
qui ont envie de passer un bon moment.
Note :
4/5
Stellabloggeuse
--------
« Peu
importait le fond pour Guylain. Seul l’acte de lire revêtait de l’importance à
ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à
chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec
eux un peu de cet écœurement qui l’étouffait à l’approche de l’usine. »
« Il
avait aimé ces moments de flânerie, à contempler les bateaux-mouches chargés de
touristes glisser paresseusement sur les eaux argentées de la Seine. C'était
bon de constater qu'il existait un autre monde que celui de la Stern, un monde
où les livres avaient le droit de finir leur vie douillettement rangés dans les
casiers verts le long des parapets en vieillissant au rythme du grand fleuve
sous la protection des tours de Notre-Dame. »
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