jeudi 14 février 2013

Kaïna-Marseille, de Catherine Zambon : vers la liberté

[Actes Sud junior, 2007]

Le challenge ABC 2013 me permet, je vous l’ai déjà dit, de faire des découvertes. Voici justement l’un de ces titres que je n’aurais sans doute pas lu sans le challenge, un tout petit livre qui vient de la bibliothèque de mon petit frère (non, il ne lit pas, mais parfois, pour les cours, il était bien obligé !) : « Kaina-Marseille », de Catherine Zambon.

Résumé

Quelque part en Afrique, la jeune Mamata est promise à un homme, dans le cadre d’un mariage arrangé. Mais sa grand-mère, Kaïna, qui est très malade, désire mourir avec l’espoir que sa petite fille puisse être libre. Alors, elle l’encourage à partir, destination Marseille. En lui faisant promettre que, neuf mois plus tard, elle racontera tout à la mer…

Un petit livre très dense…

Cette collection des éditions Actes Sud Junior, intitulée « D’une seule voix », propose des textes court, « d’un seul souffle », qui expriment des émotions. Ici, nous avons en une soixantaine de pages le récit de la préparation, de la réalisation et des premiers mois d’une immigration.

Tout n’est pas raconté, seulement l’essentiel. Les raisons du départ, la fuite d’une vie toute tracée. Les rencontres, avant de prendre le bateau, avec des gens plus ou moins bienveillants. Et puis l’arrivée à Marseille, les désillusions, et finalement, cette liberté gagnée par la force. Au final, Mamata n’a pas une vie de rêve, mais elle est entre ses mains, et on voit bien que l’important est là.

Ainsi, cette soixantaine de pages contient beaucoup de choses. Au-delà du récit d’une immigration, c’est aussi une ode à la liberté, et l’histoire d’une enfant qui devient une femme. Mon seul regret, c’est que les choses paraissent un peu trop « faciles » : Mamata est toujours aidée au bon moment, personne ne remet en doute ses faux papiers… En tout cas, cela n’enlève rien à la force de ce petit texte.

Les personnages

Ce récit est centré sur la narratrice, Mamata. Nous ne savons pas bien quel âge elle a, sans doute moins de 15 ans. Pourtant son enfance se termine déjà, et elle affronte tous les obstacles avec force et détermination. Elle est attachante, on veut qu’elle s’en sorte. Elle rencontre des personnages ambigus, comme celui qui lui fournira ses papiers. Et d’autres âmes cabossées comme elle, comme ce jeune Moha accro à la drogue.

L’écriture

L’écriture est très forte, avec une dimension orale assez marquée : Mamata nous raconte son histoire. Ce texte se prête à être prononcé, il a d’ailleurs été adapté au théâtre. Il y a du rythme, une certaine urgence. L’écriture est tantôt naïve, tantôt poétique. En quelques mots, tout ce qu’il faut pour être emporté, sans reprendre son souffle.

En quelques mots…

Ainsi, c’est une jolie découverte faite grâce au challenge ABC 2013. Un petit texte plein de force sur l’immigration et ses désillusions, sur la liberté, sur la fin de l’enfance. Une langue forte et vivante, qui touche le lecteur. Je vous conseille donc volontiers cette petite lecture.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 7/26


Bouge ta PAL ! : lecture n°22 

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« J’arrive en automne à Marseille. J’ai le cœur en papillon. Je n’ai presque pas dormi. Je n’ai pas parlé. J’ai marché sur le pont du bateau. J’ai vu la nuit. Volé sur l’eau. J’ai été malade, malade. C’est mon cœur qui pousse mon ventre. Ou mon ventre qui pousse la vie. Ou la vie qui pousse le bateau. Il est nul. Il est lent. Une tortue, ce cargo. Peu importe. Je veux Marseille. Je veux Moussa. A Marseille, je vais étudier. Ou faire la coiffure. Tout est possible. Peu importe. »

« La semaine dernière, il m’a emmenée au cinéma à Marseille. J’ai vu le monde à l’envers et j’ai crié. Il a dit que c’est de la « science-friction ». Il se moque de moi. Toujours. Moha est un fils de mes aïeux, envoyé par Kaïna et la Dame blanche, pour m’apprendre la ville de Marseille où je suis aujourd’hui et où je parle la vérité. Je parle la France. Tout à l’heure, Moha va revenir avec une femme des services sociaux. Une femme qui va s’occuper de mon ventre. De mon enfant. »

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