[Albin Michel, 2003]
Cela fait maintenant plus de dix ans qu’Amélie Nothomb fait parler d’elle avec ses romans. Elle est l’une des auteures contemporaines les plus célèbres, et je n’avais toujours rien lu d’elle. En effet, elle me faisait un peu « peur », j’avais l’impression que ses romans étaient plutôt bizarres. Mais vous me connaissez, je suis curieuse, donc j’ai fini par me jeter à l’eau avec cet « Antéchrista » que j’ai trouvé dans un vide-grenier pour une bouchée de pain.
Résumé
Blanche est une jeune fille solitaire et effacée. A seize ans, elle est déjà à l’université et se sent en décalage avec les autres. Elle rêve d’être remarquée, d’être aimée. Particulièrement par Christa, dont le sourire lumineux l’attire comme un aimant. Pour entrer dans les bonnes grâces de cette dernière, elle commence par l’inviter à dormir chez elle, pour lui éviter de longs trajets en train. Elle ne se doute pas qu’elle a fait entrer chez elle une manipulatrice et que ce n’est que le début d’une descente aux enfers.
Un roman psychologique bien mené
Tout l’intérêt du roman réside dans la psychologie des personnages et de leurs rapports. En 150 pages, l’auteure parvient à construire des personnalités marquantes et à raconter une véritable histoire. L’ensemble est bien mené, sans temps mort, le lecteur est emporté dans la descente aux enfers de Blanche et traverse les mêmes émotions qu’elle. La fin, plus nébuleuse, m’a un peu déconcertée, je n’ai pas tout à fait compris ce que l’auteure voulait démontrer. Je suis restée perplexe, ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier l’ensemble de cette lecture et de vouloir continuer à découvrir l’œuvre d’Amélie Nothomb.
Une ambiance particulière
Malgré la fluidité de la lecture, c’est un roman pesant, à la lecture duquel on ressent de la tension. L’auteure créé une ambiance particulière, malsaine, autour de cette jeune fille aux deux visages. Les rapports entre les deux jeunes filles sont tantôt violents, tantôt aigre-doux, hypocrites. L’une des choses qui m’a le plus marquée dans ce roman, c’est l’attitude des parents de Blanche, à la limite de la crédibilité tant ils sont hypnotisés par Christa. On se surprend à se demander avec frayeur : « Et si ça m’était arrivé, à moi ? Me serais-je retrouvée seule ? ».
Les personnages
Blanche est un personnage auquel on s’identifie facilement. Une jeune fille particulièrement mal dans sa peau, dont le mal-être général est mis en lumière par la présence de Christa. Pourtant, elle n’est pas extrêmement sympathique pour autant. D’une part, il est visible qu’elle ne s’aime pas elle-même. D’autre part, sa manière de réagir aux manipulations de Christa, froidement, sans jamais perdre le contrôle d’elle-même, est un peu effrayante. Quant à Christa, mis à part durant les dix premières pages, on a du mal à comprendre son pouvoir de séduction, son côté obscur nous étant révélé quasi immédiatement. J’ai trouvé que cela allait peut-être trop vite de ce côté-là, j’aurais préféré que l’on nous révèle peu à peu la vraie nature de cette jeune fille.
L’écriture
Je ne sais pas si Amélie Nothomb écrit toujours de cette manière, mais dans ce roman, son style est plutôt simple, dépouillé. Percutant, en somme. Elle se laisse parfois aller à des réflexions plus générales, dans des phrases plus longues et plus travaillées. Ainsi, la lecture est agréable, j’ai aimé son style, sans être non plus en admiration devant ce dernier.
En quelques mots…
Ainsi, ma première rencontre avec Amélie Nothomb est plutôt réussie, j’ai apprécié ce roman psychologique court mais complet, dans un style simple et percutant. Un petit bémol pour la fin qui m’a laissée perplexe et pour la révélation dès le début du roman des intentions malsaines de Christa. Je pense donc continuer à découvrir l’œuvre de cette auteure.
Note : 3/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie des challenges :
Challenge ABC 2013 : 15/26
(ma lecture 14/26 s'étant soldée par un abandon, mon avis est disponible uniquement sur le blog du challenge)
Bouge ta PAL ! : lecture n°33
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« Vaincue, je compris qu’il n’y avait plus d’échappatoire. Mes mains attrapèrent le bas de mon tee-shirt. Malgré mes efforts, je ne parvins pas à le soulever.
-Je n’y arrive pas.
-J’ai mon temps, dit-elle sans me lâcher de ses yeux moqueurs.
J’avais seize ans. Je ne possédais rien, ni bienfait matériel ni confort spirituel. Je n’avais pas d’amis, pas d’amour, je n’avais rien vécu. Je n’avais pas d’idée, je n’étais pas sûre d’avoir une âme. Mon corps, c’était tout ce que j’avais.
A six ans, se déshabiller n’est rien. A vingt-six ans, se déshabiller est déjà une vieille habitude.
A seize ans, se déshabiller est un acte d’une violence insensée. »
« La lecture n’est pas un plaisir de substitution. Vu de l’extérieur, mon existence était squelettique ; vue de l’intérieur, elle inspirait ce qu’inspirent les appartements dont l’unique mobilier est une bibliothèque somptueusement remplie : la jalousie admirative pour qui ne s’embarrasse pas du superflu et regorge du nécessaire. Personne ne me connaissait de l’intérieur : personne ne savait que je n’étais pas à plaindre, sauf moi – et cela me suffisait. Je profitais de mon invisibilité pour lire des jours entiers sans que personne ne s’en aperçut. »
Je ne sais pas, je m'étais fait une fois une semaine spéciale Amélie Nothomb en lisant presque tous ses livres, et j'avais été plutôt déçu... enfin, j'aurais bien été près à essayer à nouveau, mais ma PAL ne me le permet pas...
RépondreSupprimerJe garde un bon souvenir de cette lecture. Le talent d'Amélie Nothomb c'est de savoir entrainer ses lecteurs vers des passages inattendus. Je te conseille aussi "les combustibles" un court roman vraiment réussi !
RépondreSupprimerJe prends note :) On m'a aussi beaucoup conseillé "Les catilinaires" et "Acide sulfurique"
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