mardi 8 octobre 2013

Les passagers de l’Anna C, de Laura Alcoba

[Gallimard, 2012]

A l’automne a lieu dans la région lyonnaise un festival littéraire intitulé « Belle latinas », qui met en lumière des auteurs d’Amérique du Sud. Cette année, Laura Alcoba fait partie des auteurs invités. J’ai donc choisi de découvrir l’un de ses titres, à la frontière du roman et du récit : « Les passagers de l’Anna C ».

Résumé 

Dans ce livre, Laura s’efforce de retracer quelques mois vécus par ses parents, le temps d’un voyage. Ils sont partis d’Argentine pour aller à Cuba, aider le Che et Fidel dans leur Révolution. En chemin, ils sont passés par Paris. Pour le retour, ils ont pris un bateau à Gênes, l’Anna C. Entre-temps, Laura Alcoba était née. En partant des souvenirs de ses parents et de leurs compagnons, l’auteure a ainsi créé un roman, racontant ce qui s’est passé durant ce périple et lors de leur séjour à Cuba. Elle brode ainsi une histoire qui est également celle de sa naissance.

L’aventure du voyage

Ce roman nous fait voyager puisque les protagonistes séjournent à Prague, à Paris, à la Havane, à Gênes, et dans diverses villes cubaines. Pour ces jeunes gens qui n’ont même pas vingt ans, c’est une véritable aventure. Pour les parents de Laura Alcoba, cela s’apparente presque à une fugue : leurs familles en Argentine s’opposent à leur relation. Ainsi pour eux, ce voyage est une véritable lune de miel, qui les mènera à une parenté précoce. Eux qui rêvaient de changer de vie, elle ne sera en effet plus jamais la même.  

La Révolution rouge en question

La Révolution menée par les communistes à Cuba est omniprésente durant tout le roman. L’action se déroule en 1967 et 1968, presque dix ans après la prise de pouvoir de Fidel Castro à Cuba. Le Che est alors chargé de la « contamination révolutionnaire » en Amérique du Sud, où plusieurs guérillas vont être lancées. Au début du voyage, les parents de Laura sont convaincus du bien-fondé de ce combat et sont bien décidés à se battre pour cet idéal. Au fil des pages, on voit leur position évoluer, leur conscience se débattre face à l’extrémisme de certaines situations. On garde au final l’impression d’un gâchis humain et financier.

Les personnages

Les personnages sont des jeunes gens inexpérimentés, à peine sortis du lycée. Ce voyage va les faire grandir. D’une part, ils suivent un entraînement quasiment militaire. D’autre part, ils confrontent leurs idéaux à la réalité du terrain. Manuel, le père de Laura, est un jeune homme assez déterminé qui laisse assez peu le doute le pénétrer. En revanche, sa mère, Soledad, est assez vite désenchantée. Elle qui pensait qu’il lui suffisait de partir pour commencer une nouvelle vie se rend rapidement compte que la vie n’est pas rose à Cuba.

L’écriture

Le style de Laura Alcoba est agréable à suivre. Elle retrace les évènements de 1967 et 1968 tout en nous expliquant l’intéressante démarche qui a été la sienne. Parfois, les souvenirs des uns et des autres ne concordent pas, elle propose aux lecteurs une interprétation. En un peu plus de 200 pages, elle parvient à planter une multitude de décors et à faire évoluer ses personnages.

En quelques mots…

Ainsi, ce livre est intéressant à plusieurs titres. Au carrefour du roman et du récit, il s’attache à un petit épisode de la Révolution que les communistes cubains ont tenté d’essaimer en Amérique du Sud. Il nous présente un groupe de jeunes idéalistes confronté à la réalité du communisme. Enfin, c’est aussi l’histoire d’un couple et d’une naissance…

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Le guérillero doit avoir les propriétés de la nuit. Comme elle, il doit être discret et silencieux. Avant que l’ennemi n’ait eu le temps d’en prendre conscience, il aura pris possession de l’espace qui l’entoure et se sera abattu sur lui. Comme la nuit caribéenne, qui  tombe si soudainement. Sans crier gare. N’oubliez jamais cela. La nuit : vous avez tout à apprendre d’elle. »

« Puis il s’est mis à pleuvoir. Alors Fidel a interrogé les gens qui étaient sur la place, il leur a demandé : dites-moi si je dois finir ce discours avant l’heure, si vous voulez que je m’arrête là. Et les gens ont crié : Non, il ne faut pas arrêter, continue, Fidel ! Alors Fidel a rétorqué : Eh bien, puisque vous le voulez, nous allons nous mouiller ! Et la foule a applaudi de plus belle dans un grand éclat de rire qui a traversé toute la place, telle une vague. »

4 commentaires:

  1. Tiens, voilà un livre qui m'intéresse vraiment pour le coup : je ne connais pas bien du tout cet épisode-là de l'Histoire, et ça pourrait être un sympathique moyen d'en savoir un petit peu plus :)

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    1. Elle n'entre pas dans les détails et procède plutôt par petites touches, elle rassemble le puzzle de l'histoire de ses parents. Côté Révolution, leur aventure tourne assez court. Mais c'est vrai que ça reste intéressant :)

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  2. Hey Stella, je fais un petit tour sur ton blog ^^
    Ce livre a l'air d'être intéressant, ça change un peu de style! Tu le recommandes vraiment ?
    Bises, Floly

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    1. Il se lit vraiment bien et il "change" de ce que l'on a l'habitude de lire, ça c'est sûr. après je ne recommanderai pas forcément de l'acheter car il est tout de même vite lu et pas non plus inoubliable. Si tu le trouves à la bibliothèque laisse-toi tenter ;)

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