[Sarbacane, novembre 2012]
Voilà maintenant deux ans que j’ai découvert Insa Sané avec « Daddy est mort », l’un des volets de sa « comédie urbaine ». J’ai rapidement apprécié son écriture, pleine et rythme et de poésie. J’ai poursuivi avec « Sarcelles-Dakar », qui m’avait tout autant plu. J’étais donc très curieuse de découvrir ce nouveau roman, dans lequel il délaisse la banlieue parisienne pour évoquer un petit garçon africain forcé à l’exil.
Résumé
Sény est heureux. Il a neuf ans, un père et une mère qui l’aiment, des copains et surtout une amoureuse, Yulia, qu’il chérit comme la prunelle de ses yeux. Dans son village, en Afrique, Sény est chez lui, il y a sa vie, ses repères, les gens qui l’aiment. La guerre va pourtant l’en arracher. Mais Sény ne baisse pas les bras. Catapulté en France, le « pays des Hommes pressés », il met en place divers stratagèmes qui, il l’espère, lui permettront de rentrer chez lui. Il n’abandonnera pas, il retrouvera Yulia. Juré ! Craché !
Un roman aux allures de contes
Avec ce récit, Insa Sané alterne les formes de narration. Si le début du livre a le ton d’un roman, la suite possède davantage des allures de conte, l’histoire bascule dans l’imaginaire. L’auteur utilise des mythes connus de tous et fait également preuve d’inventivité, nous offrant une intrigue très originale. Et si on comprend assez rapidement où l’auteur veut en venir et comment cela finira, j’ai suivi avec plaisir les aventures de ces quatre enfants.
Le déracinement
Mais ce récit entraînant et merveilleux est un prétexte pour évoquer un thème cher à l’auteur, celui du déracinement. Sény doit quitter son village, il n’a pas le choix. Il se retrouve dans une ville et dans un pays étranger, sans repère, privé des gens qui lui sont le plus cher. Dans un premier temps, paniqué, il ne cherche qu’à revenir en arrière. Ce n’est que peu à peu qu’il comprend qu’il doit tourner la page…mais il n’oubliera jamais.
Les personnages
Sény est incroyablement attachant. Insa Sané a tout à fait réussi à se glisser dans la peau d’un garçon de neuf ans, à nous retranscrire ses réflexions et ce qu’il a dans le cœur. Il y a chez Sény une forme de naïveté, d’innocence qui est très touchant, et qu’on aimerait qu’il ne perde pas.
L’écriture
Une fois de plus, Insa Sané nous offre un texte superbement bien écrit. Il alterne une écriture enfantine et drôle avec des passages poétiques à donner le vertige, à oublier de reprendre son souffle. A plusieurs reprises, il m’est arrivé de m’imaginer son texte scandé, slamé par sa voix grave. Comme dans ses autres romans, certaines phrases reviennent régulièrement, comme un refrain. Ajoutons à cela l’humour qu’il a réussi à instiller chez Sény malgré la gravité du sujet, et vous obtenez, je n’ai pas peur de l’affirmer, un auteur virtuose. Un magicien de la plume. Voilà, c’est dit.
En quelques mots…
Ainsi, Insa Sané nous offre ici un roman en forme de conte sur le déracinement, superbement bien écrit et émouvant grâce à un personnage très attachant. S’il a parfaitement su se mettre dans la peau d’un garçon de neuf ans, ce livre est de nature à plaire aux plus grands, aux adultes qui n’ont pas oublié l’enfant qu’ils ont été. Je vous le recommande chaleureusement, tout comme le font d’autres bloggueuses comme Batifolire.
Note : 4/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie des challenges :
Où sont les hommes ? : lecture n°21
Pas de doute, Sény est un petit prince !
Bouge ta PAL ! : lecture n°10
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« J’avais mal partout. Surtout à l’endroit du cœur. J’ai battu des talons contre le bitume, en plein dans les flaques. M’en moquait de salir mon beau costume et d’écorcher mes souliers vernis ! Est-ce que c’était un caprice de vouloir rester dans le seul endroit que je connaissais, avec les seules personnes que j’étais sûr d’aimer déjà ? »
« Chez moi, des jeux idiots en sandalettes, des culottes trouées pour laisser respirer l’aventure, les cheveux qu’ont pas vu le peigne depuis la première carie sous la langue qui fourche dans des gros mots écorchés vifs comme on grimpe aux arbres de vie pleins de fruits interdits d’en prendre de la graine on est l’œuf et la poule on est neuf on a neuf ans alors en avant toutes dents dehors les ailes poussées vers le soleil c’est du vent c’est l’Harmattan on a tué l’armateur en jetant l’ancre de nos récits on se souvient on oubliera sans doute les chemins qui mènent à ce pays sans route, en route ! »
« On n’aura jamais à se dire adieu. TOI ? Ne te retourne pas. JAMAIS ! Va de l’avant. TOUJOURS ! Tant pis pour les larmes. Tant pis pour nous. Tant pis pour les espoirs fous d’un « il était une fois » qui nous aura laissé sur le bas-côté. Tu m’aimeras plus loin. Je t’aimerai ailleurs. Ensemble, on tournera la page du plus beau des romans – sans tristesse ni rancœur. Demain sera heureux. Promis ! Juré ! Juré ! Craché ! En vérité, l’éternité est aussi éphémère qu’un « Je t’aime » suspendu entre la vie et la mort. »
Sarbacane *-*
RépondreSupprimerCe livre a l'air magnifique, un de plus...très bel avis qui plus est ^^
Bisous
Ah, je suis une grande fan d'Insa Sané, il écrit superbement bien. Et ce titre-là est très chouette !
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