[Flammarion,
2013]
Quand
il a été lu au sein du groupe de lecture de ma bibliothèque, « Wild »
de Cheryl Strayed a fait l’unanimité. On disait ce récit de voyage, ou plutôt
de randonnée, drôle et émouvant. Les lecteurs auxquels j’ai pu conseiller
ce titre depuis ont tous eu la même réaction. Aussi, il était temps que je le
découvre par moi-même, ce qui est chose faite grâce à Babelio et Masse Critique !
Résumé
En
1995, armée de ses 26 ans, d’une bonne paire de chaussures et d’un sac qui fait
bien la moitié de son propre poids, Cheryl Strayed se lance sur le « Pacific Crest Trail », un chemin tout juste inauguré, pour une randonnée de 1700
kilomètres. La jeune femme voit cette marche comme un moyen d’affronter ses
problèmes : la mort brutale de sa mère, son divorce tout frais, son
expérience avec l’héroïne… Elle veut faire le point, méditer, remettre sa vie
sur les rails. Mais très vite, elle ne peut penser qu’à ses douleurs physiques
et aux conditions climatiques. Trouvera-t-elle en elle la force d’aller jusqu’au
bout ?
Voyage
et introspection
En
racontant son périple plus de quinze ans après l’avoir effectué, Cheryl
Strayed nous livre à la fois sa randonnée, du désert des Mojaves au Pont des
dieux (à la frontière de l’Oregon et de l’Etat de Washington), mais aussi et
surtout son voyage intérieur, son introspection. En effet, tout au long de son
récit, elle nous livre aussi ses souvenirs, ses douleurs, un engrenage
autodestructeur qui a commencé avec la perte de sa mère. Certains passages sont
très émouvants, voire poignants, je pense notamment à celui avec la jument,
Lady.
Les
préoccupations physiques
Pourtant,
la randonnée force aussi Cheryl à mettre ses démons à distance. En effet, sa préoccupation
première devient la douleur physique, le chemin l’éprouve, d’autant plus qu’elle
n’était pas préparée. Elle subit le poids de son sac, ses pieds couverts d’ampoules.
Suivent de près la faim, la chaleur et le manque d’eau, ou à l’opposé le froid et la
neige. La peur d’être une femme seule face aux animaux sauvages et aux hommes
mal intentionnés. Les occasions de prendre une douche et de manger un bon repas
sont rares, et l’argent vient vite à manquer. Mais quelques rencontres couplées
à sa volonté de fer lui donnent le courage de mettre un pied devant l’autre.
Les
paysages et les rencontres
Mais
comme tout récit de voyage, celui-ci est aussi fait de paysages. En compagnie
de Cheryl, nous traversons la Californie et l’Oregon, de la froide Sierra
Nevada aux sommets volcaniques de l’Oregon, en passant par des forêts épaisses
et des lacs d’altitude. Nous rencontrons aussi d’autres randonneurs, mais
également des hôtes d’un soir qui nous montrent que l’humain peut être
profondément gentil et désintéressé.
Une
jeune femme attachante
On
s’attache facilement à Cheryl, cette jeune femme maladroite qui a foncé tête
baissée dans ce projet de randonnée avec un minimum de préparation. Ses « gaffes »
apportent une petite touche de comique bienvenue à son récit. Elle est
paradoxale, à la fois très forte, dotée d’une volonté à toute épreuve, mais
aussi fragile, prête à se briser. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre son
avancée et le cours de ses pensées.
L’écriture
Quant
au style, je l’ai trouvé simple mais agréable. La lecture est fluide et la
plume est suffisamment riche pour décrire tout le décor qui l’entoure, mais
aussi la palette de ses émotions. Les descriptions, qui sont la clé de voûte de
ce type de récit, sont réussies. Il y a également de la sincérité et de l’émotion,
ainsi qu’une touche d’autodérision. On sent le bagage littéraire de Cheryl
Strayed et son travail en atelier d’écriture, qui lui ont permis de bien
raconter son histoire.
En
quelques mots…
Ainsi,
j’ai passé un moment très agréable en compagnie de cette jeune femme, à suivre
ses pas de la Californie à l’Etat de Washington, mais aussi le cours de ses
pensées et son combat contre ses démons. A ressentir avec elle la douleur
physique, la peur, mais aussi la joie des rencontres inattendues et des
témoignages de sympathie. C’est un récit vivant, parfois drôle et souvent
émouvant, que l’on quitte à regrets.
Note :
4/5
Stellabloggeuse
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« Je
m’étais imaginée méditant pendant des heures sur fond de coucher de soleil, le
regard tourné vers des lacs cristallins. Je m’étais attendue à verser, jour
après jour, des larmes de tristesse cathartique puis de joie réparatrice. Au
lieu de ça, je me contentais de gémir, non pas à cause de mes tourments, mais
parce que mes pieds, mon dos et les plaies de mes hanches me faisaient mal. Et
en cette deuxième semaine sur le chemin, alors que le printemps était sur le
point de céder officiellement la place à l’été, parce que j’avais tellement
chaud que ma tête semblait sur le point d’exploser. »
« Mon
rythme n’avait rien à voir avec celui des moyens de locomotion que l’on utilise
normalement pour parcourir le monde. Les kilomètres ne défilaient pas. Ils
formaient de longs méandres d’herbes folles, de mottes de terre, de brins d’herbes,
de fleurs courbées par le vent, d’arbres tordus et grinçants. Ils étaient faits
du son de ma respiration et de celui de mes pas sur le chemin, l’un après l’autre,
accompagnés des cliquetis de mon bâton. Chacun d’eux devait être affronté avec
humilité. »
« Je
m’apprêtais à franchir une frontière. La Californie s’étendait derrière moi tel
un long foulard de soie. Je ne me trouvais plus complètement nulle. Et je n’étais
pas non plus une putain de guerrière amazone. Je me sentais simplement féroce,
humble et concentrée sur moi-même, en sécurité dans ce monde. »
Je suis plongée de dans et jusque là, je partage tout à fait ton billet ! <3 Je viendrai le relire une fois que j'aurais terminer ma lecture :)
RépondreSupprimerJe suis très contente de voir que tu te régales avec ce titre, je te souhaite une bonne fin de lecture :) Gros bisous!
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