[Gallimard Jeunesse, 2013]
« Les
fiancés de l’hiver » de Christelle Dabos, qui est aussi le premier roman
de l’auteure, marque le début d’une saga fantasy intitulée « La passe
miroir ». Ce titre, qui a été publié suite à un concours d’écriture
organisé par Gallimard, m’avait été plusieurs fois recommandé par des
connaissances ou des copinautes. Et je me suis enfin lancée !
Résumé
Ophélie
vit dans un monde qui a explosé bien longtemps auparavant : la Terre n’est
plus une planète, mais un ensemble d’arches qui gravitent autour d’un noyau et
l’on ne peut passer de l’une à l’autre qu’en empruntant un dirigeable. La jeune
fille vit sur l’arche des animistes. Elle a le pouvoir de lire les objets et tient un musée. Cette vie tranquille correspond
tout à fait à son caractère discret et peu confiant, mais elle va bientôt voler
en éclat : Ophélie doit être mariée à un membre influent de l’arche du
Pôle, bien loin de sa famille. Elle suit Thorn, son futur époux, à la
Citacielle, mais parviendra-t-elle à s’adapter à ce monde glacé et brutal,
alors que sa vie est menacée ?
Un
univers extrêmement riche
Je
ne tournerais pas autour du pot, j’ai a-do-ré cette lecture ! Le point
fort du roman est son univers, extrêmement riche. L’auteure prend le temps de
le déployer, petit à petit, avec délicatesse, comme de la dentelle. Il y a
beaucoup de trouvailles intéressantes et une forme de magie nouvelle. Mais on y
retrouve aussi des références connues, notamment un petit côté « Alice au
Pays des Merveilles ». C’est bien simple, je n’ai pas croisé de si bel
univers chez un auteur jeunesse français depuis Pierre Bottero, et j’ai souvent
pensé à Philip Pullman et son « A la croisée des mondes » au cours de
ma lecture.
Une
intrigue maîtrisée
Vous
ne trouverez pas dans ce roman une action trépidante, mais l’histoire est tout
de même très riche en événements et en rebondissements inattendus. Simplement,
l’auteure pose les bases petit à petit, et tout comme Ophélie qui arrive dans
un nouvel environnement, nous sommes d’abord des observateurs attentifs.
Néanmoins les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu, et Ophélie nous réserve
quelques belles frayeurs ! C’est une intrigue de Cour, pour l’essentiel,
un monde impitoyable où les apparences sont souvent illusoires. La fin, qui est
ouverte, donne très envie de se jeter sur le second tome, qui n’est
malheureusement pas encore sorti (peut-être en février 2015, mais rien d'officiel pour l'instant).
Les
personnages
Les
personnages sont également un point fort du roman, ils sont bien construits et
ont tous un intérêt. Ophélie est très attachante, je me suis beaucoup reconnue
dans cette jeune fille discrète qui déteste attirer l’attention. Elle connaît
une belle évolution, j’ai aimé la voir s’affirmer. En revanche, elle a du mal
avec les sentiments, en tout cas en ce qui concerne les hommes. Novice en la
matière, elle a du mal à démêler ce qu’elle ressent.
J’ai
beaucoup aimé Thorn et ses airs bourrus, assez torturé mais néanmoins
protecteur. J’ai plutôt tendance à lui faire confiance, nous verrons par la
suite si j’ai eu raison. Sa tante Berenilde est difficile à cerner, tantôt
bienveillante tantôt dure, on se demande quel est son véritable but. Roseline,
la tante d’Ophélie, est un personnage étonnant sous ses dehors rigides, prête à
tout pour défendre sa nièce. Quant à la mère d’Ophélie, c’est une catastrophe
ambulante, toujours à dire ce qu’il ne faut pas ! Il y en a encore
beaucoup d’autres à citer, mais je vous laisse le plaisir de les
découvrir !
L’écriture
Quant
à la plume, elle est très agréable, bien affirmée pour un premier roman, je n’ai
pas noté de grosse maladresse. Les descriptions sont très réussies, minutieuses,
donnant vie à cet univers, et les dialogues sont convaincants. L’ensemble est
vivant et l’on prend plaisir à suivre Ophélie. Il ne manque qu’un peu plus d’émotions
pour que le mélange soit parfait, mais je chipote !
En quelques
mots…
Ainsi,
j’ai eu un coup de cœur pour ce roman et son bel univers qui se déploie petit à
petit. J’ai adoré passer du temps en compagnie de cette vaste galerie de
personnages, tous bien construits. L’intrigue est habilement menée et j’ai déjà
hâte de savoir ce que Christelle Dabos nous réserve pour la suite. A conseiller à tous ceux qui aiment les univers fantasy, à partir de 12/13 ans (pour les bons lecteurs qui ne sont pas effrayés par les livres épais).
Note :
5/5 (Coup de cœur)
Stellabloggeuse
--------
« Ses
lointains ancêtres avaient assisté à la dislocation de leur univers.
S’étaient-ils laissé mourir pour autant ? Non, ils s’étaient inventé une
autre vie. Ophélie glissa derrière ses oreilles les mèches de cheveux qui lui
roulaient sur le front, pour se dégager le visage. Ses lunettes s’éclaircirent
sur son nez, dispersant la grisaille qui s’y était accumulée depuis des heures.
Elle était en train de faire l’expérience de sa propre Déchirure. Elle avait
toujours la peur au ventre, mais elle savait maintenant ce qui lui restait à
faire. Elle devait relever le défi. »
« Lire
un objet, ça demande de s’oublier un peu pour laisser la place au passé d’un
autre. Passer les miroirs, ça demande de s’affronter soi-même. Il faut des
tripes, t’sais, pour se regarder droit dans les mirettes, se voir tel qu’on
est, plonger dans son propre reflet. Ceux qui se voilent la face, ceux qui se
mentent à eux-mêmes, ceux qu’ils se voient mieux qu’ils sont, ne pourront
jamais. Alors crois-moi, ça ne court pas les trottoirs ! »
« Suspendue
dans la nuit, ses tours noyées dans la Voie Lactée, une formidable citadelle
flottait au-dessus de la forêt sans qu’aucune attache la reliât au reste du
monde. C’était un spectacle complètement fou, une énorme ruche reniée par la
terre, un entrelacs tortueux de donjons, de ponts, de créneaux, d’escaliers,
d’arcs-boutants et de cheminées. Jalousement gardée par un anneau gelé de
douves, dont les longues coulées s’étaient figées dans le vide, la cité
enneigée s’élançait au-dessus et au-dessous de cette ligne. Constellée de
fenêtres et de réverbères, elle réfléchissait ses mille et une lumières sur le
miroir d’un lac. Sa plus haute tour, elle, harponnait le croissant de la
lune. »
--------
Ce roman fait partie du challenge :
Big Challenge 2014 : 8/5
--------
Ce roman fait partie du challenge :
Big Challenge 2014 : 8/5
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
A vous de donner votre avis, il est le bienvenu !