samedi 18 mai 2013

Le prince d’été, d’Alaya Dawn Johnson : futuriste, artistique et plein d’énergie


Vous le savez, j’apprécie beaucoup les titres de la Collection R et leurs nouvelles parutions continuent à me tenter sans cesse. Cette fois-ci, j’ai succombé à la tentation du « Prince d’été » d’Alaya Dawn Johnson qui, pour une fois, constitue un tome unique.

Résumé

June est une waka (une personne de moins de 30 ans) de la ville-pyramide de Palmarès-Très. Quatre cent ans plus tôt le monde a frôlé la destruction et, sur la côte de ce qui fut le Brésil, une ville s’est reconstruite, exclusivement dirigée par des femmes, sauf une fois tous les cinq ans. Un roi d’été est alors élu. Chargé de désigner la prochaine reine, il est sacrifié à la fin de l’hiver. Lorsque Enki, un waka issu du Verde, le quartier pauvre de la ville, est élu roi, tous les wakas sont derrière-lui, et particulièrement June qui, en sa compagnie, tente de réaliser la plus grande œuvre d’art que la ville n’ait jamais connu.

Un univers futuriste original

Ce que j’ai le plus apprécié à la lecture de ce roman, c’est son originalité. L’auteure nous livre ici une véritable création, pleine d’imagination. Cette ville-pyramide, organisée en plusieurs niveaux et dotée de technologies futuristes (mais pas autant que Tokyo 10, toujours à la pointe) m’a beaucoup plu. Les humains atteignent désormais allègrement l’âge de 250 ans. La structure sociale et politique est également originale, puisque les femmes sont au pouvoir et que la société est très libérée. On aime indifféremment des hommes et des femmes à Palmarès-Très, et les relations ne sont pas forcément exclusives.

L’Art et l’énergie

L’art occupe une grande place dans cette histoire, d’une part car June est une artiste visuelle et d’autre part car c’est un attrait partagé par l’ensemble de la population. En effet, la ville conserve certain traits de l’ancien Brésil, notamment une passion pour la musique et la danse. Cela confère au roman une véritable énergie que j’ai beaucoup appréciée. En revanche, je dois dire que l’intrigue en tant que telle ne m’a pas franchement convaincue, y compris le dénouement qui « tombe un peu du ciel ». J’ai aimé l’imagination et l’hommage à l’art, mais j’ai mal saisi la finalité de l’histoire, si ce n’est d’aborder certains sujets concernant la société et l’avenir de l’humanité.

Les personnages

Là où j’ai eu plus de mal, c’est avec les personnages pour lesquels je ne me suis pas vraiment prise d’affection. June a un côté égoïste et capricieux qui m’a dérangée, même si elle s’améliore au fil du roman. J’ai eu l’impression qu’elle avait du mal à prendre en compte les sentiments des autres, mis à part ceux de son ami Gil. Ce dernier, nous le connaissons trop peu pour nous y attacher vraiment, même s’il dégage une forte séduction par la danse et par l’amour que lui porte June. Quant à Enki, je me suis souvent demandé où il voulait en venir, quel était son but. C’est un personnage qui reste obscur pour moi, même si certains passages sont écrits de son point de vue. Je crois qu’il m’a paru trop inhumain.

L’écriture

J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Alaya Dawn Johnson, parfois poétique, parfois plus directe. Je l’ai trouvée très agréable, et assez fluide malgré la présence d’un vocabulaire spécialisé, dédié à son univers. En effet, un grand nombre de mots, inventés ou issus du portugais, nous échappent dans un premier temps. J’ai d’abord buté sur ce vocabulaire, mais il s’intègre finalement assez vite et permet de rendre l’univers créé par l’auteure plus vivant. Tout n’est pas clairement explicité, mais cela permet surtout de faire travailler son imagination !

En quelques mots…

Au final, je vous dirais que j’ai beaucoup aimé ce roman pour l’originalité de son univers, l’importante place faite à l’art et son énergie. Il faut s’accrocher au début du roman pour décoder cet univers à part et en appréhender le fonctionnement, mais cela en vaut la peine. L’histoire pose des questions sur le fonctionnement de nos sociétés, mais j’ai trouvé l’intrigue un peu légère, et le dénouement rapide. Surtout, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages qui, à mon goût, manquent d’humanité et de profondeur. Mais c’est un roman à lire si vous aimez les univers futuristes, l’art, et si vous appréciez d’être surpris, à partir de 15 ans environ. Pour finir je vous propose l’avis de ma copinaute D’encre et de rêves, plus enthousiaste que le mien !

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge 100 % R : 7e lecture


Challenge « Bouge ta PAL ! » : lecture n°38

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« Le mouvement s’accélère, je dois faire attention à ne pas me ridiculiser. Malgré ma concentration, je me laisse absorber par le rythme. Ce un-deux-trois que mes pieds connaissent mieux que mon cerveau. La façon dont bougent mes hanches et glisse la soie polymérisée sur mes seins. Gil me fait tournoyer d’un côté,  puis de l’autre. Je ris et il me renverse sur son genou. Je lance une jambe en l’air, sans me soucier que l’on voie ce qu’il y a sous ma robe ni du risque de perdre une chaussure. Gil affiche son petit sourire en coin impénétrable. Il me soulève, puis ses mains empoignent mes hanches et voilà que je vole au-dessus de lui dans le swing trépidant de la samba qui pulse autour de nous, et j’aperçois la ville, scintillante, en contrebas. C’est le plus beau moment de ma vie. »

« Je n’ai pas envie de coucher avec lui. Ce serait comme faire l’amour avec l’orage. Je ne fais que fantasmer sur un tas de choses que je ne veux pas vraiment. »

« Tu as toujours aimé la lumière. Tes implants luisaient sur la piste de danse quand Gil t’a soulevée dans les airs. J’ai prétendu que je n’avais pas fait attention, mais j’ai menti. Ton arbre a pris de l’ampleur depuis cette nuit-là. Je t’ai dit un jour que je pouvais lire dans tes pensées, mais je n’ai même pas besoin de regarder ton visage pour connaître tes humeurs. La colère est le sentiment le plus facile : tu scintilles et tu lances des éclairs comme les lanières d’un fouet qui crépite. Quand tu es enthousiaste, tu montres tes plus belles couleurs. Et cette façon qu’ont les branches le long de ton bras d’ondoyer dans la brise quand un nouveau projet artistique vient de prendre forme dans ton esprit… Quand tu as vu l’océan pour la première fois, j’ai bien cru qu’elles allaient fleurir. »

6 commentaires:

  1. On lis de tout au sujet de ce roman même si tout le monde s'accorde pour mettre en avant cette originalité. Je pense que je me laisserai peut-être tenter, ne fut ce que pour le mettre dans la biblio de mes élèves. Mais ce n'est pas une priorité parce que tu n'es pas la première à souligner le manque d'empathie envers les persos durant cette lecture et c'est un général quelque chose qui me dérange bcp :D
    Gros bisous
    Cajou

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    1. Je crois que c'est malgré tout un roman à lire pour son originalité, et pour l'art qui y est développé. En gros, il ne manque "que" de bons personnages pour avoir un excellent roman, mais c'est un gros manque...^^ Bisous Cajou!

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  2. Je comprends tout à fait que tu n'aies pas réussi à accrocher aux personnages ; personnellement, ils m'ont carrément troublée, et j'ai passé beaucoup de temps, même une fois le livre définitivement refermé, à essayer de les comprendre. Juste pour ça, je leur tire mon chapeau parce que, habituellement, lorsqu'un personnage agit aussi étrangement (et... même désagréablement) qu'Enki, par exemple, je suis juste agacée. Là, j'ai eu envie de saisir pourquoi il agissait comme ça... c'était juste une énigme que je voulais essayer de résoudre, ce roi d'été ^^
    Pour l'écriture, je te rejoins totalement sur ce point-là. De plus, j'ai vraiment aimé que pas mal de choses restent à déduire, qu'elle ne "mâche" pas tout au lecteur... ça donne l'impression qu'elle croit qu'on est des gens supers intelligents qui peuvent tout comprendre (--> ok je sors) XD
    Bref, j'ajouterai juste je suis très touchée d'être citée, bisous :)

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    1. June m'a quand même pas mal agacée je dois dire. Quant à Enki, heureusement qu'il y a les paragraphes dans lesquels il s'exprime pour l'humaniser un peu, car sinon il m'aurait vraiment peu touchée. J'ai préféré Gil, plus vivant et passionné, mais pas assez présent. Pour moi il aurait fallu étoffer les personnages ainsi que l'intrigue, et on aurait eu une bombe de roman car j'ai adoré l'univers. Mais ça aurait donné une énième trilogie, ou un bon pavé de plus de 600 pages ;)

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  3. J'ai vraiment adoré ce livre qui m'a subjugué !
    Merci pour ta belle chroniques ! =)

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    1. C'est un roman auquel j'ai tout de même trouvé de gros défauts avec des personnages trop inhumains à mon goût et une intrigue qui manque de corps, mais j'ai vraiment adoré l'univers et l'énergie qui se dégage de l'histoire

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