[Albin Michel, 2013]
Depuis
sa sortie, ce titre de Pierre Lemaître, qui a reçu le prix Goncourt 2013, m’a
intriguée. Aussi, lorsque l’occasion s’est présentée de le lire pour un club de
lecture, je me suis lancée, mais cela n’e s'est pas passé comme je l’imaginais…
Résumé
Albert
Maillard et Edouard Péricourt sont deux survivants de la Première Guerre
Mondiale, et ce à plus d’un titre puisque leur supérieur, le lieutenant
Pradelle, a tenté de les assassiner sur le champ de bataille. Et maintenant ?
L’un maladivement timide et renfermé, l’autre gueule cassée sans perspective d’avenir,
la patrie reconnaissante les a bien vite abandonnés, plus prompte à célébrer
les morts que les vivants. C’est alors que vient à Edouard l’idée d’une arnaque
profondément immorale…
Un
manque d’implication
J’ai
mis beaucoup de temps à entrer dans ce roman que j’ai lu en plusieurs fois,
avec des pauses pouvant durer une quinzaine de jours. La première partie a été
particulièrement laborieuse. Pourtant, le roman n’est pas inintéressant, loin
de là, c’est une vision intelligente de la situation des soldats après la
guerre, eux qui ont perdu leur raison d’être et leur place dans la société. Il
me semble que je n’ai tout simplement pas adhéré à la manière dont l’auteur
raconte son histoire, en restant un peu extérieur, en spectateur, sans s’impliquer
vraiment. Ainsi, je n’ai pas réussi à investir émotionnellement cette histoire.
Une
seconde partie plus réussie
Néanmoins,
j’ai trouvé la seconde partie du roman plus addictive et plus vivante. On entre
enfin dans le vif du sujet, avec l’arnaque. Les pièces du puzzle s’assemblent
peu à peu et l’étau se resserre autour des personnages, le tout régulièrement agrémenté
d’un humour noir que j’ai apprécié. On est davantage dans la satire, et c'est assez réjouissant. Cependant, après les longueurs du début du
roman, j’ai trouvé que la fin était au contraire un peu rapide. On peut tout de
même s’en satisfaire, et imaginer le destin de chacun avec les quelques
éléments fournis par l’auteur.
Les personnages
Je
n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, à commencer par Albert, cet homme
craintif, voire couard, et manquant cruellement d’initiative. Edouard l’artiste fantasque m’a
un peu plus intéressée, mais on ne rentre pas suffisamment dans sa psychologie
pour éprouver de l’affection. En revanche j’ai trouvé le personnage de « méchant »
de Henri d’Aulnay-Pradelle assez réussi, réjouissant.
L’écriture
En
ce qui concerne le style, les qualités littéraires sont là, aucun doute
là-dessus, sans être exceptionnelles non plus. Les descriptions sont bien menées et l’auteur fait planer sur son
roman une atmosphère tantôt sombre, tantôt burlesque, le ton est grinçant. Mon seul regret, encore une fois, c’est le
manque d’émotion, ce roman est écrit avec force détails mais sans empathie.
En
quelques mots…
Ainsi,
je ressors globalement déçue de cette lecture, même si le roman est intéressant
et que le style est bon. Je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire et à m’y
impliquer, j’ai ressenti des longueurs. La deuxième partie m’a davantage plu,
même si le final est quant à lui un peu rapide. C’est donc un bon roman
historique, mais il manque pour moi quelque chose qui le rendrait plus humain.
Je pense tout de même tenter de lire l’un des romans policiers de l’auteur, qui
ont l’air excellents.
Note :
3/5
Stellabloggeuse
--------
« Il
revoyait Pradelle lui foncer dessus sur le champ de bataille et ressentait
presque physiquement la manière dont le trou d’obus l’avait, en quelque sorte,
aspiré. Il lui était néanmoins difficile de se concentrer longtemps, de
réfléchir, comme si son esprit n’était pas encore parvenu à retrouver sa
vitesse de croisière. Toutefois, peu après son retour à la vie, les mots lui
vinrent : on avait essayé de le tuer. L’expression sonnait bizarrement,
mais elle ne semblait pas déraisonnable ; somme toute, une guerre
mondiale, ça n’était jamais qu’une tentative de meurtre généralisée à un
continent. Sauf que cette tentative-là lui avait été personnellement destinée. »
« En
le tenant contre lui, Albert se dit que pendant toute la guerre, comme tout le
monde, Edouard n’a pensé qu’à survivre, et à présent que la guerre est terminée
et qu’il est vivant, voilà qu’il ne pense plus qu’à disparaître. Si même les
survivants n’ont plus d’autre ambition de de mourir, quel gâchis… »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
A vous de donner votre avis, il est le bienvenu !