mercredi 17 février 2016

Les petites reines, de Clémentine Beauvais

Editeur : Sarbacane
Année : 2015
Pagination : 270 p.
Public visé : Adolescents, à partir de 13 ans

Résumé :
Pour la troisième année consécutive, Mireille Laplanche monte sur le podium du concours de boudins, organisé par un petit caïd macho de son lycée, accessoirement son meilleur ami d’enfance. Comme Mireille est endurcie, elle décide d’aller consoler les deux autres boudins, Astrid et Hakima. Naît alors l’idée, chacune pour ses raisons personnelles, de se rendre jusqu’à Paris en vélo et de s’introduire à la garden-party de l’Elysée le 14 juillet. Contre toute attente elles partent, accompagnées de Kader, le grand frère d’Hakima.

Ce que j’en pense :
Je vous avoue que j’ai commencé cette lecture le couteau entre les dents, prête à débusquer le moindre défaut après la pluie de prix et de coups de cœur récoltée par ce roman, moi qui avais trouvé le précédent de l’auteur, « Comme des images », cruellement dépourvu de fil conducteur et de suite dans les idées malgré tout son potentiel.
Force m’est de reconnaître que ces louanges sont tout à fait mérités, et d’y ajouter les miens. « Les petites reines » est un excellent roman, qui surprend sans cesse, qui fait rire, et qui émeut aussi quand on s’y attend le moins (à l’image du dialogue entre Mireille et Kader lors de la garden-party, à la fois tordant, touchant et poignant). Clémentine Beauvais s’attaque au thème de l’apparence physique sans complaisance, avec un ton corrosif délicieux, sans épargner ses personnages.
Ces dernières ne sont pas des héroïnes, mais des jeunes filles qui ont souffert et que le monde a forcé à s’endurcir, à l’image de Mireille qui a du mal à entrouvrir sa carapace. Elles doivent être fortes si elles veulent rester elles-mêmes.
Quand on s’attaque à un thème pareil, les clichés ne sont jamais loin, mais l’auteure a su magistralement les éviter. Dès que l’on s’en approche, on l’évite d’une pirouette ou d’une plaisanterie bien sentie.
D’autres thèmes intéressants traversent le roman : l’adolescence, le lien père-fille, la guerre au nom de l’anti-terrorisme, le racisme ordinaire, les premiers amours, le féminisme… Mais cette fois, l’auteure ne perd jamais le fil et tout se mêle à la perfection, formant un tout cohérent qui frappe en plein cœur.
La fin est réussie, bien dosée, crédible, même si on quitte à regret ces personnages que l’on a appris à aimer, et que l’on aimerait toujours autant même si elles étaient vertes à pois rouges !
En résumé, c’est un roman qui donne la pêche, à conseiller à toutes les filles qui manquent de confiance en elles !

Les + : le ton corrosif, les personnages, une histoire très bien menée
Les - : rien du tout !

Appréciation : 5/5 (Coup de cœur)
 
"-Pleure Mireille, tu as le droit de pleurer, fait remarquer le Soleil.
-Je pleure pas !! sangloté-je
-Ah bon... Tout va bien, alors.
Il fait soudain quelque chose qui devrait me pulvériser en mille bulles de savon : il m'entoure les épaules de son bras droit, et, d'une main gauche attentive (et recouverte de cloques), il se sert de sa serviette en papier pour m'essuyer les yeux. Et me moucher le nez.
Super. Le Soleil me mouche le nez. C'est tellement sexy, ces remontées de liquide nasal du plus profond de mes branches jusque dans sa serviette en papier.
Moi :
-J'ai du attraper le rhume d'Astrid.
-ça doit être ça.
-J'ai du mascara partout, là ?
-Partout. Mais c'est joli, on dirait un raton laveur.
-Ah, nickel. Je me disais justement, il n'y a pas assez de gens qui viennent à la garden party de l'Elysée maquillés en animaux de forêt.
-C'est un tort, confirme le Soleil.
-Si tu veux, je te prête mon khôl, tu te fais une tête de zèbre et on court partout en poussant des cris sauvages.
-Tu as de très jolis yeux, déclare le Soleil en poussant mes mèches sur le côté. J'avais pas remarqué, à cause de tes cheveux qui sont toujours devant.
D'accord. D'accord. Il m'a dit que j'avais de très jolis yeux, d'accord. Ma vie ne sera donc, à partir de maintenant, qu'une longue suite de déceptions. J'en conclus
-Il faudrait que j'achète une barrette alors.
-Ce serait un bon investissement, approuve le Soleil."

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