[Plon,
2013]
J’ai
repéré « Couleur ketchup » d’Annabel Pitcher l’année dernière, au
cours de l’une des masses critiques de Babelio. Si je n’ai pas obtenu ce titre
en partenariat, le pitch du roman m’est resté en tête, et j’ai fini par l’acquérir
d’occasion, avant de le mettre au programme de mes challenges 2014.
Résumé
Zoé,
une adolescente de 15 ans, entreprend d’envoyer des lettres à Stuart Harris, un
homme condamné à la peine de mort pour avoir tué sa femme. Elle s’imagine que,
du fait du crime qu’il a commis, il pourra la comprendre, elle qui se sent
responsable de la mort d’un garçon. Son erreur, c’est d’être tombée amoureuse d’un
garçon tout en sortant, sans le savoir, avec son frère… Au fil des lettres,
elle revient sur toute une année marquée par ce triangle amoureux fatal.
Un
roman bien mené
La
première qualité de ce roman, c’est d’être bien mené. L’auteure mêle habilement
le présent et le passé de Zoé, sa vie avant et après le drame, en nous livrant
petit à petit les pièces du puzzle. Le fait que Zoé écrive à un détenu apporte
une originalité bienvenue et permet également d’aborder le thème de la prison,
de la peine de mort et de la culpabilité. Malgré la mort de l’un des garçons
qui pèse sur tout le roman, il y a aussi quelques touches d’humour, un humour
noir et grinçant qui m’a bien plu. Enfin, on s’intéresse également à la vie de
famille de Zoé, une famille un peu particulière puisque sa plus petite sœur est
sourde, et que cela impacte toute la vie quotidienne.
Un
triangle amoureux particulier
En
dehors des thèmes de la culpabilité et du secret, le triangle amoureux est bien
évidemment au centre du roman. Il change de ceux auxquels on est habitués, avec
une jeune fille hésitante. Ici, Zoé sait parfaitement qui elle aime, et c’est
une série de quiproquos qui met en branle un terrible engrenage, où elle finit
par être piégée. Les erreurs s’accumulent et les personnages agissent mal, mais
il y a derrière une belle histoire d’amour contrariée, et j’ai les dernières pages assez émouvantes.
Les
personnages
Zoé
est un personnage assez immature et égocentrique. Tout au long du roman, elle
prend des décisions sans vraiment se soucier des sentiments des autres. Elle
est très jeune, elle n’a que 14 ans lorsque cette histoire commence, et cela se
ressent. Je ne me suis pas vraiment attachée à elle. Max ne m’a pas vraiment
plu non plus, c’est un garçon habitué à être populaire et qui n’a pas grand-chose
d’intéressant à raconter. J’ai eu du mal à oublier le coup tordu qu’il a fait à
Zoé au début du roman. En revanche, on s’attache facilement à Aaron, à sa
douceur et à ses rêves.
Quant
à la famille de Zoé, j’ai eu beaucoup de mal avec sa mère, étouffante avec ses
enfants et injuste avec son mari. Néanmoins, à la fin du roman, on la comprend
un peu mieux. J’ai beaucoup aimé Sophie, la sœur du milieu qui se sent
délaissée, et Dot, la petite sœur sourde qui est très espiègle.
L’écriture
En
ce qui concerne le style, il est typique des romans young adult actuels, d’autant
plus qu’ici, c’est Zoé qui s’exprime en écrivant ces lettres : aussi, le
style est simple et parfois maladroit. Ainsi, l’écriture colle bien à une adolescente
de cet âge. Le roman est assez vivant, les dialogues sont convaincants et les
descriptions suffisantes. Ainsi, ce n’est pas un style très travaillé, mais l’essentiel
est là.
En
quelques mots…
Ainsi,
c’est un roman assez sombre mais non dénué d’humour, mais surtout bien mené
avec une petite touche d’originalité. L’auteure nous propose un triangle
amoureux un peu particulier à la fin tragique. Les thèmes de la surdité, de la
culpabilité et du secret sont les fils rouges de cette histoire, à lire à
partir de 14/15 ans.
Note :
4/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie des challenges :
Challenge
ABC 2014 : 11/13
Challenge New PAL 2014 : 30/20
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« Aaron
a fait un signe de la main et j’ai fait un signe de la main. Il a posé sa main
sur la vitre et j’ai posé la mienne sur la vitre et il a pris cet air moqueur
en écarquillant les yeux et en battant des cils comme si nous étions en train
de vivre un moment particulier. Ce qui était marrant, c’est que c’était vrai et
que nous le savions tous les deux, et c’est pour ça que nos joues se sont mises
à briller d’un rouge vif parfaitement identique. »
« Si
vous voulez mon avis, personne n’a le droit d’effacer un être humain comme ça,
comme s’ils avaient jeté un coup d’œil à leur âme et qu’ils avaient conclu que
tout y était mauvais, qu’il ne restait vraiment pas la moindre miette de bonté
qui vaudrait la peine d’être sauvée. »
« Au
bout d’un moment, l’officier de police a dû finir par me croire parce qu’il m’a
dit que je pouvais rentrer chez moi. Sauf que ce n’était pas chez moi. C’était
une bâtisse que je ne reconnaissais pas avec une famille qui me semblait être
un groupe d’étrangers. Ma chambre n’était pas ma chambre et mon lit n’était pas
mon lit, parce que ce n’était pas moi. J’étais quelqu’un d’autre, une étrangère
que mes parents ne connaissaient pas. Une tricheuse. Une menteuse. Une tueuse. »
Ton billet me rend curieuse. Si je tombe sur ce texte je ne manquerais pas de me le procurer.
RépondreSupprimerIl a le mérite de propose un triangle amoureux qui sort de l'ordinaire, et j'ai bien aimé les thèmes annexes comme la prison ou la surdité de la petite soeur. Après, le personnage est vraiment très jeune, et cela s'en ressent, mais j'ai tout de même passé un très bon moment
SupprimerIl est dans ma wishlist VO depuis pas mal de temps. Mais je ne me suis pas encore essayé au genre épistolaire en anglais alors j'ai peur de ce que ça peut donner. Mais je reste convaincue que je le lirai un jour
RépondreSupprimerIl vaut le coup en tout cas, il a son originalité, même si le personnage se montre très immature par moments
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