La petite marchande de souvenirs, de François Lelord : un voyage au Vietnam des années 1990

[JC Lattès, 2013]

Je vais vous présenter aujourd'hui un roman de François Lelord, auteur de plusieurs livres et notamment d'essais psychologiques. Le résumé de "La petite marchande de souvenirs" a su me séduire lorsqu'il a été proposé en partenariat par le site Livraddict, semblant promettre une belle histoire d'amour dans un cadre intéressant, celui du Vietnam des années 1990. Dans l'ensemble, il a tenu ses promesses.

Résumé

Après que sa carrière de chercheur ait été compromise par son honnêteté, Julien est parti s'installer au Vietnam en tant que médecin de l'ambassade de France. Il y a est bien installé et commence à apprendre les rudiments de la langue locale lorsque deux évènements viennent bouleverser le cours de sa vie : il rencontre une petite marchande de souvenirs qui l'émeut profondément, tandis qu'une épidémie de grippe inquiétante arrive depuis le Nord du pays. Vivre un grand amour et rester en vie sont deux défis auxquels il sera confronté.

Un voyage au Vietnam

L'auteur nous offre une plongée au coeur du Vietnam du milieu des années 1990. Le mur de Berlin et l'URSS ont chuté quelques années auparavant, faisant de ce petit pays l'un des derniers bastions du communisme, même s'il s'effritte peu à peu. L'auteur nous montre néanmoins que cet Etat reste policier. On sent également que l'épisode colonial est toujours très présent dans les esprits, les personnages vietnamiens étant fiers de leur révolte face aux "envahisseurs". On voit qu'il est difficile pour un vietnamien de se lier avec un européen, ces rapports restent mal vus. C'est un pays plein de paradoxes qui nous est ainsi conté, par un homme qui le connaît bien, pour y avoir vécu.

L'amour et la maladie

Les deux trames de fond sont les amours de Julien et l'épidémie de grippe. Cette dernière est une menace permanente qui garde le lecteur sous tension, elle est bien utilisée. Cette maladie n'est jamais nommée, mais on ne peut s'empêcher de penser à la grippe aviaire.

L'aspect "romance" m'a moins convaincue : Julien éprouve des sentiments pour plusieurs jeunes femmes, oscillant sans cesse entre elles, pris entre ses aspirations et ses principes, ce qui m'a un peu lassée à la longue. J'avoue également avoir du mal avec les histoires d'amour où les deux personnages ne se connaissent pas, n'ont rien en commun, mais tombent amoureux alors qu'ils n'ont échangé que quelques phrases... Quant à la fin du roman, elle est très ouverte et peut donc contenter tout le monde. Pour ma part, je préfère que l'auteur prenne des risques et nous donne sa vision, quitte à décevoir.

Les personnages

Julien est un personnages plus attachant, un homme généreux et volontaire. Comme je l'évoquais plus haut, on le sent déchiré entre des principes venus de son enfance et ses désirs, ces instincts. C'est un homme qui raisonne beaucoup et qui culpabilise facilement. Quant à Lumière d'automne, la jeune marchande de souvenirs, c'est un personnage touchant qui se démène pour que sa famille survive. Plusieurs autres personnages ont attiré ma sympathie, notamment l'ex-petite amie de Julien, Clea, ou le docteur Dang qui fait face à l'épidémie.

L'écriture

En ce qui concerne le style, l'écriture est globalement correcte et assez agréable. J'ai tout de même relevé à plusieurs reprises des répétitions, ou des constructions de phrases un peu étranges (par exemple, "qu'on faisait souvent appel dans le voisinnage à elle"). En revanche, les descriptions sont réussies et le lecteur a véritablement l'impression de voyager. Le roman est donc plutôt agréable à lire.

En quelques mots...

Ainsi, j'ai globalement apprécié ce roman qui m'a fait voyager dans un pays sur lequel je ne savais pas grand chose, sur fond d'épidémie et d'histoire d'amour. Si ce dernier aspect m'a peu convaincue, j'ai vraiment apprécié ma découverte, malgré un style parfois hésitant, mais sauvé par de belles descriptions. Pour le voyage, je vous le recommande volontiers, mais il ne faut pas en attendre des merveilles.

Un grand merci à Livraddict et aux éditions JC Lattès pour cette découverte.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :

Où sont les hommes ? : lecture n°35

Bouge ta PAL : lecture n°31

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"Et ce sentiment de compréhension mutuelle qu'il avait senti dans son regard pendant qu'ils échangeaient si peu de mots, alors qu'ils venaient de deux planètes si éloignées... Cela tenait un peu d'un miracle. Ou de l'illusion d'un miracle ? Mais que faire de ce supposé miracle ? Offrir une fois de plus le spectacle d'une liaison entre un Occidental riche - pour le pays - et une vietnamienne pauvre. La faire regarder avec mépris par la plupart de ses concitoyens, dont elle entendrait les réflexions crues sur leur passage quand ils se promèneraient ensemble ? Il avait assez vécu dans ce pays pour savoir leurs univers trop éloignés, l'hostilité ambiante trop forte, ils ne pouvaint que s'adresser des signes amicaux comme des passagers de deux bâteaux qui se frôlent, mais ne peuvent arrêter leur course pour s'accoster et s'inviter à déjeuner à bord."

"Elle n'avait jamais beaucoup parlé avec son père, c'était ainsi dans ce pays. Contrairement à d'autres hommes du voisinnage, il ne buvait pas, traitait bien sa mère malgré sa maladie, et se souciait toujours de les nourrir, devenu pour eux père et mère à la fois. Son amour et son dévouement sans parole était comme le rayonnement d'une lumière qui les protégeait tous. Elle se souvenait de l'expression de plaisir dans son regard quand il la voyait plongée dans sa lecture, heureux de lui avoir transmis ce goût."