[Le Pré aux clercs, 2012]
Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui m’a immédiatement attiré par son résumé. En effet, la quatrième de couverture de "La dernière lame" d'Estelle Faye évoque « un monde qui ressemble à notre Renaissance », avec une Eglise puissante et une inquiétante montée des océans qui met le monde en péril. Aussi, quand ce titre a été proposé en partenariat sur Livraddict, je n’ai pas beaucoup hésité !
Résumé
Personne ne sait quand le niveau des océans a commencé à monter, mais cela paraît maintenant inexorable, et l’humanité semble désormais résignée à assister à sa fin. Seulement, certains résistent et espèrent encore, notamment les médecins comme Joad de Vorastburg, qui s’efforcent de soulager la misère des hommes. Dans un monde où les créatures et les ressources marines ont désormais une grande importance, l’Eglise des Cendres dirige les consciences et combat les hérésies, afin d’amener les peuples à ne plus lutter, à cesser leurs pratiques magiques et leurs efforts désespérés pour sauver l’humanité. Ces combats sont menés par la puissante Marie des Cendres, au passé mystérieux. De l’action de Joad et de Marie dépendra le sort du monde…
Un univers intéressant, une ambiance de fin du monde
L’univers proposé par l’auteure est assez intéressant. L’océan a une grande importance, des créatures marines se sont développées, et les hommes ont appris à utiliser certaines ressources maritimes, parfois à leurs risques et périls. Il y a là une originalité qui m’a séduite. Mais honnêtement, cet univers n’a rien à voir avec la Renaissance, qui est pourtant évoquée sur la quatrième de couverture, d’où une certaine déception de ma part. Néanmoins, ceux qui aiment les ambiances de fin du monde seront séduits : l’ensemble est assez noir, la misère et la mort sont décrites sans embarras, et l’on a effectivement l’impression d’assister à une Apocalypse. J’avoue cependant n’avoir pas adhéré à la mythologie et à la magie développées dans ce roman, et notamment la manière dont le roman se termine.
Des combats bien mis en scène, mais peu d’émotion
Il me semble que ce roman devrait plaire aux amateurs d’héroïc fantasy, l’auteure raconte de grandes batailles, des combats qui sont bien mis en scène. Malheureusement, pour ma part, cela ne me satisfait pas totalement : pour adhérer à l’histoire et m’impliquer dans ces combats, il m’aurait fallu un peu plus d’émotions (qui sont quasiment absentes ici) et de profondeur dans l’histoire. Or, on reste assez en surface, et les tenants et les aboutissants de l’histoire ne sont pas très clairs. La première partie, notamment, m’a semblée très nébuleuse. La deuxième m’a davantage plu, grâce au personnage de Joad qui humanise l’histoire, mais je me suis de nouveau perdue dans la dernière partie.
Les personnages
Le principal problème, à mon sens, réside dans les personnages dont la psychologie n’est pas très développée. Ainsi, Marie reste très mystérieuse, on ne sait jamais ce qu’elle pense, alors que cela aurait pu être extrêmement intéressant au vu de son histoire personnelle. De même, certains personnages ont un rôle assez étrange, dont je n’ai pas bien compris l’utiliser, par exemple celui de Julian. Ou celui de Sophie, qui tombe comme un cheveu sur la soupe, je me suis demandé pourquoi l’auteure a pris la peine de créer ce personnage… En revanche, Joad m’a plu, et c’est grâce à lui que je suis allée jusqu’au bout de l’histoire, parce que son destin me tenait à cœur. Seule sa relation avec Jester m’aura laissée un peu perplexe, le coup de « l’illumination amoureuse » étant un peu gros pour moi…
L’écriture
En revanche, en ce qui concerne l’écriture, je n’ai pas de critique à formuler, Estelle Faye est agréable à lire. Les descriptions, notamment, sont de qualité. Pas de doute, c’est une auteure qui a du potentiel, et qui peut écrire des romans qui me plairont, à condition de se pencher un peu plus sur les personnages et l’émotion… Ce que je regrette en revanche, c’est la qualité assez moyenne de l’impression, qui a « bavé » sur un certain nombre de pages.
En quelques mots…
Ainsi, c’est une histoire qui avait du potentiel, avec un univers intéressant, mais qui est parfois mal exploitée. La priorité a été donnée aux combats, au détriment de la psychologie et des émotions. Je pense néanmoins que cela peut plaire aux amateurs du genre. Je regrette que les personnages n’aient pas plus de corps, et que la quatrième de couverture donne une idée fausse du roman. En revanche, je pense que l’auteure a de beaux jours d’écriture devant elle, et je la suivrais volontiers sur d’autres titres dans le futur.
Un grand merci à Livraddict et aux éditions Le Pré aux Clercs pour ce partenariat !
Note : 2,5/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie du challenge :
Bouge ta PAL ! : lecture n°12
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« Debout à sa fenêtre, Annelise Von Goneland soupira. Au-dehors, Vorastburg empestait l’iode, la pourriture aussi, et ce relent de sueur âcre qui s’attarde même en hiver sur les villes surpeuplées. Au fond, vers l’ouest, les vapeurs des teintureries ajoutaient une touche bleue à l’orange du crépuscule. Annelise frissonna, remonta la couverture en fourrure qui glissait sur ses épaules. Le vent marin jouait dans ses cheveux fins, secouait quelques boucles folles échappées à sa natte. A quarante ans passés, la bourgmestre conservait cette blondeur dorée qui l’avait rendue célèbre.
-La neige me manque, remarqua-t-elle en contemplant sa cité. Le parfum du gel. Les hivers d’autrefois. Le grand silence blanc sous les sapins. Les loups qui hurlaient aux portes de Vorastburg. »
« Pour garder l’espoir, Joad pensait à Jester, à tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, quand il croyait ne pas l’aimer. Les yeux d’ambre de la jeune fille, ses boucles de soleil, sa bouche ourlée qui lâchait avec un plaisir pervers les pires jurons que Joad ait pu entendre. La façon dont elle dansait, tournoyait dans ses robes multicolores, ses tulles arc-en-ciel, comme des ailes de papillon. Jester incarnait la lumière, la couleur et la vie. Les animaux le comprenaient, les poissons, les insectes qui se rapprochaient d’elle en amis. Les plantes et les fleurs qui s’étaient éveillées autour d’eux la nuit dernière. Ou bien cette nuit n’avait été qu’un songe creux, un rêve né de l’alcool ? Non, le médecin voulait y croire. Maintenant plus que jamais. »
Un livre qui ne m'a pas du tout convaincue mais fortement déçue.
RépondreSupprimerOui, j'avais vu ton commentaire dans Bibliomania, et je partage ton avis. J'ai l'impression qu'on a des gouts similaires toi et moi (en tout cas on était d'accord sur "49 jours"^^)
SupprimerDe mon côté, j'ai vraiment bien aimé. C'est vrai que j'aurais aimé voir l'histoire et la psychologie de certains personnages plus développées mais j'aime bien la baston alors, finalement j'ai passé un très chouette moment avec ce roman.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ton avis, j'étais certaine que ce roman pouvait plaire aux amateurs d'héroïc fantasy qui apprécient la bagarre :)
SupprimerAhh bah c'est souvent un problème qui m'agace en heroic-fantasy, en plus de la profusion de personnages et de lieux méconnus --'
RépondreSupprimerTolkien c'est le bien :p
Oui, j'aime aussi Tolkien, même si c'est parfois looooong :p
SupprimerHannn non c'est le seul où je suis même passionnée par l'herbe à pipe xDDD *Se sent seule au monde là*
SupprimerLa fantasy n'est pas si évidente à maîtriser, contrairement à ce que l'on pense quand on parle d'un art "mineur". Merci pour votre review, j'espère moi aussi un jour figurer parmi les titres.
RépondreSupprimerJ'imagine en effet que ça doit être un genre très difficile à écrire. Ici, je n'ai pas trouvé le roman mauvais en soi, c'est simplement que j'apprécie moins les romans qui accordent une très grande importance aux combats... :)
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